Détective Conan épisode 892 : Le Mystery Tour de la révolution Bakumatsu (Deuxième partie)

L’épisode 892 de Détective Conan est sorti le 3 février 2018 et s’appelle « Le Mystery Tour de la révolution Bakumatsu, Partie 2 ».
Il est scénarisé par Ôkawa Oshimichi, et est storyboardé par Nagaoka Chika. Les directeurs de l’animation sont Chiemi Hironaka, Ono Kanako, Kyôko Yoshimi, Kôsei Takahashi.

Kogorô a échappé à la mort de justesse grâce à Conan. Le coupable s’est enfui après avoir tiré un coup de feu, et la police scientifique est arrivée sur les lieux pour inspecter la scène de l’attentat. Le vieux détective craint qu’Asuka soit aussi en danger, étant donné qu’il était apparu dans une vidéo sur son blog dans le but de la rassurer quant à son aide. Il se fait arrêter à nouveau par Takajô, qui veut le garder près de lui pour le protéger.

Kogorô, Conan et Ran réussissent à s’enfuir et à prendre un taxi, quand Conan a une idée et sort du taxi. Il se rend dans la fonderie locale, où il trouve Asuka sur le tapis roulant menant directement dans le magma permettant de fondre le métal. Il la sauve en arrêtant le tapis juste à temps, mais devine que Kogorô, à l’autre bout de la ville, est en danger : il a suivi Takajô dans un parc, le voyant suivre l’avocat, et quelqu’un va lui tirer dessus lorsque Takajô le sauve avec son propre pistolet.

Kogorô comprend ce qu’il se passe, et convoque tous les intéressés à Hagi pour leur expliquer sa déduction. Kogorô déduit que celui qui a kidnappé Asuka est le propriétaire du restaurant traditionnel où ils avaient mangé plus tôt. Celui-ci tente de s’enfuir en camion, mais à cause d’un mauvais dérapage, il se crashe. 

I – Graphiquement

Graphiquement, l’épisode 892 est supérieur à l’épisode 891. Le précédent épisode avait été un tel échec visuel que le suivant ne pouvait qu’être mieux. C’est là en effet le cas. Nous avons droit à quelques scènes en traits noirs, et des dessins assez jolis. Il n’y a quasiment aucune scène où les visages sont tordus et dessinés avec une équerre comme dans la première partie de l’affaire, et rares sont les plans moches.


L'épisode se paie même le luxe d'avoir deux scènes d'action. Une réussie, et une terriblement ratée

Ceci étant dit, l’épisode n’est pas très beau. Ni peut-être même « beau ». Mais en comparaison avec l’épisode précédent, le 892 est un petit bijou. On est tout de même en droit de se demander comment un épisode peut réussir à avoir des scènes mal dessinées ou assez peu bien dessinées, alors que l’épisode a eu quatre directeurs en chef d’animation ( ! ), plus l’animateur-en-chef superviseur Seiji Muta (qui a à peine plus participé à cet épisode qu’au précédent). Il vaut parfois mieux avoir un seul directeur d’animation – prenons, au hasard, Akio Kawamura – que d’avoir quatre animateurs-en-chef qui, in fine, ne font pas un meilleur travail.

En termes de décor, c’est une fois de plus du tout bon. Tout le principe du Mystery Tour étant de faire découvrir aux japonais des régions du Japon, les décors somptueux sont la condition sine qua non pour que l’opération soit réussie. C’est là bien le cas, et assez rarement a-t-on eu un épisode avec de si beaux décors depuis le passage de Conan à l’animation par ordinateur.
Cela ne se fait cependant pas sans heurts. L’équipe de production s’est heurtée dans cet épisode à deux problèmes.

Le premier, c’est le fait que la qualité des décors dépasse parfois de loin celle des personnages. Dans ces scènes en question, on a beaucoup trop l’impression que les personnages sont « en dehors » du décor, qu’ils en sont détachés. En bref, on voit que l’animation et les décors ont été faits séparément puis ont été rassemblés.
Le deuxième soucis est celui du faux raccord. Assez peu présents dans Détective Conan du fait de la simplicité des graphismes et des environnements de la série, il y en a un visible dans l’épisode, qui est dû au fait que les décors sont faits séparément de l’animation, et que les deux sont ensuite superposés :

Cette bourde mise à part, les décors ne choquent presque jamais. On voit clairement que le budget a augmenté, car des modèles 3D sont utilisés, et bien utilisés, notamment pour les voitures et certains murs. Cependant, ce qui fait la qualité graphique de l’épisode, c’est aussi (et surtout) le talent des animateurs-en-chefs et de l’excellent storyboardeur, Nagaoka Chika, preuve une fois de plus que le budget ne fait pas tout ; le talent compte toujours plus.

Pour l’anecdote, la casquette des policiers a le mot « Porice » écrit dessus, du fait de l’inexistence de la lettre « l » en japonais, remplacé par le « r » qui est un « l » roulé.

II – Scénaristiquement

L’affaire étant écrite intégralement par la même personne, Toshimichi, on pouvait s’attendre à une qualité égale d’un épisode à l’autre. Ce n’est pas vraiment le cas, car la deuxième partie de l’affaire souffre de quelques défauts, ou plutôt, révèle des défauts latents dans l’épisode précédent.

Le problème principal de l’affaire est sa structuration. Certains personnages ne servent pas à grand-chose, ou sont trop peu exploités. Comme bien souvent, une affaire en trois parties aurait été préférable.
Ensuite, la deuxième partie de l’affaire est fade en comparaison de la première. S’il y a en effet plus d’action, elle ne fait que maquiller le terrible fait que le scénario s’arrête à partir de la quatorzième minute. La résolution de l’affaire est assez fade, car elle ne laisse aucune place au suspense, et on n’a pas eu le temps de comprendre le pourquoi du comment que le suspect est accusé.

Cela ne doit cependant pas masquer les qualités du scénario, qui recèle d’aspects que l’on voit que trop rarement dans les fillers de la série.
Tout d’abord, Conan sauve Asuka, sur un tapis roulant, qui était sur le point de tomber dans du magma. C’est un peu cliché, mais cela remplit son office. En plus, ce n’est pas quelque chose que l’on a souvent vu dans la série ; il vaut donc mieux ça, comme péripétie, que de banales et somnifères discussions dans un appartement vide, comme les fillers nous y ont parfois habitué.
Ensuite, on peut saluer l’intention de la fin de l’épisode. Le coupable tente de s’échapper à bord de son poids lourd, tel un Toni Cipriani survolté, mais la porte arrière de son camions s’ouvre (?), laissant s’échapper une voiture de luxe dont le coffre s’ouvre aussi miraculeusement (??), duquel s’envole un coffre (???) qui lui-même s’ouvre (????) et laisse pleuvoir des modèles 3D très moches (!). L’intention du scénariste est louable. C’est peut-être tout ce que l’on retiendra de cette scène, si ce n’est qu’elle est très mal storyboardée, qu’elle finit de façon bien trop abrupte, et qu’elle est ridicule. C’est dommage.

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Mais ce qui nous fera nous souvenir de ce Mystery Tour, c’est peut-être le personnage secondaire inventé pour les besoins de l’épisode, Testuya Takajô. Le personnage était caricatural au possible, au moins d’en devenir risible, dans la première partie de l’affaire. Dans la deuxième partie de l’affaire, le personnage prend un peu d’épaisseur, et devient presque attachant. La toute fin de l’épisode, où l’on apprend que la sévérité de Takajô à l’égard de Kogorô était un leurre, et qu’il l’admire en réalité beaucoup, ainsi que le fait que c’était lui qui avait demandé à Asuka d’envoyer la lettre à Kogorô, change la vision que l’on a du personnage et donne envie de regarder à nouveau l’épisode 891 pour le voir d’un œil nouveau. C’est bien joué de la part de Toshimichi, mais nous adressons à ce personnage la même critique qu’à Charly dans notre critique du film 19 : un personnage intéressant comme cela devrait être gardé par l’équipe de production, et non jeté dans la grande poubelle des personnages de fillers que l’on ne voit plus jamais. C’est très dommage.

L’objectif de cette affaire était de vanter Hagi, et les campagnes japonaises en général. C’est réussi, et c’est mérité. Mérité, parce que contrairement à beaucoup (trop) de Mystery Tours, cette affaire n’enfonce pas des portes ouvertes. Elle nous fait découvrir le coin, mais sans essayer à tout prix de nous en faire la publicité avec redondance comme Miyashita avait parfois un peu trop tendance à le faire. Toshimichi réussit à cacher la publicité pour Hagi et à l’intégrer de manière subtile dans l’intrigue. C’est, finalement, la meilleure publicité qui soit. Et on espère que le Mystery Tour de l’an prochain réussira aussi sur ce plan.

Enfin, mention spéciale pour l’OST. Si elle se fait très discrète pendant tout l’épisode, deux excellentes pistes tirées des débuts de Détective Conan se lancent vers la fin de l’épisode. De quoi toucher la corde nostalgique des Conan-patriotes, et adoucir le mauvais souvenir de la ridicule scène finale.

III – Bilan

Cette affaire de Conan est-elle bonne ? Oui, en partie. L’enquête est mal menée et fait parfois du surplace, et le scénario aurait plus convenu aux jeux Détective Conan sur GameBoy. Mais ce Mystery Tour 2018 est, globalement, une bonne affaire filler. En tant que Mystery Tour, c’est peut-être un des meilleurs de ces dernières années, car il remplit son office de manière maline. Espérons que le Mystery Tour 2019 réussisse à faire encore mieux. 6,25/10.

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