Détective Conan épisode 871 : L'Affaire des 450 ans de Nobunaga

L’épisode 871 de Détective Conan est sorti le 2 septembre 2017 et s’appelle « Le Mystère de la 450ème année de Nobunaga ».
Il est scénarisé par Junichi Miyashita, et est storyboardé par Masaharu Ôkuwaki. La directrice de l’animation est Keiko Sasaki.

Les Detective Boys se rendent avec le professeur Agasa à Gifu. La ville est dédiée à Oda Nobunaga, un des pères fondateurs du Japon. Conan explique que 2017 marque le 450ème anniversaire de la fin de la croisade de Nobunaga, le samurai qui a réunifié politiquement et économiquement le centre du Japon au XVIème siècle.

Le groupe visite le musée de la ville, puis se rend à l’hôtel. Il y trouve Iwao Tobayama, un ami du professeur Agasa, qui les a invités à Gifu.
Mitsuhiko proposent qu’ils aillent voir un spectacle en plein air, les « Nobuna Gaizers », des super-héros à la Kamen Yaiba, qui honorent la mémoire de Nobunaga. A la fin du spectacle, Mitsuhiko va les remercier.

Sur le chemin du retour, alors qu’il fait nuit, Mitsuhiko se rend compte qu’il a oublié de leur faire signer son album photo. Il va donc les voir dans leur tente pour l’autographe, Agasa et les autres l’attendant au bout du pont qui mène à la tente.
Au bout de dix minutes, Conan prend peur et ils courent vers la tente. Ils n’y trouvent personne, mais le sac à dos de Mitsuhiko est au sol, avec son portable et son badge.

La police envoie alors Tamekichi Matsuhiro, un policier que Conan avait déjà rencontré dans une précédente affaire dans la région. La police enquête pendant la nuit, mais ne le trouve pas. Le lendemain matin, Matsuhiro leur apprend que les Nobuna Gaizers aussi, ont disparu.
Dans la matinée, le musée municipal consacré à Nobunaga voit deux de ses objets phares volés. Conan demande à Agasa de demander à voir l’enregistrement des caméras de surveillance.

Les vidéos montrent les Nobuna Gaizers, en costume, voler la statuette en or et la tuile dorée. Mais Conan se rend compte que les Gaizers droitiers sont là gauchers, et vice-versa. Conan pense savoir qui est le coupable.

Au même moment, Mitsuhiko se réveille, ligoté dans un entrepôt. Les criminels sont en train d’y poser une bombe.

Les Detective Boys se rendent dans un grand bâtiment, et y coincent le coupable : le manager des Gaizers, qui a fait croire que les Gaizers étaient les responsables pour voler des objets précieux et les vendre sur le marché noir. Cependant, le manager ne sait pas où les Gaizers et Mitsuhiko ont été enfermés, car ce sont les imposteurs qui se sont occupé de tout.

La bombe explose dans l’entrepôt. C’est une petite bombe, dont l’objectif n’était pas d’exploser, mais de mettre le feu à l’entrepôt. Les Gaizers se font la courte échelle et Mitsuhiko jette des avions de papier depuis la fenêtre pour que Conan et les autres le repèrent.
Une fois cela fait, les pompiers arrivent et font sortir les kidnappés. Les Nobuna Gaizers donnent un cadeau publiquement à Mitsuhiko pour le remercier de son aide.

I – Graphiquement

L’épisode 871 est, sur le plan graphique, très appréciable. Il ne cherche certes pas à faire des belles scènes avec des traits noirs, mais les personnages sont, la plupart du temps, bien dessiné. Comme toujours, Keiko Sasaki fait un travail plus qu’honorable, et connaît le design des personnages de la série. Elle réussit à donner un nouveau look au policier Matsuhiro, que l’on n’avait plus vu depuis presque 400 épisodes, et l’animation est fluide.
On sent bien qu’elle n’a pas corrigé certaines scènes où les visages sont mal dessinés, mais l’on imagine bien qu’avec le soin qui a été apporté aux autres scènes, elle n’a pas eu le temps de rentrer dans les détails de certaines frames de certaines scènes.

Si nous sommes la plupart du temps élogieux sur la question des décors de la série, nous allons cette fois nous abstenir. Le résultat est entre le « très beau », et le « bizarre ».
Les décors « très beaux » sont ceux qui tirent profit de la diversité des zones visitées dans Gifu en si peu de temps.
Mais alors, quels sont les décors « bizarres » ?
Les décors les plus étranges de l’épisode sont ceux qui n’ont pas été peints, mais qui ont été basés sur des photographies. Parce que l’épisode se déroule dans une ville qui existe vraiment au Japon, l’équipe de production de l’animé a cédé à la facilité et a utilisé des photos, les a digitalisées, et les a retouchées pour qu’elles se mêlent bien aux personnages. Ca aurait été une réussite, si ça n’avait pas été raté : comme les personnages sont dessinés à la main (bien qu’animés à l’ordinateur), et sont colorisés avec des couleurs très flashies, on ressent bien trop souvent que les personnages évoluent sur une feuille blanche et que les décors ont été rajoutés a posteriori. Cela gâche parfois l’expérience de visionnage :

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Le storyboard de l’épisode ne se fait pas trop remarquer. Il n’est ni trop statique, ni trop dynamique. Aucune scène ne sort du lot, et le storyboardeur est resté dans le basique. C’est étonnant, quand on sait qu’Ôkuwaki est de ceux qui tentent, dans leurs épisodes, de faire des effets visuels. Mais, comme nous l’avons déjà écrit, un storyboard qui ne se remarque pas est un bon storyboard. Comme d’habitude, Ôkuwaki remplit toutes les cases.

II – Scénaristiquement


Avant même d’aborder l’épisode, le nom rassure : Junichi Miyashita est aux commandes. Après avoir scénarisé les épisodes 869 et 870, il scénarise son troisième épisode d’affilée, fait rarissime pour l’auteur dont les interventions dans la série sont peu fréquentes.
Avant toute chose, nous pouvons préciser que le thème de l’épisode n’est probablement pas le choix du scénariste. L’épisode 871 fait penser à un Mystery Tour, car il en partage les codes : des photographies sont utilisées comme décor, le paysage est vanté, la localité est visitée. Etant donné l’accent qui est mis sur la beauté incroyable de la magnifique ville géniale et spectaculaire de Gifu, on peut imaginer que l’entreprise qui produit Conan, TMS Studios, a dû conclure un partenariat avec la municipalité de Gifu pour qu’un épisode de Conan s’y déroule.
Il faut donc bien comprendre que pour un scénariste, le fait d’avoir des éléments scénaristiques imposés (= être obligé de créer un scénario autour d’une visite dans tel musée, d’une scène sur tel pont, d’une bataille dans tel hôtel), est terriblement handicapant. C’est pour cette raison, entre autres, que les Mystery Tours écrits par des mauvais scénaristes sont si mauvais.

Mais nous sommes là avec Miyashita, et Miyashita étant Miyashita, il nous fait du Miyashita. C’est-à-dire : du très bon.
L’épisode 871 n’est pas aussi bon que ses deux épisodes précédents, c’est certain. Mais l’auteur réussit à nous intéresser à une affaire en une seule partie, et dont l’enjeu est très faible. Mitsuhiko se fait kidnapper, mais on sait très bien qu’il sera libéré. La question est donc : comment l’auteur va-t-il mener l’histoire ?
Et justement, l’histoire est bien menée. Il est assez impressionnant de voir comment Miyashita a réussi, en cinq minutes, à mettre en place l’intrigue, puis à nous intéresser à cette affaire plate. C’est là le génie des bons scénaristes, que de transformer le cuivre en or. Tristement, le scénariste utilise la facilité scénaristique du kidnapping d’un des personnages principaux. Peu inventif : Conan est certes le champion de la série, avec au moins cinq à son actif, mais Ayumi, Ran et Sonoko aussi, ont eu leur part de séquestration. Mais au moins, cela donne à l’épisode une tension dramatique.

Le parti pris de Miyashita est d’explorer la ville de Gifu à travers son histoire. L’épisode est donc dédié à la célébration du 450ème anniversaire de la date clef de 1567, à laquelle l’un des trois grands unificateurs du Japon, Nobunaga, a pris possession du château de Gifu. Cette idée est bonne. Le défaut principal de l’épisode n’est donc pas là.

Là où le scénario pêche, c’est qu’il est trop condensé. Trop rapide, il ne réussit pas à implanter tout ce qu’il vaudrait. Cela n’est pas dû tant à Miyashita, qu’au fait que l’équipe de production de l’animé lui ait demander de ne scénariser qu’un épisode, et non pas deux. Cependant, comme la plupart des fillers en une partie de Miyashita, l’épisode 871 aurait gagné à être divisé en deux parties. La résolution est trop rapide, le coupable trop simple, et l’apogée du film trop décevante du fait de sa rapidité. La faute est cependant partagée avec Miyashita : parce qu’il est si bon et si ambitieux, il ne peut s’empêcher d’écrire un scénario élaboré, au risque même de devoir accélérer son déroulement sur les huit dernières minutes.

Quelque chose vient cependant effacer à nos yeux les maigres erreurs de l’épisode : la réapparition de Tamekichi Matsuhiro. Le policier de Gifu fan de Kogorô était déjà apparu dans Détective Conan, dans l’épisode 349. Cet épisode datant de 2004, il a attendu 13 ans dans les placards de l’imagination de l’auteur pour revenir. Le fait que Miyashita fasse réapparaître ce personnage qui était destiné à être, comme beaucoup trop de personnages de Conan, un « personnage jetable », montre une fois de plus sa maîtrise de la série. L’idée de faire réapparaître des personnages jetables est admirable, et il faudrait que plus de scénaristes de fillers le fassent. Cela permettrait de créer une forme de continuité entre les épisodes de Conan, et ainsi de fonder un univers interconnecté et profond où des personnages de fillers peuvent évoluer et avoir une petite histoire en parallèle au fur et à mesure des années.

D’un point de vue anecdotique, on remarque deux choses.
Tout d’abord, Genta fait la curieuse remarque à Ayumi qu’il « ignorai[t] qu[‘elle] aimai[t] l’Histoire ». Haibara lui répond que de plus en plus de filles aiment ça. Cela renvoie probablement à une réalité sociale au Japon difficile à saisir pour des Occidentaux : l’étude de l’Histoire serait-elle vue comme masculine dans l’Archipel ?
Deuxième anecdote, l’épisode donne une année : 2017. Il ne faut néanmoins pas tirer de conclusion de cette date : les épisodes de Détective Conan se déroulent dans une bulle temporelle, ce qui permet à la série de durer si longtemps alors que les personnages ne vieillissent pas. Le fait que l’année soit donnée, et que l’épisode fasse référence à Nobunaga, doit cependant nous remettre en mémoire que Détective Conan est vu au Japon comme un petit animé familial sympathique, sans ambition, et qui est là pour accompagner la vie des Japonais. L’Organisation et la trame sont bien loin.

III – Bilan

L’épisode est bon, et fait partie des meilleurs fillers de la saison. Cela n’est en rien étonnant venant de Miyashita. Le kidnapping de Mitsuhiko est bien géré, et c’est probablement cela qui donne le plus de plus-value à l’épisode. Parce que Mitsuhiko est mis en danger et que son personnage est un peu développé, l’épisode se démarque des autres fillers banals que l’on a l’habitude de voir. Le fait que ce soit un Mystery Tour déguisé ne change rien à la qualité du rythme des évènements, car Miyashita réussit à incorporer les aspects « Mystery Tour » de l’épisode très naturellement dans l’histoire. 7/10.