Détective Conan épisode 866 : La Scène de la trahison (Première partie)

L’épisode 866 de Détective Conan est sorti le 15 juillet 2017 et s’appelle « La Scène de la trahison ».
Il est tiré des files 954 et 955 du volume 90, et est storyboardé par Nobuharu Kamanaka. Les directeurs de l’animation sont Chiemi Hironaka et Kôsei Takahashi.


« Désolé Furuya… ils ont découvert que je suis du PSB. La seule issue, c’est l’autre monde ». Avec ces mots, l’ami de Rei Furuya, Scotch, mit fin à sa vie. Rei monte les escaliers à toute vitesse, mais lorsqu’il arrive en haut, il tombe sur l’agent de l’Organisation Rye, qui lui dit que les traîtres doivent être tués.

 « Bourbon ? ». Vermouth fait sortir Bourbon de ses pensées. Ils sont en voiture. Vermouth lui rappelle sa mission : il doit enquêter sur « ça » et le détruire si besoin est avant que « ça » ne devienne connu. « Dois-je t’aider à te déguiser ? », demande Vermouth. « Inutile. Je sais comment l’approcher ».

Le lendemain, Sonoko, Ran et Conan nettoient la maison de Shinichi. Subaru s’excuse de leur avoir demandé de l’aider. Il leur demande pourquoi Masumi Sera n’est pas venue ; Sonoko répond qu’elle était occupée parce qu’elle changeait d’hôtel.
Subaru en profite alors pour continuer, et poser la question : « Avez-vous vu quelqu’un de suspect rôder autour de Sera-san ? Quelqu’un qui observe tout le temps son environnement, et qui neutralise rapidement les dangers, qui s’appelle ‘’Asaka’’ ? ». Mais cela ne dit rien aux jeunes filles.

Une idée vient subitement à Sonoko : le chanteur de rock Rokumichi Hado a composé une chanson appelée ‘’ASACA’’, et elle va bientôt sortir. Il ne la sort que maintenant alors qu’il a composé la musique il y a dix-sept ans, parce qu’il a enfin trouvé des paroles. Sauf que ce n’était pas écrit ‘’Asaka’’ avec un k, mais avec un c.

Cela pique la curiosité de Conan et de Subaru, qui ont lu le message de Kôji Haneda ‘’ASACA RUM’’. Sonoko propose de les emmener voir cet artiste. Subaru demande : « Quand est-ce que l’information selon laquelle il allait publier cette chanson a été publiée ? ». On lui répond alors que cela fait une semaine. Alors, l’Organisation en a déjà entendu parler, pensent en cœur Conan et Subaru.

Lorsqu’ils se rendent au studio pour assister à une préparation du chanteur, la manager, Kanae Enjô, leur barre la route : il veut rester seul pour pouvoir écrire certains bouts non-finis de la chanson. Le chef de la maison de production qui détenait les droits pour ses chansons se présente, et explique qu’il a déjà fini d’écrire une chanson quelques minutes avant de passer sur scène. Apparaît alors Hirokazu Kajiya, un paparazzo qui a réussi à s’infiltrer dans le bâtiment. Il prétend avoir des informations concernant Rokumichi, et essaie de faire pression sur son entourage. La manager demande à des gardes de le faire sortir de force.

Sonoko et Ran vont partir, quand Subaru les rattrape. Lui souhaite rester. « Nous ne sommes pas des fans », dit Sonoko. Cela surprend Subaru : qui a arrangé la rencontre, alors ? A ce moment-là, apparaît Tôru Amuro, avec à son bras Azusa Enomoto. Il dit que c’est lui qui a voulu venir, et que comme le conglomérat Suzuki allait racheter des parts de la maison de disques de Rokumichi, Sonoko a pu l’inviter.

Amuro dit bonjour à Subaru en l’appelant par son nom. Quand il lui demande s’il se souvient de lui, Subaru répond : « Oui, vous êtes le facteur, c’est ça ? », déstabilisant par là Amuro. Sonoko propose donc de laisser les fans entre eux et de repartir. Mais avant de s’en aller, Conan demande à Azusa si elle aime la guitare. Elle répond que oui, alors que la vraie Azusa n’aime pas cet instrument. Conan a donc la confirmation que c’est Vermouth qui a pris l’apparence d’Azusa. Il va le dire à Subaru pour le prévenir.

A ce moment-là, des policiers arrivent pour faire une inspection de sécurité. Ils ouvrent la porte de la grande salle de concert où le chanteur répète, et poussent un grand cri : son cadavre pend au bout d’une corde sur scène.

Alors qu’Amuro, Subaru et Conan se précipitent vers le cadavre, Ran commence à courir avant qu’Azusa ne l’arrête. « Non, Angel, tu n’as rien à faire sur cette scène sanglante. ».
Ran ne comprend pas pourquoi Azusa l’appelle ainsi. Elle essaie de se justifier en disant que c’est parce que Ran est innocente et angélique, mais Ran garde en mémoire ce surnom.
Azusa regarde les trois enquêter sur la scène, mais elle se demande qui est Subaru.

Amuro commence à faire des déductions. Soit il y a eu plusieurs coupables, soit le seul coupable avait une force surhumaine, parce que le corps a été pendu très haut. Il se retourne vers Subaru, et lui envoie un message clair en lui disant qu’il a remarqué ses impressionnantes capacités déductives. Subaru esquive en disant qu’il n’est qu’un doctorant avide de mystères.

La police demande à tous les suspects de justifier ce qu’ils ont fait dans la journée. Ils en viennent à parler de l’endroit où la victime gardait son téléphone portable : sa poche pectorale. Cela rappelle à Amuro la scène avec Scotch. Il avait essayé de sentir le pouls de Scotch, mais il était déjà mort. Akai s’était approché, et lui avait dit qu’il l’avait tué, avec une balle de pistolet dans le cœur. Mais comme il a tiré dans le cœur, et que son téléphone se trouvait là, Akai dit, en partant, qu’il ne pourra pas découvrir sa véritable identité.

Vermouth prend la voix de Ran, et demande à Conan le nom de famille d’Azusa. Conan le lui donne, se retourne, et comprend le piège dans lequel il est tombé. Il sait donc maintenant que Vermouth sait qu’il sait.
Bourbon est surpris de savoir que Vermouth connaissait le nom de famille d’Azusa. Il dit qu’il a été surpris quand Vermouth est arrivée déguisée à l’improviste, et qu’il aurait pu s’occuper seul des paroles. « Je voulais venir pour m’assurer que tu garderais ta promesse de ne pas leur faire de mal », répond la favorite du boss, en regardant Conan et Ran.

A ce moment-là, Amuro voit Subaru écrire de la main gauche. Or, lors de leur dernière rencontre, il avait retiré son masque de la main droite. Il va le voir, et lui fait remarquer ce fait. « Il se trouve que l’homme que je déteste assez pour vouloir le tuer est aussi gaucher. »

I – Graphiquement

Visuellement, l’épisode 866 est un feu d’artifice visuel. Les premières scènes donnent le tempo : l’équipe de production ont fait en sorte que l’épisode 866 soit un des plus beaux de la saison 22. Le maître Seiji Muta a pris en charge toutes les scènes qui ont un rapport avec la trame, et Hironaka et Takahashi font un excellent travail sur les autres scènes. Le rendu de certaines scènes est si bon que leur qualité avoisine celle des téléfilms Conan.

Les traits noirs sont utilisés à profusion, et pas que par Muta. Les visages sont tous très bien dessinés, ce qui fait très plaisir lorsque l’on sait l’échec visuel que fut le visage de Kuroda dans ses précédentes apparitions. Cet épisode est de qualité, et cela se ressent. Un épisode qui est autant à voir qu’à comprendre.

Une fois cela dit, y a-t-il quelque chose de critiquable sur le plan visuel dans cet épisode ? Oui, mais très peu.
La première erreur est la scène où les policiers entrent dans la grande salle et découvrent le cadavre. Elle devait être terrifiante, dramatique, tragique. Elle n’est rien. Le doubleur du policier n’est pas convainquant, et le terrible storyboard de la scène ne fait rien pour donner du poids à la découverte du cadavre de l’artiste. Yasuyuki Honda nous a pourtant habitués à mieux par le passé. Heureusement, il couvre un peu cet échec en délivrant un très bon storyboard sur toutes les autres scènes.
La deuxième erreur est à la fin. Amuro, suspicieux à l’égard de Subaru, le guette de loin. Il voit que Subaru écrit de la main gauche, et il se rend compte que le Subaru que lui a rencontré écrivait de la main droite. Dans le manga, la scène est bien faite. Dans l’animé, une erreur s’est glissée : sur le premier plan où l’on voit à travers les yeux d’Amuro, Subaru écrit de la main gauche, mais sur le plan suivant, il rend son petit carnet à Takagi de sa main droite. C’est une erreur bête, car la scène devient, du coup, difficilement compréhensible.

Evidemment, ces deux points négatifs ne sont pas assez pour rendre l’épisode mauvais. L’épisode est très bon. Mais il est dommage de voir que, même avec les meilleurs, des petites erreurs comme ça peuvent se glisser. Ceci étant, les points positifs pèsent bien plus lourd, et ce dès la première minute de l’épisode : pour une fois, le sang dans Détective Conan est rouge, et non pas noir. Cela est probablement dû au fait que le flashback dans la tête d’Amuro est très sombre, et donc coloriser le sang en rouge était nécessaire pour le faire ressortir. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que cet heureux changement ne dure.

II – Scénaristiquement

Le scénario de l’épisode est très bon. Cette affaire est une continuation de l’affaire du meurtre d’il y a dix-sept ans. Comme nous l’avions expliqué dans la critique de l’épisode, Gôshô procède toujours d’une manière similaire : dans un premier temps, il créée un mystère, puis dans le chapitre suivant, il met en scène une affaire qui a, semble-t-il, un lien avec le dit mystère. Les personnages la résolvent et découvrent qu’en fait, le lien entre le mystère originel et cette nouvelle enquête n’était que pure coïncidence. Ensuite, Aoyama créée une autre enquête, où l’on pense qu’enfin elle mènera à une avancée, la personne qui détenait l’information meurt, et on apprend à la fin qu’une fois de plus, ce n’était qu’une coïncidence et que la victime n’avait rien à voir avec tout ça. C’est la stratégie des « affaires-leurres ». L’épisode 866 est la première partie de la troisième affaire-leurre, après l’affaire des ciseaux serrés (où le lien avec Kôji était le fait que Kôji était aussi mort en tenant très fort des ciseaux, comme la victime), et après l’affaire du « détective de l’âme » (où le lien était qu’Hotta Gaito disait prétendait avoir des informations sur Kôji, alors qu’il comptait simplement inventer quelque chose au hasard).

Cependant, nous sommes dans l’arc de Rum. Aoyama a envie de mettre les bouchées doubles. Même si l’affaire est une affaire-leurre, Vermouth et Bourbon apparaissent, et Subaru et Conan coopèrent. Voilà comment les affaires-leurres des deux arcs précédents, de Kir et de Bourbon, auraient dû se passer.

L’intérêt de l’épisode est donc double, parce qu’il permet de faire avancer l’histoire de Kôji tout en faisant avancer une histoire parallèle, qui est celle d’Amuro. On en apprend plus sur la mort de Scotch, qui avait été teasée à la fin de Scarlet Showdown, et avait laissé Rei Furuya tout secoué. Là, on sent la haine en lui qui n’attend qu’à se déverser sur Akai. La raison pour laquelle Amuro a soudainement des doutes sur Subaru alors qu’il avait été persuadé durant Scarlet Showdown qu’Akai n’était pas Subaru n’est pas expliquée.
Aussi, les motivations de Vermouth ne sont pas très claires. Elle devait laisser Amuro se rendre seul au studio, puis elle a décidé de l’accompagner au dernier moment en étant déguisée en Azusa, sans rien préparer, et en sachant que le petit groupe apprendrait tôt ou tard de la bouche de la vraie Azusa qu’elle ne s’est jamais rendue au studio. Elle ne cache même pas son identité à Conan, et donne un indice concernant son identité à Ran, en l’appelant « Angel ».

Aussi, du côté de l’animé, on remarque que l’équipe de production de l’animé s’est trouvé dans une situation compliquée : l’affaire en présence dure, dans le manga, quatre chapitres. Or, normalement, deux épisodes couvrent trois chapitres. Il leur a donc fallu supprimer certaines répliques et accélérer certains passages pour faire rentrer deux chapitres tout rond dans un épisode de vingt-quatre minutes. On préfère de loin ça à ce que l’équipe de production avait fait pour la Nuit des détectives (671 à 674), où cinq chapitres avaient couvert quatre épisodes : un tiers de chaque épisode était un résumé de l’épisode précédent, et beaucoup trop de scènes avaient été rajoutées, ralentissant terriblement l’intrigue. L’épisode 866 prouve que l’équipe aurait pu faire rentrer cette affaire dans trois épisodes au lieu de quatre.

Mais cela n’empêche pas l’équipe de production de rajouter des petits éléments intéressants, loin de là. La meilleure addition à l’épisode est dans la scène où Sonoko, Ran et Subaru parlent, dans la bibliothèque des Kudô. Lorsque Sonoko dit que la chanson s’appelle « Asaca » avec un c, Subaru, par le choc, lâche le torchon qu’il avait entre les mains dans le seau d’eau. C’est une réussite esthétique, et Aoyama n’y avait pas pensé. Améliorer le manga là où il peut l’être, voilà une des missions de l’animé.

Ce que l’épisode fait, et qui est très agréable, c’est des renvois aux précédentes affaires. Nous écrivons souvent, dans nos critiques, que les épisodes qui créent des liens et des ponts entre eux améliorent la qualité générale de la série. Lorsque les affaires de Conan sont toutes déconnectées les unes des autres, on a l’impression que l’histoire n’avance pas. Or, là, parce qu’il y a une référence à l’affaire de la Girls band et à Scarlet Showdown, on se rappelle que cet épisode n’est pas une des innombrables enquêtes déconnectées de l’histoire typiques de l’arc de Bourbon, non, nous sommes dans l’arc de Rum, et donc la trame est toujours là en arrière-plan.
Selon Amuro, cela fait « quelques jours » qu’il s’est rendu chez les Kudô, pour les évènements de Scarlet Showdown. Preuve de plus, s’il en fallait, que Conan évolue dans une bulle chronologique : Scarlet Showdown date des épisodes 780, c’est-à-dire il y a presque 60 épisodes.

La fin de l’épisode nous confirme que l’objectif d’Amuro était bien de tuer le chanteur avant que les paroles de la chanson « Asaca » ne fuite. Cela remet en question la caricature trop souvent faite selon laquelle « il n’y a que des gentils qui infiltrent l’Organisation ». Amuro n’est pas un « gentil », il n’est pas dans l’équipe de Conan. Il se construit face à l’équipe de Conan, et il n’est ni blanc, ni noir. D’une nuance d’un gris foncé, il peut sauver comme tuer selon ce que ses supérieurs lui demanderont. Conan doit donc faire attention à lui, même s’il leur arrive de travailler ensemble.
L’Organisation envoie Bourbon pour éviter que les paroles ne fuitent. Cela signifie que l’Organisation y a un intérêt. Mais quel est-il ? S’ils ne veulent pas que les gens sachent quoi que ce soit sur Asaka, peut-on en déduire qu’Asaka est un membre de l’Organisation ? Si oui, il/elle est-il/elle Rum ? Si non, pourquoi auraient-ils intérêt à détruire cette chanson sur Asaka ? Tout cela ne trouvera malheureusement pas de réponse de sitôt.

Sur un plan plus anecdotique, on peut remarquer un petit clin d’œil intéressant. Dans la saynète de fin d’épisode, où les doubleurs récitent une ligne chacun en quelques secondes, Amuro dit à Akai : « On ne s’était pas vu depuis la grande roue ». C’est une référence au film 20, qui sorti un an avant la diffusion de l’épisode.  C’est bien évidemment anecdotique, et cela n’engage en rien les personnages de la série ; il faut simplement comprendre cette saynète comme un petit sketch et un clin d’œil de l’équipe de production. Cependant, cette référence au film 20 est un signe supplémentaire du rapprochement croissant entre l’animé et les films.

III – Bilan

Non-seulement Aoyama réussit l’ambiance générale, mais il réussit aussi à mettre en place une enquête intéressante. Le spectateur ne peut que se demander comment un fil de pêche, une chaise dépliante et une balle de base-ball ont pu aider à pendre un homme. En plus de cela, la qualité graphique de l’épisode est sublime, grâce à l’intervention groupée de Muta, qui supervise bien plus que d’habitude, et du trait d’Hironaka et de Takahashi. Certainement un des plus beaux de la saison. A voir absolument, pour la trame et pour sa culture de Conan-patriote. 8,5/10.