Détective Conan épisode 877 : Deux Destins qui se croisent

L’épisode 877 de Détective Conan est sorti le 14 octobre 2017 et s’appelle « Deux destins qui se croisent ».
Il est scénarisé par Nobuo Ogizawa, et est storyboardé par Shigenori Kageyama. Les directrices de l’animation sont Akio Kawamura et Masanori Hashimoto.


Dans une maison de campagne japonaise, une vieille dame, Yoshi Kôda, inconsciente, est affalée sur un journal. Un homme masqué fouille sa maison. Alors qu’elle se réveille et qu’elle essaie de s’échapper, l’homme la frappe à la nuque. Il part en courant, mais rencontre sur son chemin Genta, qu’il fait tomber sur le côté. Il le poursuit, alors, dans la préicipitation, le coupable tombe sur quelqu’un et roule avec cette personne dans un talus, perdant conscience.

A la gare de Beika, Genta retrouve les Detective Boys et leur explique sa mésaventure. Ils décident de chercher l’homme en question à partir de sa description physique : il porte une veste rouge. Cependant, à Oku-Beika, campagne accessible en train depuis Tôkyô, le coupable, qui s’est réveillé de sa concussion, a décidé d’échanger ses habits pour ceux de la personne dans laquelle il est entré en collision. Ainsi, il fait croire que c’est lui le coupable.

Alors que les DB arrivent sur place, Takagi et Chiba se garent près d’eux. Ils expliquent que l’homme avec un jean et une veste rouge est un voleur, qui a cambriolé une maison du voisinage. Au même moment, l’homme qui a été renversé par le coupable et qui est habillé des vêtements du coupable se rend à la police, mais celle-ci pense qu’il est le coupable. Il s’enfuit donc, commettant par là-même plusieurs délits.

Les enfants se rendent avec les policiers à la demeure de la vieille dame volée, qui dit que le coupable a pris une pièce de collection qu’elle détenait. Takagi et Conan discutent, et il lui explique que, parmi les passants qui regardent la scène, se trouve Masuzô Ujihara, qui travaille dans la finance et qui a des activité louches.

Conan déduit que les deux hommes qui se sont entrés dedans sont en réalité deux cambrioleurs à la solde d'Ujihara, et il expose sa déduction devant les policiers. L'homme qui a été considéré comme le coupable à cause de ses vêtements n'a, in fine, rien cambriolé, mais il a commis des délits en essayant de s'enfuir. Il sera donc jugé par les tribunaux.

I – Graphiquement

L’épisode 877 est, d’un point de vue graphique, satisfaisant. Il n’est pas le plus bel épisode de la saison, c’est certain. Mais le nom de Kawamura inspire tout de même la confiance, et avec son comparse Masanori Hashimoto, les deux font un bon travail. Jamais l’œil n’est choqué, contrairement aux épisodes de Taniguchi et Yamamoto ; à peine la rétine souffre-t-elle un peu sur certains plans. Rien de bien grave.
On remarque aussi dès l’introduction la maîtrise que Kageyama a de son storyboard. L’homme ne travaille généralement sur Conan que pour les épisodes importants tirés du manga. Mais comme les épisodes tirés du manga sont obligés de suivre case par case le manga, Kageyama n’a jamais l’occasion de montrer son potentiel. Là, si, et l’introduction en est un bon exemple. On regrette cependant qu’il n’ait pas plus laissé cours à sa créativité.

L’épisode n’est pas exempt de défauts. On remarque un faux raccord avec Ayumi, où elle se déplace de la gauche à la droite de Conan d’un plan sur l’autre :

[04 :00 à 04 :06]

Aussi, Genta a été fait, sur certaines scènes, trop grand.

[04 :49, Genta trop grand]

Genta est aussi terriblement mal utilisé dans la scène d’action de fin : pour mettre K.O. le coupable, il lui saute sur le ventre. Cependant, Genta fait un saut d’un mètre de haut pour lui atterrir, quelques mètres plus loin, sur le ventre. L’animation est, pour le coup, risible :

[16 :35]

Ces petites erreurs témoignent d’un manque de soin qui aurait dû être corrigé par les directeurs de l’animation, mais qui ne l’ont pas été. Ne nous plaignons cependant pas trop, car, par rapport à certains autres épisodes, Kawamura s’en sort très bien.

On remarque que l’épisode a tenté d’innover graphiquement. Lorsque le deuxième coupable s’enfuit, à chaque infraction commise, s’affiche sur l’écran l’article du Code pénal qui punit l’action faite par le coupable. Non-seulement cela collait très bien à l’épisode, mais en plus, c’est très cohérent avec l’esprit de Détective Conan et sa vocation d’éducation populaire au droit et à la justice. Cette innovation graphique pourrait sans problème être réutilisée de temps en temps dans la série.

Pour l’anecdote, lorsqu’ils entrent dans le hall de l’entreprise financière du coupable, on remarque en arrière-plan un panneau qui donne des indications de direction. Sont écrites les lettres « Studios MOA MOA ». C’est une référence au Studio MOA qui a travaillé sur l’épisode.

II – Scénaristiquement

Le scénario est du Ôgizawa. Comprenez par là qu’il oscille entre le banal et le mauvais, et que (presque) rien ne saurait donner à cet épisode une rédemption. Les incohérences sont nombreuses : après avoir volé la vieille dame, le coupable retire son masque en courant sur le chemin du retour. Pourquoi le retirer ? Pourquoi ne pas marcher normalement à visage découvert ? Pourquoi aller dans les bois, plutôt que d’emprunter une route passante ?
Une fois arrivé au pont, il fait tomber Genta. Pourquoi le faire tomber ? S’il était juste passé à côté de lui à visage découvert en sifflotant, personne n’aurait jamais su qu’il était sur les lieux du crime ce jour-là. Dès le début, Ôgizawa se noie dans son verre d’eau.

L’épisode continue de s’enfoncer vers la fin. Lorsque les DB et Takagi se retrouvent près de la maison de la vieille dame, Takagi dit à Conan que le vieil homme au design de méchant est un Grand Méchant Monsieur qui force ses clients désargentés à voler. Mais alors, pourquoi n’a-t-il pas déjà été arrêté ? Aussi, que fait la section homicide de la police sur place, alors qu’il n’y a eu aucun mort ? Tout, dans l’épisode, montre qu’Ôgizawa n’a même pas pensé à lire Détective Conan ces dernières années.

Une bonne scène vient cependant faire sourire. Mitsuhiko propose de donner au coupable « Gonpei » comme nom de code. Haibara répond « Et pourquoi pas Gonta, vu qu’il a poussé Genta ? », auquel Conan répond qu’ « on dirait le professeur ». Ce n’est pas incroyable, mais ce petit échange est bon, car il insère cet épisode filler dans le grand tout qu’est l’univers animé étendu de Détective Conan. Seulement, parce que c’est Ôgizawa, il ne peut s’empêcher de détruire la scène en faisant en sorte qu’Haibara soit, dans la scène suivante, dessinée ainsi :

[04 :52]

En termes de rythme, on remarque qu'Ôgizawa le gère plutôt bien tout au long de l'épisode, à une exception près : lorsque le coupable explique ce qu'il s'est passé au moment du vol, au lieu de dessiner des toutes nouvelles scènes qui auraient permis au spectateur de se replonger dans l'histoire avec un regard différent, les mêmes scènes que celles montrées au début de l'épisode sont rediffusées sous forme de flashback... et ce pendant une minute. C'est un point noir de l'épisode : le spectateur n'étant pas un poisson rouge, il se souvient de ce qu'il a vu quinze minutes plus tôt. 

III – Bilan

L’épisode n’est pas très bon, mais il peut, s’il est regardé pour faire passer le temps, se révéler être une bonne distraction. Il propose quelque chose d’un tout petit peu différent, et cela est honorable. Mais comme bien souvent chez Ôgizawa, « différent » rime avec « effarant », et le mauvais script prend le dessus sur le fun. Dommage. 5/10.