Détective Conan épisode 18 : L'Affaire du meurtre de la mariée de Juin

L’épisode 18 de Détective Conan est sorti le 3 juin 1996 et s’appelle « L’Affaire du meurtre de la mariée de juin ».
Il est tiré des files 78 à 80 (vol. 8), et est storyboardé par Johei Matsûra. Le directeur d’animation est Atsushi Aono.


Ran et Sonoko sont invitées au mariage de leur ancienne professeur principal de collège avec laquelle elles avaient noué des liens. Ran a téléphoné à Shinichi pour l’inviter au mariage, ce qu’il a évidemment décliné. Conan accompagne Ran et Sonoko au mariage. Il n’appréciait pas du tout leur professeur principal, qui avait Shinichi dans son collimateur.

Ran et Sonoko sont en charge du tournage des vidéos du mariage. Arrive alors Kazumi Takenaka, une amie de lycée de la mariée, qui lui apporte sa boisson préférée : le thé au citron. Elle en buvait même durant les cours. Elle en propose aux jeunes filles, et Sonoko accepte d’en boire.

Arrive dans la pièce un grand homme imposant avec une cicatrice sur son œil gauche. Il s’agit de Kyônaga Matsumoto, superintendant de la police de Tôkyô, et supérieur direct de l’inspecteur Megure, qui est lui aussi présent. Matsumoto est le père de la mariée.

Sonoko et Ran vont dans le magasin le plus proche pour acheter une batterie car celle de leur caméscope est à plat. Arrive Umemiya, un ancien élève qui était fou amoureux de sa professeur au lycée. Il prend la canette de thé au citron de la mariée et noue un petit nœud autour de la paille. Il repart après lui avoir dit au revoir.

Sayuri se rend compte que Conan ressemble à Shinichi en lui enlevant ses lunettes. Elle lui explique que Shinichi ressemblait à son premier amour, un enfant de son quartier qui la défendait lorsqu’elle se faisait embêter par les garçons dans le parc du voisinage.

Arrive Toshihiko Takasugi, le futur marié. Il est l’héritier d’un grand groupe commercial. Il prend la canette de thé au citron et demande à Sayuri pourquoi elle boit une « boisson de pauvre » comme celle-ci. Ils s’embrassent, et Sayuri demande à rester seule.

Alors que tout le monde est sorti dans le couloir, Conan entend la canette tomber au sol, puis Sayuri tomber avec elle. Conan dit à Ran d’appeler une ambulance. Il comprend qu’elle a été empoisonnée.

La police arrive et mène l’enquête. Conan comprend que Sayuri s’est trompée de canette et a bu celle de Sonoko. Conan endort Sonoko et explique que Sayuri a bu le poison volontairement, mais que c’est son futur mari, Toshihiko, qui l’a mis dans la canette. Il l’a fait pour se venger de son père, Matsumoto, qui a indirectement causé la mort de sa mère il y a vingt ans lors d’une course poursuite.

I – Graphiquement

L’épisode 18 est graphiquement appréciable. Il n’est pas parfait, et est presque décevant comparé à certains épisodes de la saison. La direction de l’animation a été assurée par Atsushi Aono, qui est connu comme un des grands maîtres de l’animation de Détective Conan. Mais ce n’est qu’à partir de la saison 2 que le style graphique d’Aono commencera réellement à gagner en lisibilité, en clarté, et en beauté. Donnons-lui encore trente épisodes, et il nous éblouira par son style ; mais pendant ce temps, l’épisode n’a pas une patte graphique particulièrement bonne. Cela reste toujours mieux que l’épisode précédent, dont l’animation a été dirigée par le terrible Ogawara.

Le storyboard de l’épisode, assuré par Matsura, n’est pas génial non plus. La plupart des scènes importantes de l’épisode sont ratées : le timing, la diversité ou le choix des plans sont mauvais. Les scènes où les personnages voient la mariée pour la première fois, ou lorsque la mariée retire à Conan ses lunettes, auraient pu, et auraient dû, bénéficier d’un meilleur storyboard pour représenter de manière plus digne le manga.

Evidemment, ces critiques doivent être prises avec une pincée de sel : comparé à bien des épisodes des futures saisons, l’épisode 18 est une réussite. Il est simplement moins beau, et certaines scènes clefs moins réussies, qu’on aurait pu espérer.

II – Scénaristiquement

L’épisode 18 est un classique de Détective Conan. Il fait partie de ces épisodes intemporels gravés dans la mémoire des fans. Un pilier de notre culture Conan-esque, il n’est pas pour rien dans l’attachement que beaucoup de fans portent à Détective Conan. Toutes ses qualités et son statut d’épisode culte ne doivent toutefois pas nous empêcher de porter un regard critique sur son contenu.

L’épisode 18 est excellent pour plusieurs raisons. Il fait partie de ces épisodes, typiques du début de la série, où Aoyama met l’importance non pas sur l’astuce du meurtre, relativement sommaire par rapport à ce qu’il fera par la suite, mais sur la qualité de l’ambiance et du décor qu’il établit. Alors qu’on ne l’a vue qu’une seule fois dans la série, et qu’on ne le verra probablement plus jamais, Sayuri est immédiatement un personnage attachant. Son empoisonnement n’est donc pas un banal incident facilement oubliable comme c’est le cas dans les affaires des saisons ultérieures.

Le scénario de l’épisode est donc bon, à une exception près. Le twist selon lequel la marié et le mariée sont amis d’enfance aurait pu être bon s’il avait été gardé pour la fin. Or, dans le manga et dans l’épisode encore plus, il est rendu explicite que le « petit garçon » dont la mariée parlait est le mari, et que la « petite fille » dont le marié parlait est sa femme. Cela gâche tout le suspense.

L’affaire est l’occasion pour Aoyama de nous faire découvrir le supérieur de l’inspecteur Megure, Kyônaga Matsumoto, que l’on reverra à de nombreuses reprises dans la série jusqu’à ce que son doubleur meure en 2014 et qu’Aoyama s’arrange pour le faire disparaître en le faisant monter en grade.
Ce que l’on remarque, non sans déception, c’est que si Kyônaga Matsumoto réapparaîtra plusieurs fois au cours de la série, sa fille, elle, ne montrera plus jamais le bout de son nez. Elle avait pourtant ce qu’il fallait pour être un de ces personnages que l’on croise une fois tous les dix tomes, car elle a connu Shinichi Kudô et est la fille d’un personnage assez important.

On se doit également de clarifier le grade de Matsumoto. La traduction française du manga fait de lui un préfet. Ce n’est pas le cas : Matsumoto est au début de la série un policier de grade 5, c’est-à-dire un « keishi », que l’on peut traduire par Superintendant. C’est un grade difficile à obtenir dans la police japonaise, et que Megure ne pourrait avoir que dans plus de dix ans en tant qu’inspecteur. A titre de comparaison, Heizô Hattori est préfet de police d’Ôsaka (grade 2), tandis que le père de Saguru Hakuba est préfet de police de la région de Tôkyô (grade 1, le plus élevé avant le poste de ministre).

L’adaptation du manga à l’animé ne s’est pas faite sans heurts. Plusieurs dialogues du manga ont été coupés dans l’épisode. Tout d’abord, lorsque Matsumoto entre dans la pièce et se présente à Ran, il dit qu’il connaît la célébrité de son père, et que la police regrette maintenant de l’avoir laissé partir. Cela sera exploré plus tard dans le film 2.

Ensuite, lorsque la mariée tombe au sol à cause du poison, Conan est seul avec la victime. Dans le manga, il essaie de la laver du poison au maximum le temps que l’ambulance arrive. Il lui lave la bouche avec des protéines pour contrer la soude caustique. Dans l’animé, rien de tel. C’est bien dommage, car cette petite scène nous montrait l’étendue des connaissances en chimie de Conan.

Enfin, sur le plan de l’anecdote, remarquons trois choses.
Tout d’abord, l’épisode marque la première apparition de la Sonoko la « Reine de la déduction » : Conan l’endort car il n’y a pas de Kogorô à portée de main.
Ensuite, le doubleur Wataru Takagi double une fois de plus un policier lambda. Le doubleur avait été assigné au début de la série le rôle de Genta Kojima, et de quelques personnes d’arrière-plan. Il deviendra dans quelques épisodes le personnage que l’on connaît, l’officier Takagi.
Enfin, l’épisode finit sur une mention qui, avec le recul, prête à sourire : « Deux mois plus tard ». Lorsque l’on sait que Détective Conan se déroule sur une période de moins d’une année, on comprend qu’Aoyama n’avait pas encore saisi à quel point sa série serait longue et qu’elle nécessiterait la création d’une bulle scénaristique temporelle.

III – Bilan

Un épisode mythique, dont l’affaire est simple mais l’ambiance excellente. Un épisode qui pose plusieurs bases de la série pour les centaines d’épisodes à venir. 8/10.