Détective Conan épisode 845 : Conan coincé dans l'obscurité (Première partie)

L’épisode 845 de Détective Conan est sorti le 7 janvier 2017 et s’appelle « Conan coincé dans l’obscurité, Première partie ».
Il est scénarisé par Junichi Miyashita, et est storyboardé par Yasuyuki Honda. Le directeur d’animation est Akio Kawamura.


Kogorô enquête dans un cabinet d’avocat. Leur coffre a été forcé. L’avocat Kimihiko Asada n’a découvert le cambriolage que le matin. Il explique à Kogorô que le coffre contenait son testament, et qu’il sait qui est derrière le délit. Il ne veut pas que la police soit impliquée.
Au même moment, Conan, bâillonné, se réveille. Ses yeux se sont faits à l’obscurité, et il peut voir qu’il est dans une pièce sombre. Il se rappelle que son téléphone, près de lui, a été cassé d’un grand coup de pied par quelqu’un. A ce moment-là, son badge sonne : Ayumi, Genta et Mitsuhiko l’appellent, car il est en retard à un rendez-vous. Mais il ne réussit pas à décrocher, car ses mains sont attachées.

L’avocat ne veut pas que la police enquête, car cela nuirait à sa réputation. Il y a trois jours, le chef de son groupe de services d’avocats est mort. L’homme était riche, et la lecture de son testament était attendue à la fin de son enterrement. Mais celui-ci a été volé entre temps. Il devait donner 50% de la fortune du défunt à son fils, Kozo. 25% devaient aller à Mitsuyo, et 25% à Eisuke, ses deux derniers enfants. Mais l’homme avait décidé de donner toute sa fortune à sa secrétaire, qui le suivait depuis cinquante ans. Ils étaient amants, mais celle-ci reste à l’hôpital récemment à cause de problèmes de santé.

Haibara appelle Ran pour savoir si elle a vu Conan récemment, mais celui-ci est parti de l’agence rejoindre les Detective Boys plus tôt dans la matinée. Cependant, les DB disent à Haibara qui s’est déplacée en taxi que Conan leur a dit de continuer vers le magasin tandis que lui revenait sur ses pas. Ne se souvenant pas de la direction empruntée par Conan sur le chemin du retour, Haibara propose de quadriller la zone.
Concomitamment, Kogorô prend un taxi pour rendre visite, avec son client, aux enfants du défunt. Les enfants sont suspicieux : Kogorô les accuse-t-il d’avoir volé le testament ? Le jeune fils, Eisuke, estime que le voleur du testament est forcément l’un d’eux. La conversation avec son frère dégénère, avant d’être arrêtée par l’avocat client de Kogorô.

Le détective demande à connaître leur alibi. Le plus vieux fils, Kôzô, dit être resté chez lui ce matin, et avoir été réveillé par un appel de son frère. Mais il dit que lui aussi, il a été réveillé par un appel de la sœur, qui se plaignait du programme de l’enterrement. Les trois ont appelé depuis leur téléphone fixe. Le vieux détective remarque que la smalah a les mêmes chaussures – il ne le sait pas, mais c’est ce même modèle qui a cassé le téléphone de Conan d’un coup de pied et qui l’a kidnappé.

Conan réussit à attraper son téléphone portable avec ses pieds, et utilise le côté cassé du téléphone, devenu tranchant, pour commencer à gratter sa corde. S’en défaisant, il s’empare de son badge et communique avec Haibara. Il lui explique la situation, lorsque la boîte dans laquelle il est commence à bouger. Il pense donc être à bord d’un corbillard…


I – Graphiquement

Avant de parler de l’esthétique générale de l’épisode, abordons la toute première scène de l’épisode : les vœux du Nouvel An.
Comme chaque année, l’épisode de la première semaine de janvier s’ouvre sur les personnages de la série (ou plus généralement, de l’épisode en question) qui souhaitent aux spectateurs une bonne année. Les vœux de cette année ont été assez sobres graphiquement, si on compare à l’ingéniosité graphique (mais aussi scénaristique) du vœu de Nouvel An de l’année 2018, où Kaitô Kid s’est déguisé en Subaru. Cette petite saynète a été dessinée entièrement par Yamamoto, un des grands maîtres de la série, présent depuis plus de quatre cents épisodes. Elle est donc de qualité, et se paie même le luxe d’un très bon storyboard, avec un plan original (Genta qui change l’angle de la caméra). C’est aussi la première fois que l’on voit le caméraman qui « filme » cette scène d’ouverture du Nouvel An, brisant par là le quatrième mur.

Ceci mis à part, l’épisode est, globalement, bon. Plusieurs scènes sont dessinées par Muta qui, rappelons-le, supervise tous les épisodes de la série. L’esthétique de Kawamura ne choque pas l’œil, et comme toujours avec lui, ses dessins sont bons (voir très bons), mais sa façon de dessiner Kogorô est une fausse note. Il n’arrive simplement pas à dessiner les yeux et les traits du personnage comme il faut. C’est dommage pour un épisode qui traite essentiellement de l’enquête de Kogorô parallèlement à celle des Detective Boys, mais cela ne gâche en rien le plaisir de visionnage : l’épisode 845 est un bel épisode. Et ce, malgré le manque cruel de scènes en traits noirs.

Le storyboard est bon, grâce au travail de Yasuyuki Honda. Comme toujours, il livre un storyboard de très bonne facture, qui fait exactement ce que l’on en attend : des plans variés, des petites originalités de temps en temps, et surtout, l’instauration par le visuel d’une ambiance scénaristique de qualité. On sous-estime trop l’importance du storyboard dans le ressenti final qu’ont les spectateurs en visionnant un épisode. Ici, Honda réussit à faire passer les scènes les moins bien dessinées, et à accompagner avec douceur le public dans son visionnage.

Les décors suivent la qualité générale de l’épisode. Ils sont variés, et ils sont de qualité. Les rues de Tôkyô sont vivantes, les rues sont crédibles, tout est visuellement agréable. Il est toujours bon de savoir que, même si la qualité de l’animation varie en fonction de l’animateur-en-chef, les décoristes de la série sont de silencieux génies. Une mention spéciale doit être faite pour le cercueil dans lequel Conan se trouve. Grâce à des jeux de couleur et à des plans bien choisis, on sent véritablement la claustrophobie de la situation.

Nous ne pouvons trouver que deux petites erreurs graphiques dans l’épisode.
La première est, plus qu’une erreur, une interrogation. Cela fait plus de deux cents épisodes que la petite télévision cathodique noire posée sur le bureau de Kogorô a disparu, remplacée par l’ordinateur portable sur lequel Kogorô peut accéder au site Internet de son agence. A la place, les Môri ont acheté une télévision grand écran, placée derrière le canapé où Kogorô s’assoit lorsqu’il parle à ses clients. Or, dans cet épisode, la télévision est de retour. Une erreur des animateurs, ou alors un choix délibéré qui sous-entendrait que Kogorô a gardé sa télévision cathodique, mais la déplace parfois dans son appartement.

La deuxième, c’est les chaussures des suspects. Tout le nœud de l’épisode est de deviner où Conan se trouve. La réponse est donnée à la fin de l’épisode. On se doute donc, au moment où l’épisode se finit, que la question qui va être posée dans l’épisode suivant sera celle de l’identité du kidnappeur. Le seul indice que l’on a est le flashback où l’on voit une chaussure blanche avec un motif blanc écraser le téléphone de Conan. On est donc amenés à regarder les chaussures des trois suspects. Or, si sur la dernière scène où on les voit, leurs chaussures sont toutes identiques, on s’aperçoit que sur les plans précédents, les animateurs ont oublié de coloriser les chaussures de Mitsuyo de cette façon. Cela est probablement dû à une erreur de coordination au sein de l’équipe d’animation.

Les couleurs de l’épisode sont bonnes, et conviennent parfaitement à l’épisode. Cependant, on remarque que les couleurs flashies/fluo n’ont pas été totalement éradiquées de la palette de couleurs des coloristes de la série, car la veste d’Haibara reste d’un vert délavé rappelant plus la bave de limace que le sens de la mode qu’Haibara est censé avoir. On ne peut qu’espérer que 2017 soit l’année où l’équipe de production abandonnera les couleurs flashies.

II – Scénaristiquement

Donner la première affaire de l’année à Junichi Miyashita, meilleur scénariste de Détective Conan depuis la mort de Kôchi, était une excellente idée. Il est arrivé que Miyashita déçoive, mais son ratio d’épisodes réussis/épisode raté est un des meilleurs de la série. L’homme connaît Détective Conan, son ambiance, et ses personnages. Et comme bien souvent, il nous délivre là un excellent scénario.

Il y a de fillers qui réussissent à nous intéresser, à nous donner immédiatement envie de voir la suite. Et pourtant, l’épisode 845 est de ce type. La tension est palpable, et on ressent la détresse de Conan qui est coincé dans un cercueil, et qui risque bien d’être enterré vivant. Très peu de fillers font voyager, font rêver, nous font nous dire que des fillers peuvent être aussi entertaining que des épisodes du manga ; l’épisode 845 est de ce type.

Ce qui est très intéressant dans ce filler, c’est sa structure scénaristique. L’épisode suit trois fils narratifs. Le premier est celui qui ouvre l’épisode, à savoir l’enquête de Kogorô, livré à lui-même, et qui montre ses talents déductifs. Le deuxième est celui de Conan, coincé dans le cercueil, et qui essaie désespérément de contacter les Detective Boys. Le troisième est celui des Detective Boys, qui cherchent Conan, aidés par la suite d’Haibara. Miyashita réussit l’exploit de créer un équilibre entre ces trois fils narratifs, de sorte à ce que l’un ne soit pas plus long que l’autre, et que le passage d’un fil narratif à un autre ne soit pas ennuyeuse.

Afin de créer des proportions de 33% - 33% - 33% pour tous les fils narratifs, Miyashita a dû être ingénieux. Le fil narratif de Conan risquait de ne pas être très long, étant donné que celui-ci est simplement coincé et ne peut bouger. On aurait alors eu un déséquilibre, du type 33% - 17% - 50%. Mais Miyashita n’est pas né de la dernière pluie. Alors, pour rééquilibrer la balance, celui-ci a fait que l’histoire racontée du point de vue de Conan soit faite par des flashbacks successifs, qui racontent ce qu’il s’est passé dans l’heure avant que l’épisode ne commence.

Ce genre de technique scénaristique est très risquée, car lorsqu’elle est mal exécutée, on perd les spectateurs. Perdre les spectateurs de manière contrôlée est une réussite ; perdre les spectateurs parce que le scénario est mal écrit est un échec. Et même le grand Kazunari Kôchi est tombé dans cet écueil par le passé, car le scénario du film 16 était lui aussi construit sur le mode des flashbacks incessants qui expliquent ce qu’il s’est passé avant le début de l’intrigue. Mais Miyashita réussit brillamment, prouvant une fois de plus son talent. La seule question reste donc : pourquoi les films engagent-ils toujours Sakurai ?

Malgré nos commentaires laudateurs, le scénario n’est pas parfait. Trois problèmes s’y sont glissés.
Tout d’abord, en termes de personnages. Conan voit quelque chose de louche dans une allée sombre, alors il dit à ses amis « Continuez sans moi, je vous rejoins », et fonce dans la gueule du loup. Cette situation s’est déjà produite, dans l’épisode 1. Or, le fait que Conan fasse la même erreur est décevant, car cela insinue que le personnage n’a pas évolué depuis qu’il a rajeuni, alors que cette deuxième jeunesse est un parcours initiatique pour lui. Détective Conan n’a jamais été très bon dans tout ce qui concernait le développement psychologique des personnages, mais il aurait été bon que Miyashita y pense. Il aurait suffi que Conan se fasse la remarque dans sa tête, et cela serait passé. Peut-être que l’épisode 846 y remédiera.

Ensuite, l’épisode connaît un faux-raccord important. Lorsqu’il se réveille dans le corbillard, Conan tente de se rappeler ce qui lui est arrivé. Il se souvient alors d’une chaussure en train d’écraser son portable. Seulement, lorsque l’on voit le flashback entier quelques minutes plus tard, on voit que Conan était au sol, en boule, yeux contre le parquet, lorsque son téléphone a été cassé. Impossible, donc, qu’il ait vu son téléphone être cassé – à peine a-t-il pu l’entendre.

Enfin, et c’est peut-être le défaut majeur du scénario – c’est dire sa qualité –, les répliques de Genta. Les trois quarts de ce qu’il dit dans l’épisode consiste en des références à la nature. Lorsqu’Ayumi lui demande au début s’il sait où est passé Conan, il répond : « Peut-être qu’il est allé manger sans nous ? ». Cette phrase est légitime, et colle au personnage de Genta. Mais il ne fait que parler de nourriture pendant tout l’épisode, ce qui le rend très, très lourd. Miyashita aurait faire bien mieux, car il est un bon parolier. Il aurait pu faire parler Mitsuhiko, ou allonger les scènes de recherche de Conan, par exemple. C’est dommage, mais ça ne gâche pas non plus l’épisode.

Ceci étant, Miyashita réussit globalement son coup, en termes de dynamiques de personnages. Il pense même inclure Ran, qui n’apparaîtra réellement que dans l’épisode suivant, ce qui montre la maîtrise que Miyashita a de son scénario. Il ne se laisse pas dépasser par son scénario, il le dépasse. Maître des horloges, il se permet même une scène avec Haibara qui aide les Detective Boys de loin sur son ordinateur, faisant le lien avec les récents films où l’informatique est devenu son rôle. Ce genre de petite scène, que l’on retrouvera dans la saison suivante, est très agréable, car elle permet de relier les épisodes aux films. On a donc l’impression d’être dans un véritable univers, et non pas dans une suite d’épisodes n’ayant aucun lien les uns et les autres.

III – Bilan

Malgré son titre, « Conan coincé dans l’obscurité, Première partie » est un excellent épisode qui, dans la droite lignée des fillers de Miyashita, est ambitieux, sérieux et intéressant. L’affaire est prenante, et on en vient à véritablement s’inquiéter pour Conan, coincé dans un cercueil, avec peu d’oxygène et risquant de se faire enterrer vivant. Les dessins sont beaux et très satisfaisants pour un filler, et l’ambiance qui se dégage de l’épisode vaut le coup. Un des ces fillers à voir absolument pour sa culture de Conan-patriote. C’est un 8,5/10 pour le premier épisode de 2017.


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