Détective Conan épisode 29 : L'Affaire du meurtre à l'ordinateur

L’épisode 29 de Détective Conan est sorti le 19 août 1996 et s’appelle « L’Affaire du meurtre à l’ordinateur ».
Il est scénarisé par Kazunari Kôchi, et est storyboardé par Jôhei Matsûra. Le directeur d’animation est Atsushi Aono.

Conan, Kogorô et Ran sortent d’un cinéma à Ginza. Alors qu’ils cherchent un restaurant, ils tombent sur Ôkida, le PDG d’une grande entreprise japonaise, Bigwood. C’est une entreprise spécialisée dans l’informatique. Kogorô lui donne sa carte de visite.

Ôkida rentre chez lui grâce à son chauffeur, Tokitô. Ce dernier semble avoir une dent contre Ôkida – il lui a vendu un logiciel il y a un an alors qu’il aurait pu faire fortune avec, et depuis, ce chauffeur le déteste.

Le PDG s’allonge dans son lit high-tech et s’endort. Au milieu de la nuit, la chaleur de la pièce augmente petit à petit. Le lendemain, l’inspecteur Megure appelle Kogorô : Ôkida est mort. La victime avait le cœur fragile et a succombé d’une crise cardiaque.

Conan se rend chez le professeur Agasa pour lui poser des questions au sujet des programmes informatiques et de leur piratage. Le petit détective se rend chez le principal suspect de l’affaire, Tokitô, et s’arrange pour être seul avec son ordinateur. Il ne trouve aucun document dans son PC qui prouve le meurtre.

Mais Conan pense avoir compris la vérité. Il utilise son nœud-papillon modulateur de voix pour appeler l’inspecteur Megure avec la voix de Shinichi Kudô, et demande des informations supplémentaires qui lui permettent de déduire l’astuce du meurtre.

I – Graphiquement

L’épisode 29 est un bon épisode sur le plan graphique. Sans être magnifique, il remplit le cahier des charges d’une manière plus qu’honorable. Atsushi Aono étant aux commandes de l’animation, rien de mauvais ne pouvait arriver. On remarque cependant qu’il faudra encore une ou deux saisons pour qu’Aono développe son magnifique style. A l’heure actuelle, ses traits ressemblent encore à ceux de ses collègues.

Le storyboard de Matsûra est, comme toujours avec Matsûra, bon. Sans être exceptionnel, il est assez varié et assez intelligent pour qu’il y ait peu de plans trop lents et trop statiques. On sent bien que Matsûra a le potentiel de faire mieux, mais les scénarios qui lui sont confiés contiennent peu de scènes d’action, ce qui l’empêche de montrer tout son talent.

En termes d’architecture, on remarque deux choses. Tout d’abord, on voit le salon de la maison des Môri, qu’on aura l’occasion de revoir quelques fois dans la série. Ce salon a très peu évolué dans le temps, restant en grande partie le même. La cuisine de la maison a elle par contre changé, étant boisée dans cet épisode-ci, et plus moderne dans les futures saisons.
Ensuite, lorsque Conan se rend chez le professeur Agasa, il descend à l’atelier du doc. Cette salle ne semble pas clairement définie. Il semblerait qu’elle soit la cave qu’Agasa reconvertira en bureau et laboratoire pour Haibara lorsque celle-ci emménagera chez lui. Le couloir qui donne sur cette pièce est le même que celui que l’on retrouvera dans le film 20 – mais dans ce film, la porte qui donne accès à la pièce n’est plus du tout la même, car elle est, dans cet épisode, automatisé et coulissante, comme une porte d’ascenseur.

II – Scénaristiquement

Kazunari Kôchi, le meilleur des scénaristes de Détective Conan, est de retour à la barre pour cet épisode 29. Si cet épisode n’est certainement pas le meilleur qu’il ait signé, il reste un bon épisode. Le défaut principal de l’épisode 29 est d’être extrêmement kitsch. Mais cela est dû au recul que l’on a depuis les années 2020 : un « meurtre par ordinateur », si cela semblait futuriste et révolutionnaire en 1996 lors de la diffusion de l’épisode, ne nous émeut pas plus que ça aujourd’hui.

Cet élément informatique sur lequel se base l’épisode nous fait prendre conscience de comment Détective Conan évolue avec son temps. Ici, Conan ne sait pas qu’un programme peut être piraté, et doit aller demander au professeur Agasa pour obtenir l’information. Le meurtre par domotique tombait à point en 1996, car la domotique devenait extrêmement populaire au Japon. Lorsque la domotique deviendra connectée à Internet et donc sera piratable, l’équipe de production de l’animé s’en servira à nouveau comme base pour un film, le film 22.

L’épisode en lui-même est bon. Les personnages sont intéressants, et on regrette de ne pas avoir plus eu le temps de les connaître. L’équipe de production de l’animé refusait les affaires en deux épisodes à l’époque, ce qui est bien dommage lorsque l’on sait le talent de Kôchi. Une fois de plus, le défaut de l’épisode, qui est son côté kitsch et sa fascination pour une technologie dépassée et irréaliste, ne tient pas tant au travail de Kôchi, honorable pour l’année 1996, qu’à notre recul. On sent parfaitement que Kôchi maîtrise son scénario et est un très bon auteur – la scène où Conan use d’un stratagème pour accéder à l’ordinateur du coupable avant qu’il ne revienne dans son appartement est de ce point de vue très parlante.

Comme toujours, Kôchi regorge de bonnes idées et insère des petits détails plaisants dans l’épisode, qui sauront arracher un sourire aux fans. Lorsque Conan bloque dans l’affaire et réfléchit, il dribble avec un ballon qu’il trouve dans la maison d’Agasa. C’est une référence au deuxième épisode de la série, où on apprend que Shinichi aimait dribbler lorsqu’il réfléchissait. Ensuite, Kôchi fait que Conan utilise son nœud-papillon pour prendre la voix de Shinichi et appeler Megure (ce qu’il réutilisera dans la dantesque scène d’ouverture du film 15). Ce filler est donc l’un des rares à mentionner Shinichi Kudô, ce qui est un petit plus au milieu de tous les fillers de la série.

Quelques remarques subsidiaires, maintenant.
Tout d’abord, Kôchi fait dire à Kogorô que l’endroit où ils se trouvent au début de la série est Ginza. Cela explique la réaction de Kogorô lorsque Conan demande à manger dans un restaurant du quartier : Ginza est un des quartiers les plus chers et les plus luxueux de Tôkyô, où Kogorô, Ran et Conan ne se rendent généralement que pour rencontrer des clients fortunés. Le fait de mentionner des lieux réels dans les épisodes de Conan permet d’ancrer la série dans le réel, ce qui est appréciable.
Ensuite, remarquons que Kôchi fait appeler le chat d’Ôkida « Aslan ». Ce nom étant très peu commun, on comprend qu’il s’agit d’une remarque au personnage des Chroniques de Narnia, Aslan.
Enfin, nous soulignons ici que l’épisode 29 est, selon la classification des cassettes et DVD de la série Détective Conan, le premier épisode de la saison 2. C’est cette division qui est utilisée, arbitrairement, sur les Wiki Détective Conan en ligne. Nous ne souscrivons pas à cette division de la série pour plusieurs raisons. La première est qu’une saison couvre une suite d’épisodes continue – or, l’équipe de production de l’animé considère que la saison s’étend du premier épisode de janvier (qui est souvent un épisode important ou même un épisode qui marque un début de nouvel arc, comme l’épisode 129) jusqu’à l’avant-dernière semaine de décembre. La deuxième raison est que la manière dont les cassettes et DVD classifient les épisodes n’a aucune base solide autre que le simple choix arbitraire de l’équipe en charge de la commercialisation des cassettes et DVD Conan. Pourquoi faire arrêter la saison 1 à l’épisode 29, et non pas à l’épisode 42 (16 décembre 1996), sachant que l’épisode 43 (13 janvier 1996) a été placé en début de saison spécifiquement pour marquer le début de la saison 2 ? Les cassettes et les DVD de Détective Conan font entrer sur un DVD quatre épisodes, souvent dans le désordre (dans le but de mettre dans chaque DVD au moins un filler). Il est donc injustifié de faire finir la saison 1 à cet épisode 29. Nous utiliserons par conséquent le système de division par saisons classique, celui utilisé implicitement par l’équipe de production de l’animé.

Sur un plan anecdotique, on remarque qu’aucun des doubleurs des suspects/victimes de cet épisode ne réapparaîtront dans la série, à l’exception du doubleur du coupable, Tokitô. Nous le retrouverons plusieurs années plus tard, à l’occasion des épisodes 388 et 389.

III – Bilan

L’épisode 29 n’est pas mauvais. Kôchi et Aono font tous deux un bon travail. Là où l’épisode perd en qualité, c’est lorsqu’il est revu dans les années 2020, avec un recul de presque vingt-cinq ans. Ce qui paraissait ingénieux, novateur et intéressant en 1996 ne l’est plus forcément un quart de siècle plus tard. Là est l’écueil des épisodes centrés sur un progrès technologique récent. Il n’en reste pas moins que l’épisode 29 est un classique de la série, qui reste appréciable encore aujourd’hui. 7,5/10.