Ai Edogawa Chapitre 1 : L'Accord

Ai Edogawa - Chapitre 1
Ecrit par Jack Adam, traduit par le Kudo Project


« Ah, merde ! », s'écria Conan.
Haibara leva ses yeux écarquillés de son écran d'ordinateur avant de reprendre son habituel visage ennuyé.
- Ravi de te revoir, dit-elle, en roulant des yeux. Elle continua à écrire.
- Qu'y a-t-il ?, demanda le professeur.
- Ayumi m'a spammé pendant toute la semaine, j'en peux plus, répondit Conan dans un gémissement.

C'était vrai.

Elle était avec lui toute la journée et l'emmenait dans des endroits où il n'avait pas envie d'être, et lui criait dessus lorsqu'il regardait, parlait ou respirait dans la même direction qu'une autre fille. Il avait fait beaucoup de choses pour elle, comme l'aider à faire ses devoirs... même si il l'avait soupçonnée de juste vouloir passer du temps en plus avec lui, étant donné qu'elle avait soudainement oublié comment additionner, soustraire, diviser et « moultiplier ».

Haibara haussa un sourcil.
Quelque chose que même Kudô ne pouvait pas supporter. Ce devait être sérieux. Conan était une des personnes les plus patientes qu'elle connaissait, et si lui ne pouvait pas la supporter, personne ne pouvait la supporter.

Elle s'arrêta d'écrire quelques secondes, avant de recommencer, son sourire habituel de retour sur son visage. Conan s'allongea sur le divan pendant un moment afin de se calmer. Puis il ouvrit les yeux. Une idée lui avait fugacement traversé l'esprit, mais il n'arrivait pas à la comprendre.
Cela ne lui arrivait pas souvent ; il avait généralement des flashs dans son esprit et tout devenait clair comme de l'eau de roche. Mais cette fois-ci, c'était une simple étincelle d'idée, et il devait se concentrer pour l'appréhender dans son entiéreté.
Il se leva, et massa son menton en réfléchissant. Tellement perdu dans ses pensées, il ne remarqua même pas le professeur qui le regardait avec un sourcil haussé, et qui lui faisait signe avec sa main. Même Haibara fit tourner sa chaise à roulettes pour le regarder.

A quoi Kudô pensait-il encore ? C'est ce qu'elle se demanda, amusée. Il arrivait toujours à la surprendre ou à la choquer, que ce soit en bien ou en mal. Son esprit était vif comme l'éclair, et elle se demanda s'il réussirait à ne plus l'étonner un jour. Il sourit.

Puis il fronça des sourcils.
Puis il mordit sa lèvre.
Puis il soupira.

Elle sourit, amusée par toutes les expressions faciles qu'il avait eu en quelques secondes, et retourna à son travail. Le cerveau de Conan travaillait à cent à l'heure. Puis il sourit. Le célèbre sourire du grand détective. Il leva les yeux vers Haibara, qui écrivait sur son ordinateur.

« Hé, Haibara », dit-il pour l'appeler.
Elle se retourna, sourcil haussé.
'Epate-moi', se dit-elle, souriant intérieurement, 'Kudô-kun'.
« J'ai besoin de ton aide », dit-il. « Vraiment. »
« Quoi, c'est tout ? », dit-elle en roulant des yeux.
Il ne répondit pas, ce qui la surprit, et lui fit comprendre que ça allait être assez mauvais.
« Qu'est-ce que tu veux ? », elle demanda.
Il sourit.


/// Ai Edogawa ///


Ayumi sautillait sur son matelas, prête à appeler Conan. Son téléphone était dans sa main. Elle avait huit ans lorsqu'elle était tombée amoureuse de lui, et ils avaient désormais douze ans. Elle savait qu'elle avait tout à fait le droit de s'autoproclamer sa petite-amie. Alors oui, il n'avait pas du tout l'air amoureux d'elle, mais elle était persuadée qu'il était simplement un garçon timide de nature, et qu'il ne savait pas comment montrer son amour de façon ouverte.
Aucune fille n'avait la chance de lui parler lorsqu'elle était là, à part sa meilleure amie, Haibara. Elle sourit de manière effrontée et regarda la photo sur son mur. Il était très beau et charmant. Et il était à elle.

Elle tapa sur numéro sur son téléphone, toute contente.


/// Ai Edogawa ///

« Ta PETITE-AMIE ? »
Le visage d'Haibara changea d'une phase de choc, à de l'amusement, à un autre visage sans expression. 'Tu as encore réussi, Kudô-kun', se dit-elle, amusée.
« Je ne pense pas, non », reprit-elle froidement. « Je connais des gens, et j'ai une réputation à tenir. »
Le professeur rit.

- Mais enfin, Haibara !, la supplia-t-il. « S'il te plaît. Tu n'as qu'à faire semblant d'être ma petite-amie jusqu'à la fin de l'année, et c'est à peine dans quatre semaines. Ayumi m'aura lâchée d'ici-là, et tu pourras arrêter de faire semblant. C'est simple, très simple, pour quelqu'un qui sait faire semblant comme toi ! »
- Renonce. Trouve-toi une autre fille.
- Je n'ai PAS d'autre fille, dit Conan, avec hésitation.
Son téléphone sonna soudainement, et un éclair déchira le ciel. Il aurait ri si la situation n'avait pas été si terrible.
- Ca doit être elle..., dit Haibara, taquine.
- Haibara !, répondit-il, énervé.
- Oui, Kudô ?, répliqua-t-elle en feignant l'innocence.

Le professeur avait sa tête de plus en plus enfoncée dans le divan, des coussins sur sa tête, en train de trembler tellement il riait fortement.
« S'il te plaît », dit-il.
Le téléphone s'arrêta de sonner.
- Tu vois ?, dit-elle, en souriant. « Elle a raccroché. »
- Elle n'arrête jamais jusqu'à ce que je décroche, répondit-il en mordant sa lèvre jusqu'à en avoir des larmes. Le téléphone recommença à sonner, et il laissa s'échapper un soupir de désespoir.
- Je te l'avais bien dit ! Haibara, s'il te plaît.
- Va te faire mettre, dit-elle en retournant à son ordinateur.
- Après que tu aies promis de faire semblant d'être ma petite-amie. 
Elle écarquilla les yeux.
- Tu es sérieux.
- Je le suis !, dit-il en faisant la moue.

Le téléphone continua de sonner.
Elle eut l'air de réfléchir un moment, avant de sourire.

- D'accord, mais il faut que tu fasses quelques choses pour moi, elle dit.
- Quoi ?, demanda-t-il impatiemment.
- De un, dit-elle, « tu dois m'acheter une robe ».
- Oui, répondit-il desespéré.
- Une belle robe.
- Oui. 
- Une robe chère.
- OUI, répliqua-t-il, s'attendant au pire.
Elle sourit.

- Et tu dois répéter ce qui va suivre.
- Ca sonne, Haibara !, il cria en pointant du doigt le téléphone.
- Laisse faire, elle continuera d'appeler, répondit-elle du tac au tac.

Il mordilla sa lèvre inférieure.
- Shiho Miyano est la meilleure, dit-elle en regardant l'écran de son ordinateur.
- Shiho Miyano est la meilleure, répéta-t-il en roulant des yeux.
- La meilleure en tout.
- La meilleure en tout, il répéta.
Voyez-vous, Ai Haibara, ou plutôt Shiho Miyano, était une personne qui aimait abuser de son autorité, et elle le faisait très bien.

« Shinichi Kudô est un imbécile qui n'a jamais embrassé qui que ce soit, qui s'enferme dans une pièce du matin jusqu'au soir en espérant que des personnes qui finiront mortes lui confient une affaire. Il a aussi quelques rares amis qui eux aussi s'enferment avec des livres de détective et leur grosse tête. »
Conan l'aurait étranglée s'il n'y avait eût aucune conséquence à cela.
Il regarda le téléphone.
Il soupira.

« Shinichi Kudô est un imbécile qui n'a jamais embrassé qui que ce soit, qui s'enferme dans une pièce du matin jusqu'au soir en espérant que des personnes qui finiront mortes lui confient une affaire. Il a aussi quelques rares amis qui eux aussi s'enferment avec des livres de détective et leur grosse tête. »

Elle sourit.
« Bravo. Tu as une mémoire fantastique. » 
« Et TU as une cruauté fantastique ! », il répondit comme s'il crachait du venin.
Elle lui sourit avant de regarder son téléphone.
« Prends de la graine », elle lui dit, en lui faisant un clin d'oeil.

Il lui jeta un regard noir avant de décrocher.
- Allô ?, dit-il d'un air fatigué.
- Salut mon chéri~, dit Ayumi en rougissant. « Tu savais que c'était moi ? »
- Oui, répondit-il faiblement.
Il écarquilla les yeux en voyant Haibara s'avancer vers lui, un sourire sur le visage. Elle lui prit son téléphone de sa main et le mit près de sa propre bouche. Elle avait son noeud-papillon modulateur de voix dans la main, et un large sourire sur le visage. Il sursauta.

Elle n'allait quand-même pas...?

- Co-chan~, dit-elle dans une voix si douce que le professeur en fut choqué. « Qui est-ce ? »
- Co-chan ?, fit la voix d'Ayumi dans le combiné. « Je croyais que j'étais la seule à pouvoir t'appeler comme ça ! Qu'est-ce qu'Haibara fait à côté de toi ? »
- Ferme-la une minute, Ayumi, dit Haibara en imitant parfaitement la voix de Conan. « Je sais que c'est dur pour toi, mais retiens-toi trois secondes. »
- Pourquoi parles-tu à Ayumi, Co-chan ?, demanda Haibara en feignant la gentillesse, éloignant le noeud-papillon de sa bouche.
C'était incroyable. C'était un one-man show. « Tu ne m'aimes plus ? »
- Mais bien sûr que je t'aime !, dit-elle avec la voix de Conan.

Elle appuya sur l'icône du téléphone rouge, fit tournoyer le téléphone dans ses mains, et le posa sur la table basse du salon.
« C'est fait. », dit-elle.

Sa machoire se décrocha.
« Incroyable, Ai-kun ! », dit le professeur en applaudissant.

- Comment étais-je ?, demanda Haibara, en faisant un clin d'oeil à Conan.
- Stupéfiante, comme toujours, lui répondit-il en frissonnant.
Elle sourit.