Article 76 : Ce que l'on attend de "EPISODE ONE : Le Détective rajeuni"

Bonjour à tous et à toutes, Conan-patriotes !
Il y a quelques jours a été mis en ligne le premier teaser d'un nouveau téléfilm Détective Conan, intitulé « Détective Conan EPISODE ONE : Le Détective Rajeuni », prévu pour le 9 décembre 2016.

Comme avant la sortie de chaque film ou téléfilm, le Kudo Project analyse, déduit, et conclut. Bonne lecture à tous !


Un remake de l'épisode 1
L'épisode 1 de Détective Conan est sorti en janvier 1996. Vingt ans après sa sortie, l'ambiance qu'il dégage a beau rester tout aussi agréable (et c'est une force des premières saisons de la série), ses choix esthétiques et techniques font un peu vieillots, dépassés. N'hésitez pas à regarder notre traduction de l'épisode 1 remasterisé ici

C'est un problème pour une série animée qui possède une trame : alors que Sazae-san (plusieurs milliers d'épisodes) n'a pas de scénario constant, Conan en possède un, et a donc besoin d'une certaine continuité dans la série. La continuité logique est assurée par la technique narrative d'Aoyama qui est de dire « En fait, ce personnage vient à peine d'arriver au Japon », ou « Non mais en réalité, Akai les suivait depuis tout ce temps ». Mais la continuité visuelle, elle, n'était jusqu'à présent pas garantie, et ce n'est pas les épisodes remasterisés qui auraient pu corriger le tir.

Faire un téléfilm qui reprend cet épisode 1 (et cet épisode 2, ne l'oublions pas), c'est permettre de remettre à neuf une série qui pourrait paraître un peu vieillotte aux yeux du jeune public japonais actuel. C'est la même logique qui a poussé Marvel à créer la série « Iron-Man Season One », ou « Spider-Man Chapter One » : dépoussiérer une série pour attirer des nouveaux spectateurs/lecteurs. Ce téléfilm découle avant tout d'une stratégie marketing bien rodée qui est celle des reboots.

Concrètement, ce remake graphique va avoir comme conséquence d'uniformiser ce téléfilm avec les épisodes actuels. Ou dans tous les cas, de rapprocher la patte graphique de celle des épisodes : le téléfilm étant un épisode spécial pour la production de DC (il dure plus longtemps qu'un épisode traditionnel, il est diffusé un vendredi de grande écoute à l'approche de Noël...), un budget plus large que d'habitude leur a été donné. La patte graphique du téléfilm sera semblable à celle de La Disparition de Conan Edogawa, à savoir un design à mi-chemin entre l'épisode et le film, Cf. notre critique du téléfilm en question



Le téléfilm a cependant un côté négatif : parce que les meilleurs dessinateurs/animateurs de la série ont été mis sur le projet, ce sont les pires dessinateurs/animateurs (et les stagiaires qu'on a enfermés dans la cave) qui s'occupent actuellement de l'animé. Une chute dans la qualité graphique est donc remarquable depuis plus d'un mois et demi.

Mais même si une refonte des premiers épisodes implique une certaine ressemblance dans le design des personnages (Shinichi reste le Shinichi qu'on connaît, mais avec le visage moins rond et les oreilles moins grosses que dans l'épisode 1 ; Ran de même, etc.), ça n'engage en rien le mixeur sonore du téléfilm à réutiliser les excellentes musique du début de l'animé. A part si le producteur en fait la demande, il est possible que nous ayons droit à la bouse sonore musicale que sert l'animé depuis ces quelques dernières années.

Mais un remake suppose aussi des ajouts.
La visée marketeuse mise à part, le téléfilm, pour attirer et se vendre, doit présenter une plus-value. On va la trouver dans les ajouts du téléfilm, ce qu'il a de nouveau à nous donner.

Les ajouts premiers, c'est tout ce qui était dans le manga, mais qui n'est pas apparu dans les épisodes 1 ou 2 pour des raisons x ou y (notamment, la volonté de la production d'aller à l'essentiel, et de faire rentrer deux chapitres d'une vingtaine de pages en l'espace d'à peine deux épisodes). Des images que l'on connaît du téléfilm, on sait qu'il sera rajouté la scène où, quand Shinichi voit Vodka faire du chantage à Tropical Land, il prend discrètement des photos. Mais cette fois-ci, plus question de prendre des photos avec un gros appareil photo Canon : pour mettre à l'ordre jour, Shinichi va simplement sortir son téléphone portable ou utiliser un petit appareil photo de poche. On peut imaginer la même chose démultipliée pour d'autres scènes oubliées.

Mais ce qui va rendre ce téléfilm réellement intéressant, c'est tous les ajouts qui nous permettrons de comprendre l'envers du décor, à savoir, ce qu'il s'est vraiment passé ce jour-là. L'histoire de Conan a évolué avec Aoyama au fur et à mesure qu'il écrivait, et il ne faut pas croire que Bourbon ou Ano Kata, dans tous les cas dans la forme qu'ils ont aujourd'hui, étaient présents dans l'esprit du mangaka dès le début. A force de rajouter des personnages et des intrigues superposées ou en parallèle, la série est devenue scénaristiquement énorme comparée à ce qui était prévu à la base. Ainsi, nous aurons là une explication de ce que faisaient Yûsaku et Yukiko ce jour-là, mais aussi Shiho, Gin, Korn et Chianti, et caetera. Si cela est joué jusqu'au bout par le scénariste, alors nous pourrions réellement avoir un épisode un (« one ») complet, qui nous permette de plus apprécier la suite de la série.


Mais il pourrait également se passer tout l'inverse. Il se pourrait que la production du téléfilm n'ait pas voulu prendre le risque de faire apparaître des personnages « sensibles » (Shûichi, Mary, Masumi, Rei...), et que le scénariste se soit donc cantonné à Haibara et Gin comme personnages « importants ». Le special pourrait rester bon tout de même, mais ce serait une déception pour les spectateurs.

Pire encore, ce que le scénariste doit absolument éviter, c'est de se baser sur une histoire-noyau (l'histoire d'Aoyama), et de simplement créer des sub-intrigues linéaires et sans intérêt. C'est bien beau, de faire apparaître Shiho pour faire plaisir aux fans hardcores de la série qui se souviennent encore d'elle, mais à quoi bon si c'est juste pour la montrer en train de boire un café dans son laboratoire ? C'est dans cette facilité qu'était tombé Maekawa lorsqu'il avait scénarisé Lupin III vs. Conan : The Movie, où James Black n'apparaissait que pour montrer à quel point il était calé en taille de soutien-gorges de Fujiko Mine.

Des possibilités nouvelles
C'était quelque chose dont nous parlions depuis des années sur le KP, et enfin la production décide de faire un téléfilm-remake de la série. Mais comme toujours, en marketing, il n'y a pas « d'étape finale », tout n'est qu'une étape vers quelque chose de plus grand.

Comprenez par là : si ce téléfilm a du succès, pourquoi ne pas réitérer l'expérience l'an prochain en proposant un remake d'autres grosses affaires (mettre Akai et Mary dans Réunion avec l'Organisation, par exemple), ou en refaisant les premières saisons de la série mais en rajoutant des scènes qui avaient été retirées : l'affaire de la Bombe roulante, qui se déroule dans le Shinkansen, pourrait facilement être étendue en un téléfilm d'une heure trente, par exemple. Des toutes nouvelles possibilités que la production pourrait exploiter, si elle réussissait à tirer sur les bonnes cordes : celle de la nouveauté, et celle de la nostalgie.