Détective Conan épisode 14 : L'Affaire du tir mystérieux

L’épisode 14 de Détective Conan est sorti le 29 avril 1996 et s’appelle « L’Affaire du tir mystérieux ».
Il est scénarisé par Kazunari Kôchi, et est storyboardé par Kuchiru Kazehara. Les directeurs d’animation sont Akio Kawamura et Kumiko Shishido.


Un midi, Conan, Genta, Ayumi et Mitsuhiko décident de se rendre sur les bords d’un fleuve où Genta leur a conseillé d’aller, dans le but de pêcher des anguilles. Alors qu’ils décident d’arrêter pour aller manger à 13h, Ayumi remarque, sur le fleuve, un petit bateau télécommandé auquel est attaché un ballon. Le ballon éclate soudainement, un bruit de fusil retentissant. Conan prend ses jumelles et remarque que des hommes louches se tiennent sur le toit de l’immeuble de l’autre côté du fleuve, des armes à la main.

Accourant vers le toit de l’immeuble en question, les Detective Boys trouvent une étrange calculatrice, sur laquelle sont écrits les chiffres « 3135134162 ». Conan appelle l’inspecteur Megure pour qu’il se saisisse de l’affaire. Celui-ci arrive sur place, mais ne peut pas procéder à une enquête approfondie car, comme c’est le Golden Week, la plupart de ses agents est absent.

Conan rentre chez lui le soir et essaie de comprendre le code. Ran et Kogorô tentent de l’aider, bien que Kogorô soit plus intéressé par son magazine qui traite d’une ligne de train japonaise, le Heisei Express. Ran se dit que le chiffre « 162 » à la fin du code fait peut-être référence à l’Autoroute nationale 162, qui passe par Kyôto. Mais c’est trop loin ; les ravisseurs ne prendraient pas le risque de faire un long trajet avec un otage. Conan se rend alors compte qu’il y a également une route 162 dans la région de Tôkyô : la Route préfectorale 162, à Saitama.

Le lendemain, Ran force la main à Kogorô pour qu’il loue une voiture et transporte Conan, les Detective Boys et elle-même. Conan réussit à trouver un bâtiment dont le toit donne sur une route qui a la même forme que le fleuve. Kogorô appelle Megure pour lui dire qu’ils ont peut-être retrouvé le lieu que les tueurs comptent utiliser pour leur véritable meurtre, mais l’inspecteur leur dit de venir au commissariat général, car ils ont des informations importantes.

Arrivés au QG de la police à Chiyoda, Megure les emmène dans une salle de réunion. Il leur explique qu’un agent de police a disparu pendant les vacances avec sa petite-amie. Conan reconnaît l’homme qu’il a vu sur le toit. Les empreintes digitales sur la calculatrice correspondent – son nom est Kôichi Yamabe, un tireur d’élite de la police, ancien champion olympique en tir.

La police se rend sur place pour appréhender les suspects, mais ils ne trouvent personne. Conan se rend compte grâce à Mitsuhiko que le code peut être lu lorsque l’on retourne la calculatrice « 291 Heisei E ». Or, le Heisei est un train de Tôkyô au sujet duquel Kogorô a lu un article récemment. 291 est probablement une date : le 29, à 1 heure. Megure prend rapidement un hélicoptère pour essayer de trouver le bâtiment duquel le meurtre va avoir lieu.

Conan réussit à se faufiler dans l’hélicoptère, et, lorsque les coupables entrent en ligne de mire, utilise ses chaussures amplificatrices de force pour les mettre hors d’état de nuire.

I – Graphiquement

L’épisode 14 n’est pas un épisode dont on se souviendra particulièrement, mais il n’est pas non plus un épisode mal dessiné. Akio Kawamura signe ici son troisième épisode, et conserve la même patte graphique que lors de ses deux derniers ; il aura du temps pour s’entraîner, car il travaille encore sur la série plus de vingt ans après. L’épisode a cependant été dirigé par deux personnes, et non une : Kumiko Shishido fait son entrée dans la série pour presque disparaître jusqu’aux épisodes 100 – 200, où on le retrouvera sur plusieurs affaires. Après quelques épisodes dans les épisodes 500, il disparaîtra de la série.

On remarque que Shishido, comme beaucoup d’animateurs de la première saison de Détective Conan, a également travaillé sur les deux premiers films de la série. Le fait que l’équipe de production des films ait embauché les animateurs de la série a contribué à l’esthétique particulière du film 1, qui semble être un très grand filler – c’est parce que ce premier film a été, dans sa production, une continuation directe des épisodes.

Kuchi Kazehara s’est occupé des storyboards de l’épisode. Sans que Kazehara ne montre de patte particulière, il réussit à faire un storyboard de qualité qui ne choque quasiment jamais l’œil. Ses plans sont variés et témoignent d’une réelle ambition pour l’épisode. C’est quelque chose d’assez plaisant et que l’on aura l’occasion de retrouver plus tard.

Les décors de l’épisode sont assez bons. On retrouve bien l’architecture japonaise, les petites rues, le fleuve, et les plans vus depuis l’hélicoptère sont très bons. L’animé Détective Conan s’est toujours caractérisé par la qualité des ses décors, cela n’a donc rien d’étonnant.

II – Scénaristiquement

La première chose que l’on remarque avec l’épisode 14, avant même de commencer à le regarder, c’est son auteur : Kazunari Kôchi. Nous en avons déjà assez parlé, mais Kôchi est un des meilleurs scénaristes de Détective Conan. Réussissant par moments à dépasser Aoyama, il a fait partie des premiers scénaristes de fillers à être embauché en 1996, et a écrit le scénario de la plupart des films de la série jusqu’à sa mort, en 2016. Un filler signé par Kôchi est, dans neuf cas sur dix, un bon ou très bon filler. Kôchi aimait véritablement la série et ses personnages, et donc les respectait ; parce qu’il avait une connaissance pointue des logiques internes de DC, il se permettait d’aller un peu plus loin que les autres scénaristes dans les épisodes.

Ainsi, lorsque Ran demande à la fin de l’épisode où Conan veut aller pendant le week-end, Conan répond « Au parc d’attraction ! » en levant les bras. A ce moment-là, le spectateur qui ne connaît pas Kôchi pourrait croire que le scénariste ne comprend rien à la série, et n’a pas saisi que Conan n’a en réalité rien à faire des parcs d’attraction. Mais à ce moment-là, on voit Conan baisser les bras, faire son habituel regard sarcastique, et se dire à lui-même « Ce qu’il faut pas faire pour se faire passer pour un enfant ». Le spectateur comprend alors que, loin d’être à côté de la plaque, Kôchi est en fait un des rares scénaristes qui garde la trame principale de Conan en tête lorsqu’il écrit ses scripts. Très peu d’autres scénaristes auront l’ambition de faire apparaître Vermouth ou Yukiko dans leurs fillers.

On remarque également avec amusement que Kôchi signe un filler dont le sujet principal est un sniper. Il réutilisera cette idée, en l’adaptant à la trame principale, lorsqu’il écrira presque vingt ans plus tard le film 18. On retrouve exactement la même scène dans l’épisode et dans cet épisode : le sniper se positionne sur une infrastructure en hauteur pour tirer sur un individu qui se situe dans un train au moment où il passe. C’est un détail assez amusant que les fans de Détective Conan se plairont à retrouver dans le film.

Preuve du respect que Kôchi apporte aux personnages, il rend Ran intéressante. Nous y reviendrons peut-être un jour dans un article : le personnage de Ran est un boulet pour les scénaristes qui ne savent pas se servir d’elle, mais une chance pour les bons scénaristes, tels que Miyashita et Kôchi, qui savent comment la manier. Ici, Ran n’est ni lourde, ni inutile ; elle aide Conan dans son enquête, et joue un rôle actif. C’est un véritable plaisir de voir qu’un scénariste ne la considère pas uniquement comme un meuble en arrière-plan.

Le scénario de l’épisode en lui-même est assez bon. C’est le premier du genre, et un des rares d’ailleurs, où Conan doit empêcher un meurtre au sniper. Evidemment, on regrette que le code de la victime ait été si « simple » à trouver. Mais entre un code simple mais efficace et logique, à un code difficile, tiré par les cheveux et finalement peu crédible, nous savons ce que nous préférons.

Comme toujours, Kôchi essaie de mettre en place une histoire intéressante, et il le réussit fort bien. On connaît à peine la victime et sa petite-amie, mais on les tient immédiatement en sympathie, et on a envie d’en savoir plus à leur sujet. Malheureusement, si Kôchi est ambitieux, il ne fera plus jamais apparaître ces personnages. C’est bien dommage. Son ambition montre cependant le bout de son nez lors du paroxysme de l’épisode : Megure et Conan prennent un hélicoptère pour survoler Tôkyô, et Conan tire avec ses chaussures amplificatrices de force dans son casque pour désarmer le coupable. Une telle scène fait penser à ce que Kôchi nous montrera dans le film 2, La Quatorzième cible, deux ans plus tard.

Aussi, dans le but de créer une histoire vraisemblable, le scénariste installe son intrigue dans des lieux réels, avec des éléments réels. Le lieu où commence l’épisode, avec le grand bâtiment grisâtre et le fleuve, ne semble pas exister ; cependant, l’autoroute nationale 162 qui passe par Kyôto, et la route préfectorale 162 de Saitama, existent réellement. Le train dans lequel se trouve la victime, le « Heisei Express », est en réalité le « Keisei Express », un train dont la première génération a été mise en service en 1972 et qui a existé jusqu’en 1993, date à laquelle la nouvelle génération de Keisei a remplacé l’ancienne. Le Heisei Express que l’on voit dans l’épisode est issu de la nouvelle ligne installée en 1993, mais son design provient de la version des années 1970 du Keisei Express.

On remarque aussi deux éléments de la vie japonaise, et a fortiori tokyoïte, qui sont bien retranscrits à l’écran : tout d’abord, l’épisode se déroule au moment où il est diffusé. On voit sur le calendrier de l’agence de Kogorô que l’épisode se déroule le 27 avril. Conan a donc toujours été dans une bulle narrative – c’est une nécessité, lorsqu’une série dure tant d’épisodes. Aussi, Megure explique qu’il ne peut pas lancer des recherches approfondies dans le fleuve car les policiers sont en grande partie en vacances, du fait du Golden Week – le Golden Week est également un évènement réel au Japon qui fait office de vacances en avril. Aussi, Kogorô loue une voiture pour faire le trajet, ce qui est typique des tokyoïtes, qui ont très peu de voiture en règle générale, et qui louent des voitures lorsqu’ils ont besoin de sortir de la ville.  

III – Bilan

7,5/10. L’épisode 14 est un de ces épisodes qui, sans être excellent, est devenu avec le temps un classique. Il doit être vu par les fans de la série car il est représentatif du travail de Kôchi – ambitieux, et sortant du chemin tout tracé par les autres scénaristes de filler. L’histoire de l’épisode 14 est intéressante et prenante, et, sans être épique, on se plaît à retrouver les personnages que l’on apprécie. A voir.