Détective Conan épisode 886 : La Solution de l'énigme au café Poirot (Deuxième partie)

L’épisode 886 de Détective Conan est sorti le 23 décembre 2017 et s’appelle « La solution de l’énigme au Café Poirot, Partie 2 ».
Il est tiré des files 982 et 883 du volume 93, et est storyboardé par Masaharu Okuwaki. La directrice de l’animation est Akane Imada.


Conan se demande qui peut être ce Shinichi Wada. Il s’empresse pour résoudre l’affaire : lequel des trois suspects est le coupable ?
Les plus évidents seraient les deux suspects qui étaient à côté de la victime à table, mais ils n’ont rien qui aurait pu servir d’arme. Le plus suspect est donc celui qui était aux toilettes, mais le judas dans la porte ne permet pas de voir à l’intérieur du restaurant car il est opaque.

Le petit détective comprend que le coupable est bien l’homme qui était aux toilettes, et qu’il a utilisé le scotch utilisé pour emballer le cadeau d’anniversaire de la victime pour voir à travers le judas.

Conan expose la vérité avec l’aide d’Heiji et d’Amuro. En sortant, Ran dit à Takagi que Shinichi Wada était probablement un faux nom, car c’est le nom donné par le premier traducteur japonais des aventures de Sherlock Holmes à Watson. Ce Shinichi Wada retire son costume arrivé à un aéroport : son nom est Iori Muga, et il est le majordome d’une certaine Momiji Ôoka.

I – Graphiquement

Si l’épisode précédent, dont l’animatrice en chef était la très bonne Keiko Sasaki, avait une qualité naviguant entre le plutôt bon et le bon, cet épisode-ci subit un downgrade immédiatement visible. Dès les premières scènes de l’épisode, on remarque la patte plus ronde, moins précise, et moins Conan-esque d’Imada. Elle est pourtant très gradée, car elle dispose dans quasiment tous les épisodes qu’elle a dirigés de l’aide d’une assistante, Yui Ushinohama. Peut-être que la qualité graphique de cet épisode est due à l’absence d’Ushinohama.

Ce qui est étonnant, cependant, c’est que si la qualité graphique générale baisse, l’épisode a des scènes magnifiques en traits noirs, ce que l’épisode précédent n’avait pas. Passer d’une scène au chara design foireux à une scène magnifique qui fait honneur au manga est très étrange, et met en relief les dessins hasardeux qui précèdent et suivent.

Quelques fois, les personnages sortent du décor, ce qui était peu ou pas le cas dans l’épisode 885. Rien de très choquant cependant, si l’on compare à certains des fillers à venir. Le décor est de bonne qualité, car il s’agit du Café Poirot, que les décoristes ont l’habitude de dessiner.

Si un reproche peut être faite au storyboard, c’est celle de la résolution. Très correct pendant tout l’épisode, sa qualité en prend un coup lorsqu’Heiji annonce qui est le coupable. Alors que la scène a, comme toujours, beaucoup de poids dramatique dans le manga, le storyboard a été fait de sorte à ce que la scène n’ait aucune force, aucun mouvement, aucune parcelle d’epicness. C’est étonnant lorsque l’on sait le niveau d’Ôkuwaki en tant que storyboardeur.

L’épisode 885 et 886 ont, comme bien trop souvent, été réalisés par deux équipes d’animation différentes. Si cela ne pose généralement pas de problème ni ne choque, à part dans certains cas où la différence de dessins entre la première et la deuxième partie est trop grande, cela peut créer des problèmes de continuité.
Ainsi, dans l’épisode 885, l’enquête mène les policiers à inspecter les toilettes, où se trouvait un suspect durant la tentative de meurtre. On peut voir que le bout du papier toilettes est tout propre, tout bien découpé. Dans l’épisode suivant, il est déchiré, découpé, lacéré, et cela devient un point important de l’intrigue. Cette erreur de continuité vient du manque de discussion entre les équipes d’animation.

La colorisation de l’épisode est bonne. Les couleurs ne sont pas trop flashies, rien ne brûle la rétine. On remarque cependant un petit détail : la chevelure de Momiji a été colorisée d’une manière bien plus foncée que dans le film 22. Est-ce une manière pour l’équipe de l’animé de dire que la série animée Détective Conan est indépendante des films, ou est-ce simplement une erreur de colorisation ? Quoiqu’il en soit, il eut été préférable que la couleur de cheveux reste cohérente entre les films et la série animée, ce qui n’est pas le cas ici.

II – Scénaristiquement

L’enquête de l’épisode 886 n’est pas très bonne, et Aoyama nous a déjà concoté bien mieux. Cependant, ce serait se méprendre que de penser que l’affaire est le centre de cette affaire. Si Gôshô la dessine, c’est pour deux raisons. La première, c’est de créer un lien avec le film 21. Cela, les épisodes 885 et 886 le font avec brio. La deuxième, c’est de faire profiter aux fans d’une petite affaire relaxante, où le centre de l’histoire est plus le couple Heiji/Kazuha, que l’enquête en elle-même. Sur ces deux plans, elle réussit. Si vous cherchez une bonne affaire policière, passez votre chemin.

En ce qui concerne le film 21, l’affaire des épisodes 885 et 886 en était une très bonne introduction. Cependant, et c’est là que les éditeurs ont mal calculé leur coup : ils ont demandé à Aoyama d’écrire une affaire qui introduise les personnages de Momiji et d’Iori lorsque le film sortirait. Ainsi, cette affaire a été publiée dans le Sunday en mars 2017, un mois avant la sortie du film. Or, il y a un décalage entre la publication en manga et l’adaptation un film, un décalage d’environ un an. L’équipe de production de l’animé aurait dû y penser et aurait dû adapter cette affaire dès sa sortie en manga, ce qui aurait permis de créer une continuité désormais toute chamboulée : le prologue du film 21 est l’épisode 855, puis est sorti le film 21, puis est sorti cette affaire introductive huit mois plus tard. Le bon ordre aurait été un enchaînement du type : affaire introductive –> prologue à film 21 en salles, et non pas prologue à film 21 à affaire introductive.

En ce qui concerne la relation entre Heiji et Kazuha, elle fera plaisir à tous les fans du couple. L’affaire aura l’air, pour ceux qui n’ont cure de la romance dans Conan, que peu de saveur, tant l’intérêt principal de l’épisode vient de la tension romantique entre les deux. On regrette que l’affaire ne fasse pas avancer leur relation, contrairement à l’affaire Tôkyô-Ôsaka, ou même l’affaire du Nue qui donnait des indices sur ce qui allait se passer par la suite. On comprend cependant bien qu’Aoyama n’a pas pu faire ce qu’il voulait, car l’histoire de cette affaire est un prétexte pour mettre en place l’intrigue du film 21, qui lui, par contre, explore la relation entre Heiji et Kazuha.

Si l’équipe de production de l’animé avait adapté cette affaire dans l’ordre de son apparition dans le manga, elle aurait dû n’être adaptée que quelques mois plus tard. Cependant, comme elle a été avancée pour être diffusée en décembre, une réplique de l’épisode a dû être retirée : dans la version manga, Takagi, faisant référence à une affaire précédente, explique à Megure qu’un coupable avait utilisé du daikon pour faire disparaître des traces de sang de ses manches. Seulement, l’affaire précédente en question n’avait pas encore été adaptée en décembre 2017 lors de la production ; la scène a donc été supprimée.

III – Bilan

La chute de la qualité graphique nous a donné envie de faire baisser de 0,5 points la note de l’épisode. Cependant, ce que l’épisode perd en qualité visuelle, il le gagne en qualité scénaristique, car l’épisode est moins ronflant que le précédent. La fin, sur Iori qui révèle son véritable visage et sur Momiji dans sa voiture, était intriguante et mythique dans le manga. Il n’en est rien dans l’animé, car le facteur de surprise est amoindri, voire totalement supprimé, par le fait que l’épisode a été adapté huit mois après la sortie du film dont il aurait dû être l’introduction. Pour un épisode à l’affaire un peu simplette, mais à l’ambiance très bonne, et qui permet de créer un lien canonique entre le manga et les films, c’est un 7,5/10 que cet épisode 886 mérite.