Détective Conan épisode 31 : L'Affaire du meurtre à la station de télévision

L’épisode 31 de Détective Conan est sorti le 2 septembre 1996 et s’appelle « L’Affaire du meurtre à la station de télévision ».
Il est tiré des files 102 à 104 (vol. 11), et est storyboardé par Hirohito Ôchi. Le directeur d’animation est Haruo Ôgawara.

Aux bureaux de Nichiuri TV, une des plus importantes stations de télévision du Japon, le téléphone de Michihiko Suwa, producteur, sonne. Un dénommé Takashi Matsuo, un présentateur de NTV qui monte dernièrement, lui demande à le rencontrer le lendemain, dans une pièce vide, en tête à tête. Suwa accepte.

Le lendemain, Kogorô, Conan et Ran se rendent à la station de télévision, car le vieux détective a été invité pour participer à une émission sur des enquêtes policières japonaises. Il explique que les téléphones portables peuvent être piratés. Lors d’une coupure publicitaire, le présentateur, Matsuo, prétextant qu’il a mal au ventre, quitte le plateau. Il téléphone à Suwa et lui dit qu’il va se suicider.

Matsuo revient sur le plateau et l’émission se finit comme si de rien était. Matsuo raccompagne Kogorô, Conan et Ran à la sortie du bâtiment, lorsqu’il apprend par un employé que Suwa a été retrouvé mort.

Conan mène l’enquête et se rend compte que quelque chose cloche sur la scène du crime : le sang qui a giclé de la tête de la victime sur la vitre n’a pas été projeté sur le rebord du mur, ce qui signifie que la vitre était ouverte lorsque Suwa a été tué. Conan descend au rez-de-chaussée et comprend que Matsuo a mis en place un stratagème pour tuer Suwa.

Il endort Kogorô et démontre que Matsuo a téléphoné à Suwa pour le faire se pencher par la fenêtre, afin de le tuer.

I – Graphiquement

Inutile pour nous de nous épancher sur le style graphique de l’épisode. Haruo Ôgawara n’est plus à présenter, tant ses épisodes ont un style distinctif. Le soucis majeur d’Ôgawara n’est pas tant qu’il cherche à être différent, car des grands maîtres comme Atsushi Aono aussi ont un style distinctif, mais plutôt que son style différent fait que les personnages ne ressemblent pas à ce à quoi ils devraient ressembler. Les visages ne sont pas dessinés comme ils devraient l’être, et les yeux sont bien trop grands. Il mérite donc un carton rouge, comme pour chacun de ses épisodes.

L’agent Takagi apparaît à nouveau dans la série, bien qu’il ne soit pas encore nommé. Son design commence à se fixer progressivement, bien qu’il évoluera radicalement pendant encore une centaine d’épisodes.

Les décors de l’épisode sont bons sans être exceptionnels. Les épisodes des années 2010 et 2020 seront supérieurs en termes de décors naturels (forêts, lacs, montagnes), tandis que les premiers épisodes ont tendance à être supérieurs en tout ce qui concerne la ville. Ici, rien n’est montré si ce n’est un immeuble d’une entreprise. Dès lors, les décors n’ont rien de particulièrement beau, ni rien de particulièrement moche.

II – Scénaristiquement

L’histoire de cette affaire est connue : Takashi Matsuo, un célèbre acteur japonais, avait demandé à Gôshô Aoyama d’écrire une affaire où il tiendrait le rôle du meurtrier. Aoyama en a profité pour intégrer dans l’histoire Michihiko Suwa, qui est encore aujourd’hui producteur de l’animé Détective. Matsuo a doublé son propre personnage, tandis que Suwa a laissé son personnage être joué par Norio Wakamoto, connu pour être la voix de Cell dans Dragon Ball Z. Il sera dans plusieurs saisons embauché pour jouer l’officier d’Ôsaka et ami d’Heiji Hattori, Goro Ôtaki.

L’idée d’Aoyama, d’écrire une histoire qui se déroule dans une station de télévision, est bonne. Cela permet d’introduire dans la série Nichiuri TV, qui est une chaîne de télévision fictive que l’on retrouvera tout au long de la série Détective Conan. Nichiuri TV est un mélange de Nippon TV et Yomiuri TV, les chaînes qui diffusent Détective Conan. On retrouvera des visites dans les studios de ces chaînes plusieurs fois, et notamment dans le film 21.

La trame n’avance pas dans cet épisode, pas plus que dans les quelques épisodes qui suivront. L’arc de Conan n’est pas un arc de rebondissement scénaristiques – son utilité principale était de planter le décor, de nous introduire aux personnages et à la série, plus que de nous raconter une histoire avec les Hommes en Noir. Cela changera dans une centaine d’épisodes, lorsque l’arc d’Haibara commencera. Ainsi, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent en termes de trame, à l’exception d’un petit moment qui ne doit pas passer inaperçu : lorsque Conan et Ran marchent ensemble dans l’immeuble de NTV, Ran dit que le bâtiment est un dédale. Conan répond qu’il a été fait ainsi pour que des terroristes ou une guérilla ne puisse pas en prendre le contrôle facilement. Ran est étonnée d’apprendre que Conan sait cela. Tous ces petits éléments où Conan révèle qu’il en sait plus qu’il n’en laisse paraître s’accumuleront pour déboucher sur l’épisode 96.

L’affaire de meurtre en elle-même est très bonne. Elle n’est certes pas la plus complexe qu’Aoyama ait jamais écrite, mais elle frappe par son ingéniosité. Le moment où Conan fait semblant de tomber par la fenêtre pour tirer avec son faux pistolet sur Megure a marqué des générations de fans. Le fait que le meurtre se déroule dans un laps de temps très court (lors d’une coupure pendant le tournage de l’émission) participe aussi à conférer à cette affaire une certaine qualité.

Quelques anecdotes peuvent être relevées. Tout d’abord, Kogorô dit lors de l’émission que même s’il a été policier par le passé, il ne tire pas très bien. Le fait qu’il a été policier avait déjà été révélée précédemment dans la série – mais c’est la première fois qu’il est dit qu’il ne tire pas bien. Cela sera démenti par le film 2, et canonisé par Aoyama dans le Super Digest Book 40+. La même erreur de continuité concerne l’acrophobie supposée de Kogorô.
Ensuite, lors de la coupure qui permet au présentateur d’aller tuer Suwa, la vidéo projetée présente un détective privé appelé Shôji Kirishima. C’est une référence au premier détective de Gôshô Aoyama, qu’il a fait apparaître dans trois short stories, qui se nommait George Kirishima. Le nom de George, en japonais, se prononce « Jôji », ce qui, phonétiquement, se rapprochement du prénom Shôji.

Dernière remarque : lorsque Kogorô l’Endormi résout le meurtre, Conan passe à la télévision, et l’on voit Ayumi voir son camarade de classe sur un écran de télévision géant dans la rue. Cela est un peu étrange, car Conan est censé rester caché pour ne pas être repéré par les Hommes en Noir. Le même problème se posera lorsqu’il réitèrera cela lors de l’arc de Londres. Notons que Sonoko apparaît dans le manga en train de regarder la résolution de l’affaire par Kogorô, ce qui n’est pas le cas dans l’animé.

Si cela n’est pas scénaristique à proprement parler, remarquons que Megumi Ôgata, qui joue la co-présentatrice de l’épisode, ne jouera plus dans Détective Conan suite à cet épisode. Elle n’aura plus qu’un rôle dans le film 6, celui d’Hideki Moroboshi. Takumi Yamazaki, qui joue un policier, jouera plus tard le camarade de classe de Shinichi, Nakamichi.

III – Bilan

Un épisode de qualité, que l’on aurait aimé voir adapté en deux parties, mais qui fait plus que remplir le cahier des charges. L’affaire policière n’est pas difficile mais est ingénieuse et prenante. Pourquoi Ôgawara était-il en charge des épisodes tirés du manga, et non des fillers, on ne le saura jamais – mais son style désastreux n’est pas assez pour dégoûter les spectateurs de l’épisode. 8/10, un épisode à voir pour sa culture de Conan-patriote.