Détective Conan épisode 801 : L'Affaire du Mystery Tour des dunes de sable

L’épisode 801 de Détective Conan est sorti le 28 novembre 2015 et s’appelle « Le Mystery Tour des dunes de sable ».
Il est scénarisé par Nobuo Ôgizawa, et est storyboardé par Seiki Taichû. Le superviseur de l’animation est Seiji Muta, et les directeurs de l’animation sont Asuka Tsubuki, Tomoko Fukunaga et Kenichi Ôtomo

Kogorô emmène Conan et Ran dans la préfecture de Tottori. Un évènement se déroulera dans la ville du même nom dans la journée : le Super Mystery Award. Kogorô y a candidaté. Il doit inventer la suite d’une histoire dont le premier paragraphe a déjà été écrit : un enfant est jeté, ligoté, du haut d’une dune de sable. Comment s’en sort-il ?

Ran et Conan découragent Kogorô de participer à l’évènement. Il décide donc d’abandonner, et de tout simplement visiter la ville comme touristes. Arrivés au musée du sable, ils tombent sur Naomi Senda, une femme qui peste contre le musée en disant qu’il est une arnaque. Elle part après avoir affirmé, à tort, que l’horloge de l’accueil du musée n’est pas à l’heure.

Les trois tokyoïtes visitent l’endroit, puis, en trente minutes de TGV, passent dans la ville de Kurayoshi. Ils n’oublient pas de visiter un musée du crabe, Tottori étant connue pour ses élevages de crabe de qualité.

Alors que la nuit tombe, une voiture de police passe rapidement devant Kogorô, Conan et Ran. Môri reconnaît Katsuhiko Yamane, un officier de police avec lequel il a résolu une affaire de braquage de banque lorsqu’il appartenait encore au corps de la police métropolitaine de Tôkyô. Yamane lui présente Ryô Okamoto, son assistant. Ils arrivent à peine sur les lieux d’un potentiel crime : un voleur se serait introduit dans ce grand manoir, et ils doivent vérifier qu’ils soient bien partis et que tout le monde soit en sécurité.

En rentrant dans l’une des chambres, ils découvrent une jeune femme, Shûko Kumado, ligotée avec son bébé. Conan remarque des morceaux d’une poterie cassée sur le tatami. Kumado dit avoir été frappée à la tête et s’être évanouie. Un diffuseur d’encens, qui était un trésor familial depuis plusieurs générations, a été volé. Sous l’un des sofas, Conan trouve un collier avec un petit dromadaire doré.

De retour dans la demeure, le patriarche, Iwao Kumado, morigène sa belle-fille : elle a laissé le coupable s’enfuir au lieu de protéger la maison. Il présente à Kogorô Makie, sa fille aînée, qui est divorcée ; Soîchi, qui l’aide dans son entreprise mais est « nul » ; Junji, son dernier fils, qui mène une vie oisive.

Shûko explique avoir été attaquée par derrière et avoir reçu un coup de poterie sur le dos de la tête. Le pendentif qui a été retrouvé ressemble comme deux gouttes d’eau à celui porté par Naomi Senda, enseigne domestique de la famille, récemment revenue de Tôkyô pour demander au patriarche de l’argent. La police retrouve la femme rapidement, mais elle a un alibi solide : au moment du vol, Kogorô, Conan et Ran l’ont vue au musée.

Senda rentre chez elle en maugréant. Avant de partir, elle dit préparer sa revanche pour se venger de celui ou celle qui a essayé de l’accuser à tort. Pendant ce temps, le patriarche reçoit un mail du voleur, qui accepte de rendre le précieux héritage en échange de 100 millions de yens. Seulement, cet héritage ne vaut en réalité que 10 000 yens au maximum, et n’a une valeur que sentimentale – ce que le patriarche a essayé de cacher pendant des années.

Kogorô s’associe à l’enquête de la police et le lendemain, avec Ran et Conan, ils vérifient un par un l’alibi des suspects. Lorsque tout le monde, suspects et policiers, se retrouvent dans la demeure familiale, ils apprennent par la télévision qu’un ancien camarade de classe de Shûko, qui est devenu docteur en Afrique du Sud, a été rapatrié au Japon par avion suite à sa mort. Dans les heures qui suivent, le diffuseur d’encens est posé par quelqu’un sur son présentoir d’origine, sans que les millions de yens n’aient été donnés.

I – Graphiquement

On pourrait croire que plus le nombre de directeurs d’animation travaillant sur un épisode est élevé, et plus la qualité de l’animation sera garantie. Ce n’est pourtant pas le cas : l’épisode 801 n’est pas un très bel épisode, et cela se ressent tout au long de l’affaire.

Si Kenichi Ôtomo est plutôt un bon diranim, Asuka Tsubuki et Tomoko Fukunaga ont, depuis toujours, du mal à dessiner les personnages correctement. Les visages sont déformés, les corps sont trop fins, bref, il y a beaucoup trop de plans sur lesquels rien ne va.

Il faut aussi mentionner la terrible idée qu’a eu l’équipe visuelle, il y a quelques années, d’utiliser des photographies comme fonds pour les épisodes. Si cela partait d’un bon sentiment (être le plus fidèle possible à la réalité), on se rend bien vite compte de la différence de texture entre les photographies numérisées en arrière-plan, et les personnes qui évoluent dedans. Cela choque l’œil à plusieurs reprises.

Le storyboard de l’épisode est également mauvais. Est-ce dû au storyboardeur lui-même, ou au fait que l’épisode devait obligatoirement montrer le plus possible des photographies des monuments prises par l’équipe visuelle à Tottori et Kurayoshi ? On peut se douter qu’il y a un peu des deux : Taichû aurait dû varier les plans, plutôt que de créer des dizaines de scènes statiques – mais on se rend aussi compte qu’il était parfois obligé de ce faire car il fallait que l’on puisse bien voir derrière les personnages les bâtiments iconiques de Tottori.

II – Scénaristiquement

Un Mystery Tour est toujours, pour nous, l’occasion de vérifier le talent du scénariste à l’œuvre. Un bon auteur comme Junichi Miyashita réussit généralement à créer une intrigue qui inclut la ville du Mystery Tour. De telle manière, on pourrait presque ne pas remarquer que nous sommes en train de visionner un clip promotionnel pour la ville en question. Les mauvais scénaristes, dont Ôgizawa a plutôt tendance à faire partie, créent un épisode qui s’attarde trop (et surtout, s’attarde mal) sur les lieux historiques.

Ôgizawa tombe pile dans ce piège. Les longues premières minutes de l’épisode sont dédiées à la découverte, en accéléré, des monuments de Tottori. Il les présente stupidement, ne les mettant jamais en valeur, contrairement à ce que ferait un Miyashita ou un Kôchi. Ensuite, il créée une scène de dialogue qui dure une bonne partie de l’épisode, avant de faire sortir les personnages principaux, qui doivent passer devant 60% des monuments de la ville dans le but de vérifier l’alibi des suspects. C’est long, c’est fastidieux, et ça n’est pas très intéressant.

Et pourtant, Ôgizawa n’est pas à son pire dans cet épisode, car il a déjà fait bien pire. Evidemment, l’enquête est un peu faiblarde, et on peut se douter de ce qui cloche chez certains personnages lors du visionnage du premier épisode. Mais nous avons connu des Mystery Tours pires que celui-là, et avec des personnages qui sortaient moins de l’ordinaire.

Le souci principal de cet épisode, c’est son absence d’enjeu. Il n’y a pas de meurtre, juste un vol – et à la fin de l’épisode, le diffuseur d’encens a été rendu. Il ne reste plus grand-chose pour faire une suite. Pourquoi, alors, regarder l’épisode suivant ? Un bon scénariste tel que Takahiro Ôkura réussira, plus de quatre ans plus tard, à montrer comment on peut faire un épisode qui s’apparente à un Mystery Tour sans être lourd, et comment finir chaque épisode d’un filler en plusieurs parties sur un cliffhanger qui donne envie de voir la suite. Ici, niet.

Bien que cela ne soit pas scénaristique à proprement parler, remarquons que Takahiro Shimura, qui joue Katsuhiko Yamane, est aussi le doubleur d’Ichirô Tamaki, le fils du propriétaire de la petite librairie dans les fillers Détective Conan. Akio Nojima, qui joue Iwao Kumado, double normalement le père de Genta, Genji Kojima. Mais les apparitions de son personnage sont si rares qu’il est parfois recruté pour jouer des personnages secondaires. Marie Hatanaka, qui double Kazuma Kumado, jouera la bloggeuse fan n°1 de la famille Kudô lors de l’affaire la disparition de Maria Higashio. Satsuki Yukino, enfin, qui double Shûko Kumado, obtiendra quelques années plus tard le rôle de Momiji Ôoka.

III – Conclusion

4,5/10. Un filler terne et long, qui ne dispose d’aucune replay value. Une fois regardé, les souvenirs de cet épisode disparaissent, et on ne fait rien pour les rattraper. Si ce n’est trois plans de Seiji Muta, à peu près tout est à jeter. C’est dommage, car Tottori est la ville de naissance de Gôshô Aoyama, et on aurait aimé avoir un Mystery Tour plus intéressant.