Détective Conan épisode 34 : L'Homme aux bandelettes

L’épisode 34 de Détective Conan est sorti le 21 octobre 1996 et s’appelle « L’Affaire du meurtre de l’homme aux bandelettes dans la villa montagnarde ».
Il est tiré des files 40 à 42 (vol. 5), et est storyboardé par Yasuichirô Yamamoto. La directrice d’animation est Keiko Sasaki.


Sonoko Suzuki invite Ran à une villa de la famille Suzuki dans les montagnes. Ran emmène avec elle Conan. Perdus dans les bois, ils tombent sur un individu étrange, dont le visage était bandé. Malgré cette frayeur, ils avancent jusqu’à la villa, qui est coupée de la forêt par un pont en bois suspendu au-dessus d’une rivière. Ils sont accueillis par Sonoko et sa sœur, Ayako.

Ayako a invité ses amis du club de cinéma auquel elle appartenait à la fac : Masaru Ôta, qui jouait souvent les premiers rôles, Hiroki Sumiya, le caméraman du groupe, Chikako Ikeda, scénariste, et Ryôichi Takashi, qui faisait les décors.

Lors du repas, Ayako fait référence à une membre de leur groupe, depuis décédée, qui s’appelait Atsuko. Cela jette un froid sur la conversation. Alors que Takashi va réparer le toit de la maison pour éviter une inondation, Ôta insiste pour emmener Ran marcher dans la forêt. Alors qu’ils discutent, la foudre s’abat non-loin d’eux, et Ran part en courant. Elle tombe nez à nez quelques minutes plus tard avec un homme couvert de bandelettes, qui essaie de la tuer avec une hache. Conan et Sonoko arrivent sur les lieux pour voir l’homme s’échapper en courant.

Les amis essaient d’appeler la police, mais la ligne est coupée. Le pont a été sectionné. Alors que tout le monde se situe ou au centre de la salle à manger, ou au premier étage, l’homme aux bandelettes passe devant la fenêtre avec le cadavre de Chikako dans les bras.

Chacun va dans sa chambre pour passer la nuit, fenêtres et portes fermées. Mais alors que Conan est en train de réfléchir dans son lit, où Ran a décidé de passer la nuit, l’homme aux bandelettes apparaît. Conan réussit à réveiller Ran en criant dans son nœud-papillon modulateur de voix, et le malfaiteur s’enfuit.

I – Graphiquement

L’épisode 34 est une réussite graphique, et ce à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, les décors de l’épisode sont magnifiques. Ils permettent de construire une ambiance qui correspond parfaitement à l’histoire racontée. On se sent au milieu de la forêt, perdus, et même l’intérieur de la villa est réussi.

Ensuite, la directrice d’animation, Keiko Sasaki, fait un très bon travail. Aucun plan ne choque l’œil, les personnages sont dessinés comme ils doivent l’être. On regrette le design d’Ayako Suzuki, qui est malheureusement très banal, mais cela est de la faute d’Aoyama et non de l’équipe de production. Sasaki continuera à travailler pendant plus de vingt ans sur la série animée, et on ne peut que s’en féliciter.

Enfin, Yasuichirô Yamamoto, un des grands maîtres de la série, est aux commandes du storyboard. Ce storyboard est, à peu de choses près, parfait. Le plan où l’homme aux bandelettes s’approche de Ran dans la forêt est très bien réalisé. La scène d’action finale où Conan se retrouve face à l’homme aux bandelettes est géniale. Aucun plan ne dure trop longtemps et l’épisode est dynamique. Graphiquement, pour cet épisode 34, l’équipe de production se surpasse.

II – Scénaristiquement

Si l’épisode 34 est excellent graphiquement, il l’est aussi scénaristiquement. Avec l’affaire de l’homme aux bandelettes, Aoyama nous livre une de ses meilleures affaires. Non pas que son astuce de meurtre soit très complexe, comme nous le verrons dans la critique de l’épisode 35, mais l’ambiance qu’il créée, et l’ingéniosité dont il fait preuve, suffisent pour nous faire comprendre comment il a pu tenir sa série si longtemps.

Tout dans l’épisode est représentatif de ce qu’Aoyama sait faire de mieux : créer une ambiance géniale, avec une histoire intéressante, et une affaire à laquelle on s’intéresse. L’endroit où se déroule l’affaire est intéressant, le personnage d’Ayako permet de rajouter du relief à l’épisode, et l’auteur en profite même pour insérer une petite scène romantique entre Conan et Ran. Le design du méchant est suffisant pour faire comprendre à tout spectateur à quel point il doit être pris au sérieux.

Pris en soi, cet épisode 34 est un incontournable. Il doit être vu par tout fan de la série, ainsi que sa suite. Cela ne signifie pas pour autant que, avec plus de vingt ans de recul, l’épisode soit toujours aussi bon. Aoyama nous a habitués à des affaires un peu mieux ficelées, et donc on peut deviner assez rapidement l’identité du coupable. Aussi, l’auteur utilise une « trope » (un élément scénaristique) qu’il recyclera bien des fois dans la série : le fait que des amis qui ne sont pas vus depuis longtemps, et dont l’un des membres est décédé, se retrouvent dans un lieu isolé. L’épisode 34 en est le premier exemple, mais beaucoup suivront, donc en particulier l’affaire du voyage scolaire de Kyôto. A partir des épisodes 700 et quelques, presque toutes les affaires avec Heiji Hattori seront basées sur ce modèle.

Ensuite, le personnage d’Ayako Suzuki est un peu décevant. Alors que Sonoko a une personnalité, Ayako n’a rien pour elle. Elle a certes l’air sympathique, et elle pourrait s’inclure adéquatement de temps en temps dans la série, mais elle n’a pas de personnalité propre ni n’est d’un grand intérêt. Tout ce qu’elle peut faire pour la trame (donner un prétexte à Aoyama pour faire aller ses personnages dans des endroits chers, comme lors du film 23), Sonoko peut déjà le faire. Peut-être est-ce pour cela qu’on ne reverra plus Ayoko Suzuki dans la série, hormis à l’occasion des épisodes 72 et 76. Une référence à elle sera faite dans l’épisode 746, lorsque l’on apprendra qu’elle s’est mariée à Tomizawa. Tant pis pour Ayako.

Enfin, remarquons que cette affaire marque la première apparition de Sonoko dans le manga. Aoyama l’avait créée pour donner une raison à Ran de se rendre à cette villa dans la montagne. L’auteur a expliqué dans des interviews que Sonoko devait être un personnage « jetable », mais que son succès auprès des lecteurs l’a incité à faire d’elle un personnage récurrent. Pour que DC plaise au public féminin lycéen, Sonoko a été inclue dans l’animé dès l’épisode 6, un filler.

Bien que cela ne soit pas scénaristique à proprement parler, nous devons souligner que Sumiko Motoi, qui joue Ayako Suzuki, sera remplacée pour une raison inconnue par une autre doubleuse à l’occasion des épisodes 72 et 76. Le personnage n’aura plus de rôle dans la série après cela.

III – Bilan

L’épisode 34 fait partie de ces monuments de Détective Conan. Il n’est pas qu’un épisode parmi d’autre de la série – il est un condensé de ce qu’Aoyama sait faire en termes de création d’ambiance. Le spectateur est pris dans l’affaire, et Aoyama sait le récompenser avec un petit moment ShinRan à la fin de l’épisode. La scène d’action qui le conclut est également plaisante et intelligente. Une réussite sur tous les points. 9/10.