Détective Conan épisode 812 : La Sombre préfecture de police

L’épisode 812 de Détective Conan est sorti le 12 mars 2016 et s’appelle « La Sombre préfecture de police ».
Il est tiré des files 916 et 917 du volume 87, et est storyboardé par Nobuharu Kamanaka. Les directeurs d’animation sont Kanako Ôno, Aiyû Imoto et Nobuyuki Iwai.

Le policier Mamoru Saegusa se rend, sur ordre que Yamato lui a intimé par SMS, au sommet de la montagne la plus proche en voiture.

Pendant ce temps, Conan est dans le Shinkansen avec Ran et Kogorô, et leur dévoile la vérité derrière l’affaire. Les victimes portaient tous des noms semblables à ceux rencontrés dans l’histoire japonaise et qui se sont battus ou ont été stratèges lors de la bataille de Kawanakajima. Le coupable est en réalité Akiyama, qui a réussi à faire croire qu’il était mort.

Alors qu’il va tirer sur Yamato, la police arrive, l’encercle et le met hors d’état de nuire.

Yui dit à Kansuke Yamato qu’elle s’était inquiétée pour lui. Alors que le ton monte, celle-ci répond qu’elle va arrêter de s’inquiéter pour lui, et que, de toute façon, elle ne voudrait pas être embarrassante pour lui, étant donné qu’elle a une marque indélébile dans sa vie (son divorce avec son ex-mari). Yamato lui répond que lui aussi a une grosse marque, sur le visage, et que cela n’est pas dérangeant.

I – Graphiquement

Si le storyboard des épisodes précédents n’était pas particulièrement notable, celui de l’épisode 812 est exceptionnel.

L’affaire s’étalant sur plus de trois chapitres, l’équipe de production de l’animé a dû faire en sorte que chaque épisode couvre deux chapitres, mais il ne restait plus assez de contenu du manga pour remplir l’épisode 812. Cela a donc permis à l’équipe de production, et à travers elle, au storyboardeur, de laisser libre cours à leur imagination afin d’étendre des scènes et d’en rajouter d’autres. Cela nous donne des scènes d’une très grande qualité comme, au début, celle où l’on voit le coupable dans les bois, la caméra lui tournant autour, entrecoupé de flashbacks des victimes du meurtrier.

La qualité du storyboard de Kamanaka se confirme tout au long de l’épisode. Lorsque Conan résout l’affaire à bord du train et que Ran et Kogorô lui demandent qui est le coupable, Conan répond ; mais sa réponse est entrecoupée par des plans de Yui en voiture qui pleure en pensant que Yamato est le coupable, et des plans de Saegusa en train de rencontrer le coupable. La musique qui se déclenche, couplée à la qualité graphique du découpage de la scène, la rend simplement épique.

En d’autres termes, nous avons une fois de plus la confirmation que les storyboardeurs de Détective Conan sont bons, mais qu’ils sont sous-utilisés. Lorsqu’ils se cantonnent à ce que propose Aoyama dans le manga, ils ne proposent rien de qualité en termes scénographique, et ce n’est que lorsqu’ils s’émancipent de la tutelle du maître que la qualité augmente.

En termes d’animation et de design des personnages, l’épisode est meilleur que le précédent, indubitablement. Iwai s’y connaît, mais les deux autres sont relativement amateurs. Heureusement, Seiji Muta vient corriger certaines scènes et en dessiner d’autres, avec des traits noirs, donnant à certains plans une qualité indéniable.

II – Scénaristiquement

En termes scénaristiques, nous réitérons ce que nous avions dit pour les deux épisodes précédents : l’affaire est bonne, très bonne, bien meilleure qu’une affaire « basique ». Elle se situe dans la droite lignée des affaires de DC depuis l’Arc de Rum : comme nous l’avion expliqué dans un article sur la stratégie des éditeurs il y a quelques années, l’objectif des éditeurs avec l’Arc de Rum a été de revenir aux fondamentaux, en proposant des affaires qui soient quasiment toutes, de près ou de loin, liées à la trame principale ou à des trames secondaires. Nous avons ici un exemple typique, car l’épisode précédent a mis en place le personnage de Kuroda et le fait qu’il connaisse l’intellect de Conan, et l’épisode-ci, bien que fugacement, fait avancer la relation entre Yamato et Yui.

L’état de leur relation à la fin de l’épisode est d’ailleurs ambigu. Lorsque Yui dit qu’elle ne veut plus s’inquiéter pour lui, elle lui dit qu’elle veut abandonner le fait de l’aimer ; lorsqu’elle dit qu’elle a une tâche dans sa vie (son divorce), elle sous-entend qu’elle n’est pas digne de Kansuke. Mais lorsque Yamato lui répond que lui a une marque (sa cicatrice) encore plus grande, il lui dit, subtilement, qu’il l’aime. On peut donc se demander si cette scène, bien que courte, ne serait pas une manière pour Aoyama d’expédier la relation Yui/Yamato.

Le parti pris d’Aoyama dans la résolution de l’affaire est de faire en sorte que la conclusion soit racontée par Conan en même temps qu’elle se déroule. C’est une excellente idée, qui rompt avec les conclusions habituelles des affaires en trois épisodes de la série.

On remarque également la mauvaise gestion du temps dans cette affaire. Le nombre de chapitres du manga à adapter ne permettait pas de faire trois épisodes de durée égale, alors l’épisode 812 voit son histoire commencer au bout de cinq minutes de flashbacks et de générique, ce qui est dommage. Mais dans un sens, cela permet à Kamanaka, le storyboardeur, de montrer l’étendu de son talent en rajoutant des détails intéressants qui apportent à l’intrigue, ce qui n’est pas plus mal.

III – Bilan

8/10. Une très bonne fin pour une affaire de qualité. Elle n’est certes pas l’affaire en trois parties qui nous marquera le plus dans la série, ni même dans l’Arc de Rum, mais elle a le mérite de nous montrer une histoire prenante agrémentée d’un très bon storyboard. C’est aussi l’affaire qui présente un des trois suspects de l’Arc de Rum, Hyôe Kuroda. A voir.