Détective Conan épisode 905 : Un Témoignage oculaire sept ans plus tard

L’épisode 905 de Détective Conan est sorti le 23 juin 2018 et s’appelle « Le Témoignage oculaire sept ans plus tard, Partie 1 ».
Il est scénarisé par Chiko Uonji, et est storyboardé par Yasuyuki Honda. Le directeur de l’animation est Akio Kawamura.

L’épisode commence par un flashback datant de sept ans avant l’histoire. Une petite fille, dans une rue, voit deux hommes masqués et un cadavre ensanglanté dans une rue d’Haidô.

Sept ans plus tard, Conan est avec Kogorô et Ran dans un village de la campagne japonaise pour le week-end. Le vieux détective a réservé une chambre dans un hôtel de campagne réputé pour sa bière. C’est Otaro Minakitaya qui en a fait la publicité dans un dépliant. L’homme se proclame « prince de la bière », et est devenu récemment célèbre dans des émissions télévisées pour sa connaissance de la bière. Il se produisait avant en duo avec un certain Kyujiro, mais celui-ci a été mis en examen pour violences, défaisant le duo.

Approche Ide Masanari, un web designer, puis Hiroko Fujiyoshi, une employée, qui arrive pour saluer Kogorô Môri. Elle se dit fan de lui. Ils attendent ensemble le camion qui les mènera à l’hôtel.
Arrive Shinsuke Ohara, employé de l’hôtel Hatobue. Il fait monter tous les clients de l’hôtel, qui sont Ide, Fujiyoshi, Kogorô, Conan, Ran, et un vieux journaliste.
Arrivés à l’hôtel en trente minute, une femme et un homme semblent se disputer. La femme est Yuri Asako, la propriétaire. Elle a une fille, Miona, de 12 ans.

Il se trouve que le prince de la bière est à l’hôtel ce jour-là. Fujiyoshi fait dédicacer son livre.

Un convive fait remarquer qu’Ide a sur sa chemise le symbole d’une série d’un superhéros masqué qui était diffusée il y a sept ans. Ide met le masque du héros de la série, mais à ce moment-là, Miona fait une crise d’angoisse, car le masque est identique à celui des meurtriers d’il y a sept ans.

Le journaliste, Shirogane, a fait tomber un article de journal relatant l’histoire d’un vol et d’un meurtre à Haidô, et selon lequel les coupables étaient toujours en fuite. Conan le donne à Shirogane, mais celui-ci réagit mal.
Au même moment, dans un lac près de là, l’équipe de police de l’inspecteur Muramatsu, l’homme qui était venu parler avec la propriétaire de l’hôtel plus tôt, retrouve un cadavre au fond d’un lac. La victime avait sur lui une carte à jouer représentant le superhéros dont le masque était porté par les coupables de la rue d’Haidô.

Alors qu’ils sont en pleine séance de dégustation d’alcool, l’inspecteur Maramatsu passe à l’hôtel. Mais alors que son assistant reconnaît Kogorô Môri, la propriétaire de l’établissement s’interpose et lui dit que s’il est là pour « cette affaire », il doit partir.
Celui-ci rétorque qu’il n’est pas là pour ça, et que le corps d’un homme a été retrouvé, noyé dans un lac à sept kilomètres de là. Etant donné que le lac est relié par la rivière qui passe derrière l’hôtel, les policiers ont remonté jusque-là.

En cherchant dans le livre des clients, la police découvre que le noyé était en effet un client de l’hôtel, sous le nom de Shujiro Kitamoto. Le critique de bière fait un bond : l’homme en question est son ami, sous un pseudonyme. Il s’empresse de le dire à la police.

La dernière fois qu’ils s’étaient vus était il y a trois ans, quand leur duo avait été dissout. La rumeur dit qu’il est maintenant un journaliste agressif et jusqu’au-boutiste, qui croule sous les dettes. Kogorô suggère que celui-ci cherchait à trouver un scandale au sujet de son ancien ami.

Le critique de bière a un alibi, parce que la mort a eu lieu entre midi et une heure, tandis que lui était en train d’enregistrer au studio jusqu’à midi trente. Tous les autres ont aussi un alibi.

Pendant la nuit, Conan réfléchit. Il a pris connaissance plus tôt de l’affaire où une jeune fille avait été témoin du meurtre dans la rue d’Haidô, et se doute que c’était Miona. Fujiyoshi-san vient taper à la porte de la chambre.
Au même moment, au commissariat, le rapport de la police scientifique arrive et est formel : l’eau trouvée dans les poumons de la victime n’était pas de l’eau du lac, ce qui signifie qu’elle n’a pas été tuée dans le lac. L’inspecteur soupçonne immédiatement Otaro.

De retour dans l’hôtel, les clients vont dans le salon, alertés par Fujiyoshi, et découvrent qu’il a été mis sens dessus dessous. Tout le monde se rue vers la porte du seul client qui ne répond pas dans sa chambre, Otaro. Ran casse la porte d’un coup de pied de karaté, et on le retrouve mort, entouré de bouteilles.

Conan remarque que la porte était fermée à clef de l’intérieur, et que la fenêtre l’était également. A côté du corps, dessiné dans le sang, le symbole du superhéros dont Ide est fan.

I – Graphiquement

L’épisode 905 est, en termes graphiques, ce que l’on pourrait appeler un « mixed bag ». Il y a du bon, du très bon, et du mauvais, et du très mauvais. Les deux opposés du spectre se côtoient ; le beau comme le moche, le magistral comme le terrible.

Cette observation nous mène à nous demander : pourquoi ?
Si l’on regarde les crédits de l’épisode, celui-ci a eu son animation dirigée par Akio Kawamura, qui est un bon/très bon chef d’animation. Ses dessins sont généralement fidèles à la série, plutôt proches des modèles de Suwa, et sont agréables aux yeux. On l’a notamment remarqué pour l’épisode 899. Là, rien ne va : les visages sont anguleux, ou trop ronds, ou trop moches pour être regardés sans se détériorer la rétine.

La toute première scène d’introduction fait partie du « magnifique » dans cet épisode. Ces deux minutes avant le générique sont parmi les plus belles que la série Détective Conan nous ait donnée à regarder. Le storyboard est très bon, les couleurs sont très bien choisies, l’angoisse est tangible. On se sent pris dans l’épisode, et il en devient impossible de décrocher les yeux. C’est très clairement du haut niveau que l’introduction nous donne à voir, et cela laissait présager du meilleur…

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… jusqu’à ce que le générique s’arrête, et que le spectateur se retrouve face à une qualité de dessins digne de Taniguchi et Shigenori. C’est une claque, et une des plus mauvaises, car la chute de qualité ne fait pas honneur à Kawamura, qui est un des meilleurs animateurs-en-chefs de la série en ce moment. Que s’est-il passé ? A-t-il délégué son travail à un animateur banal ? On ne le saura jamais. Tout ce que l’on peut deviner, c’est que la magnifique scène d’introduction est probablement le fruit de son travail avec le grand maître Seiji Muta, et que le reste n’a pas été de son ressort.

En plus de cela, l’épisodes souffre de quelques erreurs graphiques, comme une mauvaise proportion des passages par rapport aux canapés, ou des yeux très mal dessinés. Une fois de plus, quel dommage, quand on sait ce dont Kawamura est capable.

En termes de décors, tout est très bon, pour ne pas dire parfait, comme bien souvent dans Détective Conan. Les plans sur l’hôtel et sur les zones environnantes sont très beaux, ce qui, finalement, dessert l’animation plutôt que de la servir : les décors sont féériques, quand les animations ont tendance à être trop rigides, trop « balais dans le fion », trop horribles à regarder.

La colorisation de l’épisode est, en grande majorité, de qualité. Cependant, l’équipe de colorisation est retombée dans un travers que l’on espérait disparu, à savoir le recours aux couleurs flashies/fluo. La plus représentative de ces couleurs est la couleur vert fluo, que l’on retrouve un peu partout depuis deux cents épisodes, et dont l’équipe de production ne s’est toujours pas débarrassée. Les dix derniers épisodes en avaient fait une utilisation prudente, voir les avaient mises de côté ; elles font dans cet épisode leur retour, avec la robe vert fluo de Fujiyoshi, les rideaux vert fluo, et la couverture de lit vert fluo.


II – Scénaristiquement

Lorsque les graphismes ne sont pas accueillants, c’est vers le scénario que l’on se tourne. Celui-ci a donc la double tache d’être bon, et de nous faire oublier ce que nous voyons tout à la fois.
Et il faut dire que le scénario est très bon, voir excellent.

L’auteur de l’épisode est Uonji. Celui-ci a très peu de fillers à son actif : il a scénarisé trois affaires avant celle-ci, dont une de trois épisodes. Il est donc le seul scénariste de fillers à avoir eu le droit de scénariser une affaire en trois parties, ce qui ne s’est plus jamais fait depuis. L’équipe de production a très bien fait de l’embaucher lui, car chacun de ses scénarios a quelque chose d’intéressant, ou un petit twist qui change la façon que l’on a de voir l’affaire. Son affaire en trois parties (épisodes 603 – 604 – 605) avait été si bonne, que l’on aurait espéré que cette affaire aussi, soit en trois parties. Elle en a, de ce que l’on peut constater de l’épisode 905, le potentiel.

Ceci nous fait nous questionner sur la structure-même de l’animé Détective Conan. Dans beaucoup d’animés, de One Piece à Dragon Ball Z, les épisodes « canon » laissent parfois la place à des petits arcs narratifs non-canons, de quatre ou cinq épisodes. Etant donné qu’Aoyama a mis son manga en pause pour deux mois pendant les vacances d’été 2018, peut-être serait-il temps pour l’équipe de production de se lancer dans un mini-arc non-canon et ne traitant pas de l’Organisation, qui durerait cinq ou dix épisodes, et qui serait écrit par un scénariste des films. Cela serait ambitieux et novateur.

La puissance principale du scénario de l’épisode 905 est de nous intriguer, et de nous donner envie d’aller plus loin. A l’image du très bon épisode 893, le 905 est un de ces épisodes qu’il faut voir pour se prouver que les fillers peuvent être très bons, et aussi entertaining que des épisodes tirés du manga. Du fait de la liberté de création des scénaristes de fillers, on peut même dire que certains fillers sont plus inventifs que la monotonie imposée à Aoyama par le format qu’il réutilise constamment. L’intrigue autour de Miona est très intéressante, et on s’inquiète pour elle ; cela n’est qu’embelli par l’excellent storyboard, qui nous fait comprendre l’angoisse ressentie par celle-ci.

Une mention spéciale doit être faite pour le mixage du son de l’épisode. Deux pistes proviennent de l’ancienne OST de Détective Conan, qui sont, malheureusement, trop peu utilisées.

III – Bilan

Un scénario très bon et un mixage son de qualité. Une mention spéciale doit être faite pour Yasuyuki Honda, le storyboardeur. C’est véritablement son travail qui insuffle la vie dans l’épisode. Par ses plans bien choisis, il créée une véritable atmosphère d’angoisse, ce qui nous permet de sympathiser au personnage de Miona. L’excellent scénario accompagne bien sûr le tout, mais il ne serait rien sans la très bonne mise en scène de l’épisode, qui n’est entachée que par les dessins ratés des personnages. 8,5/10, un filler à voir pour sa culture de Conan-patriote.


Lire la critique de l'épisode 904

Lire la critique de l'épisode 906



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