Détective Conan épisode 857 : Le Mystère du carrefour de Beika (Première partie)

L’épisode 857 de Détective Conan est sorti le 29 avril 2017 et s’appelle « Le Mystère du carrefour de Beika ».
Il est scénarisé par Nobuo Ôgizawa, et est storyboardé par Masaharu Okuwaki et Nobuharu Kamanaka. Le directeur de l’animation est Akio Kawamura.

Tatsuya Amagi, un riverain de Beika, est retrouvé mort à moitié noyé. Le corps a été retrouvé par Tameo Fukuda. Arrivent Conan et Kogorô, qui disent être arrivés sur les lieux du crime en ayant suivi des voitures de police.
Chiba vient faire son rapport à Megure. Amagi était un homme détesté dans le quartier. Tous les habitants qui se sont attroupés derrière le bandeau jaune « Keep Out » de la police sourient en effet. L’homme vivait d’un héritage, et réveillait les habitants en utilisant sa moto pendant la nuit.

La police décide de rendre visite à Bando, le président de l’association des habitants du quartier, qui aurait pu se disputer avec Amagi et dont la carte a été retrouvée près du corps de la victime. Mais il est aussi retrouvé mort chez lui, empoisonné. Takagi fait l’hypothèse d’un suicide : après avoir tué Amagi suite à une dispute, il serait rentré chez lui et se serait donné la mort pour éviter d’aller en prison.

Une étudiante de fac habitant dans le quartier se réjouit devant les policiers de la mort d’Amagi, et dit que Bando a « enfin été utile au quartier ». Mais une autre habitante, Toyoko Kanemitsu, s’oppose à la version des faits selon laquelle Bando se serait suicidé. Elle invite les policiers chez elle pour en discuter.

Les policiers s’y rendent pour réfléchir et obtenir des informations de la serveuse et de la propriétaire. Conan et les policiers se rendent compte que Bando ne s’est probablement pas donné la mort, parce que la porte était ouverte – or, les personnes qui se tuent ont tendance à fermer la porte pour ne pas être arrêtées.

La propriétaire du restaurant explique que Bando était récemment venu manger avec un ami à lui, Chino, un professeur d’histoire de l’université d’Haido. Le briquet de Chino a été retrouvé sur la scène du crime par la police scientifique. Seulement, Chino n’a aucun mobile : pourquoi aurait-il tué Amagi ?

La restauratrice fait remarquer que cette affaire ressemble à l’affaire d’Agatha Christie où les victimes sont tuées en ordre alphabétique. De la même manière, Amagi, Bando et Chino forment les lettres « ABC ». La police se rend donc rapidement chez Chino pour s’assurer qu’il est en vie. Celui-ci est bel et bien vivant, et assure ne pas connaître Amagi.

I – Graphiquement

L’épisode 857 est visuellement agréable. Il n’est pas magnifique, et ne pourra pas prétendre être le plus beau filler de la saison 22. Mais il est, de bout en bout, joli. Rien ne choque l’œil, si ce n’est quelques couleurs flashies très mal choisies, et l’animation est bonne. Les personnages ont la tête qu’ils devraient avoir, et les décors sont, comme toujours, très bons.
Le seul défaut d’Akio Kawamura est d’avoir du mal à dessiner Kogorô. Le Kogorô de Kawamura a un visage un peu trop rectangulaire et des yeux étranges, si on le compare au design « de base » de Kogorô, qui est celui de Seiji Muta/Yasuichiro Yamamoto.

La spécificité de cet épisode, comme nous l’écrivons ci-dessous, est qu’il met en scène beaucoup de personnages. Leur design aurait donc pu poser problème. Mais cela n’est pas le cas : certains visages sont certes tirés de précédents fillers (mais dans une série de 850 épisodes, comment le reprocher ?), mais des petits détails dans les designs de chacun des personnages réussissent à faire passer la pilule. Il n’y a donc, dans cet épisode, rien de choquant.

Le principal reproche que l’on peut faire à l’épisode est donc son cruel manque de traits noirs. Cette technique de dessin donne à la série une qualité visuelle inégalée, mais l’équipe de production de la série semble ne pas l’avoir, pour le moment, compris.

Le storyboard de l’épisode est bon, voire, parfois, très bon. Ôkuwaki et Kamanaka sont des valeurs sûres, bien qu’Ôkuwaki ait le meilleur style de storyboarding. On sent les scènes qui ont été faites par lui, car Ôkuwaki utilise beaucoup de plans en déplacement latéral. La qualité du séquençage et la diversité des plans participe à faire de cet épisode l’un des fillers à l’esthétique les moins bas de gamme de la saison.


II – Scénaristiquement

Nobuo Ôgizawa étant aux manettes, on aurait pu craindre une catastrophe. Mais cet épisode ne sera pas le Déluge de Détective Conan, car, pour une fois, Ôgizawa réussit ce qu’il entreprend.

Certes, l’affaire entière devra être jugée dans son intégralité dans la critique de l’épisode suivant. Mais de ce que l’on voit dans l’épisode 857, la qualité est au rendez-vous. L’objectif d’Ôgizawa était d’écrire un scénario qui ait comme thème la vie de quartier dans une ville japonaise. Le pari est réussi, car l’épisode porte magistralement ce thème, et réussit à le rendre intéressant. Et là est la première victoire d’Ôgizawa : comme il a toujours envie de faire un scénario différent, neuf,  Ôgizawa tire généralement sur la corde de l’originalité. Mais l’originalité ne fait pas forcément un bon scénario. Ici, le scénario est à la fois original, et bon. Rarement un épisode de Conan a tant été une dystopie de la vie de quartier japonaise, et rarement un filler de Conan a tant réussi à porter un thème directeur pendant toute l’épisode, et à réussir à l’incorporer de façon naturelle au scénario.

Ne nous méprenons pas : l’épisode n’est pas l’enquête du siècle. Elle n’est pas l’enquête de la saison non plus. Mais elle démontre qu’Ôgizawa, lorsqu’il ne veut pas écrire des scénarios ineptes, le peut. Inutile d’essayer d’écrire un filler où un homme est tué deux ou trois fois. Lorsqu’une histoire est bien ficelée et a du sens, elle est de qualité. Lorsqu’en plus, elle propose des personnages variés et nous intrigue du début jusqu’à la fin, et qu’elle utilise bien le thème principal de l’affaire, c’est gagné.

Le principal reproche que l’on peut faire au scénario de l’épisode 857 est son ambition. Il est bon pour les scénaristes de Conan d’être ambitieux, cela les empêche de se refermer sur des scénarios renfermés et clichés. Junichi Miyashita et Kazunari Kôchi, parce qu’ils n’ont jamais voulu écrire des scénarios banals, mais toujours des scénarios géniaux, ont réussi plus d’une fois à montrer que l’ambition était de bon conseil lors de l’écriture d’un épisode de Conan. Mais Ôgizawa est allé trop loin dans son ambition : au lieu d’écrire un filler en deux parties avec quatre suspects comme dans la plupart des fillers en deux parties, l’épisode met en scène une dizaine de personnages. Cela aide à traduire le thème « vie de quartier » de l’épisode, certes. Mais à force de montrer trop de personnages, le spectateur se perd et se noie dans la masse d’informations. Recentrer l’affaire sur trois personnages plus les victimes aurait aidé l’épisode.

III – Bilan

Une affaire et bonne, et écrite par Ôgizawa, voilà qui est rare. Mais lorsque cela arrive, c’est un évènement, car le scénariste piètre se transforme en écrivain génial. Le scénario est bon et intéressant, malgré quelques lenteurs. Les rebondissements et retournements de situation ici et là contribuent à la qualité de l’enquête. Les personnages présents sont intéressants, bien que le casting aurait pu être moins classique. Un bon épisode filler qui donne de l’espoir pour la suite. 7/10.