Détective Conan épisode 874 : Conan, Heiji et la légende du Nue (Troisième partie)

L’épisode 874 de Détective Conan est sorti le 23 septembre 2017 et s’appelle « La Légende du Nue d’Heiji et de Conan, Troisième partie ».
Il est tiré des files 961 et 962 du volume 91, et est storyboardé par Umesaburô Sagawa. Les directeurs de l’animation sont Kôsei Takahashi et Kenichi Ôtomo.

Kazuha et Ran apportent aux détectives ce qu’il leur faut pour montrer comment les meurtres ont été commis. Kazuha trouve dans un placard une photo de l’équipe de mineurs disparue, avec Charles Abel, qui ressemble beaucoup à Tsurumi, au centre.

Heiji et Conan s’activent, parce qu’ils ne peuvent montrer le stratagème utilisé par le coupable que de nuit. Cela embête Heiji, parce qu’il avait quelque chose à faire que Conan ignore.

Le maire fait sortir tout le monde de l’hôtel à la demande d’Heiji. Le feu se déclenche comme lors de la dernière apparition du Nue, et l’animal apparaît. « Heiji, sauve-nous ! », crie Kazuha. Heiji se montre et explique que le Nue n’était que le chien couvert d’une fausse peau.

Aussi, le stratagème utilisé pour le rendre plus grand était une illusion d’optique : un drap avait été posé contre le mur de l’hôtel et peint, de sorte à ce que, par illusion d’optique, on croit le chien plus grand. La coupable est donc Masuko, qui a un diplôme d’art, et qui a peint le décor convainquant. Masuko est la mère du journaliste, et elle voulait venger son mari, Charles Abel, que les autres mineurs ont laissé mourir sur place alors qu’ils auraient pu le sauver.

A l’aube, Ran demande à Conan où sont passés Kazuha et Heiji. Conan lui répond qu’ils sont au lac Kurogane, mais qu’il ne vaut mieux pas les déranger, parce qu’Heiji va lui avouer son amour. Mais alors qu’Heiji va le dire à Kazuha, l’armée de terre arrive et le coupe dans son élan.

A Kyôto, le jour-même, une lycéenne appelée Momiji Ôoka lit un article sur Heiji dans sa limousine. « Toujours aussi célèbre, mon futur mari… ».

I – Graphiquement

L’épisode 874 fait-il mieux que l’épisode 873 ? Pas vraiment.
Nous pouvons, maintenant que l’affaire se clôt, dire que l’affaire du Nue est une des pires affaires avec Heiji graphiquement parlant. Les dessins ont été très moches dans l’épisode 872, moches mais un peu mieux dans le 873. Ici, ils sont moches, sans plus. Certaines scènes sont plutôt bien faites, mais le visage des personnages est mal fait, les yeux sont mal dessinés, les corps sont mal animés. Est-ce à Ôtomo, qui est généralement plutôt bon, ou à Takahashi, que l’on connaît assez peu, que l’on doit imputer l’échec ? On ne le saura jamais. Mais ce que l’on sait, c’est ce que l’on voit ; et ce que l’on voit n’est pas beau à voir.

Ce qui sauve visuellement l’épisode, ce sont les scènes dessinées par Muta. Son implication dans l’affaire a augmenté épisode par épisode. Très discret dans le 872, il est là très présent sur les scènes de fin, où Heiji tente de déclarer sa flamme à Kazuha. Mais dès que cette scène est finie, il relâche l’épisode, et laisse à Ôtomo la scène avec Momiji. Voilà qui est bien dommage, lorsque l’on sait l’importance qu’elle aura dans le futur.

Peut-être que cette chute visuelle est due au film 22, en préparation à l’époque, et qui mobilisait probablement une bonne partie des meilleurs animateurs de Détective Conan. Une fois de plus, nous ne le saurons vraiment jamais. Il en reste que les 872, 873 et 874 ne sont pas glorieux pour Détective Conan, quand bien même, on le verra après, leur scénario est plus que respectable.

II – Scénaristiquement

L’épisode est, sur le plan scénaristique, bon. Alors qu’on aurait pu craindre que le fait qu’il n’adapte qu’un chapitre et cinq pages aurait forcé l’organiseur de l’épisode à insérer des scènes à rallonge dans l’épisode pour que celui-ci dure les 24 minutes réglementaires, ce n’est pas le cas : à part une petite scène où Heiji se pique avec une aiguille pendant qu’il cout le drap qui servira à montrer le stratagème du coupable, rien n’a été rajouté.

Le stratagème du meurtre est un peu tiré par les cheveux, mais reste très appréciable. Tout tient, globalement, la route. Le plus impressionnant dans tout cela est la maîtrise d’Aoyama : pour faire comprendre aux lecteurs que le meurtre reposait sur une mauvaise évaluation des distances et des proportions, il a dessiné plusieurs fois dans les chapitres un Conan géant se tenant derrière un Heiji minuscule. On comprenait ainsi que si Conan semblait gigantesque, ce n’était pas qu’il avait grandi, mais parce qu’il se tenait plus près de la caméra.
Heureusement, ces petits indices ont été respectés, et l’animé a fait la même chose pour donner des indices égaux aux spectateurs.

La résolution de l’affaire montre l’ingéniosité, mais aussi un défaut d’Aoyama.
L’ingéniosité, parce que « Nue » devient « tetsuno » (métal) lorsque le papier est retourné. Cela avait certes été découvert à l’époque par les fans, mais l’idée est très bien trouvée.
Le défaut majeure de l’affaire, c’est qu’elle a été construite sur un format de cinq chapitres, alors qu’elle en aurait mérité encore un autre pour pouvoir étaler l’affaire, développer les personnages, et ainsi rendre la révélation selon laquelle le reporter est le fils de la victime plus poignante. Comme Aoyama n’a rien fait pour rendre le personnage appréciable, on ne sent pas d’émotion pour lui – c’est bien dommage.

Les deux chutes de l’épisode sont bonnes.
La première chute, c’est Heiji qui échoue à avouer son amour à Kazuha. C’est frustrant car on aimerait qu’ils se disent enfin leur amour, mais c’est une partie intégrante d’une « love comedy » que d’avoir deux personnages qui se courent après sans réussir à se poser. On peut donc s’attendre à plusieurs affaires avec Heiji avant qu’il ne fasse le pas… à moins qu’Aoyama nous surprenne et que Kazuha soit celle qui le fasse en premier.
La deuxième chute, c’est l’apparition de Momiji dans sa limousine (qui, au passage, a enfin une plaque d’immatriculation – elle n’en a pas dans le film 21). Le personnage est intriguant et ouvre bien sur le film 21.
Le problème, c’est que si le chapitre avec Momiji est sorti avant que le film 21 ne soit diffusé dans les salles obscures, l’épisode, lui, est sorti en septembre 2017, c’est-à-dire quatre mois après la sortie du film. Cela pose un léger souci chronologique : le prologue du film 21 est l’épisode 855, et le film 21 se déroule dans la semaine qui suit la fin de l’épisode. L’épisode 874, qui est un deuxième prologue au film, aurait donc dû être adapté une ou deux affaires avant l’épisode 855, en février/mars 2017. C’est un échec de l’équipe de production de l’animé, donc.

III – Bilan

Un épisode bon, avec une enquête intéressante. L’affaire est, globalement, bonne. Elle n’est pas ce qu’Aoyama peut faire de mieux sur les grosses affaires en cinq ou six parties, l’arc de Kyôto et l’affaire du manoir du vampire l’ont montré, mais elle reste bonne. La double chute de l’épisode fait de lui un incontournable pour les fans de la série. 8/10.