Détective Conan épisode 805 : Le Mystère de Conan et d'Ebizô

L’épisode 805 de Détective Conan est sorti le 16 janvier 2016 et s’appelle « Le Mystère du jûhachiban de Conan et d’Ebizô, Deuxième partie ».
Il est scénarisé par Hiroshi Kashiwabara, et est storyboardé par Hajime Kamegaki. Les directeurs de l’animation sont Nobuyuki Iwai et son assistante Aiyû Imoto.

Conan se réveille dans une cave humide. Alors qu’il essaie de trouver une sortie, il ressent des grandes secousses : le bâtiment est en train d’être détruit.

Haibara réussit à géolocaliser le téléphone de Conan grâce à sa puce GPS. Elle se rend sur les lieux avec Ran et les Detective Boys. Comme ils trouvent à côté du téléphone portable les lunettes du petit détective, ils se doutent que quelque chose lui est arrivé.

Conan réussit à contacter les DB avec son badge, et leur dit qu’il est coincé dans la cave d’un bâtiment en train d’être démoli. Ebizô trouve le bâtiment en question, et arrête la destruction à temps. Ils retrouvent Conan, qui pense savoir qui est le coupable.

I – Graphiquement

Sur le plan graphique, l’épisode 805 est une réussite. Le storyboard est toujours aussi bon, et les scènes en traits noirs sont légions. Bien souvent on a l’impression d’être dans un téléfilm plus que dans un épisode, quand bien même le budget de l’épisode 805 était de loin inférieur à celui des téléfilms de Détective Conan. L’animateur-en-chef de l’épisode, Nobuyuki Iwai, n’y est pas pour rien : s’il n’a travaillé que sporadiquement sur la série, ses épisodes sont toujours d’une grande qualité, et il n’est généralement appelé à travailler que sur les épisodes d’importance pour la trame.

La qualité de son travail est donc à la hauteur de sa réputation : très peu de plans mal dessinés et beaucoup de dessins de qualité, avec une animation respectable et, en plus, des dessins en traits noirs. C’est une réussite graphique, donc.

Même les couleurs, qui sont généralement le talon d’Achille de Détective Conan, sont bien choisis. Les décors sont, comme toujours, d’une qualité honnête ou très bonne. On aimerait que l’équipe de production décide de garder la palette de couleurs utilisée dans ce filler, mais nous n’avons plus aucun espoir dans ce domaine-là.

II – Scénaristiquement

L’épisode 805, comme l’épisode précédent, a été écrit par Kashiwabara. Le scénariste, qui est un vieux de la vieille, connaît et comprend les personnages. Nous ne sommes pas face à un banal scénariste de fillers qui pense avoir compris Détective Conan après avoir vu les cinq premiers épisodes : tout au long de l’épisode, comme dans le 804, Kashiwabara va laisser des petits clins d’œil que les fans sauront remarquer.
Lorsque Kogorô apprend que Conan a disparu, par exemple, il s’exclame « Disparu ? Est-ce si inhabituel ? », et rajoute : « Il doit juste avoir fait une longue pause toilettes ». C’est avec très peu qu’un bon scénariste montre qu’il connaît une série.
Kashiwabara frappe encore lorsque, Conan ayant été sauvé, Ran lui dit qu’il devra prendre un bain en rentrant. Haibara lui donne un coup de coude, et l’on comprend la référence à l’épisode 27.

Les petites références continuent d’ailleurs tout du long. Pour la première fois depuis le film 15, Conan et Haibara montent ensemble sur le skateboard. On aurait pu croire que ce n’était qu’une coïncidence ; seulement, quelques minutes plus tard, on voit Shiratori prendre son thé dans la tasse offerte par Kobayashi que l’on a vue dans la Magic File du film 15, qui en est la suite. Il est donc bien possible que ce soit une référence discrète adressée aux fans les plus experts.

Le fan-service pur et dur se fait discret, et c’est une bonne chose. Mieux vaut une petite référence discrète qu’un fan service gros comme une maison, car quand bien même le fan service est plus visible, la référence est ce qui donne du bon goût au clin d’œil. Ainsi, lorsqu’Haibara se présente à Ebizô comme sa « conseillère spéciale », et que Mitsuhiko explique à Genta que la conseillère est celle qui glisse des idées au leader de groupe, on sent bien le clin d’œil au fan. Pas trop appuyé, bien dosé, il fera plaisir aux amateurs de CoAi.

Mais cela est de l’ordre de l’anecdote. Que vaut le scénario ?
Il n’est pas mauvais. Il est même bon, et plutôt bon. Mais il n’est pas non plus le scénario renversant que l’on aurait aimé voir, et il n’est inventif en presque rien. Conan coincé dans un bâtiment qui est en train d’être démoli, cela a déjà été fait, et dès l’épisode 59. La longueur de la série excuse un peu cela, mais le fan assidu, qui a vu tous les épisodes, ne peut s’empêcher de se demander s’il n’y avait pas d’autres moyens un tantinet plus originaux de mettre Conan en danger.

L’affaire souffre de deux soucis principaux.
Le premier est d’ordre culturel. Le fondement-même de l’affaire est Ebizô Ichikawa, une célébrité au Japon, descendant d’une lignée de comédiens qui remonte au XVIIIème siècle. Qu’il participe à un épisode de Détective Conan fut, pour l’équipe de production, un honneur. Seulement, les spectateurs occidentaux n’ont, pour la plupart, pas grand-chose à faire du kabuki et d’Ebizô, aussi talent soit-il et aussi profond que puisse être le kabuki. Par conséquent, quand Ebizô saute sur une grue et crie « Arrêtez ! » de sa voix légendaire dans le but d’arrêter Conan, la scène n’a rien de particulièrement impressionnant pour nous.

[Gif 22 :16]

La deuxième raison découle de la première. Ebizô étant une icône nationale au Japon, l’animé devait le parer de toutes les vertus et le rendre génial. Le problème, c’est que cela se sent. Ebizô décide d’enquêter avec Conan, quand bien même il n’a aucune connaissance en investigation policière. Il va se mettre en danger pour sauver Conan, quand bien même des gens bien plus qualifiés devaient le sortir de là. Il fait des excellentes déductions, tout simplement parce que le scénario le requérait. En d’autres termes, les scènes où Ebizô est dépeint comme étant un demi-dieu sont, pour le public qui connaît Ebizô et l’admire, impressionnantes ; pour le spectateur occidental qui n’a pas encore regardé les dix-huit pièces de quatre heures jouées par Ebizô, les scènes sont un peu risibles.

[Image d’Ebizô qui ramène Conan]

Cela mis à part, l’enquête n’est pas mauvaise. Un peu simpliste, comme nous l’avons dit, mais rien de bien méchant. Les personnages sont bien utilisés, et Kashiwabara sait s’y prendre pour les faire agir comme ils sont censés être. On remarque cependant la propension un peu trop marquée des scénaristes de fillers à résumer Genta à « le petit gros débile qui ne pense qu’à manger ». Evidemment, la nourriture est un marqueur du personnage de Genta, mais il ne devrait certainement pas être résumé à cela. Or, récemment, ses seules répliques sont stupides et concernent la nourriture. C’est mal.

III – Bilan

Un épisode graphiquement honorable, et scénaristiquement respectable. Les personnages sont bien utilisés, à l’exception de la star de l’enquête, Ebizô. L’affaire est, globalement, bonne, et nous plonge dans cet univers de Détective Conan que nous aimons tant, avec, en prime, une fin qui fait penser aux premiers films de la série : peu d’action, mais une résolution rondement menée et satisfaisante. On pleure le fait qu’il n’y aura plus d’affaires en deux épisodes d’une heure avant l’affaire du voyage scolaire à Kyôto. 7,5/10, à voir pour sa culture de Conan-patriote.