Chapitre 2

New-York, Etats-Unis

Même en plein centre de Manhattan, une ville composée de grands buildings, se trouvait un bâtiment particulièrement exceptionnel : le One World Trade Center. Les journalistes et les enchérisseurs s'étaient réunis à l'intérieur, excités, dans l'attente du lancement de l'enchère.
« Continuons maintenant sur le joyau de l'enchère d'aujourd'hui ! »

Le bruit du marteau du commissaire-priseur retentit jusque dans le hall.
« Une pièce-maîtresse de renommée mondiale, crue disparue à jamais. Un trésor de la civilisation Humaine... Les Tournesols de Vincent Van Gogh ! »

Les projecteurs se rejoignirent tous sur des rideaux attachés au mur, alors que les enchérisseurs applaudissaient. Les rideaux s'ouvrirent et révélèrent le tableau Les Tournesols. Un brouhaha général s'éleva, autant parmi les enchérisseurs que les journalistes.

« Quoi, Les Tournesols ?! »
« Oui, un des Tournesols avait été dit brûlé durant la guerre... »

Les appareils photos des journalistes mitraillaient la salle d'enchère depuis le fond de la salle.

« Un peu de silence, je vous prie ! Nous allons maintenant procéder à une explication du tableau ».
Le commissaire-priseur attendit qu'il n'y ait plus de bruit pour se tourner vers un expert de Van Gogh. Celui-ci lui fit un signe de tête, s'éclaircit la voix, et approcha ses lèvres du micro.

« Il est dit que lors de sa vie à Arles, Van Gogh a peint sept Tournesols différents. »

La femme assise à côté de l'expert utilisa son ordinateur pour afficher des photographies de six des sept tableaux, disposés dans l'ordre chronologique de leur réalisation. La plupart des Tournesols se ressemblaient, car représentaient tous des tournesols dans un vase. Il y avait soit trois, douze ou quinze tournesols dans chaque vase, et l'arrière-plan allait de bleu à vert, en passant par l'orange.

Apparut sur l'écran un nouveau Tournesols, qui se plaça entre le premier et troisième tableau. Trois tournesols étaient placés dans un vase, et deux autres étaient tombés au sol. La femme fit un zoom sur le tableau.

« Le Tournesols aujourd'hui aux enchères est le deuxième de la série peinte par Van Gogh. Il avait été dit brûlé par les flemmes durant la guerre à Ashiya, au Japon. Cependant, un tableau ressemblant a été découvert à Arles, l'an dernier. Que le tableau soit une nouvelle œuvre ou une copie, il est sûr et certain qu'il a été peint par Vincent Van Gogh. »
 La salle fut à nouveau très animée. On pouvait entendre dans le hall de l'anglais, du chinois, de l'arabe, et toutes les autres langues de la Terre. Certains sortaient leur téléphone, d'autres écrivaient frénétiquement sur leur ordinateur.

Au milieu du groupe formé par les journalistes se tenait un jeune homme qui portait un brassard sur lequel était écrit ''PRESS'', et qui était agenouillé au sol. Il leva la tête, et l'on put voir deux yeux familiers sous sa casquette.

« Il est temps de donner une nouvelle vie aux Tournesols, grâce au Deuxième Tournesols, de Vincent Van Gogh ! », dit le commissaire-priseur en ouvrant grand ses bras, tandis que les enchérisseurs prenaient tous leur palette d'enchère.
« Commençons par un millions de dollars. Que ceux qui souhaitent se porter acquéreur de ce bien lèvent leur palette ! »

Pendant ce temps à Times Square, dans le centre-ville de New York, un grand nombre de personnes regardaient l'enchère sur les écrans géants attachés aux bâtiments. Les caméras filmaient les enchérisseurs élever leur raquette en continue.

« 10 100 000 dollars ! »
« 10 200 000 dollars ! »

« Attends, ils commencent à dix millions ? »
« Regarde ça, ils augmentent la somme par coups de cent-mille dollars ! »
« Si moi j'avais ce fric là, j'me ferais plutôt un voyage dans l'espace... »
Tous ceux qui s'étaient groupés devant les écrans regardaient avec des yeux exorbités les enchérisseurs se battre avec des sommes incroyables.

« Seize millions ici ! Dix-sept millions ! Dix-huit millions là ! », dit le commissaire-priseur depuis son estrade, alors que les enchérisseurs continuaient à lever leur palette. « Attendez une minute s'il vous plaît. », dit-il en se tournant vers un membre de l'équipe qui recevaient des enchères par Internet et au téléphone. « Nous avons une enchère vingt millions par téléphone, et vingt-cinq millions par Internet ! »

A ce moment-là, un homme blanc qui portaient plusieurs bagues très coûteuses à ses doigts leva sa main gauche. « Cinquante millions ! », il cria. Son assistant, qui était assis à côté de lui, leva rapidement sa palette. Les enchérisseurs se tournèrent tous vers lui.

« Hé, c'est encore lui ! »
« Ah oui, celui qui achète toutes les œuvres célèbres récemment. »
« Bon, on sait désormais qui est l'heureux propriétaire du tableau. »

Il n'y eut plus aucune palette levée pendant un moment. L'homme blanc avait l'air satisfait de lui-même, et écoutait d'une oreille ce que disaient les personnes autour de lui. Mais pile à ce moment-là, une voix se fit entendre depuis le fond de la salle.

« Cent millions ! »

Tous les enchérisseurs se retournèrent, surpris par l'écart considérable entre la précédente enchère et celle-ci. A la toute dernière rangée, habillé d'un kimono noir, était assis un vieil aristocrate japonais. L'homme en question était le Chef Conseiller du conglomérat industriel Suzuki, Jirokichi Suzuki.
« Vous ne m'avez pas entendu ? Cent millions ! Cent millions, j'vous dis ! »

A côté de lui était assise Sonoko Suzuki, qui leva rapidement la palette sur laquelle était inscrit le chiffre ''705'', en poussant un petit rire nerveux.

« N... nous avons désormais une enchère à cent millions de dollars ! »
 La salle devient à nouveau bruyante, et les caméras télévisée se tournèrent vers Jirokichi. L'homme à la casquette sourit.

« Cent-dix millions... qui pour cent-dix millions de dollars ?! ». Les palettes se levèrent de nouveau.

« Cent dix millions ! »
« Cent vingt millions ! »

L'homme blanc qui avait enchéri pour cinquante millions de dollars jeta un regard noir à Jirokichi. Alors que l'enchère montait de 153 à 154 millions de dollars, son assistant, qui était assis à sa droite, lui demanda à l'oreille :

« Qu'est-ce qu'on doit faire ? »
« Oh, nous n'avons qu'à enchérir tout de suite à deux cent millions, alors. »
« … Oui monsieur. ». Mais alors qu'il allait lever sa palette...
 « Deux cent millions de dollars ! », cria une fois de plus Jirokichi.
« Hein ? ». Surprise, Sonoko releva la palette.

Le commissaire-priseur regarda fixement le vieil homme.

« Il semblerait que le numéro 705 souhaite enchérir deux cent millions... », dit-il, en saisissant sur son clavier le chiffre ''705''. Il appuya sur le bouton Entrée, et vit la fiche d'identité de Jirokichi. Son expression faciale changea. « C'est donc lui, le célèbre monsieur Suzuki... ! »
 Les membres de l'équipe n'arrivaient plus à suivre la cadence avec les appels et les messages sur Internet.

« Les enchérisseurs n'arrivent plus à suivre l'enchère à cause de la montée soudaine de la valeur des enchères. Veuillez patienter, s'il vous plaît. »

Les enchérisseurs présents dans la salle fixaient Jirokichi et Sonoko, muets. Bien que des personnes extrêmement riches étaient venues du monde entier à l'enchère, aucun n'aurait pu sortir si facilement une somme si énorme.

Sonoko regarda nerveusement les enchérisseurs. « Mon Oncle, tout le monde a déjà abandonné. Ne devrait-on pas les regarder se battre entre eux et apprécier, plutôt... ? », murmura-t-elle à Jirokichi.

« Non. Je suis passé maître dans l'art d'organiser mes journées de shopping. »
« Tu appelles ça du shopping... ? », répondit-elle en tentant de sourire pour les gens qui la regardaient.

Jirokichi se leva soudainement. « Allez, il n'y a pas besoin d'attendre Internet ! »
Tous les enchérisseurs se tournèrent, une fois de plus, vers lui. Les lunettes du commissaire-priseur glissèrent de son nez.

Dans le hall, l'homme avec la casquette continuait à sourire. Il laissé s'échapper un léger rire, et se leva pour s'éloigner de là où il était jusqu'à présent.

« … Trois cent millions. »
« Hein ? », pensa Sonoko, en regardant le sourire de son oncle.
« J'ai dit, trois cent millions de dollars ! »

Le commissaire-priseur frappa immédiatement son bureau de son marteau trois fois.
« Adjugé, adjugé ! Le bien est adjugé à trois cent millions de dollars ! »

« Woah... ! », dirent les journalistes dans le hall, tandis que les caméras et les appareils photos tournaient à plein régime dans la salle d'enchère. « Monsieur Suzuki s'est porté acquéreur du bien pour une somme jamais égalée auparavant. Applaudissements ! », dit l'enchérisseur.

« Ahahahah ! », rit Jirokichi ostensiblement. Il croisa ses bras sur son torse de manière suffisante, en écoutant le son des applaudissements.