Détective Conan épisode 876 : Le Témoin mécanique

L’épisode 876 de Détective Conan est sorti le 7 octobre 2017 et s’appelle « Le Témoin oculaire mécanique ».
Il est scénarisé par Hiro Masaki, et est storyboardé par Yasuyuki Honda. Les directrices de l’animation sont Chiemi Hironaka et Asuka Tsubuki.


Kogorô, Conan et Ran sont invités par Kyôichi Kusumi, le PDG d’une entreprise de jouets mécaniques, à visiter son usine. Alors qu’ils entrent dans un des laboratoires de recherche et développement, ils croisent une sorte de souris mécanique qui peut se déplacer de façon autonome.
Kogorô essaie de l’écraser avec sa chaussure, mais un ingénieur, Takeshi Tanizaki, vient sauver la souris. Fumika Horiuchi et Kazuomi Isshiki apparaissent : ils sont tous les deux ingénieurs, et critiquent le choix de Tanizaki d’avoir utilisé leur technologie de pointe pour créer quelque chose d’aussi repoussant.

Isshiki reçoit un appel d’une personne inconnue. « Ce soir, ce n’est pas possible… et si on repoussait ça ? ». Tanizaki a l’air intérieurement satisfait. « C’est la dernière fois qu’ils se moquent de moi », dit-il en ajustant sa souris.
Conan apprend aussi qu’Horiuchi est endettée à cause de ventes aux enchères, et demande une avance sur son salaire, refusée, à son patron.

Le patron fait venir Kogorô, Ran et Conan dans son bureau pour leur demander qui il a trouvé suspect. C’est pour cela qu’il a embauché Kogorô.
Le vieux détective considère que Tanizaki est le plus louche : il l’a filé dans la matinée, et il a vu l’homme en question chez Myôjo, un concurrent. C’est donc lui qui fait fuiter les secrets d’usine de l’entreprise Kusumi. 

Le patron veut appeler la police pour le faire arrêter, mais Kogorô le déconseille : il pourrait nier. Le mieux est de le prendre la main dans le sac. Kogorô se déguise donc en carton et se fond dans la masse de cartons de l’entrepôt. Seulement, Conan sent l’odeur du gaz : une fuite a été détectée, l’alarme retentit.

Kogorô réussit à ouvrir la porte avec un employé, et il découvre le cadavre de Tanizaki au sol. Conan trouve près de lui sa souris.
Megure et Takagi arrivent. La police scientifique pense que la victime est morte par suffocation.

Conan endort Kogorô et résout l’affaire. Le coupable est Isshiki. La victime avait créé la souris pour qu’elle traque le responsable des fuites. Mais Isshiki dit qu’il l’a juste frappé, pas étranglé. Le coupable est donc un des deux autres : le patron, ou la femme.

I – Graphiquement

L’épisode est un mix de bon et de mauvais. On pouvait s’attendre à quelque chose de bon pour les scènes dirigées par Tsubuki, et c’est le cas. On pouvait s’attendre à quelque chose de bof pour les scènes d’Hironaka, et en effet, c’est le cas. Seiji Muta s’occupe également de deux ou trois plans. Rien dans l’épisode n’impressionne outre mesure : sur une échelle de 0 à 10, 10 étant l’épisode le plus beau de Détective Conan, le 876 se situe probablement à 4,5. Medium, avec quelques scènes un peu bof, l’épisode ne surprend jamais et n’illumine pas notre rétine. Il semblerait qu’Hironaka se soit chargée des premières scènes, et que Tsubuki ait pris en charge l’épisode à partir de la fin du premier tiers. On finit donc le visionnage sur une bonne note.

Yasuyuki Honda fait un storyboard bon, mais peu inventif. Quelques scènes sont très mal storyboardées : ou le plan est très bizarre, ou le plan est trop fixe.

[Image 3 :17]

Aussi, une transition de l’épisode est mauvaise et saute aux yeux : sur le premier plan, le PDG de l’entreprise se lève du fauteuil et commence à s’éloigner, sur le plan suivant il est deux mètres plus loin. Ce genre d’erreur a déjà été remarquée chez lui, dans l’épisode 893.

[Images Pb de storyboard : 05 :33, 05 :34.]

On sait que la première rencontre est celle qui détermine notre opinion. Or, la première rencontre que l’on a avec cet épisode, c’est la scène où le PDG présente à Kogorô ses lapins mécaniques. Ils analysent Kogorô et lui tirent des dizaines de billes sur le visage. Or, sur le plan suivant, seule une arrive sur son front. Une fois de plus, une erreur de storyboard flagrante.

[Lapins]

II – Scénaristiquement

Scénaristiquement, l’épisode est fort sympathique. Il est intéressant, car le scénariste donne à l’épisode comme décor une entreprise de hautes technologies. Si nous avion déjà vu des meurtres dans des compagnies classiques, le thème du high tech mériterait d’être plus exploré dans la franchise.
Cependant, et c’est là qu’est l’erreur principale de Masaki, l’épisode ne tire pas assez profit de ces hautes technologies. Certes, la petite souris est omniprésente, mais c’est bien parce que Ran dit qu’elle contient de l’intelligence artificielle que l’on comprend qu’il s’agit d’une souris high tech. C’aurait très bien pu être un jouet tout banal.

Mais le principal défaut de l’épisode n’est pas là. La plus grosse tache sur ce tableau, c’est la mauvaise gestion du rythme. Très clairement, Masaki aurait dû être chargé de faire une affaire en deux épisodes, et non pas en une ; son scénario, un peu étoffé, aurait facilement convenu à un filler en deux parties. Il y a de l’inventivité, un bon storytelling, et un meurtre intéressant. Pourquoi se contenter d’un épisode ? D’autant plus lorsque l’animé doit multiplier les fillers pour éviter de rattraper le manga.
Parce que l’auteur a dû tout faire entrer dans vingt minutes, l’implantation du décor est très bonne, car elle dure jusqu’à environ 8 minutes, opening inclus. L’enquête finit à 13 minutes. C’est bien trop court ! On comprend que l’auteur ait voulu laisser du temps pour la résolution de l’affaire, car elle est très bonne ; mais peut-être aurait-il fallu couper certains plans au début pour fluidifier l’histoire.

Le défaut majeur de ce type de rythme est que l’on n’a pas le temps de faire connaissance avec les personnages. L’ingénieure et le PDG avaient l’air intéressants. On aurait aimé connaître plus la victime. Et pourtant, tout est expédié en une scène : chacun a un mobile parce que l’ingénieur doit repousser son rendez-vous pour rester au travail, l’ingénieure est endettée, et la victime est moquée sur son lieu de travail. Fort bien. Mais que fait le scénariste de cela ? Pas grand-chose, car il ne faut pas s’arrêter sur les personnages, mais foncer pour tout boucler en rapidité.

Le titre de l’épisode laissait présager quelque chose d’intéressant : une machine allait permettre de résoudre l’affaire. Or, ce n’est pas le cas : si Tanizaki allait bien utiliser sa souris pour détecter l’espion industriel, la souris n’aide en (presque) rien Conan à résoudre l’affaire. C’est une occasion manquée, mais avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle, on se doute que le thème sera repris plus tard.
Le fait qu’IA soit utilisée dans l’épisode, quoique modestement, nous rappelle que Détective Conan évolue avec l’époque. L’animé est encré dans son temps, et le scénario est bloqué dans une bulle temporelle : dans les premières saisons de la série, les personnages ne savaient pas ce qu’était Internet, et de nos jours, tablettes, drones et IA font leur apparition. Cela ouvre de nouvelles possibilités pour les scénaristes.

Ce qui est particulièrement remarquable dans l’épisode, c’est la mort de la victime. Si la plupart des épisodes de Conan se content de nos jours de quelque chose de sobre, l’épisode 876 n’a pas froid aux yeux et, vers la fin, nous montre comment la victime est véritablement morte. La scène est poignante : bien animée, bien storyboardée et bien mise en scène, peu de meurtres ont paru aussi douloureux à l’écran que celui-ci. Le fait que le coupable ne savait pas qu’il était en train de tuer la victime ne rend le tout que plus tragique.

III – Bilan

Un épisode plutôt intéressant, mais qui aurait dû être développé en deux parties. L’histoire est bonne, les personnages sont plutôt sympathiques, mais on a du mal à s’attacher à eux, du fait du peu de temps que l’on passe avec eux. Le meurtre est bon, et la révélation finale est de qualité. Un bon épisode filler. 6,5/10.