Détective Conan épisode 894 : Un numéro de déduction du détective de style Edo au rez-de-chaussée

L’épisode 894 de Détective Conan est sorti le 3 mars 2018 et s’appelle « Le numéro de déduction du détective de style Edo au rez de chaussée ».
Il est tiré des files 975 à 977 du volume 92, et est storyboardé par Masaharu Okuwaki. La directrice de l’animation est Keiko Sasaki.

Kogorô a vécu une dure journée. Non-seulement il perd son pari à une course hippique, mais en plus, il n’y avait pas de cigarettes au distributeur le matin-même, et il avait commencé à pleuvoir quand il était allé acheter son ticket. Mais Conan remarque que Kogorô a gagné, et pas qu’un peu : cent millions de yens !

Pour fêter cette victoire, Kogorô invite Conan et Ran au restaurant d’en bas, situé juste à la gauche du Poirot : Iroha Sushi. Arrivés, ils sont accueillis par Wakita Kanenori, un serveur qui vient d’arriver. Comme il a un sparadrap qui masque son œil gauche, Conan se rappelle ce que lui avait dit Haibara : il manque un œil à Rum. Ce seveur aux dents de lapin serait-il le bras droit d’Ano Kata ?

Trois clients arrivent. Un homme jeune et blond, un homme brun, puis une femme. Les trois commandent à manger et commencent à déguster leur repas lorsqu’une femme arrive dans le restaurant, affirmant que l’un des clients du restaurant a volé son sac. Elle fonce aux toilettes et trouve le sac en question, mais il est vide. La femme explique qu’elle a traqué son sac grâce au signal GPS émis par son téléphone.

Lorsque Kanenori lui demande ce qu’il y avait de si important dans son sac, elle explique qu’elle avait un ticket gagnant pour la course hippique ; Kogorô se rend compte que son ticket gagnant est peut-être celui de la dame, car il est rentré dans quelqu’un quelques heures plus tôt, et aurait pu échanger les tickets à ce moment-là.

La femme dit que trouver le voleur va être très simple : comme elle saigne du doigt, la chemise du coupable doit avoir une trace de sang, car elle l’a attrapé par la manche avant qu’il ne s’enfuie dans le métro. Seulement, aucun des clients n’a de sang sur sa manche ; mais tous ont la manche humide…

I – Graphiquement

Graphiquement, l’épisode est beau. Les personnages sont dessinés avec plus de finesse que dans l’épisode 893, et l’animation est de meilleure qualité. On doit cela à la directrice de l’animation de l’épisode, Keiko Sasaki, qui a un style de dessin très agréable. S’il s’éloigne un peu du design « de base » des personnages (les modèles dessinés par Suwa), son style colle parfaitement à la série, et on retrouve nos personnages préférés sans aucun souci.

Sasaki a une expérience certaine dans le dessin de Détective Conan. Son premier épisode fut l’épisode 128, où meurt Akemi Miyano ; elle a ensuite été appelée sur des gros épisodes, dont, récemment, l’affaire de la première rencontre entre Shinichi et Ran. Son style est toujours joli, et « Sasaki Keiko » est devenu une marque de qualité pour un épisode Détective Conan. On a ainsi droit à des visages bien formés, pas trop anguleux, et même à quelques scènes en traits noirs. Pas assez, malheureusement.

Les décors de l’épisode sont aussi très jolis. Si l’agence de Kogorô est identique à elle-même, un soin particulier a été apporté à la décoration du restaurant Iroha Sushi. Comme trop souvent, Aoyama n’a pas dessiné de détails dans le restaurant, ce qui laisse, à la lecture du manga, une impression de vide. A cause de cela, le restaurant ne reste pas dans les mémoires, alors qu’il risque fort de devenir un lieu important de la trame, étant donné le personnage qui y travaille. L’équipe graphique de l’animé en a donc profité pour créer un look spécifique au restaurant, et il rend très bien. C’est bien là une des missions d’une adaptation animée : explorer des recoins d'un univers sur lesquels l’œuvre originale ne s’appesantit pas.

En termes de colorisation, tout est en règle. Il semblerait que la série Détective Conan sorte lentement (mais sûrement) de cette terrible ère où les couleurs de l’animé étaient flashies, fluos, sautaient aux yeux et n’étaient, in fine, pas très agréables. La palette de couleurs des derniers épisodes a tendance à être chaude et jolie, ce qui est en un énorme plus. On retrouvera plus tard une gamme de couleurs très similaire dans l’affaire du meurtre chez Rumi (épisodes 896 897).

Le storyboard de l’épisode est aussi bon qu’un storyboard de Détective Conan puisse l’être. Certaines scènes sortent même un peu de l’ordinaire. Le storyboardeur étant Masaharu Okuwaki, on pouvait s’attendre à quelque chose de très bon, et c’est là le cas : les prises de vue sont variées, il y a, et c’est la spécialité d’Okuwaki, des scènes de zoom, et quelques jolis travellings. Cela fait d’autant plus plaisir qu’Okuwaki est nouveau sur la série, car il n’a commencé à storyboarder des épisodes de Conan qu'en août 2017.

Okuwaki a aussi été l’organiseur de l’épisode. Lorsqu’un épisodes est tiré du manga, l’organiseur a comme travail de prendre le matériau original, et de décider quelles scènes vont être retirées, quelles scènes vont être rajoutées, quelles répliques vont être dites ou pas. L’équipe de production de Détective Conan ayant très peur de mal adapter le manga (car Aoyama pourrait avoir laissé des indices n’importe où, on ne sait jamais), l’organiseur n'a pas un travail de très grande importance : il lui suffit de rester au plus près de l'original. On peut cependant, dans cet épisode, remarquer quelques petits détails. Par exemple, lorsque Kogorô explique à Conan pourquoi il est malchanceux depuis ce matin, il raconte comment il a commencé pleuvoir quand il est sorti acheter son ticket de pari. Alors que dans le manga, Aoyama ne s’est pas foulé et a simplement montré le vieux détective raconter son après-midi, Okuwaki a décidé de rajouter des scènes où l’on voit carrément Kogorô en flashback faire les actions qu’il narre. Umesaburô Sagawa prendra une initiative similaire au début de l’épisode 901.

Si l’épisode est beau, c’est donc grâce à son équipe graphique de qualité. On remarque qu’elle est la même que celle qui s’est occupée de l’épisode 885 (Okuwaki au storyboard, Sasaki aux dessins, et Tozawa à la production). Espérons que cette petite équipe soit reprise dans les futurs épisodes.

II – Scénaristiquement

Le scénario de l’épisode est assez bon. Etant donné que c’est Aoyama qui en est à l’origine, il n’y a aucune gaffe, aucune mauvaise surprise : le mangaka réussit à garder une qualité certaine après plus de 290 affaires. Comme toujours chez Aoyama, celui-ci réussit à inventer une mise en scène intéressante et drôle, en utilisant à bon escient le personnage comique qu’est Kogorô.

Ceci étant dit, le scénario manque cruellement d’un petit quelque chose, un petit quelque chose que l’on sentait immédiatement dans l'affaire du squelette de Teitan, et qui est là absent : l’enjeu.
Comme nous l’avions fait remarquer dans la précédente critique, l’épisode 893 réussissait à nous donner envie de rester regarder, car le scénario était intriguant : des convives qui disparaissent, voilà quelque chose qui nous laisse nous demander : « Comment est-ce possible ? ». Là, il n’y a pas vraiment d’enjeu. Certes, c’est un bon épisode de Détective Conan, certes, un nouveau personnage important apparaît, et certes, le scénario n’est pas mauvais, mais il n’est pas le type de scénario qui nous empêche de décrocher les yeux de l’écran. Lépisodes 901 902 réussiront bien mieux cela, car cette affaire montre Eri être en danger ; là, il n’y a ni danger, ni tragédie, autrement dit, aucun enjeu dramatique.

Il est possible que l’enjeu dramatique manque parce que l’affaire est centrée autour d’un vol d’un ticket. Mais les chose sont amenées de telle sorte qu’il n’y ait aucune tension narrative. Il est possible qu’Aoyama ait fait exprès, car son objectif, avec cette affaire, était principalement de nous faire découvrir le personnage de Wakita Kanenori, ultime suspect de l’Arc de Rum. C’est chose faite, et chose réussie.

Aussi, quelques éléments ont été rajoutés par Okuwaki dans l’épisode. Ce ne sont que des petites phrases qui permettent de fluidifier l’histoire, elles sont donc sans importance. Ce qui est dommage, cependant, c’est la suppression de certaines répliques.
A chaque fois qu’un des trois clients commande quelque chose au restaurant, Aoyama a dessiné une réaction de la part de Kogorô, et une réponse de la part de Ran. Par exemple, Kogorô qui dit qu’il aimerait commander le met de la cliente d’à côté, et Ran qui lui répond qu’il a « du cholestérol et un taux d’acide urique trop élevé ». Toutes ces réactions, pourtant sympathiques, ont été retirées.

L’élément principal rajouté par Okuwaki, c’est les références aux films de Détective Conan. L’animé montre la télévision de Kogorô, où l’on peut voir le classement des chevaux de course. Chaque cheval, à part « Pirate Spirits », a un nom inspiré des précédents films de la série. C’est un petit clin d’œil sympathique aux fans de la série.


8 : Pirate Spirits ; 11 : Zero Exécuteur (film 20) ; 6 : Chasseur Noir de Jais (film 13) ; Bateau Perdu Ciel (film 14) ; Lettre d'Amour écarlate (film 21)


III – Bilan

L’épisode 894 est un de ces épisodes dont la beauté graphique contraste avec l’intérêt de l’affaire. Certes, l’enquête est bien amenée, mais elle n’est pas très intéressante, surtout lorsqu’on la compare aux affaires précédentes et suivantes. Malgré ce petit passage à vide scénaristique, l’épisode reste agréable : les personnages ont des interactions sympathiques, et assister à une tranche de vie des personnages de Kogorô, Conan et Ran est intéressant. 7/10. A voir obligatoirement car il fait partie de la trame principale.

Lire la critique de l'épisode 893

Lire la critique de l'épisode 895