Détective Conan épisode 24 : La Mystérieuse amnésique

L’épisode 24 de Détective Conan est sorti le 15 juillet 1996 et s’appelle « La Mystérieuse amnésique ».
Il est scénarisé par Junichi Miyashita, et est storyboardé par Jôhei Matsûra. Le directeur d’animation est Atsushi Aono.


Une nuit, un prisonnier, Hitoshi Yûda, réussit à s’échapper de sa prison. Il avait été arrêté grâce à Kogorô, et avait juré de se venger. Inquiète, Ran l’accompagne à la course hippique à laquelle son père se rend. Conan remarque quelqu’un d’étrange dans les gradins qui regarde Kogorô avec des jumelles plutôt que la course.

De retour en ville, une femme étrange qui a l’air dans un autre monde tombe sur Kogorô, Conan et Ran. Elle semble amnésique. Kogorô la porte jusqu’à l’hôpital, où elle subit une batterie de tests. Elle n’est pas blessée, mais ne se souvient de rien, si ce n’est de son prénom : Maya.

Kogorô, Conan et Ran entrent dans sa chambre d’hôpital pour lui parler et tenter d’obtenir des informations supplémentaires. Conan remarque qu’elle est très musclée. Elle avait sur elle lorsqu’ils l’ont trouvée une page arrachée, que Conan remarque comme étant l’Evangile selon Matthieu, et une pièce de puzzle.

Conan remarque que quelque chose a été écrit de manière très fine sur la page : « 9 :13 – La Cène ». Il comprend que le morceau de papier provient d’une Bible qui devait être à portée de main lorsqu’on lui a téléphoné. Elle devait rester dans un hôtel, et un hôtel étoilé, étant donné la qualité du papier.

Au bout de douze hôtels, Conan, Ran, Kogorô et Maya retrouvent celui où elle séjournait. Maya se rappelle de son pendentif, mais est prise d’une douleur au crâne. Elle part en courant et, lorsqu’elle est sur le parking de l’hôtel, l’homme qui regardait Kogorô à la course hippique fonce sur elle en voiture pour la tuer. Elle réussit à échapper à la mort en exécutant un saut habile.

Conan comprend que Maya a été prise dans un accident de voiture qui a eu lieu à Beika il y a trois heures. Il l’emmène voir l’accident, et Maya se rappelle de quelque chose. Ils prennent le bus jusqu’à ce que Maya demande à s’arrêter à un arrêt qu’elle semble reconnaître. Passant à côté d’un building en construction, l’homme de la course hippique, qui avait tenté de l’écraser précédemment, essaie à nouveau de la tuer en lui jetant une grosse pierre depuis le toit. Elle échappe de justesse à la mort.

Conan et Ran perdent Kogorô de vue. Elle emmène le vieux détective dans un restaurant qui s’appelle « La Cène », situé au numéro 13 du 9ème pâté de maison. Conan les suit, et lorsqu’il arrive, il voit le cadavre de Yûda au sol. Il se rend à un entrepôt proche, et découvre Kogorô en train d’être pendu par Maya. Il la met hors d’état de nuire.

I – Graphiquement

L’animation de l’épisode 24 fut dirigée par Atsushi Aono. Reconnu aujourd’hui comme l’un des maîtres des premières saisons de la série, Aono n’est pas encore, dans cet épisode 24, au sommet de son art. Ses dessins sont parfois encore un peu trop disproportionnés, les visages parfois un peu mal dessinés. Mais on lui pardonne : non-seulement son animation est pêchue et dynamique, mais en plus, nous pouvons lui laisser encore une saison avant qu’il n’éclose réellement et devienne un maître de la série.

Le storyboard de l’épisode est bon. Matsûra fait un travail de qualité. Certains plans de l’épisode sont marquants, tels celui où Conan voit Maya pendre Kogorô. Son storyboard permet aux scènes d’action d’être rapides, et peu de plans durent trop longtemps. Un travail de qualité, donc.

Les décors de la série sont toujours aussi bons. C’est un des points sur lesquels l’animé Détective Conan, de 1996 à aujourd’hui, a toujours été d’une grande cohérence et d’une grande qualité. On se sent dans Beika ; les personnages semblent bien évoluer dans la même dimension que le décors ; bref, c’est un très bon travail.

II – Scénaristiquement

L’épisode 24 est-il aussi bon scénaristiquement qu’il ne l’est graphiquement ? Inutile d’y aller par quatre chemins : l’épisode 24 est culte, et ce n’est pas pour rien.

Junichi Miyashita nous montre déjà, dès 1996, son talent en tant qu’auteur. Son objectif est bien souvent de créer des personnages dont on se souviendra. C’est chose faite : la mystérieuse amnésique fait partie de ces personnages de fillers qui ont marqué des générations de fans. Son histoire aurait certes être plus complexe, mais Miyashita maîtrise si bien l’exécution de son scénario que l’on n’a pas à critiquer les faiblesses de l’affaire.

On reconnaît le génie de Miyashita dans la manière dont il découpe sa trame. On apprend très rapidement que Kogorô s’est fait un ennemi, puis on découvre la mystérieuse amnésique, puis on découvre que l’ennemi en question veut tuer la mystérieuse amnésique. Cette tripartition de l’intrigue est intelligente et augmente radicalement le suspense – on est bien loin de ces innombrables fillers qui n’ont aucun enjeu.

La manière dont le scénariste exploite le thème de la Bible est bonne. On aurait aimé que la Bible, étant donné sa richesse historique et littéraire, soit plus utilisée encore, mais il ne fait aucun doute qu’Aoyama s’en servira un jour ou l’autre. Cet épisode l’utilise d’une manière assez satisfaisante pour que l’on ne critique pas. L’Evangile selon Mathieu, la Cène, le nom du coupable (Yûda, déformation de Judas), etc., font partie du folklore de l’épisode. Ran dit même que l’hôtel où ils finissent par trouver Maya est le douzième, chiffre important dans la Bible.

Le plus plaisant chez Miyashita est, comme on l’a dit, son ambition. Il n’est pas question pour lui de finir son filler de manière simple et oubliable. Il souhaite que l’on se souvienne ce qu’il écrit. Il n’hésite donc pas à créer des scènes d’action, ce qui, pour un scénariste de fillers, est très rare. La pendaison de Kogorô, arrêtée de peu par Conan, est à ce titre mémorable. Elle finit bien l’affaire, même si on aurait aimé voir un peu plus.

Remarque anecdotique : Yûda est doublé par Mikimoto. Il doublera quelques petits rôles dans le futur, avant d’obtenir son plus gros rôle dans la série : Irish, dans le film 13.

III – Bilan

8/10. Un filler culte, que tout Conan-patriote se doit de voir un jour. Une bonne enquête, avec un personnage intéressant, où tout le scénario est maîtrisé du début jusqu’à la fin.