Détective Conan épisode 898 : Les gâteaux ont fondu

L’épisode 898 de Détective Conan est sorti le 7 avril 2018 et s’appelle « Les gâteaux ont fondu ! ».
Il est scénarisé par Takeharu Sakurai, et est le prologue du film 22.

Un jour, Kogorô, Conan et Ran se rendent au café Poirot pour déjeuner. Tôru Amuro et Azusa Enomoto y travaillent ce jour-là. Azusa leur explique que le café Poirot a investi dans la domotique : ils ont acheté une bouilloire intelligente dont sort de la vapeur d’eau. Le café Poirot a aussi acheté un nouveau frigo, pour conserver les gâteaux d’Amuro. Cependant, depuis peu, deux jours sur trois, les gâteaux d’Amuro fondent dans le frigo.

Un excellent storyboarding


Alors que Conan est intrigué et commence à réfléchir au frigo d'Amuro, Ayumi appelle Conan avec son badge pour lui dire que le professeur Agasa a créé un drone qui permet de prendre des vidéos, et qu'ils vont le mettre en marche sans lui s'il ne vient pas. Seulement, le drone s’allume tout seul, se dérègle, et tente d'attaquer Ayumi.

Ayumi échappant à une mort certaine


Les Detective Boys apprennent de Conan que quelqu’un semble avoir fait fondre les gâteaux d’Amuro, et décident d’enquêter. Mais Conan soupçonne que ce n’est pas quelqu’un qui est à l’origine du ramollissement des gâteaux, mais plutôt, un objet technologique. En regardant les vidéos des caméras de surveille, il remarque que les jours où le gâteau d'Amuro a ramolli sont les jours où un taxi est passé devant le café Poirot. Il déduit que c’est les fréquences de la radio d’un taxi qui passe près du Poirot la nuit qui déclenche la bouilloire intelligente qui, lorsqu’elle fait s’échapper de la vapeur, ramollit les gâteaux par les fentes du ventilateur du nouveau réfrigérateur.
Kogorô passe dans l'agence, et leur annonce que, lors du Tôkyô Summit, leur route sera fermée. 

I – Graphiquement

Les dessins de l’épisode 898 ne sont pas très bons. Certes, Détective Conan a connu bien pire par le passé, mais « Les gâteaux ont fondu » n’est pas plaisant à regarder. Les traits sont anguleux, ou au contraire les visages sont trop gros ; c'est une petite claque graphique après les deux épisodes précédents (cliquer ici et ici) qui avaient su offrir un rendu s'approchant des grosses productions DC.
Les personnes s'occupant de l'esthétique globale des épisodes sont les animateurs-en-chefs. Ceux de l'épisode 898 étaient Michitaka Yamamoto et Shigenori Taniguchi. Ces deux travaillent quasi-exclusivement en duo et, quel que soit l'épisode, le rendu n'est jamais très bon : les épisodes oscillent le plus généralement autour du passable, sans qu'il n'y ait de plans magnifiques comme Ôtomo, Hironaka et Tsubuki en offrent. Mais si un de leurs précédents épisodes, le 856, avait une esthétique passable, le 898 est un raté en termes d’animation. On pourrait blâmer le processus de production de l'animé Détective Conan, qui se résume à une cadence infernale qui pousse les animateurs à bout, mais force est de constater que des épisodes faits dans le même laps de temps, mais avec des animateurs-en-chefs différents, ont un rendu meilleur.
C’est d’autant plus dommage que cet épisode est le deuxième filler à faire apparaître Amuro. Etant un personnage aux apparitions rares, les animateurs-en-chefs n’ont pas le temps d’apprendre à le dessiner (d’où le terrible design de Masumi Sera et de Shûichi Akai dans les premiers épisodes où ils apparaissaient). Le personnage central est donc raté, alors qu’il aurait dû être le centre des préoccupations des animateurs-en-chefs. Il eût été plus malin pour le producteur d'inverser les tâches entre l'épisode 898 et le 899 : Kawamura au 898, et Taniguchi et Yamamoto au 899.

On ne peut qu’être déçu lorsque l’on compare cet épisode 898 à l’épisode 813, qui fut le prologue du film 20. L’animateur-en-chef était Akio Kawamura, un bon animateur, qui connaît le style de Détective Conan. L’épisode 813 ne souffrait donc pas d’autant de problèmes esthétiques.

Le storyboard a été fait par Yasuyuki Honda, qui sait parfaitement faire des storyboards pour la série. Il n’y a donc dans l’épisode aucun plan particulièrement mal choisi ou de longs plans statiques ; mais, et c'est le revers de la médaille, il n'y a pas de mouvements de caméras recherchés comme le storyboardeur de l'épisode suivant a pu faire.

Enfin, les décors. Ils sont agréables. On retrouve le Café Poirot, qui ne pose pas de problème aux dessinateurs, une route, la rue de l’agence, et le jardin devant la maison d’Agasa. Nous aimerions créditer les dessinateurs des backgrounds pour leur travail qui est, semaine après semaine, toujours aussi magnifique, mais le générique de fin des épisodes de Détective Conan ne mentionne que l’entreprise à qui l’équipe de production a délégué le dessin des décors, et non les dessinateurs eux-mêmes (à quelques exceptions près – les films DC, notamment).

Bien sûr, l’épisode ne contient aucune scène avec des traits noirs. Lorsque l’on sait le peu de temps d’apparition dont Tôru dispose (même dans son propre arc, l’Arc de Bourbon, il n’apparaissait à visage découvert que rarement), un épisode avec Amuro sans traits noirs est une déception.

II – Scénaristiquement

Le scénario de l’épisode est clair : il n’y a pas de scénario. Ou plutôt, il n’y a pas de scénario de Détective Conan, dans cet épisode Détective Conan. Ou encore, il n’y a pas de détective Conan, dans cet épisode de Détective Conan.
En effet, si l’idée de base, à savoir l’utilisation des fréquences radios pour déclencher des objets connectés, est une très bonne idée de stratagème de meurtre, l’enquête a comme seul enjeu les gâteaux d’Amuro. Soit, on a déjà eu les sandiwches d'Amuro et le ragoût de Subaru dans la série. Cependant, l’enjeu d'un épisode, c’est la tension initiale qui contraint les personnages à devoir agir vite et bien, qui pousse Conan à mener l’enquête, qui fait se dérouler le scénario. Là, rien : 20 minutes à chercher qui a bien pu faire fondre les délicieux gâteaux du café Poirot. Avec un personnage de la stature de Rei dans l'épisode, il était tentant d'espérer quelque chose de plus profond.

Pourquoi un scénario aussi plat, pour un épisode qui a la chance inouïe d'être le prologue d'un film DC et d'utiliser Tôru Amuro ?
Comme une interview de Sakurai l'a récemment révélé, la production de l'animé lui a interdit d'écrire un meurtre. Il fallait que le filler ait quelque chose à voir avec la nourriture, et qu'il donne des indices concernant la résolution du film. Si Sakurai aurait bien voulu nous écrire une véritable affaire (le film 17 a montré qu'il était capable d'écrire un scénario de contre-espionnage, et la série qu'il scénarise, Aibô, lui a servi de terrain de jeu pour écrire des meurtres), l'équipe de production l'en a empêché. Cela explique probablement pourquoi chaque prologue de film scénarisé par Sakurai traite de nourriture : dans l'épisode 694, Conan enquêtait sur le coupable qui avait volé les cookies favoris de Ran, et dans l'épisode 813, un homme suivait Amuro en filature pour comprendre comment celui-ci réussissait si bien ses sandwiches. Ceci dit, le choix de l'équipe de production est étrange : pourquoi ne pas autoriser Sakurai à écrire une véritable affaire, comme le prologue du film 18 ? Peut-être ne le saurons-nous jamais.

Un excellent storyboarding
L'épisode est une tranche de vie. Mais une tranche de vie un peu racie.

En regardant l'épisode en sachant cela, tout change. On comprend la douleur de Sakurai, qui sait, lorsqu'il écrit les dialogues de l'épisode, que ce qu'il scénarise est douteux : plusieurs fois, Conan remarque dans sa tête qu’Amuro ne devrait pas passer son temps à mijoter des recettes de ragoût pour le café Poirot, et à un moment, Conan pense même : « J’espère qu’il a le temps de faire son boulot d’agent des services secrets » ; on se pose la même question que toi, Conan... à moins que l'épisode ait en fait été une preview de Zero no Tea Time

Tout cela mis à part, quels bons points peut-on trouver à ce scénario ?
Premièrement, et c’est quelque chose que nous apprécions chez les fillers, c’est que ces épisodes permettent d’étendre l’univers de Conan. Certes, on a déjà un aperçu de ce qu’est le monde de Conan grâce au manga, mais les fillers permettent de creuser là où Aoyama n’a pas le temps de bâtir son univers. Dans ce filler, on peut donc voir que Kogorô est un client du Poirot bien plus régulier qu’on ne le croirait. Nous avions aussi donné un bon point aux épisodes 899 et 900 pour cela. En tant que fans, on ne peut qu’apprécier de voir que le filler nous fait visiter le café Poirot sous un jour nouveau (on peut quasi-entièrement voir ce qu’il y a derrière le comptoir, pour une fois), grâce à la complicité entre les protagonistes et les employés du café, mais aussi le jardin du professeur Agasa, où se passe une scène amusante (et un peu ridicule, mais les personnages enfantins s'y prêtent bien) avec les Detective Boys.

Un excellent storyboarding
Un bon point est le rôle d'Haibara : faisant des recherches pour Conan sur son ordinateur, cela créée une continuité avec les derniers films


Le deuxième élément qui rend cet épisode regardable, voir important à regarder, c’est ses références au film 22. Si le filler-prologue du film 21 n’était pas très bon en tant que prologue, mais bon en tant qu’épisode, cet épisode-ci est très bon en tant que prologue, et très mauvais en tant qu’épisode.
En effet, Sakurai laisse subtilement des références discrètes au film 22. Au détour d’un dialogue, Tôru dit à Conan : « Tu serais vraiment prêt à enquêter durement pour découvrir la vérité, si c’est pour des gens qui te tiennent à cœur, hein ? », ce qui est bien sûr une référence au fait que, dans le film 22, Kogorô soit arrêté pour fait de terrorisme, et Conan doit enquêter pour prouver son innocence. Le deuxième indice, plus fin à déceler, concerne le trick de l’épisode. Nous n’en dirons pas plus pour éviter de spoiler. Enfin, Kogorô lit un journal qui annonce le Tokyo Summit, évènement qui fait commencer le film 22, et donne à la fin de l’épisode à Amuro un papier de la mairie disant que certaines rues seront bloquées pour l’évènement.

Le fait que cet épisode soit un prologue du film 22 le sauve d’être irregardable. Même l’épisode 813, prologue du film 20, réussissait à être plus agréable. Il était plus beau, mieux rythmé, et avait au moins un enjeu. Certes, le coupable et son mobile étaient tout aussi faibles, et voir un agent secret/détective/Homme en Noir apprendre à quelqu'un sa recette secrète pour faire des délicieux sandwiches à l'huile d'olive était douloureux à regarder, mais au moins, on pouvait retirer des choses de l’épisode (et Vermouth téléphonait à la fin!). Ce n’est pas le cas ici. Espérons que, les prochaines années, l'équipe de production de l'animé autorise le scénariste du prologue du film à écrire un scénario qu'il a véritablement envie d'écrire, au lieu de lui imposer un thème très contraignant.

III – Bilan

L’épisode n’est ni beau, ni bon. Même s’il contribue à étendre l’univers de la série, il échoue dans presque tout ce qu’il entreprend, malgré une ambiance assez agréable. Le fait qu'il introduise bien le film 22 lui vaut deux points. 2/10.

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