Détective Conan épisode 784 : Bienvenue au club Orihime

L’épisode 784 de Détective Conan est sorti le 11 jullet 2015 et s’appelle « Bienvenue au Club Orihime ».
Il est scénarisé par Junichi Miyashita, et est storyboardé par Atsuko Kase. Les superviseurs de l’animation sont Masatomo Sudo et Seiji Muta. Les directeurs de l’animation sont Kenichi Ôtomo et Tomoko Fukunaga.


Sonoko se rend au lycée Kuwanoki pour rencontrer Eimi Chikada, une étudiante de Première. Elle emmène avec elle Conan et Ran. Après l’avoir un peu cherchée, les trois réfléchissent à où la trouver dans l’arrière-cour du lycée. Eimi apparaît alors à la fenêtre et les salue – mais à ce moment-là, elle pousse un grand cri et s’effondre au sol. Conan accourt et trouve la jeune fille, gisant par terre dans la salle du club Orihime, des morceaux de ses cheveux coupés au sol. Alors qu’elle se réveille de son évanouissement, Eimi explique avoir été tirée en arrière par quelqu’un, qui, brandissant un cutter, a coupé une partie de ses cheveux.

Conan mène sa petite enquête. Il découvre que, trois jours auparavant, Megumi Godai, une autre lycéenne, avait fait l’objet d’une plaisanterie d’un inconnu, qui avait mis du chili dans son thé. Une autre jeune fille, Chie Tamai, avait trouvé une fausse araignée dans son cartable. Un point commun : chacune avait été prévenue par un message écrit sur du papier. Le Orihime Club est une association étudiante qui reçoit des lettres d’étudiants ou étudiantes et leur donne des conseils en amour en retour. Il a reçu une lettre annonçant que « TB » allait mourir dans l’après-midi, lorsque le soleil se coucherait.

Conan, Ran et Sonoko se lancent dans une recherche dans tout le lycée pour déterminer qui peut bien être ce « TB ». Il ne semble pas qu’il s’agisse d’initiales. L’heure tourne. Conan va lire des lettres d’amour archivées au club, et se rend compte que deux des lettres écrites par les victimes des mauvaises plaisanteries sont destinées à un certain « Roméo-san ». Le petit détective apprend alors que ce surnom est affublé à Yûto Kariya, un élève de Terminale très populaire au lycée.

Conan se rend compte que les surnoms qui sont donnés sur les menaces écrites sur le papier ne correspondent pas à des élèves du lycée, mais à des personnages de Shakespeare. Le club est basé sur le Juliet’s Club, qui est lui-même basé sur Roméo et Juliette. Or, le nom de famille de Roméo est Montague, ce qui fait MT, premier nom que l’on trouve sur les lettres de menace. Juliette, elle, s’appelle Capulet, ce qui donne CT. Le TB qui va être tué, c’est Tybalt – or, Eimi jouait justement ce personnage au théâtre il y a peu.

Ran et Sonoko arrivent sur le toit du lycée juste au moment où le meurtre allait être commis. Mais ce n’est pas Eimi, qui se fait agressée – c’est elle qui est l’agresseur, avançant avec un cutter vers Yûto Kariya. Conan endort Sonoko et résout l’affaire : Eimi a voulu se venger de Kariya car celui-ci l’avait vexée et humiliée en la faisant attendre sous la pluie pour un prétendu rendez-vous, et avait parié avec ses amis sur combien de temps elle resterait plantée au lieu de rendez-vous.

I – Graphiquement

Comme nous l’avons expliqué dans la critique des épisodes précédents, l’équipe de production de Détective Conan a tendance à économiser sur les épisodes fillers de la série dans le but de consacrer un budget plus élevé aux affaires importantes tirées du manga, et tout particulièrement aux confrontations qui achèvent un arc narratif.

On aurait donc pu s’attendre à ce que le premier filler après la fin de l’arc de Bourbon soit un échec magistral sur le plan graphique ; que l’équipe de production aurait embauché ses pires animateurs ; bref, que l’épisode soit irregardable. Mais que nenni. Il n’est certes pas particulièrement beau, et certains visages sont étrangement dessinés, mais le vétéran Kenichi Ôtomo, et la plus faiblarde Tomoko Fukunaga, réussissent à s’en tirer honorablement.

Evidemment, le style d’Ôtomo est beaucoup trop visible. L’individu n’a jamais su harmoniser sa patte graphique avec celle imposée par l’équipe de production (qui est en fait basée sur les dessins « canoniques » de Yasuichirô Yamamoto et de Masatomo Sudo). On reconnaît donc aisément les plans qui ont été dessinés/corrigés par lui, et ceux qui l’ont été par Fukunaga, bien que le style de cette dernière soit moins affirmé.

Aussi, l’équipe de production a eu la très bonne idée d’engager pour l’épisode Atsuko Kase. Il est probablement l’un des deux ou trois meilleurs storyboardeurs de la série actuellement, bien qu’il ne travaille que peu sur Détective Conan. Comme tous les bons responsables de storyboard, il varie les plans. Comme les meilleurs storyboardeurs, il favorise toujours les plans mouvants, plus dynamiques, sur les statiques. Et comme les artistes, il essaie de traduire une idée ou une émotion à travers son storyboard. Ainsi, lorsque Conan, Ran et Sonoko se précipitent vers le local du club pour s’assurer qu’Eimi n’ait pas été blessée, on voit Conan courir à la première personne (c’est-à-dire que l’on voit à travers ses yeux), et la « caméra » bougeotte, de sorte à ce que l’on comprenne que les personnages sont en train de courir. Cette shaky cam est l’une des caractéristiques principales de Kase, car il y a souvent recours.

En termes de colorisation, l’épisode est plus que satisfaisant. On ne peut qu’apprécier l’excellente maîtrise des jeux de lumière à la fin de l’épisode. Comme celui-ci se finit sur un immeuble au coucher du soleil, on peut apprécier ses rayons orangés qui colorent l’arrière-plan. Le fait que les personnages passent devant la lumière du soleil est très, très bien exploité. Cela nous fait presque oublier le terrible choix de couleurs pour la veste de Conan, qui est verte flashie. Espérons que l’arc de Rum en animé souffre moins des couleurs fluos que celui de Bourbon.

II – Scénaristiquement

Avant de critiquer l’épisode-même, soulignons une chose intéressante : l’épisode 784 devait à l’origine être diffusé à la place du 779. Seulement, l’équipe de production de l’animé a décidé assez tardivement d’adapter Scarlet Showdown ce mois-là, et ainsi de reposer le 779 à après la confrontation. La raison n’a pas été dévoilée. On peut imaginer que l’équipe de production voulait une sorte de « pause » après la lourde adaptation de Scarlet Showdown afin d’adapter une autre grosse affaire avec Shûkichi.

Ceci ayant été dit, revenons à l’épisode. Il est difficile, et tout fan de Conan le sait, de passer d’une grosse affaire à un épisode plus banal. Il est encore plus terrible de passer d’une grosse affaire à un filler. Après la révélation de l’identité d’Ano Kata, les fans durent regarder le terrible et loufoque épisode 943, par exemple. Heureusement, certaines fois, l’équipe de production sort un bon filler après une confrontation, ce qui permet de sauver les meubles – l’épisode 707 en est un des meilleurs exemples. Parfois, l’épisode est en demi-teinte, comme l’épisode 426, qui, malgré un titre qui avait intéressé une bonne partie de la communauté lorsqu’il avait été annoncé (« Lettre d’amour à Ran »), avait été finalement très tiède.

Ici, Junichi Miyashita est aux commandes. On peut donc être, avant même que l’épisode commande, satisfait : au moins, ça n’est pas le terrible Nobuo Ôgizawa. Mais même malgré cela, une certaine perplexité demeure pendant les huit premières minutes de l’épisode, tant on a du mal à comprendre là où Miyashita veut en venir. Le club Orihime, qui donne des conseils en amour à des jeunes lycéennes, semble un peu décalé de ce que le scénariste a l’habitude de nous écrire. Et pourtant, la sauce prend, comme par magie. Oui, il n’y a pas meurtre, et oui, on aurait peut-être aimé quelque chose de plus sérieux. Mais l’épisode 784 réussit tout de même à être intéressant et plein de suspense, malgré son enjeu limité. Cela montre la force de Miyashita en tant qu’auteur.

Le défaut principal de l’épisode est son rythme. Il aurait fallu que l’enjeu soit explicité dès le début, et que l’intrigue mette moitié moins de temps à démarrer. Aussi, le mystère n’est pas assez consistant, car l’identité de la coupable est devinable dès que l’épisode commence. On pourrait aussi faire remarquer que Conan n’avait strictement aucune raison d’être sur place avec Sonoko et Ran, tant cette rencontre entre amies ne le concernait pas.

Mais malgré tout cela, Miyashita tient sa barque. Il réussit à donner du relief à son épisode, à nous faire apprécier ses personnages, compatir avec eux ou, dans tous les cas, ressentir un petit quelque chose pour eux, c’est-à-dire déjà beaucoup plus que ce qui nous affecte lorsque l’on visionne un filler classique. Les références à Shakespeare, qui maillent l’épisode, sont bien trouvées et permettent d’étendre un peu la culture connue de Conan – même s’il avoue vérifier ses informations sur Wikipédia. Pour un scénario qui paraissait sans queue ni tête et ne concerner qu’une amourette de lycée, Miyashita réussit admirablement.

Bien que cela ne soit pas scénaristique à proprement parler, remarquons que le doubleur de Kariya est Hiro Shimono. Grand comédien de doublage, il est la voix derrière Keima Katsuragi, personnage principal de l’animé Que sa volonté soit faite. Il a peu joué dans Détective Conan. Sa première apparition fut dans le filler « Le Partenaire est Santa-san », sa deuxième, dans cet épisode-ci, et sa prochaine, dans l’épisode 918.

III – Bilan

7/10. Un filler étonnamment intéressant et prenant. La deuxième moitié de l’épisode vaut bien plus que la première, un peu trop longue et s’étirant inutilement. On salue le travail de l’équipe graphique qui, malgré les erreurs de Fukunaga, les rattrape largement et offre des visuels intéressants sur la scène de fin. Un Miyashita légèrement en deçà de ce qu’il a l’habitude de nous offrir, mais vastement supérieur à la majorité des fillers.