Détective Conan épisode 813 : L'Ombre qui traquait Amuro

L’épisode 813 de Détective Conan est sorti le 16 avril 2016 et s’appelle « L’Ombre qui traquait Amuro ».
Il est scénarisé par Takeharu Sakurai, et est storyboardé par Shigenori Kageyama. Le directeur de l’animation est Akio Kawamura.

Conan, Kogorô et Ran prennent le petit-déjeuner au café Poirot, lorsque Conan remarque qu’un homme étrange avec une casquette mange d’une manière suspecte à la table d’à côté.

En revenant de cours le soir-même, Conan remarque que le client est encore au café Poirot. Il demande à Azusa l’identité de ce client qui l’intrigue de plus en plus, mais celle-ci l’ignore. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’il vient régulièrement au Poirot récemment.

Les Detective Boys décident de filer le coupable, mais ils le perdent de vue.

Conan va en parler à Rei au café Poirot, qui lui confie avoir en effet remarqué que cet homme étrange le suivait récemment. Conan demande à Rei, qu’il sait être un agent de la police secrète japonaise, s’il pense que c’est un homme de main de l’Organisation. Il ne pense pas que ça en soit un, bien qu’il affirme ne pas tous les connaître. Lorsque Conan lui demande si ce ne serait pas un agent de la police secrète comme lui-même l’est, il refuse de répondre.

Plus tard, les Detective Boys croisent Rei dans une ruelle. Haibara trouve une excuse pour s’en aller afin de ne pas croiser Rei. Ce dernier réussit à coincer le client suspect dans un cul-de-sac, et il lui demande pourquoi il le suit. Il s’échappe en courant, et alors qu’Amuro va l’arrêter, Azusa l’appelle pour lui demander d’aller acheter de la glace.

Conan rentre au Poirot et y trouve le client louche et Amuro. Il explique sa déduction, selon laquelle le client louche est en fait un boulanger qui veut demander à Amuro sa recette de sandwiches. Amuro explique alors sa recette et son ingrédient secret : l’huile d’olive.

Alors qu’ils sont en train de discuter, Vermouth appelle Amuro pour le prévenir que Gin s’intéresse à lui.


I – Graphiquement

Sur le plan graphique, l’épisode ne peut être appelé une réussite. Les personnages classiques de la série (Conan, les Detective Boys, Ran) sont réussis, car Kawamura a eu le temps d’apprendre à les dessiner. Il bute cependant toujours autant sur Kogorô, à qui il ne sait jamais donner les bons traits de visage, pour une raison inconnue. Mais le véritable problème graphique de l’épisode, c’est Bourbon. Rei Furuya est un personnage de la plus grande importance pour la série, et tout un arc narratif a été centré sur lui ; il aurait été normal que Kawamura prenne la peine de le dessiner en traits noirs, ou que Seiji Muta prenne en charge les scènes où il apparaît. Mais il n’en est rien : visage trop fin, menton trop long, yeux décentrés, les plans où il est bien dessiné se comptent sur les doigts de la main. C’est bien dommage.

En termes d’architecture, on prend bien sûr du plaisir à retrouver tous ces lieux que l’on connaît, tels le café Poirot, la rue de l’agence de Kogorô et les avenues de Beika. Ceci étant, on remarque que le design de l’intérieur du café Poirot a été raté, car l’entrée, le comptoir et la porte des toilettes ne se situent pas là où ils devraient être. Rien qui choquera l’œil des spectateurs, évidemment ; seuls les fans les plus assidus de la série l’auront remarqué.

Ce que tout le monde peut remarquer, ceci étant, c’est la terrible palette de couleurs de l’épisode. Nous nous en plaignons pour chaque épisode ou presque : la palette de couleurs décidée par les coloristes de la série est d’un mauvais goût absolu. Les couleurs fluos (vert flashie, notamment) inondent la rétine, et donnent à certains plans un côté extrêmement cheap. C’est d’autant plus dommage que le scénario ne permet pas de compenser l’écueil graphique.

II – Scénaristiquement

Ne tournons pas autour du pot : l’épisode est ridicule.
Le scénario est d’une nullité sans pareille. Quelques fillers de Naruto peuvent prétendre être assez mauvais, mais peu. Quasiment aucun épisode de Détective Conan n’égale le niveau abyssal d’inutilité de l’épisode 813 de Détective Conan.

Faire apparaître Amuro dans un filler est périlleux, car c’est un personnage de la trame de la plus grande importance, et qu’il faut le manier avec prudence. Trop le faire apparaître, et le faire apparaître pour rien, ce serait le démystifier. Mais quitte à le faire apparaître une fois de temps en temps, pourquoi l’intégrer dans une histoire dont l’enjeu est la recette de ses sandwichs ?

L’épisode se révèle si mauvais dans sa conclusion qu’il en devient hilarant. Le fait qu’Amuro, l’agent de la police secrète japonaise, le membre de l’Organisation des Hommes en Noir, soit traqué par un boulanger qui veut absolument savoir ce qu’il met dans ses sandwichs pour qu’ils soient bons, est drôle de nullité. La responsabilité de cette stupidité est partagée : le scénariste de l’épisode, Sakurai, est certes un très mauvais scénariste, mais c’est bien l’équipe de production de la série qui l’a contraint à faire un épisode qui traite de nourriture, et où il ne puisse y avoir de victime à proprement parler. Avec cette contrainte, il aurait été difficile de faire un épisode intéressant, surtout si l’on souhaitait faire apparaître Amuro. Sakurai sera confronté au même problème avec l'épisode 898, quelques années plus tard.

En visionnant l’épisode, on est aussi pris d’un regret. Kazunari Kôchi, un des meilleurs scénaristes de la série, qui a signé le scénario des films 1 à 5 de Détective Conan notamment, avait été appelé pour écrire un filler en 2014 qui soit une sorte d’introduction au film 18, qu’il avait également scénarisé. Si les éditeurs avaient mis en place leur plan de relance de Détective Conan à l’époque, peut-être auraient-ils autorisé Kôchi à faire apparaître Masumi Sera et Subaru Okiya dans l’épisode – et connaissant le talent de Kôchi, le résultat aurait été bien supérieur.

L’épisode 813 est le prélude du film 20. C’est une forme d’introduction, à voir avant de visionner ce film qui a divisé les films. Certains l’ont aimé pour son divertissement pur, d’autres, et nous en faisons partie, l’ont critiqué pour son vide scénaristique. Quoique l’on pense du film 20, l’épisode 813 ne peut pas laisser indifférent, et même les plus optimistes d’entre nous s’ennuient devant un tel épisode.

Afin de savoir quelle note nous donnons à un épisode, nous nous posons souvent une question : dans cinq ans, aurons-nous encore envie de le regarder ? Certaines scènes nous auront-elles marqué ? L’épisode 813 ne réussit pas ce test, car il est difficile de vouloir le re-voir, si ce n’est très rapidement pour rigoler un bon coup. Si on se souviendra de lui, ce sera surtout pour la nullité de son scénario. Mais deux scènes dans l’épisode valent la peine d’être regardées : celle où Conan et Amuro parlent en tête à tête au café Poirot, et la scène de fin.

La scène où Conan et Amuro parlent en tête à tête au café Poirot est primordiale car il s’agit de la première discussion en tête à tête entre les anciens ennemis depuis la résolution de l’Arc de Bourbon à la fin de Scarlet Showdown. Ils ont enterré la hache de guerre, savent chacun ce que l’autre vaut, et peuvent se parler librement. Conan montre donc clairement à Amuro qu’il sait qu’il est un agent de la police secrète et un Homme en Noir. La scène, lorsque l’on ne sait pas encore que la conclusion de l’épisode est une vaste blague, est intéressante.

L’autre scène, celle de fin, est par contre bien épique. Alors qu’il est en train de discuter avec les Detective Boys, le téléphone de Bourbon sonne ; Vermouth lui dit que Gin s’intéresse à sa mission. Cela mène au film 20, où Gin soupçonne Bourbon d’être un « rat », c’est-à-dire un traître. La scène est bonne, la musique colle, et entendre la voix de Vermouth dans une telle bouse a de quoi redonner momentanément de l’espoir.

Ces deux éléments mis à part, quels sont les points positifs de l’épisode ?
Nous ne voudrions pas dire « aucun ». Il y en a quelques-uns, bien que très mineurs. Le fait que les DB parlent d’aller jouer aux jeux-vidéos chez Agasa fait plaisir, car cela crée une sorte de continuité dans la série, le sentiment que celle-ci se déroule dans un univers cohérent. Les Detective Boys se réunissant chez le doc, c’est aussi une vieille trope des fanfictions de Détective Conan, toujours utile aux scénaristes de tous poils qui cherchent un quartier général aux petits détectives.

Mis à part cela, il n’y a pas grand-chose. L’épisode nous montre une filature, ce qui est la marque de fabrique des mauvais fillers : lorsqu’un scénariste n’a pas d’idée, mettre en place une filature est un moyen facile de déléguer le travail à l’équipe de production visuelle et ainsi de ne pas avoir à se creuser la tête sur des dialogues ou des scènes intéressantes.

III – Bilan

L’épisode 813 de Détective Conan souffre du même mal que les chapitres de Zero no Tea Time : inintéressant, vide, mettant en scène des personnages ressemblant vaguement à ceux que l’on connaît et que l’on aime, il n’a d’autre intérêt que pour les ultra-fans d’Amuro. 2/10.