Détective Conan épisode 13 : L'Affaire du meurtre de la personne étrange

L’épisode 13 de Détective Conan est sorti le 22 avril 1996 et s’appelle « L’Affaire du meurtre de la personne étrange ».
Il est tiré des files 13 à 16 (vol. 2), est scénarisé par Yûichi Higurashi, et est storyboardé par Jôhei Matsûra. Le directeur d’animation est Atsushi Aono.

Conan est chez le professeur Agasa. Il constate, en lisant un article de journal qui parle d’un groupe de voleurs qui a braqué cent millions de yens dans une banque, que la criminalité augmente récemment. Pendant qu’il lit le journal, Agasa travaille sur sa dernière invention : des lunettes qui permettent de localiser les coupables.

Conan rentre chez lui. Une cliente arrive chez Kogorô. Elle s’appelle Masami Hirota, et lui demande de retrouver son père, qui a disparu récemment. Sans faire exprès, Conan pose le transmetteur que ses lunettes peuvent localiser sur Masami Hirota.

Les détectives cherchent la trace du père de Masami. Après avoir déduit qu’il avait appelé ses chats d’après son cheval favori, Kogorô, Conan et Ran se rendent à un hippodrome, où ils trouvent leur homme. Ils le fait se réunir avec sa fille, et considèrent l’affaire comme conclue.

Le lendemain, Kogorô apprend que le père Hirota est mort. Selon la voisine, il avait payé son loyer en billets neufs. Le détective contacte Megure qui lui explique ce qu’il sait de l’affaire. Conan utilise ses lunettes pour localiser Masami, mais il arrive dans un pachinko, où il se cogne contre un grand homme, qui l’éjecte du pachinko.

En rentrant chez Kogorô, Ran remarque, du haut du premier étage, un étrange homme en imper, avec des lunettes noires. Kogorô se rend compte que cet homme était aussi près de Masami Hirota et de la maison de son père la veille. Ran saute par la fenêtre de l’agence et arrêter l’homme en question. Celui-ci révèle être un détective privé, travaillant pour le grand homme qui avait éjecté Conan du pachinko. Il prétendait être de la famille de Masami ; or, celle-ci a dit n’avoir aucune famille si ce n’est son père, qui est mort.

Conan fonce chez le doc pour qu’il recharge ses lunettes. Il comprend que c’est le grand homme qui portait la montre de Masami, ce qui signifie qu’elle est probablement déjà morte. Il trouve son signal, qui émane d’un hôtel. Il y amène Ran, Conan Kogorô et le détective privé. Alors qu’ils vont prendre l’ascenseur, ils tombent sur une femme aux cheveux longs qui part avec ses sacs. Montant à l’étage où la montre de Masami se situe, ils trouvent le grand homme, mort.

Le petit détective comprend alors la vérité derrière l’affaire. Masami n’était pas la fille de Kenzô Hirota. En réalité, elle, son prétendu père et le grand homme étaient complices dans l’affaire du braquage de la banque. Conan comprend également que la femme qu’ils ont croisée à l’ascensceur est Masami Hirota elle-même, déguisée. Conan et Ran la suivent en taxi jusqu’aux docks, où ils se séparent pour la trouver.

De l’autre côté des docks, Masami Hirota rencontre l’homme derrière tout, Okita. Il appelle Masami « Akemi Miyano ». Alors qu’il s’apprête à la tuer par balles, Conan tire dans un objet au sol et met Okita hors d’état de nuire.

I – Graphiquement

L’épisode 13 n’était pas un épisode particulièrement important. S’il adaptait en effet une affaire capitale du manga, l’affaire était réécrite de sorte à ce que la révélation qui est faite à la fin de celle-ci, au sujet de l’Organisation, n’apparaisse pas dans l’animé. L’équipe de production n’avait donc pas nécessairement besoin qu’un animateur de qualité prenne les rennes de la direction de l’animation. A donc été choisi pour diriger l’animation de l’épisode Atsushi Aono. L’homme est connu, aujourd’hui, comme un des plus grands directeurs d’animation de Détective Conan. La simple vue de ses dessins permet de redéclencher chez les fans de la série une grande impression de nostalgie.

Pourtant, l’Aono dont nous voyons là les dessins n’est pas l’Aono que l'on a connu postérieurement, et  qui a quasiment disparu de la série à la fin des années 2000. Lorsque l’animé Détective Conan est lancé, quelques directeurs d’animation sont embauchés – certains bons, certains moins bons, comme Ogawara, et certains au milieu, comme Aono. On voit bien, au long de l’épisode, qu’Aono ne maîtrise pas encore le design des personnages à la perfection. Nous n’aurons pas de jugement négatif à son sujet, car nous savons qu’il s’améliorera grandement lors de la saison 2 et la saison 3, pour devenir un des talentueux artistes que nous connaissons aujourd’hui.

La déception principale de l’épisode concerne le storyboard. Jôhei Matsûra, qui généralement produit un storyboard plus que convenable, nous donne ici à voir un storyboard assez mal géré, dont les transitions entre les scènes ne sont pas particulièrement réussies, avec quelques plans très mal mis en scène. L’épisode 13 n’est certes pas un épisode capital, il n’y avait donc pas besoin qu’un storyboardeur de talent le prenne en charge. Mais tout de même, cela est dommage. On remarque que lorsque cet épisode sera réadapté en animé à l’occasion de l’épisode 128, c’est l’excellent Yasûichiro Yamamoto, qui deviendra plus tard producteur de la série, qui se chargera du storyboard.

Enfin, notons que, dans le manga, l’agence de Kogorô n’est toujours pas très bien définie visuellement. Aoyama sait qu’il y a le bureau de Kogorô avec sa télévision près de la fenêtre, et que la porte pour entrer à l’étage est sur la droite au milieu de la pièce, mais il n’a toujours pas très bien défini ce qu’il y a à gauche de Kogorô lorsqu’il est assis à son bureau. Aujourd’hui, on y trouve une sorte de petite pièce créée grâce à des rideaux. C’est dans ce petit endroit, que l’on voit très peu dans la série, où Ran peut préparer à manger ou à boire pour les clients de Kogorô, et où le vieux détective se fait réchauffer ses plats au micro-onde lorsque Ran est au lycée. Cet endroit n’existe pas encore dans la série, et l’on voit Ran préparer le thé dans le coin, mais sans que les rideaux et la petite cuisine ne soit présente. On peut imaginer que dans les saisons qui suivent, Kogorô, gagnant de plus en plus d’argent grâce à son renom récemment acquis, a pu s’atteler à améliorer son agence.

II – Scénaristiquement

L’épisode 13 est une déception immense. Les fans de la série, qui suivaient le manga, pensaient à juste titre au début de l’épisode que celui-ci adapterait l’affaire éponyme du manga. Elle se termine sur une révélation : Akemi Miyano, mourante après avoir été grièvement blessée par Gin, révèle à Conan qu’elle fait partie d’une organisation criminelle dont le symbole est le noir. La mort d’Akemi est un tournant pour Conan, qui a l’impression, une fois de plus après l’affaire de la Sonate au clair de lune, d’avoir échoué à protéger les innocents. L’épisode nous permettait également de découvrir très brièvement la sœur d’Akemi Miyano, Shiho.

Ici, rien de tout cela. L’affaire suit fidèlement le manga jusqu’à la révélation finale sur les docks. Au lieu de voir Gin et Vodka apparaître, on voit un illustre inconnu, Okita, que Conan met hors d’état de nuire en quelques secondes. Que s’est-il passé ? Pourquoi une telle altération ?
La réponse est simple, et compliquée à comprendre à la fois. L’équipe de production de l’animé pensait que l’animé Détective Conan n’était là que pour promouvoir le manga. Chacun était convaincu que la série finirait sur l’épique premier film, Le Gratte-ciel infernal, et que ce serait après la fin. Il en a été tout autre, car les audiences de Détective Conan ont été excellentes dès le milieu de la saison. Si le film 1 a été un succès modeste, la série a été renouvelée, et un deuxième film est sorti, qui, lui, a eu un succès bien plus important que le premier. Et ainsi, la série télévisée s’est vue renouveler son contrat d’année en année jusqu’à aujourd’hui.

Mais comme l’équipe de production pensait que la série ne durerait qu’une saison, elle a décidé de ne tout simplement pas traiter de l’Organisation. A quoi bon, si c’est pour ensuite arrêter la série en avril 1997 ? Ainsi, l’épisode 5 ne fait pas apparaître Gin et Vodka, et l’épisode 13 non plus. A la place, Yûichi Higurashi est recruté pour réécrire la fin de cette affaire, de sorte à ce que les spectateurs occasionnels ne se rendent compte de rien. Pari réussi – jusqu’à l’épisode 128, qui clôt l’arc de Conan deux ans plus tard, et réadapte l’affaire de manière plus fidèle. Pour lire notre analyse de l’affaire, nous vous invitons donc à lire celle que nous avons écrite au sujet de l’épisode 128.

Petit détail amusant : Aoyama ne semble pas encore avoir bien défini les capacités intellectuelles de Conan. S’il est aujourd’hui présenté comme une sorte de génie surdoué, le Conan des débuts de la série semble intelligent, mais n’a pas l’air non plus d’être un génie. Lorsque Conan entend le nom du cheval à la télévision qui fait référence aux chats du « père » de Masami Hirota, il doit écrire sur une feuille l’anagramme. Le Conan d’aujourd’hui le ferait tout simplement dans sa tête. La complexification des affaires que Conan doit traiter incitera Aoyama à augmenter la puissance intellectuelle de son personnage.

L’affaire de l’épisode 13 est, en elle-même, assez bonne. On comprend bien qu’il s’agit d’un prétexte pour faire avancer l’histoire, car l’affaire est moins profonde que ce qu’Aoyama a tendance à faire – même avec les standards des débuts de la série. On apprécie l’enchaînement de meurtres, même s’il devient rapidement assez évident que Masami Hirota cache quelque chose, et tout de suite après, qu’elle fait partie des trois braqueurs de banque. Ce qui fait réellement plaisir dans l’affaire, cependant, c’est l’implication de Ran. Certes, elle pleure inutilement pour Masami, mais elle est également très active : c’est elle qui trouve le père Hirota, et c’est bien elle qui poursuit le détective privé, dans une scène d’action assez impressionnante.  

III – Bilan

8/10. Un très bon épisode qui aurait pu être encore meilleur s’il avait suivi plus fidèlement le manga. L’idée de l’équipe de production selon laquelle il ne fallait en aucun cas traiter de l’Organisation dans la première saison de la série animée est à l’origine de biens des soucis, en termes de continuité et de qualité, qui auraient pu être évitées avec un peu plus de jugeote.