Détective Conan épisode 909 : Le Mystère de la tente brûlée

L’épisode 909 de Détective Conan est sorti le 28 juillet 2018 et s’appelle « Le Mystère de la tente brûlée ».
Il est tiré des files 987 et 988 du volume 93, et est storyboardé par Umesaburô Sagawa. Le directeur de l’animation est Asuka Tsubuki.

Au Commissariat central de Tôkyô, Hyôe Kuroda regarde sur son ordinateur le site internet avec les photos du meurtre de Kôji Haneda. Il pense à Kôji, puis à l’article qui disait que Rumi Wakasa avait arrêté un meurtrier il y a peu de temps. Y aurait-il un lien entre les deux ?
Shiratori arrive, et remarque à Kuroda qu’il a l’air fatigué. Celui-ci répond que quelque chose le turlupine. L’inspecteur propose alors à son supérieur d’aller faire du camping, car un nouveau site proche de Tôkyô vient d’ouvrir. Conan et les autres s’y rendent ce week-end, mais sans le professeur Agasa, parce qu’il est malade. C’est donc leur maîtresse, Rumi Wakasa, qui les accompagne.
La curiosité de Kuroda est alors piquée, et il se prépare à partir.

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Au camping, les Detective Boys ont réussi à monter la tente. Rumi Wakasa leur demande d’aller chercher du bois. Si Haibara semble ne se soucier de rien, Conan est pensif.
Il se rappelle que lorsqu’il était chez elle il y a quelques jours, il avait trouvé un ticket de caisse qui prouvait que le matin-même, Wakasa avait acheté des assiettes et des bols pour le repas qui allait se dérouler le soir-même. Or, s’ils sont allés manger chez elle, c’est parce qu’elle avait abimé la peinture de la classe. Donc, elle a dû le faire exprès pour que les DB viennent chez elle. Mais après qui en a-t-elle ? Conan pense que c’est lui qui est visé.
Aussi, la trappe de la cave à Teitan montrait très visiblement que quelqu’un l’avait ouverte récemment, parce que la poussière était partie à certains endroits. Or, aucun des endroits n’avait trouvé l’entrée de la cave. Conan déduit donc que c’est Rumi Wakasa qui, une fois de plus, a tout fait pour que Conan soit impliqué dans l’affaire. Mais quel est son objectif ?

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Alors qu’il est en train de penser que cette sortie est camping est peut-être aussi un piège, les DB reviennent vers lui. Ayumi lui dit qu’elle a trouvé quelqu’un « comme [lui ». Un des campeurs fait en effet le chiffre « 3 » à la française, c’est-à-dire avec le pouce, l’index et l’annulaire. Haibara dit tout haut que Conan fait ça parce que sa mère, un peu snob, essaie d’imiter les françaises. Sauf que cette même personne fait le chiffre « 2 » à la japonaise. Comme ses doigts sont bandés, Conan vers les voir et leur explique sa déduction : ils doivent être des joueurs de basket, qui sont les seuls à jouer de cette manière.

Les trois amis présents sont en effet du monde du basket. La femme est le manager de l’équipe de l’université Shiraami, Midori Furuoka. L’autre est Sumito Ashizawa, une star montante de l’équipe, qui a même été approchée par une équipe professionnelle. Il y a ensuite l’homme aux doigts bandés, Fumiaki Urushibara, qui est à la défense. Le dernier membre de l’équipe est Danno Kuninori, qui était avant une étoile montante comme Sumito, mais qui a dû arrêter de jouer après que Fumiaki lui a abimé un œil en lui donnant un coup de coude pendant un match. « J’ai failli devoir me faire mettre un faux œil ! »

A ce moment-là, Haibara prend peur, et commence à ressentir l’aura de l’Organisation. Elle se retourne et voit Rumi Wakasa, qui a très mal réagi intérieurement en entendant cela. Conan se retourne, et remarque que Rumi attrape quelque chose très fort dans sa poche.

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Urushibara se montre détestable en disant que grâce à cet accident, Danno a pu se rapprocher de Midori. Lorsque Sumito s’interpose, il lui dit de faire gaffe parce que lui aussi pourrait se faire mal à l’œil un jour. Depuis une des tentes, Kuroda observe.

A l’heure du repas, le groupe mange avec les Detective Boys et Rumi. Sumito va voir Urushibara pour lui donner du curry, mais celui-ci ne répond pas et continue de faire des flexions-extensions dans sa tente. Tout le monde peut le voir le faire depuis le lieu du repas, parce que grâce à la lumière dans la tente, son ombre est visible.
A la fin du repas, Danno va lui proposer du curry à son tour, mais celui-ci ne répond pas non plus. Haibara commence à sentir du brûlé : la tente s’embrase devant leurs yeux.
Conan réagit vite et crie qu’il faut remplir des sceaux d’eau. Ils le font, et une dizaine de minutes plus tard, la tente n’est plus en feu. Tout l’intérieur, et son propriétaire, ont brûlé.

Mitsuhiko va demander à la personne inconnue qui habite dans la tente d’à côté si elle a vu comment le feu s’est déclenché. En sort Hyôe Kuroda. Il prétend n’avoir rien entendu à cause des boules quies. « Il faut appeler la police. A moins que vous ayez une objection à faire… Rumi Wakasa-sensei ? »
Rumi ne répond pas pendant quelques secondes, jusqu’à ce qu’Ayumi l’appelle. Dans un premier temps, la maîtresse ne voit pas Ayumi. Elle se tourne et se retourne, et enfin la remarque avec son œil droit.

Kuroda fait remarquer que Rumi le fusillait du regard, et que normalement les gens ne le fixent pas à cause de son visage. Conan et Haibara remarquent que Rumi ne voit peut-être pas d’un œil.

Yuminaga, qui est spécialisé dans les affaires d’incendie, arrive sur les lieux du crime. Il détermine que la bougie est tombée sur un livre ou un vêtement, qui a ensuite fait s’embraser la tente entière.
Après une inspection détaillée, la police détermine que le coupable ne peut être qu’une des trois personnes qui ont rendu visite à la victime avant que la tente ne prenne feu. Les trois personnes avec lesquelles Conan a mangé sont donc soupçonnées.

I – Graphiquement

Le directeur de l’animation est Asuka Tsubuki. Nous lui faisons exactement les mêmes reproches que lors de ses dernières interventions dans sa série : il est dans la moyenne inférieure des animateurs-en-chefs de Conan, car son style de dessin correspond assez peu à ce à quoi les personnages devraient ressembler. Certes, il dessine mieux Kogorô que Kawamura, mais il a tendance à faire un visage très étrange à Conan. Les autres personnages ne souffrent pas autant.
Pourquoi avoir mis Tsubuki sur cet épisode ? La raison est probablement qu’il a travaillé sur les deux dernières affaires où Rumi Wakasa est apparue (son affaire introductive, et l'affaire dans son appartement). Il est donc possible que Tsubuki ait été choisi par l’équipe de production pour être l’animateur-en-chef de référence pour tout ce qui concerne Rumi Wakasa. Du coup, Rumi est plutôt bien dessinée ; Tsubuki réussit mieux son design que des animateurs-en-chefs « hauts du panier » comme Atsushi Aono. Cependant, les autres personnages prennent un coup : Kuroda, alors qu’il aurait dû être le centre de toute l’attention de l’équipe visuelle, est, sur bien des plans, ratés. Il faut attendre que Seiji Muta supervise ses scènes pour avoir quelque chose de bien. Les quelques plans en traits noirs où il apparaît ne change rien à son terrible design tout au long de l’épisode. Pire, les scènes qui alternent entre les plans dessinés par Tsubuki et les plans dessinés par Muta peuvent un peu choquer l’œil. La différence de style de dessin est nette :


En termes de décor, l’épisode est une réussite. Comme bien souvent, les décoristes de la série font un travail de qualité que le spectateur ne remarque que trop peu. Leur travail est d’autant plus important que l’épisode se déroule dans la nature. Jamais ils ne se ratent, et c’est plutôt l’équipe de l’animation qui connaît des échecs : étant donné la différence de qualité manifeste entre les dessins/animations des personnages et les décors derrière eux, trop souvent les personnages ont l’impression de « sortir » du décor, d’être en surimpression. Comme un magicien ne doit pas révéler ses astuces, un épisode réussi graphiquement ne doit pas montrer que les personnages sont ajoutés par-dessus le décor.

Le storyboard est bon, et il remplit son office. Il n’est ni génial ni magnifique, mais c’est le genre de choses que l’on ne peut demander à un storyboard Conan, qui plus est lorsque celui-ci ne fait qu’adapter une affaire du manga. La nécessité de coller au plus près du manga rend très difficile le travail créatif des storyboardeurs qui aimeraient avoir plus de liberté, mais qui sont obligés de faire parfois du case-par-case en suivant le manga.
Ceci étant, Sagawa avait une certaine marge de manœuvre sur certaines scènes. Malheureusement, il n’en a rien fait. Parfois les plans sont trop statiques trop longtemps. Parfois ils sont trop éloignés des personnages, ce qui fait perdre aux scènes leur force. C’est dommage, mais ce n’est pas assez important pour gâcher véritablement l’expérience de visionnage.

Visuellement, donc, le manga et l’animé sont très proches. On remarque deux différences.
La première est anecdotique : dans la première scène de l’épisode où Kuroda est sur son ordinateur, on le voit naviguer sur le site Internet qui a mis en ligne les photos du meurtre de Kôji Haneda. Si dans le manga, Aoyama se garde de mettre un URL dans le navigateur, l’équipe de production de l’animé a mis un faux lien avec le mot « TMS » dedans, c’est-à-dire le nom de la compagnie de production. Le lien mène (malheureusement) nulle part.
La deuxième décision est un peu plus importante. Dans le manga, on voit, lorsque le groupe mange le repas, une silhouette noire les espionner. Il est révélé après que la tente a pris feu qu’il s’agissait de Kuroda. Dans l’animé, ce n’est pas une silhouette noire que l’on voit, mais Kuroda lui-même, tamisé dans l’ombre. Cela retire un peu du suspense de l’épisode, mais il n’y a là rien de bien grave car, finalement, cette modification renforce l’aspect « creepy » du personnage.

II – Scénaristiquement

Le scénario de l’épisode n’est en rien différent de celui du manga. Non-seulement l’équipe de production de l’animé a compris qu’il ne fallait plus rien toucher à l’œuvre originale, mais en plus, cet épisode est d’une importance capitale pour la suite de Détective Conan.

Cependant, il semblerait que les chapitres sur lesquels se base cette adaptation n’étaient pas assez longs pour faire un épisode de vingt-quatre minutes, forçant ainsi l’organiseur (la personne qui gère la transition du manga à l’animé) à étendre un peu certaines scènes.
Ainsi, la scène où Shiratori propose à Kuroda d’aller en vacances au camping est naturelle dans le manga, mais paraît forcée dans l’animé. Alors que dans le manga, la conversation est en deux temps (1 – Vous êtes fatigué, 2 – Ca tombe bien un camping vient d’ouvrir), dans l’animé, la conversation a été un peu développée. Shiratori dit donc : Vous avez l’air fatigué, ça va ? Vous avez pas pris vos vacances ? Non j’étais sûr que vous ne les aviez pas prises. Et le camping ? Vous avez pensé au camping ? Un camping vient d’ouvrir. Il a l’air bien ce camping. Mais vous faites ce que vous voulez. Vous avez envie d’aller au camping ? … et nous exagérons à peine.

Comme nous l’avons écrit plus haut, les chapitres n’étaient pas assez longs pour combler tout l’épisode, ce qui fait que des grands plans du site de camping ont été rajoutés, ainsi qu’une bonne scène où Conan et le reste du groupe balancent des sceaux d’eau sur la tente pour éteindre le feu, scène étonnamment absente du manga. Contrairement à la scène avec Shiratori, ces deux scènes ne coupent en rien le rythme de l’épisode, et sont donc les bienvenues.

On remarque une différence culturelle majeure entre l’Occident et le Japon dans cet épisode : que les DB partent en camping avec le professeur Agasa nous paraît normal, car on a déjà vu cette configuration un nombre incalculable de fois dans la série. Mais le fait que Conan parte en camping avec sa maîtresse semble, d’un point de vue occidental, risible. Au Japon non plus, on ne part en camping avec sa maîtresse, mais la relation entre la maîtresse, partie intégrante de la vie sociale des élèves (les maîtresses peuvent se rendre chez les parents pour leur parler), et les élèves, est déjà plus proche. Ce fait semble donc un peu moins étrange au Japon.

Aussi, il est sympathique de voir que Shiratori et Conan sont assez proches pour être au courant de ce qu’ils font pendant le week-end. Ca montre comment Conan et les autres se sont intégrés pour former les différents cercles amicaux qui constituent la série. Conan n’est plus le petit garçon qui traîne derrière Ran, il est désormais une partie intégrante du groupe. Tellement partie intégrante qu’il court un risque, d’ailleurs : le thème caché de cet épisode est le fait que Conan est devenu connu pour son intelligence. Kuroda dit deux fois que Conan est le « puits de sagesse » de Kogorô, et Yuminaga dit la même chose à propos de lui. Rumi s’est aussi rendu compte de son intelligence dans son affaire introductive, et a été mise dans la confidence pour les gadgets que le professeur a créés. A force de ne pas être discret, Conan risque bien, dans le futur, de se mettre en danger.

Au niveau de la chronologie, on remarque une fois de plus la présence d’une bulle temporelle dans Détective Conan. Les évènements passés, notamment l’affaire introductive de Yumi et l’affaire chez elle, sont libellés comme s’étant passés « l’autre jour », pas plus tard qu’il y a deux semaines, alors que dans l’animé, ces évènements se sont passés il y a dix-sept et douze épisodes respectivement.
Néanmoins, cette absurdité est rapidement oubliée car non-seulement Détective Conan n’est étranger à aucune contradiction chronologique, mais en plus, ces rappels sont utilisés à dessein. Conan se remémore les actions passées de Rumi Wakasa, et réussit à déduire qu’elle est bien plus subtile qu’il ne le pensait, et qu’elle avait tout organisé elle-même. Si cela était devinable dans le manga, l’animé l’avait immédiatement spoilé, car l’équipe de production avait rajouté une scène où on voyait la nouvelle maîtresse marcher dans un couloir noir, l’air sombre.

Le nœud de l’intrigue dans cet épisode est la confrontation entre Kuroda et Wakasa. La tension entre les deux est palpable, et des piques sont décochées régulièrement à partir du moment où ils se trouvent face à face dans le camping. Leur tension ayant probablement quelque chose à voir avec le meurtre de Kôji Haneda, on se doute que les deux ont dû avoir un rôle dans l’évènement d’il y a dix-sept ans. Peut-être Wakasa était-elle sur les lieux du crime, a tenté de sauver Kôji, et s’est fait arrêter par Kuroda, ce qui expliquerait son dégoût pour la police ? Peut-être que le « gros échec » de Rum dont parlait Gin précédemment était en référence au coma de Kuroda ? Toutes ces questions restent pour le moment sans réponse, et il faudra regarder plus que l’épisode 910 pour connaître le fin mot de l’histoire.

III – Bilan

L’épisode est scénaristiquement très bon, il traite de la trame, Conan progresse, et l’affaire semble bien partie. Cependant, l’aspect visuel de l’épisode laisse à désirer, et a tendance à gâcher des plans qui auraient pu être beaux. Heureusement, les scènes les plus importantes ont été prises en main par Seiji Muta, ou ont bénéficié d’une plus grande attention que le reste. Rumi Wakasa est plutôt bien dessinée, et c’est, pour les fans, un soulagement. Mais en échange, le design de Hyôe Kuroda est, bien trop souvent, raté. 8/10, pour un épisode à voir absolument pour la trame.  

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