Article 88 : Critique de l'opening 48, "Timeline"

L’opening 48 de Détective Conan étant sorti, il est temps pour nous de le critiquer.
Comme toujours, nous commencerons par une description visuelle de l’opening, avant de passer à la critique proprement dite.

L’opening 48 ouvre sur la gélule de l’APTX 4869. On voit Shinichi, jonché sur l’herbe de Tropical Land, qui vient d’ingérer le poison. Rajeuni, on voit Conan assis dans la bibliothèque de la maison des Kudô, entouré de livres qui portent le nom d’affaires qu’il a résolues. Il met ses lunettes, et on le voit dans la cabine téléphonique rouge dans laquelle il avait pris l’antidote pour retrouver Ran à Londres.

On passe ensuite à Ran, qui court dans les rues de Londres pour retrouver Shinichi. Elle trouve la cabine en question après avoir demandé à des passants. Mais Ran est dans sa salle de classe à Teitan, avec Sonoko et Masumi Sera.

De retour à Londres, Ran se vexe, pleure, et part en courant. Shinichi la rattrape.

Conan lit les SMS qu’il a ratés sur son téléphone portable, et voit que Ran l’a inscrite au voyage scolaire à Kyôto. Elle lui demande s’il sera ou pas de la partie. Conan tombe métaphoriquement dans le vide, se transforme en Shinichi, et retrouve Ran.


Ceci étant dit, que penser de l’opening ?

Comme toujours, nous ne critiquerons pas la chanson en elle-même. Il revient à chacun de se faire son avis en l’écoutant. Nous ne commenterons donc que les visuels.

La première chose à dire sur cet opening concerne l’histoire qui y est racontée, car un opening Conan doit bien souvent, pour être bon, raconter une petite histoire. L’opening 47 avait comme parti pris de raconter une confrontation entre Conan et l’Organisation, où le petit détective essayait de sauver Ran. C’était ambitieux, mais surtout, hors de propos, car les épisodes diffusés au moment où l’opening était utilisé n’avaient rien à voir avec une quelconque confrontation. L’opening 48 raconte-t-il une histoire en accord avec les épisodes qu’il couvre ?

La réponse est, sans aucun doute, oui. Mais elle n’est pas aussi élaborée que celle de l’opening précédent. Plutôt, le spectateur la lit en filigrane, surtout s’il connaît le contenu des prochains épisodes. Ce qui rend l’opening 48 extraordinaire dans le sens premier du terme, c’est qu’il éclaire le mini-arc qu’il soutient. L’opening nous met dans le bain du mini-arc de Kyôto en truffant de références son déroulement.

Comme nous l’avons maintes fois expliqué, l’opening de la série est fait pour la présenter. Des openings comme Dynamite ont donc, de ce point de vue, été un échec. L’opening 48 est un semi-échec, mais un semi-échec voulu.
L’idée de l’équipe de production a été de présenter la série, mais sous un angle romantique uniquement, celui de la relation entre Shinichi et Ran. Rien d’illogique dans ce choix, car c’est bien de ce thème que traite le mini-arc de Kyôto : la relation conflictuelle entre deux protagonistes qui ne peuvent se voir alors qu’ils sont constamment ensemble.
Ainsi, il fut décidé que l’opening partirait du début (= la transformation de Shinichi en Conan), puis sauterait à l’arc de Londres. Et c’est là le premier défaut de l’opening 48.

Si l’idée était de faire un récapitulatif rapide de la relation entre les deux protagonistes, pourquoi passer directement de l’épisode 1 à l’épisode 621 ? Pourquoi ne pas évoquer, même très rapidement, tout ce qui s’est passé entre temps ? La série est un jeu de cache-cache entre Conan et Ran, et il y avait largement de quoi faire.

A la place de cela, l’équipe de production a opté pour des petits clins d’œil pour les fans : tous les titres sur les tranches des livres entourant Conan sont des titres d’épisodes. Voilà qui fait plaisir car, comme nous le disons souvent dans nos KudoCritiques, la série Détective Conan manque cruellement de sens de la continuité. Il est donc de bon goût que, par un opening, l’équipe de production montre qu’elle n’a pas oublié ce qu’elle a fait il y a dix ans. Ceci étant, on aurait aimé voir plus qu’un flashback à l’affaire de Londres.

En termes d’adéquation entre les épisodes actuels et l’opening, il faut le dire, rarement l’équipe de production a-t-elle mieux fait. L’opening a été taillé sur mesure pour les épisodes qu’il couvre. Il en énumère les points clefs d’une manière assez subtile pour que nul ne soit spoilé. L’opening Shôdo avait essayé de faire la même chose, avec un petit peu moins de succès ; ici, sur ce critère, l’opening 48 remplit le cahier de charges.

S’il faut parler de continuité, on peut aussi admirer le soin apporté aux détails. Sur l’image finale où l’on voit Shinichi et Ran entourés de leurs camarades de classe, tous sont issus du manga. Lorsque Conan lit les SMS de Ran, l’image est une copie conforme de la couverture du chapitre 997.

La scène à Londres est bien retranscrite, et l’équipe de production n’est pas tombée dans l’écueil terrible qui aurait été de réutiliser les séquences de l’épisode 621. La scène où Ran est en train de lire les SMS sur son téléphone dans son lit fait référence à l’ending 53. Tout a donc été minutieusement pensé.

Mais une fois de plus, tout n’est pas beau et rose dans l’opening 48.
Ce que l’on remarque, déjà, c’est le style de dessin. Il est assez peu commun ; certains passages donnent à voir une esthétique rarement vue dans la série. Les personnages sont plus éloignés de leur modèle de dessin que dans l’opening précédent. Cela est dû au fait que le directeur de l’animation de l’opening a été Nobuharu Kamanaka, un obscur animateur de la série qui a principalement sévi durant les épisodes 500 et quelques. N’ayant quasiment plus aucune maîtrise des personnages, ses traits de dessin peuvent se révéler lourds, ou même erronés. Mais il n’y a rien de dramatique ; c’est juste que, par comparaison avec l’opening 47, on aurait aimé que ce soient des animateurs expérimentés qui prennent les rennes de cet opening.

Ensuite, l’utilisation de métaphores. Une fois de plus, si nous les acceptons (elles sont pléthores dans la série, et rien que l’opening 1 en était rempli), cela ne signifie pas qu’elles sont toutes bonnes. Une bonne métaphore mal utilisée peut devenir mauvaise. Une métaphore éculée perd son charme.
Or, l’opening commence avec une gélule de l’APTX 4869 qui flotte dans le vide. Ce genre de plan aurait dû être rendu illégal depuis au moins 2010, tant on le voit, voit et revoit partout. Il y avait bien plus créatif pour faire comprendre que le centre du scénario allait être l’antidote. Et animer Shinichi en train de tomber sur la gélule n’y change rien. Nous passerons sur le moment où la cabine téléphonique se détache du sol, tournoie dans les airs, et où Shinichi saute dans le vide pour atterrir dans un nuage de poussière imaginaire. C’est dommage, car le plan final, où Shinichi se lève et où la caméra recule, est très bien mis en scène.

Conan 896


Enfin, ce qui choque le plus, ce sont les quatre dernières secondes de l’opening.
Alors que tout l’opening a eu un rythme assez lent, où le protagoniste restait assis dans un coin, les ultimes moments de l’opening nous fait défiler plusieurs images. Okita, Masumi et Sonoko, Subaru, Rei dans sa voiture (avec une cravate rouge recolorisée en vert quelques semaines plus tard), Haibara choquée car elle a perdu sa peluche, et Kazami dans le train. Voilà quelque chose que l’on aurait aimé voir étendu. Pourquoi ne pas avoir passé plus de temps sur cela ? Le plan d’Amuro est d’ailleurs si bien pensé qu’il doit être regardé plusieurs fois : dans le rétroviseur latéral, Rei Furuya, habillé en agent ; dans le rétroviseur intérieur, Bourbon, dans son costume du Mystery Train ; dans la voiture, Tôru Amuro. Voilà une idée qui aurait dû être mise de côté pour un prochain opening, plutôt que d’être utilisée pour une fraction de seconde au bout de cet opening mal rythmé.

Conan 896

Pour un opening qui remplit le cahier des charges sur le plan graphique, mais de justesse, et qui manque cruellement du sens de la mise en scène, nous lui donnons un 7/10.


Il est maintenant le temps des KP AWARDS, chers Conan-patriotes !
A chaque fin de critique d'opening, nous vous posons la question suivante : selon-vous, COMBIEN D'EPISODES RESTERA CET OPENING EN TOUT (l'opening 48) ?
Publiez le nombre d'épisodes que vous estimez dans les commentaires de l'article pour gagner la prochaine Médaille d'Or ou d'Argent. Celui ou celle qui aura été le plus loin du compte gagne la médaille du Cornichon Sauteur ! Les épisodes remasterisés ne sont pas pris en compte, et seuls les commentaires à la fin de cet article sont pris en compte.

LES GAGNANTS DU CONCOURS POUR L'OPENING 47, qui est resté au final 17 épisodes :
La médaille d'or revient à Lilou, avec 17 épisodes pile poil. Bravo à toi !
La médaille d'argent revient à Mangasshonenlove, avec 18 épisodes !
La médaille du Cornichon sauteur revient à Banapie, avec 26 épisodes !