Détective Conan épisode 870 : Conan disparu près de la falaise (Deuxième partie)

L’épisode 870 de Détective Conan est sorti le 12 août 2017 et s’appelle « Conan Disparu près de la falaise, Partie 2 ».
Il est scénarisé par Junichi Miyashita, et est storyboardé par Masaharu Ôkuwaki. Le directeur de l’animation est Akio Kawamura.

Kogorô et Ran arrivent avec la police. Ayumi se jette dans les bras de Ran et lui dit que Conan est mort.
Pendant la nuit et jusqu’au lendemain matin, des recherches sont menées par la police pour sonder la mer et retrouver les corps. En début de matinée, rien n’a été retrouvé. Haibara décide donc de prendre ses affaires et d’aller enquêter par elle-même.
Elle entre dans la grotte qui mène aux pics rocheux qui se trouvent juste en dessous de la falaise, et trouve au sol une substance étrange.

Au même moment, Conan suit Isehara pour le convaincre de rester avec lui. Son argument principal est qu’Isehara devrait lui faire confiance : il lui a sauvé la vie en déclenchant sa ceinture gonfle ballon au dernier moment.
Isehara décide de suivre les instructions de Conan, et ils vont se cacher dans une grange. Haibara arrive après avoir lu le message de Conan avec sa localisation GPS.

« Tu as apporté ce que je t’ai demandé ? ». « Oui », répond Haibara. Elle donne son ordinateur portable au hackeur, qui réussit à déterminer grâce à l’historique d’utilisation d’un logiciel qu’il a créé et qui utilisé par le gang quel est le prochain objectif des malfaiteurs. Conan va appeler la police tandis que le hackeur cherche l’adresse du prochain méfait : le Beika City Hall.

Le soir-même, les malfaiteurs passent à l’attaque. Ils verrouillent les issues, et envoient des fumigènes dans la salle de réunion. Ils attendent un peu, et entrent avec leur masque. Ils découvrent que la salle est vide, à l’exception de Conan. « Je vous attendais. », dit-il. Isehara arrive, et la tension monte.
Alors que le chef des cambrioleurs va tirer sur Isehara, Megure s’interpose et la police arrête les coupables. Takagi emmène Isehara au commissariat central, et Conan le suit avec Agasa. Il se cache derrière un vendeur automatique, et prend la voix d’Agasa pour résoudre l’affaire.

La photo d’Isehara avec sa femme et leur enfant est une fausse : la femme et l’enfant sont des images prises sur Internet, dans le but de faire croire au gang qu’Isehara avait une faille. En réalité, Isehara n’a fait que manipuler le groupe : le mot de passe derrière la photo lui permettait de lancer un programme qui lui permettait de transférer l’argent sur le compte en banque du groupe à son compte à lui.

I – Graphiquement

L’épisode 870 n’a pas eu de chance. Tout d’abord, parce qu’il est la suite d’un très bel épisode. Ensuite, parce que c’est Akio Kawamura qui en a été aux commandes.
Kawamura n’est pas un mauvais animateur-en-chef. Il dessine bien les visages des personnages (à part Kogorô, sur lequel il bute à chaque fois), et ses animations sont plutôt bonnes. Seulement, les premiers plans de l’épisode ne sont pas très beaux, et c’est l’impression que l’on garde en tête durant les premières minutes. On peut notamment citer ce plan :

 [Gif de Ran qui court]

Ou encore celui-ci, où le visage de Ran a été raté :

[Gif]

Le storyboard de certaines scènes les rend risibles, comme par exemple, ici :

[21 :37]

Evidemment, Détective Conan est un animé fait sur assez peu de budget. Les contraintes financières sont présentes, et empêchent l’équipe de production de faire des grosses productions comme ils le font avec les films. Seulement, il y a une différence entre un plan qui est raté à cause du manque de budget, et un plan qui est raté à cause du manque d’attention ou de compétence de la personne en charge. Les scènes qui deviennent ridicules à cause du storyboard font partie de cette deuxième catégorie.

Ne croyons cependant pas que l’épisode est raté sur le plan visuel. Il ne l’est pas. Beaucoup d’épisodes gagneraient à ressembler à celui-ci. Il est juste moins réussi que l’épisode précédent ce qui, étant donné la qualité du scénario, est bien dommage.
Ceci étant, l’épisode mérite une mention spéciale pour nous avoir montré un recoin de la maison d’Agasa que l’on voit très peu souvent, à savoir son jardin de derrière, avec le garage et le petit chemin qui y mène. Détective Conan gagnerait à nous rendre plus familiers avec les lieux iconiques de la série.

II – Scénaristiquement

La question que pose cet épisode, et l’affaire en général, est la suivante : pourquoi est-ce que Miyashita n’a jamais été engagé pour écrire les films de Conan ?
Alors que certains films s’enfoncent dans la facilité et ne nous offrent même pas une affaire de qualité, Miyashita réussit, en deux épisodes de 20 minutes, à mettre en place une enquête intéressante, des personnages que l’on a envie de revoir, et une atmosphère de qualité. On se doutait bien que Conan n’était pas mort en tombant de la falaise, mais pourtant le scénariste réussit à nous tenir en haleine et à nous sentir investis dans l’épisode. Là est la beauté des bons scénaristes : de peu ils réussissent à faire beaucoup.

L’épisode n’est évidemment pas sans défauts.
Tout d’abord, Megure, Takagi et Chiba sont en charge de l’enquête, alors que celle-ci se passe à Kanagawa. La brigade anti-vols ne devrait-elle pas être aussi sur l’affaire ? Lorsqu’une affaire de cette ampleur émerge, c’est normalement les organes de la Police de Sécurité Publique, auxquelles appartiennent Rei Furuya et Yûya Kazami, qui sont sur l’affaire. Or, un filler ne pouvant faire apparaître ces deux personnages à moins d’être des prologues de films, ils sont remplacés par Megure, Takagi et Chiba.
Ensuite, la façon dont Conan se sauve frise le ridicule. Certes, c’était prévisible. Certes, c’est peu crédible. Mais le storyboardeur aurait au moins pu améliorer cette scène farfelue en faisant un storyboard qui la crédibilise.

[gif 9 :50]

Cependant, le fait que le téléphone de Conan fonctionne encore après être tombé dans l’eau n’est pas une incohérence : 90% à 95% des téléphones portables au Japon, smartphones inclus, sont amphibies.

Un regret, plus qu’un défaut, est que l’épisode ne montre pas les retrouvailles entre Conan et Ran. Miyashita a beaucoup joué sur les émotions de Ran dans l’épisode, en nous la montrant inquiète, puis proactive. C’est vers elle qu’Ayumi se tourne au début de l’épisode lorsque l’on apprend que Conan est peut-être mort ; symboliquement, ce sont les deux personnages qui sont amoureux du protagoniste (désolé, fans de CoAi). L’inquiétude de Ran pour Conan est donc bien mise en scène et est touchante. Et quelle chute à cela ? Aucune : on ne voit pas leurs retrouvailles, et la scène finale, où l’on voit Conan pourchassé par Ran et les DB, nous laisse sur notre faim.

Mais si l’épisode reste excellent, c’est parce que les aspects positifs surpassent de loin les négatifs.
Miyashita montre qu’il connaît les personnages qu’il met en scène. Il se permet même de nous donner des petits développements de personnage ; par exemple, Haibara qui dit qu’elle a mis « deux mois à […] programmer » un logiciel nous donne un petit aperçu des compétences informatiques de la petite scientifique, qu’elle a déjà démontrés dans les films 17 et 22. Aussi, l’entreprise qui a conçu le bâtiment dans lequel les méchants sont est la même que celle que nous avions vu dans le téléfilm Conan Edogawa : Les Deux pires jours de l’Histoire.

La façon dont Miyashita mène l’intrigue est aussi très bonne. Ce n’est certes pas magistral, mais le rendu est très bon. Le groupe de malfaiteurs qu’il a créé pour les besoins de l’affaire ne reviendront bien plus, et c’est dommage : il serait bon que Miyashita fasse une suite à cette affaire où ces méchants du groupe Zorro et les méchants arrêtés dans l’affaire du Grand détective manipulé (775-776) se rejoignent et forment une alliance pour tuer Kogorô et Conan. Seulement, le manque d’ambition de l’équipe de production de Conan empêche de genre de choses de se faire.

Ce que l’on remarque aussi, c’est une sorte de répétition chez Miyashita : l’affaire des épisodes 775 et 776 mettait aussi en scène un personnage forcé à participer dans un groupe de malfaiteurs, et, de la même façon, il y avait un retournement à la fin de l’épisode où l’on apprenait qui était la véritable tête derrière les opérations. Il ne faudrait pas que Miyashita réutilise trop ces ficelles au risque de devenir un scénariste redondant.

III – Bilan

Comme toujours avec Miyashita, on peut s’attendre à du haut niveau. Le scénario des affaires 869-870 n’est peut-être pas aussi bon que celui de la précédente affaire en deux parties de Miyashita, les épisodes 775 et 776, mais il réussit à nous intéresser et à nous donner envie de continuer à regarder. Les personnages sont très bien utilisés, les décors sont beaux, l’histoire est prenante, c’est du très beau travail. 7,75/10.