Détective Conan épisode 896 : La femme aux mains blanches (Première partie)

L’épisode 896 de Détective Conan est sorti le 17 mars 2018 et s’appelle « La femme aux mains blanches ».
Il est tiré des files 978 – 980 du manga (tome 92). Il est storyboardé par Umesaburô Sagawa.

Un après-midi, Conan joue, devant sa classe, le rôle d’Ikkyû, un moine et poète du XVème siècle japonais. Haibara lui demande comment il connaît si bien ses répliques alors qu’il a séché les entraînements, et Conan révèle qu’il avait déjà joué ce rôle en école primaire. Yukiko lui avait appris à maîtriser parfaitement le personnage.


La pièce devant être jouée le lendemain, les élèves de la classe de CP finissent de ranger la pièce et d’installer le décor. Seulement, Rumi Wakasa, la maîtresse-assistante de la classe, glisse sur un crayon et éclabousse le décor avec de l’eau sale.

Devant redessiner le décor avant la représentation du lendemain, Conan, Ayumi, Genta et Haibara se proposent d’aller chez leur maîtresse pour qu’elle puisse faire la peinture aux dimensions de Conan.


Seulement, une fois arrivés chez Rumi Wakasa, ils voient une femme très maquillée sonner chez le voisin de Rumi, un joueur de golfe professionnel qui s’est récemment disputé avec elle et qui l’a invitée le jour-même pour casser avec elle.

Pendant qu’ils soupent chez Wakasa, ils entendent de la musique très forte de chez le voisin. Genta entre dans la pièce, et découvre le corps de Banno ensanglanté, qui se réveille au moment où Conan et les autres entrent, et à côté de lui, sa petite-amie, morte.

Quelqu’un a écrit sur sa joue droite « Je t’aime » (aishiteru), et il a une photo, prise par le coupable, qui montre une main en train de dessiner sur sa joue. Conan pense qu’il est le coupable.

I – Graphiquement

Graphiquement, l’épisode 896 est un très bon épisode. Il n’atteint pas les sommets d’excellence des grosses productions Conan telles que Scarlet Showdown ou le Mystery Train, mais il est très agréable aux yeux. Le directeur de l’animation, Kenichi Ôtomo, fait toujours un bon travail. Il est donc appelé sur des épisodes d’importance moyenne ou moyenne +, comme le 881, où Conan et Shûichi se rencontrent pour la première fois. Ces épisodes requièrent le dessin de personnages que peu d'animateurs-en-chef savent bien dessiner (Shûichi, Masumi, et, tristement, Amuro), et le talent et l'habitude d'Ôtomo font de lui l'animateur-en-chef parfait pour ces affaires importantes mais non cruciales.

Conan 896


Ce que l’on peut aussi remarquer dès les premiers plans de l’épisode, ce sont ses couleurs. Elles sont belles ; parfois très belles. Alors que la palette de couleur utilisée par la série est d'ordinaire assez flashie et fluo, et ce depuis aux moins les épisodes 500, l’épisode 896 a une jolie colorisation. Les teintes sont chaudes, et certaines scènes ont même une sorte de colorisation brune, sans aller (malheureusement) jusqu'au filtre brun appliqué aux films Détective Conan depuis le film 17. Un choix de couleurs qui ne décolle pas la rétine étant un bon choix de couleur, on ne peut qu'applaudir l'utilisation d'une telle palette qui, on l'espère, restera identique pour les épisodes suivants.

L’éclairage de l’épisode est aussi bon. Alors que certains épisodes de Conan ne se soucient que peu des sources de lumière, le présent épisode y fait attention et manie bien les effets lumineux sur les décors et les personnages. Les couleurs n’en sont qu’améliorées, et l’épisode est véritablement beau à regarder, pour un épisode Détective Conan. Comme toujours, les coloristes ne sont pas crédités, si ce n’est la chef coloriste, qui supervise la colorisation des frames et choisit la palette de couleur secondaire de l’épisode. Dans le cas de l’épisode 896, il s’agit de Masayo Ogawa, dont nous avons déjà parlé dans la critique de l’épisode 894.


Comme bien souvent dans Détective Conan, les décors et vues de l’extérieur sont de qualité, mais l’on ne peut créditer tous les artistes qui les ont dessinés : le générique écrit le nom des studios auxquels ils ont délégué la production des décors (Studio Easter, Studio MOA et Nam Hai Art pour cet épisode), et très peu les dessinateurs eux-mêmes (à l’exception d’Hiromi Shirahase, Lee Seung Hyeon, Lee Sang Hyeon, Yoo Sang Ha, Kim Eun Hee, Kim Soon Ja), qui sont probablement des freelance. Il n'empêche qu'ils réussissent très bien à dessiner les alentours de l'immeuble de Rumi, donnant une impression de grandeur et d'activité à la ville de Beika.

Au niveau du storyboard, il est bon. Le storyboardeur est Umesaburô Sagawa, connu pour ses storyboards bons, efficaces, mais aussi pour sa frilosité à sortir de la routine pour faire dans l’inhabituel, contrairement à des storyboardeurs comme Masaharu Ôkuwaki, dont nous avons parlé dans la critique de l’épisode 899, qui tentent des zooms et dézooms, jeux et mouvements de caméra sympathiques. L’épisode est donc bien storyboardé, aucun plan n’est trop fixe ni trop dynamique, les prises de vues sont diverses, c’est un bon travail qui permet un visionnage sans heurts.

L’épisode gagne en qualité grâce au travail du storyboardeur, qui réussit même à améliorer l'oeuvre originale pendant quelques courtes secondes. Aoyama ne peut pas, du fait des limitations inhérentes au format du manga, représenter tous les plans qu’il aimerait nous montrer ; étant donné qu’il a en charge un dessin animé, Sagawa n’hésite pas à exploiter les possibilités de ce format pour créer des scènes où l'on peut voir, par exemple, Conan en traits noirs de près au moment où il remarque un indice ou comprend qui est le coupable. Cela rajoute de la profondeur à l'esthétique générale du manga.

Conan 896


S'il y a un reproche à faire, graphiquement, à l'épisode, c'est la censure opérée sur les corps. Comme nous l'avons expliqué dans l'article "La censure dans Détective Conan", l'équipe de production de la série impose une censure stricte des épisodes. Il est maintenant prohibé de montrer les cadavres les yeux ouverts, alors que c'est ainsi qu'ils sont trouvés dans le manga, car cela est considéré comme trop violent. Dans une récente interview, le superviseur de la série, Michihiko Suwa, a expliqué qu'il avait peur que le sang ne coupe l'appétit des japonais qui regardent la série en mangeant. Cela explique la réduction drastique des mares de sang dans l'animé depuis quelques centaines d'épisodes, et la transformation soudaine du sang rouge en liquide noir.

Ceci étant dit, la censure touche tous les épisodes de Conan de façon indifférenciée, et l'on se doute que les producteurs des épisodes ne soient pas en capacité d'imposer l'ouverture des yeux des victimes à l'équipe de production, qui est bien décidée à continuer de faire en sorte que Conan soit le plus que possible "family friendly". Il faudra donc s'y faire.


II – Scénaristiquement

Scénaristiquement, l’épisode est bon. Rien de transcendant une fois de plus, on a connu mieux et pire de la part d’Aoyama. Mais force est de constater que, après plus de deux cent affaires, il réussit brillamment à nous proposer une histoire intéressante, avec un stratagème certes devinable dès la première partie de l’épisode, mais qui reste tout à fait valide.
Surtout, Aoyama réussit à nous immerger dans une atmosphère proprement Conan-esque, tout en mettant en scène un scénario qui se laisse suivre.
Si le concept de la pièce de théâtre a déjà été utilisé un certain nombre de fois dans la série, Gôshô nous propose quelque chose de neuf : à travers le flashback avec Yukiko et Yûsaku, et de la classe de Shinichi, Sonoko et Ran, l’univers de Détective Conan s’élargit, et tout en continuant à nous être familière, l’histoire s’agrandit à chaque épisode.

Conan 896

Ce qui est intéressant dans l’épisode, c’est le rapport ambigu entre Conan et Rumi Wakasa. Il la soupçonne, mais il ne sait pas de quoi la soupçonner. Il veut enquêter, mais lorsqu’il essaie de lui faire cracher le morceau, elle remarque qu’il cache quelque chose, et esquive son interrogatoire. Sont-ils au même niveau de capacités déductives ? C’est ce que la scène essaie de nous faire penser.
La seule chose qui vient un peu gâcher les scènes qui ont à voir avec la trame est le design de Rumi Wakasa. Nous rencontrons là exactement le même problème que celui dont souffrait l’épisode 898 : n’ayant pas le temps de se faire au dessin, aux traits particuliers, au design de Rumi Wakasa, les animateurs la dessinent un peu hasardeusement. Rien de bien terrible cependant, on reste loin de la mythique scène de la rencontre entre Bourbon et Shiho du Mystery Train.

III – Bilan

Que retenir de l’épisode ? C’est un bon épisode. Grâce à une équipe de production reconnue et talentueuse, le rendu final est très bon. Il est agréable visuellement et scénaristiquement, grâce à des scènes bien faites, un jeu de couleur bien construit, et une histoire aoyamaesque comme on les aime. Dans une alchimie que les premiers épisodes de la série réussissaient très bien, l'épisode nous plonge immédiatement dans l’ambiance de Détective Conan, et nous entraîne dans une enquête agréable au stratègme inventif. Il fait partie des épisodes à voir pour suivre les avancées de la trame, car Rumi Wakasa agit de façon suspecte, et Conan l’interroge discrètement lors de la scène à table. L’épisode finit sur un cliffhanger soft où Conan annonce qu’il sait que Banno est le coupable, mais qu'il ignore son stratagème. Cela ne nous donne que plus envie de voir la suite.
8/10. Mention spéciale pour les couleurs et les quelques plans en traits noirs.

Lire la critique de l'épisode 895

Lire la critique de l'épisode 897


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