Détective Conan épisode 742 : Promesse avec un joueur de la J-League

L’épisode 742 de Détective Conan est sorti le 14 juin 2014 et s’appelle « Promesse avec un joueur de la J-League ».
Il est scénarisé par Kazunari Kôchi, et est storyboardé par Kenichi Takeshita. Le superviseur de l’animation est Seiji Muta, et les directeurs d’animation sont Kenichi Ôtomo et Tomoko Fukunaga.

Conan, Haibara et les Detective Boys se rendent à un match de football où Big Ôsaka joue contre les Urawa Red Diamonds. Takahiro Sanada, que les enfants ont rencontré il y a quelques temps, joue pour remplacer Higo, qui est pris par la coupe du monde de football. Conan remarque un comportement étrange chez Sanada, qui a essayé de marquer du pied droit plusieurs fois, alors qu’il tire normalement du gauche.

Mitsuhiko, Ayumi et Genta pensent que Sanada fait exprès de rater ses tirs parce que quelqu’un le menace ou le fait chanter. Ils décident de faire le tour du stade pour voir si un individu suspect ne serait pas dans les gradins – après tout, Sanada n’a pas arrêté de regarder dans les gradins pendant tout le match.

Conan et Haibara continuent à regarder le match lorsque la journaliste Kaoru Koda, qu’ils avaient rencontré précédemment dans une affaire d’attentat à la bombe dans un stade de foot, les remarque et s’assoit avec eux. Elle trouve également que Sanada agit bizzarement, et montre à Conan des photographies qu’elle a prises plus tôt dans la semaine de Sanada en train de s’entraîner dans un parc.

Pendant ce temps, les enfants remarquent que l’homme louche a une sorte de cylindre en métal sous la veste posée sur ses genoux. Pensant qu’il s’agit du silencieux d’un pistolet, ils se jettent sur lui pour l’arrêter. Ayumi s’empare de l’objet, et se rend compte qu’il s’agit en fait d’un appareil photo. Une jeune fille devant l’homme louche se retourne, et se rend compte qu’il s’agit d’un homme qui suivait dans la rue son amie Yûki, avec laquelle elle est venue voir le match. L’homme est emmené par la police au commissariat.

Conan rencontre dans les gradins un homme qui parlait avec un petit garçon. Ce dernier communiquait avec Sanada pendant la mi-temps. L’homme, qui est un propriétaire de konbini à Nishishiba, explique à Conan que Sanada a fait tomber de son vélo le petit garçon, Kô Watanabe, en lui tirant dessus au ballon sans faire exprès. Le garçon ne pouvant plus jouer au football parce qu’il s’est fait mal à la cheville, Sanada lui a promis de marquer un but de son pied non-dominant.

Le détective mène son enquête et découvre qu’en fait, le propriétaire du konbini est à l’origine de la chute du petit garçon. Conan explique la vérité à l’enfant, qui en retour dit à Sanada qu’il peut tirer de son pied dominant son penalty. Sanada échoue.

I – Graphiquement

L’épisode 742 de Détective Conan est le fruit d’un mélange étrange entre trois styles différents. Les plans rapprochés, qui sont les plus importants, sont dessinés par le superviseur de l’animation, Seiji Muta. Les plans plus lointains et les plans importants sont dessinés par Kenichi Ôtomo. Enfin, la plupart des plans les moins exposés et les moins importants sont dessinés par Tomoko Fukunaga.

Cette division des tâches fait de l’épisode une mosaïque. Le fan qui a l’œil développé pourra reconnaître quels plans sont le fruit de quel animateur. Cela n’est pas bien grave – le spectateur non-habitué ne verra rien de cela. Ce qu’il verra, cependant, c’est la nullité de certains dessins, qui sont le fruit de Fukanaga.

Ceci ayant été dit, nous devons remarquer une chose : les scènes de football sont réussies, et elles le sont probablement plus que celles que l’on pouvait voir dans les premières saisons de la série. La technologie d’animation moderne permet d’insérer certains décors ou objets en 3D, ainsi qu’une fluidité et des mouvements de caméra, que l’on ne pouvait pas voir dans les premières saisons. On ne peut donc que regretter que l’épisode 907, qui est une sorte de miroir de l’épisode 742, ait tant échoué sur le plan visuel.

Parce que l’épisode était écrit comme une suite informelle du film 16, il était nécessaire de faire apparaître les personnages que l’on avait croisés dans le film. Leur design reste similaire, quoique dans un certain cas, leur doubleur change (Kaoru Koda, qui était doublée par une actrice japonaise en vogue dans le film 16, est remplacée par une doubleuse moins coûteuse). Lorsque les Detective Boys parlent de Sanada, un flashback du film 16 montre Sanada en train de se présenter – ce flashback est directement repris du film 16. Heureusement, le style d’animation est compatible et ne choque pas l’œil. Lorsque, dans Détective Conan, un flashback nécessite de remonter à des épisodes où le style d’animation était trop différent, l’équipe d’animation aura tendance à re-dessiner et réanimer entièrement la scène en question.

Aussi, le scénariste nous donne à voir un flashback avec Shinichi. Comme nous le verrons dans la partie suivante, c’était une très bonne idée. Le seul problème est que les directeurs d’animation de cet épisode n’ont quasiment jamais, voire même jamais, dessiné d’épisodes avec Shinichi. La conséquence est simple : Shinichi est mal dessiné. Ce qui est d’autant plus dommage que Seiji Muta aurait dû, plutôt que de passer du temps à dessiner des gros plans en traits noirs, être en charge de ce flashback, étant donné qu’il est le seul à savoir dessiner Shinichi.

Dernière critique, enfin : le storyboard de l’épisode est parfois bien trop statique. Peut-être est-ce pour compenser les scènes de football qui ont drainé une grande partie du budget de l’épisode. Quoiqu’il en soit, certains plans durent bien trop longtemps et font beaucoup trop « cheap », ce qui est dommage. Kenichi Takeshita ne travaillera plus sur la série ; sa seule autre contribution à Détective Conan, outre cet épisode, avait été le très bon épisode 718, dont il avait été réalisateur.

II – Scénaristiquement

L’annonce de l’épisode 742 avait, en son temps, surpris les fans. Kazunari Kôchi était certes connu comme le scénariste de Détective Conan le plus ambitieux, celui qui ne se privait pas de faire apparaître Shinichi, Yukiko et autres dans ses épisodes, mais personne n’imaginait qu’il aurait la très bonne idée de créer une sorte de suite à un des films qu’il avait scénarisés.

Bien que l’accueil du film 16 n’avait pas été aussi chaleureux que pour certains des précédents films de Kôchi, il n’en restait pas moins que faire réapparaître des personnages du film était une bonne idée. Voilà un filler qui sortait, et qui sort encore aujourd’hui, du lot. Kôchi fait donc réapparaître Sanada, personnage qu’il avait créé pour le film 16, et qui avait été canonisé par Aoyama quelques mois plus tôt dans l’année. Sa première apparition canonique dans l’animé se fera à l’occasion de l’épisode 766. Kôchi fait également apparaître Kaoru Koda, une reporter qui sympathise avec Conan dans le film 16.

La surprise de l’épisode est le petit moment « CoAi », que les fans n’avaient pas manqué de remarquer. Lorsque Koda arrive dans les gradins, elle remarque que Conan regarde le match « avec sa copine », ce que Conan nie. Ce n’est pas grand-chose, mais on sait comment Kazunari Kôchi a disséminé, tout au long de ses films, des scènes et des sous-entendus entre Conan et Haibara. Il est à ce titre un des plus grands inspirateurs de ce couple fantasmé. Ce qui est d’autant plus paradoxal que lorsque l’équipe de production le lui demandait, Kôchi savait également écrire des excellentes scènes entre Shinichi et Ran, comme les films 1, 2, 4, 5 et 8 nous l’ont largement prouvé.

Que dire du scénario de l’épisode en lui-même ? Il n’est pas très poussé, cela est certain. Mais il ne faudrait pas appréhender l’épisode 742 à l’aune de son « enquête », qui est réglée en quelques minutes. L’épisode 742 est un de ces épisodes de « tranches de vie », où ce n’est pas tant l’affaire que l’ambiance qui est importante. Toute journée de Conan n’a pas à être extraordinaire, et un peu de repos, sur fond d’une petite histoire, suffit. Ou, dans tous les cas, elle suffit lorsqu’elle est très bien écrite, ce qui est le cas de l’épisode présent.

Evidemment, le coup du sportif qui s’arrête juste avant de tirer est du vu et revu. Rien que la première saison de la série contenait deux épisodes où cela arrivait – l’épisode 10, « L’Affaire du maître-chanteur joueur de foot », et l’épisode 41, « L’Affaire du drapeau en lambeaux ». Cependant, Kôchi ne s’arrête pas là : il créée toute une petite histoire sympathique autour, qui permet à l’épisode de se distinguer par la qualité de son scénario.

L’élément le plus surprenant de l’épisode, notamment lorsque l’on a en tête les travaux de ce site sur l’Odyssée du Temps, est que Kôchi fait dire à Koda que l’affaire du film 16 s’est déroulée il y a un an. Lorsque l’on sait que Conan n’a jamais changé de classe, que le temps ne s’écoule pas normalement, et que cela fait moins d’un an que Shinichi a rajeuni (épisode 762), cela a de quoi surprendre. Kôchi n’ignorait pas que Détective Conan se déroulait dans une bulle temporelle – cette référence à « il y a un an » a de quoi laisser perplexe.

Remarquons que cet épisode 742 fait partie de ces épisodes évènementiels, qui font référence à une situation de fait ou à un évènement qui s’est récemment déroulé au Japon ou dans le monde. Le film 24 traite du « Championnat du monde de sport », parce que le film sort l’année des Jeux Olympiques de Tôkyô ; cet épisode-ci faisait référence à la coupe du monde de football, mentionnée au début de l’épisode. Cinq saisons plus tard, en 2019, sortira l’épisode 907, pour la coupe du monde suivante. Lorsque l’on comparera l’épisode 907 à l’épisode 742, on se rendra réellement compte du fossé qui séparait Kazunari Kôchi des autres scénaristes de la série – Junichi Miyashita excepté.

III – Bilan

L’épisode 742 est un bon, voir très bon épisode de Détective Conan. Il n’est certes pas toujours très beau, et son affaire n’est pas très complexe. Mais cette affaire transpire Détective Conan. Son atmosphère, son ambiance, son ficelage, tout est réussi, et Kôchi se permet d’inclure des éléments du film 16, un moment CoAi, et un flashback avec Shinichi Kudô. Une fin en beauté pour Kazunari Kôchi, qui signe là son dernier épisode avant sa mort. 8/10.