ABND : Chapitre cinquième

Conan Edogawa tente tant bien que mal de réparer ses dégâts en cuisine après avoir tenté de cuisiner un repas romantique aux chandelles pour Ran et lui. Elle ouvre la fenêtre, active la hotte électrique et adresse un regard compatissant aux carottes morcelées, au poisson noyé et au gâteau fumeux puis éclate de rire à en pleurer.

- Je suis désolée, Conan. Je suis désolée.

- Je crois que je vais t’emmener au restaurant, finalement, relativise ce dernier avec la main sur sa nuque.

- Non, tu es adorable d’avoir voulu me faire cette surprise. Je suis désolée… d’avoir crue que tu allais filer en douce quand tu es parti et que tu m’as dit de t’attendre. Shinichi faisait pareil et….

Soudainement, Conan la prend alors dans ses bras et lui murmure « Je ne te laisserais jamais plus seule. ». Tout comme sa moitié a libéré la veille le poids de son secret gardé une décennie, les émotions accumulées, toutes les peurs et ressentis négatifs se libèrent le long des larmes de Ran. Elle n’arrête pas de pleurer, comme Kazuah lui avait dit lorsque que Ran trouverait l’homme de savie. Il la console. Elle se laisse consoler. Il pense ce qu’il dit et elle en est consciente. Les deux amoureux réalisent alors qu’ils ont enfin trouvé un équilibre dans leur existence avec l’amour de  Au restaurant La Fleur Bleue, les parents des concernés, Eri, Kogoro, Yusaku et Yukiko dinent avec l’esprit en fleurs.

- A ton avis, Eri, est-ce que tu penses que Conan-kun va réussir sa surprise en cuisine ?
- Pour moi, il n’y a aucune chance et comme toute bonne avocate, je me base sur des faits.
- Vous allez la sortir longtemps la soirée d’hier, je le crains. Conan et moi avons fait de notre mieux.
- Anata, ce que Conan-kun et toi avez fait hier soir était un massacre.

Un éclat de rire traverse les femmes alors. Seul Kogorô ne semble pas de l’avis général.

- Franchement, pour un premier rendez-vous avec Ran, il aurait pu l’emmener au restaurant. C’est un homme, un détective célèbre dans le monde entier. Il a les moyens, tout de même. Le regard noir des deux femmes romantiques et de l’écrivain, qui saisit les émotions et les transpose sur feuille, le fait goutter de nervosité. Il faut l’explication de sa femme pour qu’il comprenne.

- Un diner aux chandelles surprise fait par l’homme qu’on aime a plus de saveur qu’un diner au restaurant. Mais c’est vrai que tu n’as jamais eu cette pensée alors tu ne peux pas comprendre.

- Si j’avais eu cette pensée de ta part, je serais mort d’intoxication, marmonne l’investigateur.
 Yusaku glousse de cette réflexion et reçoit un coup de coude de sa femme. Eri change de sujet avant que la réflexion ne se transforme en dispute, grâce à son mari.

- Sinon, Yusaku-kun, tu as prévu de rentrer bientôt aux Etats-Unis ?
- Non, surprend-il sa femme. J’ai fini avec ma série Le Baron de Minuit. Je compte écrire un livre sur quelque chose de bien plus précieux comme dernier ouvrage.
- Je sais ! s’écrie sa femme quinquagénaire comme une adolescente. Sur un amour qui traverse les 
temps et les âges, n’est-ce pas ?

L’auteur sourit, en pensant à son fils et à la fille d’Eri et Kogoro.
Vingt-deux heures. Finalement, le repas aux chandelles a été remplacé par un traiteur à commander chez soi et mangé devant un drama. L’ambiance n’en a pas pour autant perdu son intimité comme la professeure de karaté a diné plus proche de son homme qu’elle ne l’aurait été avec une table ; dans ses bras. Il ressent le cœur de Ran battre en posant ses mains sur son ventre. Son cœur à lui bat en rythme avec celui de Ran. Une légende raconte que seul deux âmes-sœurs peuvent battre leur cœur à l’unisson et pour le moment, il veut bien croire ce mythe. Jamais Ran ne 
s’était senti aussi sereine qu’au moment présent et elle ferme les yeux pour savourer l’instant magique. Elle finit par s’endormir alors qu’un sourire se dessine sur ses lèvres quand Conan lui dit enfin ces trois petits mots : Je t’aime, Ran. 


 ***

 Le temps file à une vitesse pour le détective. Un après-midi, puis une journée puis une semaine avec Ran, lorsqu’elle n’enseigne pas, lui rappelle qu’il a perdu ses dix dernières années à se morfondre de son passé d’enfant. Cet accroc aux enquêtes n’en a pas touché à une seule depuis son retour au Japon et la messagerie de son portable est remplie d’appels des Etats-Unis. La tentation est grande pour lui, qui occupe encore la chambre de Shinichi depuis son retour. Il réfléchit et au retour de Ran pour le déjeuner, il a fait son choix. Il est libéré de ses sentiments, délivré de son secret et s’est décidé. Il s’attend à une discussion avec sa tendre qui peut devenir animée voire faire élever le ton mais dès que sa petite amie passe le seuil de la porte, elle est contente et il commence à faire marche arrière pour elle. Mais, prenant son courage à deux mains, il lui lance :

- Ran, je compte ouvrir une agence de détective au Japon !
- Je sais, idiot.
- Quoi ? Comment ça, tu sais ? Je me suis décidé juste avant que tu ne rentres.
- Tiens, je comptais te faire la surprise au repas mais là, c’est le bon moment.
Ran lui offre trousseau de clés dans sa main qu’il reconnait comme être celui de l’ancienne agence.
- Tu n’as qu’à changer le nom et elle est à toi et comme ça, on pourra y vivre ensemble tous les deux.
- Comment est-ce que tu as compris ce que je pensais ?
- Je t'aime.
- Et ?
- C’est la réponse, sourit-elle.

Pour toute réponse, la karatéka l’embrasse pour profiter du nouveau départ avec Conan à ses côtés. Oui, ils comptent bien être heureux ensemble dorénavant. Le mariage est le moment le plus enchanté d’un couple, dit-on. C’est le cas pour Ran et Conan qui se trouvent au soir de leur union célébrée. Il est endormi dans leur lit comme une souche, exténué mais heureux d’avoir déclaré à la femme de sa vie « Je t’aime. ». Ran sourit de voir son [Conan était parti depuis cinq ans, Shinichi venait d’être officiellement déclaré mort par l’état civil. L’adolescent avait laissé derrière lui, dans une caisse chez le professeur les gadgets qu’il lui avait fabriqué alors qu’il était enfant. Le professeur avait oublié cela et avait demandé à Ran et Kogoro s’ils pouvaient l’aider à vider le garage pour qu’un technicien vienne réparer le problème de chauffage. Ils avaient pratiquement finis quand elle tomba sur cette caisse et tenait avec nostalgie dans une main le nœud papillon et dans l’autre la montre de son petit Conan-kun.

Kogoro la surprenait à rêvasser et lui fit peur. Sans être consciente de ce qu’elle avait entre les mains, elle déclencha accidentellement la fléchette dans la montre. Son père s’endormi sur le coup et tomba à terre. Elle poussa un « Otō-san ! » de surprise. Mais sa surprise fut plus grande quand elle réalisa avoir parlé avec la voix de ce dernier par le nœud-papillon.]

 De même fatiguée, la jeune femme se glisse dans les draps en se blottissant contre celui qui lui a dévoilé son cœur et à qui elle a offert le sien. Elle se souvient encore de la chanson entrainante et de la phrase « Je ne mentirai plus jamais. » Conan, ensommeillé, enlace inconsciemment Ran et cette dernière lui souhaite : 

« Bonne nuit, Shinichi. Je t’aime. »