Détective Conan épisode 858 : Le Mystère du carrefour de Beika (Deuxième partie)

L’épisode 858 de Détective Conan est sorti le 6 mai 2017 et s’appelle « Le Mystère du carrefour de Beika ».
Il est scénarisé par Nobuo Ôgizawa, et est storyboardé par Masaharu Okuwaki et Nobuharu Kamanaka. Le directeur de l’animation est Keiko Sasaki.

Conan mène l’enquête de son côté pendant que la police interroge un suspect, Chino, le professeur de l’université d’Haido. Conan décide de retourner au café pour discuter avec la propriétaire, qui agit bizarrement : alors qu’elle a apporté certains romans policiers à son café dans la matinée, elle décide de repartir avec eux dans l’après-midi. Le petit détective lui propose de discuter de l’affaire.

Il lui explique son raisonnement, et déduit que c’est elle qui a commis les deux crimes. Elle l’avoue, et explique qu’elle a voulu fait croire que Chino était le coupable parce que celui-ci avait dit du mal d’un roman policier qu’elle avait soumis à un éditeur de romans. N’ayant aucune preuve, Conan ne peut la faire arrêter, mais elle accepte de se rendre.

I – Graphiquement

L’épisode 858 est au niveau de l’épisode 857. Il est beau, les décors sont assez jolis, et rien n’est visuellement choquant. On peut qualifier l’esthétique générale de l’épisode de belle, et ce sera un plaisir pour chaque spectateur que de le regarder.

La colorisation est aussi de qualité. Très peu de couleurs flashies, et beaucoup de couleurs chaudes, voilà qui fait plaisir. Le tout est complimenté par le dessin et l’animation de qualité de Keiko Sasaki qui, de plus en plus, s’impose comme une des meilleures directrices d’animation de la série.

Le seul défaut de l’épisode est la scène où Conan explique sa déduction. Cette scène a été storyboardée en gros plans uniquement, de sorte à ce que l’on ne puisse pas voir la bouche des personnages bouger. Est-ce une volonté d’économiser du temps en mettant des plans fixes pendant une minute ? Est-ce une tentative d’imposer une esthétique proprement Conan-esque à la série ? Dans le premier cas, c’est raté, car la stratégie est flagrante. Dans le deuxième cas, c’est raté, parce que le tout rend très mal.

De façon générale, on sent beaucoup moins la patte d’Ôkuwaki sur cet épisode que sur l’épisode précédent. Sa spécialité est de faire des plans mouvants, avec des mouvements de caméras latéraux qui permettent de dépeindre en quelques secondes un environnement. Il n’y a rien de tel dans cet épisode – peut-être Kamanaka s’est-il occupé de la majeure partie du storyboard.

Mais les aspects négatifs de l’épisode – qui sont fort peu nombreux, admettons-le – sont contrebalancés par tout le reste. Le 858 a même deux scènes esthétiquement intéressantes : la première est lorsque Conan déduit qui, dans le café, est un suspect potentiel. Il imagine dans sa tête la scène dans le café, et tous les personnages suspects se transforment pour ressembler à la figure du suspect noir aux yeux blancs. Cela fait un peu Sherlock, et on retrouvera cette technique dans l’épisode 893.
L’autre bonne idée est la scène où Conan explique que c’est la restauratrice qui est derrière ces meurtres. La scène doit être vue pour être appréciée à sa juste valeur : on voit la figure du suspect noir qui émerge de l’eau, puis son camouflage se craquèle pour laisser entrevoir le visage déchiré par la haine du véritable coupable. C’est une excellente idée, accompagnée d’une excellente esthétique.

II – Scénaristiquement

Le scénario de l’épisode 858 a les mêmes qualités et les mêmes défauts que celui de l’épisode précédent. Tout l’intérêt de l’enquête de cet épisode réside dans le thème de l’affaire, à savoir la vie de quartier. Chacun peut avoir une raison de tuer l’autre, et tout le monde se retrouve dans un même lieu, le café Brown.

Le problème, c’est qu’à force de vouloir mettre en scène trop de personnages, Ôgizawa se perd. Certains personnages présentés précédemment sont évacués, car le scénariste ne sait pas quoi faire d’eux. Conan déduit que la propriétaire du café a commis le crime, mais tant d’autres personnages auraient pu être le coupable. Faire apparaître beaucoup de personnages différents est un pari, et un pari risqué ; Ôgizawa ne s’en sort pas d’une façon catastrophique, mais il ne réussit pas non plus haut la main. C’est un entre-deux tiède auquel Ôgizawa nous convie trop souvent.

L’idée que Conan emmène avec lui un personnage pour résoudre l’affaire en marchant dans Beika est bonne, et on regrette qu’elle soit trop peu souvent utilisée. C’est une façon intéressante de montrer au spectateur la résolution de l’affaire – Kogorô l’Endormi ayant déjà été beaucoup utilisé par le passé. Cette scène où les deux marchent dans les rues fait penser à la scène du film 15 où Conan, explorant une grotte avec les DB et Tôma, résout l’affaire de vie voix.

Le défaut majeur de l’épisode est le mobile du coupable. Il est stupide, et ne convainc tellement pas que même Megure le fait remarquer : le coupable a tué deux personnes au hasard dans le but de faire porter le chapeau au professeur Chino, tout simplement parce que Chino n’avait pas apprécié son roman. La franchise est donc condamnée au profit de l’hypocrisie : si le professeur avait respecté la règle japonaise du honne-tatemae, la face du monde en eût été changée… La stupidité du mobile rivalise donc avec celui de l’épisode 908.

III – Bilan

Ôgizawa nous délivre, avec l’épisode 858 et, avant cela, l’épisode 857, une de ses plus grandes réussites dans la série Détective Conan. Certes, le tout n’est pas mené magistralement comme Miyashita ou Kôchi l’auraient fait. Mais, parce qu’Ôgizawa est un original, la bizarrerie dont sont emprunts tous ses scénarios se transforme ici en une originalité novatrice qui apporte au script un petit plus que d’autres fillers n’ont pas. Pour une fois, pas d’aliens, pas de personnages morts trois fois. Ôgizawa a utilisé son meilleur tamis pour filtrer tous les éléments mauvais qui ruinent généralement ses scénarios. Il en ressort un épisode bon ; ni mythique, ni mauvais, mais bon. Keiko Sasaki fait de son côté un très bon travail, rivalisant sur certains plans avec Muta. 7/10, un bon filler.