Détective Conan épisode 875 : La Mystérieuse statue d'une divinité annonciatrice

L’épisode 875 de Détective Conan est sorti le 30 septembre 2017 et s’appelle « Le Mystérieux Bouda prophétique ».
Il est scénarisé par Toyoto Kogiso, et est storyboardé par Mitsuko Kase. Les directeurs de l’animation sont Michitaka Yamamoto et Shigenori Taniguchi.


Kogorô, Conan et Ran ont été invités dans un temple de montagne. Ils y rencontrent la femme du prêtre, Masako Fukuhara, et sa fille, Yuka. Ils sont inquiets car parfois une statue de Kannon change de sens, comme si elle s’était tournée toute seul. Lorsque cela arrive, quelque chose de mauvais se déroule.

Une tension semble exister au sein de la maison : le prêtre est vu en train de réprimander violemment Eizen, son fils, pour avoir commis un vol. Il semblerait que, au chômage et sans activité, il ait décidé de piquer dans la caisse du temple.
La fille du prêtre explique qu’un prêtre stagiaire habite aussi dans le temple : Junko Wakuda, 28 ans.

Le soir-même, tous, à l’exception du prêtre, mangent ensemble. Le prêtre n’est censé les rejoindre qu’une fois sa prière finie. Il arrive, et dit qu’un détective n’a rien à faire là : si la statue s’est retournée, c’est un mauvais présage, et il n’y a rien à y faire.
Le prêtre annonce la date du mariage de sa fille et de Junko, qui semble être un mariage arrangé.

Yuka et Masako expliquent que la première fois que la statue s’est retournée, un homme s’est fait manger par un ours dans la campagne environnante. La deuxième fois, un typhon a provoqué un glissement de terrain, faisant un autre mort.

Alors que Kogorô dort sur la table à cause de l’alcool qu’il a bu, Conan et Ran entendent Yuka crier. Elle se trouve dans la petite loge en face de la maison. Le petit détective y accourt, et voit le prêtre, un couteau planté dans le cou. Il remarque un morceau de scotch sur le chandelier au-dessus du cadavre, ainsi qu’un fil de pêche attaché au système qui frappe automatiquement la cloche toutes les heures.
Kogorô, en apprenant que ce stratagème peut être utilisé par n’importe qui, accuse Junko sous le prétexte qu’il est le seul à fréquenter le temple, le prêtre mis à part. Contre toute attente, Junko tombe à genoux et avoue son crime. Mais Conan se rend compte qu’il est impossible de tuer quelqu’un en laissant tomber le couteau du chandelier, car la hauteur n’est pas suffisante pour que la blessure soit mortelle.
Conan endort alors Kogorô et résout l’affaire : la coupable est la femme du prêtre, qui a tué son mari car celui-ci était colérique et violent.

I – Graphiquement

Que dire de cet épisode, graphiquement, si ce n’est que ses animateurs-en-chefs sont Yamamoto et Taniguchi ? On sait à quoi s’attendre de ce duo, qui a du mal avec le design des personnages et dont les coups de crayon ont trop tendance à déformer les visages. Sur certains plans, Ran a le menton trop long ; sur d’autres, Kogorô a le front trop large. Quelle motivation a l’équipe de production de l’animé pour engager Taniguchi et Yamamoto, lorsqu’Ôtomo et Sasaki, par exemple, sont disponibles ?

La conséquence de la basse qualité de l’animation est que les personnages ont trop tendance à sortir des décors. Le phénomène est moins présent dans les scènes de nuit que dans les scènes de jour, et au début de l’épisode qu’à la fin. On sent parfois trop que l’animation a été rajoutée par-dessus un décor, et cela peut gâcher l’expérience de visionnage de certaines scènes. Peut-être les décoristes devraient-ils baisser la qualité de leur dessin de sorte à ce que les personnages mal dessinés ressortent moins dessus ?

Mais si le dessin n’est pas très bon, le storyboard, lui, l’est. Kase réussit toujours ses épisodes. Comme d’habitude, il met en œuvre toute sa technique pour multiplier les plans et les varier, ainsi que pour créer des plans agréables aux yeux (notamment des travellings, qui manquent trop à la série). C’est du bon travail de sa part, même si on aimerait que les fillers, par leur scénario, donnent plus d’occasions à Kase de montrer toute sa maestria.

Deux petits éléments intéressants ressortent de l’épisode.
Tout d’abord, Conan a des larmes sur un plan. Elles apparaissent subitement et disparaissent sur le plan suivant, ce qui signifie que, en toute probabilité, les animateurs les avaient mises dans la version originale, que l’éditeur d’Aoyama qui fait partie du comité de production de l’animé a rappelé que Conan ne devait jamais pleurer, et que donc un animateur-en-chef a corrigé les plans où Conan a des larmes, en oubliant celui-ci :

[Image larmes]

Le deuxième élément sympathique de l’épisode est la scène du meurtre. Comme nous l’avons déjà expliqué par le passé, Suwa, le producteur de la série, rechigne à montrer frontalement le meurtre en train de se faire. C’est pour lui une question de respect des spectateurs, et il ne veut pas leur montrer du sang ou trop de violence à l’heure où des Japonais mangent. La volonté est louable, sauf lorsqu’elle fait baisser la qualité de la série (l’exemple le plus frappant est la coloration noire du sang normalement rouge).
Ceci étant, cette contrainte que l’équipe de production se fixe a comme conséquence positive que les storyboardeurs doivent redoubler d’ingéniosité pour représenter les meurtres. C’est ainsi que, bien souvent, un filtre monochrome ou un jeu d’ombres est utilisé pour représenter l’acte de violence. Paradoxalement, parce que des effets visuels sont utilisés pour maquiller le meurtre, la scène n’en devient que plus évocatrice.

II – Scénaristiquement

Le scénariste de l’épisode est Toyoto Kogiso. Si l’homme a un don pour créer une bonne ambiance et nous plonger immédiatement dans une atmosphère Conan-esque, son défaut majeur est d’avoir du mal à écrire des affaires policières. Ses épisodes sont donc bons, voire très bons, mais le stratagème du meurtre a tendance à être peu inventif, et le mobile du crime mauvais. C’est ce que l’on remarquera, par exemple, dans l’épisode 912.

Ici, Kogiso se fait violence pour nous mettre en scène un meurtre. Il ne réussit pas à créer une enquête de grande qualité, mais, comme bien souvent avec lui, l’ambiance excellente qu’il réussit à mettre en place, fruit d’une utilisation intelligente du lieu où se déroule l’affaire doublée d’une bonne gestion des personnages, nous fait oublier la simplicité de l’enquête.
Le nœud de l’épisode est déjà-vu, mais Kogiso réussit à le retourner en sa faveur pour le rendre efficace. Kogorô accuse quelqu’un sans aucune preuve, et il se trouve que, contre toute attente, l’accusé avoue son crime. Et on apprend ensuite que s’il a bien tenté de tuer la victime, ce n’est pas lui qui a réellement porté le coup. Une double-surprise bien orchestrée, et dont Ôgizawa devrait s’inspirer. Elle nous fait, par le même coup, oublier la simplicité du meurtre.

Kogiso réussit à gagner la sympathie du spectateur grâce à plusieurs éléments.
Tout d’abord, il prend le temps de mettre en place l’intrigue. Les fillers en une seule partie ont tendance à aller trop vite, parce que le scénariste a peur que tout ne rentre pas dans les 20 minutes imparties. Là, on a le temps de visiter le temple, la maison, la cascade non loin de là. Le thème de la religion bouddhiste, présente de temps en temps dans Conan, rajoute une plus-value à l’épisode.
Ensuite, il utilise un temple de campagne comme lieu de l’action. Ce n’est certes pas terriblement original, d’autant plus que la géographie des lieux ressemble terriblement à celle du jeu-vidéo GameBoy « Détective Conan : L’Affaire du meurtre dans le temple mécanique », mais cela change, et de façon positive, de Tôkyô et de sa banlieue, des meurtres en huis clos dans un appartement banal et des drames sociaux urbains.

[Image carte]

On remarque aussi que Kogiso réussit le coupable. Le mobile du meurtre étant assez stupide, on peut croire l’espace de quelques secondes que le scénariste a raté son coup et qu’une fois de plus il ne sait pas gérer une affaire de meurtre. Mais à ce moment-là, la coupable explose d’un rire dérangeant et psychopathique. C’est certes une facilité scénaristique de rendre le coupable fou (le scénariste n’a ainsi pas à se creuser la tête pour trouver un mobile cohérent), mais ça rend, pour le coup, très bien.

Aussi, et c’est impressionnant de la part d’un auteur de fillers, mais Kogiso réussit à créer une continuité entre ses épisodes. Lorsque Kogorô s’apprête à boire de l’alcool au repas, Ran insiste pour qu’il n’en boive qu’après avoir fini de manger. Cette petite remarque est reprise dans le prochain filler de Kogiso, l’épisode 912, qui commence justement sur Ran en train de répéter cela.
On remarque également que Kogiso se permet de faire une référence à Shinichi, et de finir l’épisode sur ça : Conan explique pourquoi la statue de la divinité se retournait, et Ran est surprise que Conan maîtrise des notions de physique ; alors, il dit que c’est Shinichi qui lui a donné l’explication au téléphone, ce à quoi Ran répond qu’elle aurait préféré que Shinichi vienne la voir en chair et en os.

Le seul élément véritablement raté de l’épisode est une scène qui se voulait émouvante, et qui, finalement, ressort comme plate et ratée. Lorsque Conan enquête dans le jardin près de la cloche, la fille du prêtre vient le voir et se remémore des souvenirs de sa vie familiale. Elle se met soudainement à pleurer et part. Alors que ce devait être un point d’orgue tragique de l’épisode, qui aurait résonné avec la révélation de la culpabilité de la mère, la scène est un ratage à cause du storyboard, des répliques et de la musique qui ne collent pas du tout.

[13 :05]

III – Bilan

L’épisode est bon, l’affaire est un peu banale. Mais on oublie rapidement sa banalité grâce à la diversité des décors et à l’ambiance, très proche des premiers épisodes de la série, qui se dégage de l’épisode. Certes, l’enquête est d’une qualité inférieure à ce que l’on a pu voir récemment dans les fillers, mais la révélation du coupable mérite le coup d’œil. Les petites références à Shinichi et à des futurs épisodes de la série suffisent pour montrer la maîtrise que Kogiso a de l’univers. Un filler sympathique. 6,5/10.