Détective Conan épisode 908 : L'Amitié qui s'écoulait dans la rivière

L’épisode 908 de Détective Conan est sorti le 21 juillet 2018 et s’appelle « L’Amitié qui s’écoulait dans la rivière ».
Il est scénarisé par Yasutoshi Murakawa, et est storyboardé par Atsuko Kase. Le directeur de l’animation est Kenichi Ôtomo.


Kogorô emmène Conan et Ran dans un restaurant qui borde une rivière. Ils y rencontrent trois étudiantes de l’Université de Tôkyô, qui sont fans de lui, et qui demandent à prendre un selfie. Elles utilisent une perche à selfie.

Pendant le repas, les trois étudiantes prennent une photo de leur repas. Ne sachant décider qui a pris la plus belle photo, elles demandent à Kogorô. Mais l’une des trois s’éloigne après avoir reçu un SMS.
Quelques minutes plus tard, l’étudiante en question, Yuko, n’est toujours pas revenue. En prenant une photo de son repas, Ran se rend compte qu’un liquide rouge flotte à la surface de la rivière qui borde le restaurant – le corps de Yuko flotte quelques mètres plus loin.

Kogorô saute dans la rivière et récupère le corps de l’étudiante. Elle est morte. La police arrive et commence son enquête : Takagi explique qu’elle n’est pas morte par noyade, mais bien par un coup sur la tête, et que le liquide rouge n’était pas le sang, mais une plante japonaise qui avait colorisé la surface de l’eau.

Conan enquête de son côté en allant visiter le moulin à eau plus en amont de la rivière, et comprend qui est le coupable. Il endort Kogorô et résout l’affaire : la meurtrière, Maria, a tué Yûko car celle-ci faisait tout pour lui faire rater un concours de photos en écrivant des commentaires haineux sous ses publications.

I – Graphiquement

L’épisode 908 est, graphiquement, très honorable. Les personnages sont en grande partie bien dessinés et bien animés. Cela est dû au talent de l’animateur-en-chef, Kenichi Ôtomo, qui maîtrise l’esthétique générale de la série. Son style ressemble même, par moments, à celui de Keiko Sasaki – on peut donc espérer que les deux animateurs soient mis ensemble sur une même affaire pour assurer une continuité graphique entre les épisodes.
Comme toujours, Seiji Muta supervise graphiquement l’épisode, et dessine plusieurs gros plans, et presque toute la scène de résolution de la série. Contrairement à certains épisodes où le style de l’animateur-en-chef est facilement distinguable du style de Muta, ce n’est là pas le cas, et toutes les scènes s’emboîtent facilement.

Le storyboard marque le retour d’Atsuko Kase aux manettes après sept épisodes d’absence. Il s’est amélioré depuis l’épisode 900 : au lieu d’abuser de la technique du plan divisé, il a fait un storyboard intelligent aux plans variés et dynamiques. Sa plus grande réussite dans cet épisode est la scène où Kogorô saute dans la rivière pour récupérer le cadavre de Yûko. Les plans s’enchaînent bien et sont beaux. Ils sont spectaculaires au sens premier du terme.
Le storyboardeur montre aussi sa maîtrise de la série sur le plan où l’on voit une réflexion dans les lunettes de Conan. C’est beau, c’est bien fait, c’est du tout bon.

Conan 896 Conan 896

Une mention toute spéciale doit être faite aux décoristes. Comme toujours, les décors sont beaux et colorés. La qualité des décors était particulièrement importante dans cet épisode car toute l’intrigue tourne autour du paysage en arrière-plan. Et grâce à la très bonne direction d’Ôtomo, les personnages ne sortent que rarement des décors.

On apprécie aussi la continuité graphique de l’épisode : lors du flashback de fin d’épisode où la victime explique pourquoi elle a tué son amie, le décor utilisé est une grande allée bordée de cerisiers en fleur. Il semblerait que ce soit une référence à l’allée bordée de cerisiers que l’on peut voir dans l’épisode de la première rencontre entre Shinichi et Ran.

II – Scénaristiquement

L’épisode, scénaristiquement, est tiède. Il y a des bonnes et des mauvaises idées, sans que les bonnes ni les mauvaises ne prennent trop le dessus les unes sur les autres.
La plus mauvaise idée de l’épisode est son meurtre. Le stratagème est un peu simplet et aurait pu être mis à exécution par n’importe qui d’autre que le coupable. La police est, dans cet épisode, inutile, car elle affirme dès le début que la mort est un accident, sans aller chercher plus loin. Mais le plus stupide reste le mobile de la meurtrière, qui tue son amie car celle-ci a laissé des commentaires haineux par jalousie. L’épisode rejoint donc l’épisode 135 et 737 dans le top 3 des meurtres au mobile le plus stupide de la série.

Cela étant, tout n’est pas à jeter dans l’épisode. Bien au contraire, même : l’épisode 908 est un de ces fillers sans prétention mais agréable, où l’on regarde Conan, Ran et Kogorô dans leur vie paisible de tous les jours, aller dans un restaurant en périphérie de la ville pour passer un bon moment. Les graphismes donnent envie de ne pas lâcher des yeux et l’épisode et, finalement, le meurtre n’est qu’accessoire.

L’épisode est aussi intéressant car il prête à réfléchir à l’utilisation des nouvelles technologies dans Détective Conan. Le développement du Japon est visible à travers Détective Conan, car si au début de la série, Agasa doit donner à Conan la définition du mot « Internet », dans cet épisode-ci, c’est Instagram et le partage de photos qui est présenté. Récemment, les drones étaient à l’honneur, dans l’avant-dernier Mystery Tour. Conan est bien le reflet de la société japonaise, car lorsqu’une mode ou une avancée apparaît au Japon, elle est très rapidement répercutée dans la série.

Le scénariste, Murakawa, fait preuve d’inventivité. Son premier filler, l’épisode 658, avait montré qu’il pouvait être créatif. Il en est là de même : contrairement à la plupart des affaires qui mettent en scène trois suspects, il n’y en a ici que deux. Et finalement, ce n’est pas plus mal : parce que les fillers veulent à tout prix coller au manga, ils en oublient leur potentiel créatif. Les fillers n’ont pas à « faire comme », ils peuvent offrir des histoires innovantes et inédites. Faire le pari de mettre en scène deux suspects et de les explorer à fond, plutôt que de mettre en scène trois suspects mais ne les connaître que superficiellement (et donc ne pas créer d’empathie entre eux et les spectateurs), c’est une excellente idée qui devrait être réitérée. Espérons que Murakawa soit rappelé sur la série.

III – Bilan

Un filler beau, avec des jolis décors, mais qui peine à offrir une affaire de qualité. Murakawa n’en est qu’à son troisième filler, et le déficit d’intrigue dans l’épisode est excusable. La faiblesse de l’enquête est compensée par la créativité du scénario, ainsi que les graphismes et le storyboard qui est agréable à l'oeil. 4/10.

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