Détective Conan épisode 910 : Le Mystère de la tente brûlée

L’épisode 910 de Détective Conan est sorti le 4 août 2018 et s’appelle « Le Mystère de la tente brûlée, Partie 2 ».
Il est tiré des files 988 et 989 du volume 93, et est storyboardé par Umesaburô Sagawa. Le directeur de l’animation est Michitaka Yamamoto.

L’enquête commence, menée par Kuroda. Les trois suspects disent ne pas avoir pu converser avec la victime : soit elle était saoule, pour le premier suspect, soit il a juste répondu une fois ou n’a pas répondu du tout.

Le seul qui semble avoir un mobile est Danno. L’homme était le meilleur joueur de son équipe, et allait être embauché dans une équipe étrangère pour jouer professionnellement. Or, la victime a donné un coup de coude puissant dans son œil, l’empêchant de signer le contrat, et détruisant potentiellement sa carrière. Mais il affirme que cela ne l’aurait pas poussé à commettre l’irréparable.

La police scientifique a pris une photo du cadavre calciné d’Urushibara avant qu’il ne soit évacué. Conan réussit à voir la photo en question en prenant des mains d’un policier son téléphone. Il remarque que les bandages sur les doigts de la victime ne correspondent pas à ce qu’il avait vu avant de manger.

Conan va voir les Detective Boys, qui s’amusent dans un coin. Ayumi explique que leur maîtresse leur a montré comment faire une sorte de balance à partir de glands. Conan comprend alors le stratagème utilisé par le coupable. Il appelle tout le monde à venir dans la tente, et montre que c’est un petit système du type de la balance à glands qui a été utilisé pour faire croire qu’Urushibara faisait des flexion-extensions.

Le mystère résolu, Conan accuse Ashizawa, qui avoue. Il sort un cutter de sa poche, et prend Ayumi en otage. Alors qu’elle tombe dans les pommes, Haibara dit à Conan d’utiliser sa montre ou ses chaussures, mais il ne les a pas. Rumi se lève et marche vers le coupable. Pris par la peur, il baisse sa garde juste à temps pour que Kuroda le fasse tomber par une technique de judo.

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Une fois le coupable arrêté et en privé, Conan fait remarquer à Haibara le regard de frayeur quand il a eu Kuroda en face. Conan émet ensuite des doutes quant à la probité de Rumi Wakasa. Haibara l’arrête net et lui dit de ne pas dire de mal d’elle : elle l’apprécie.
Mais alors qu’elle se penche, Conan peut mieux voir ce qu’il y a dans sa poche arrière. Qu’est-ce ? 

I – Graphiquement

La première surprise que nous délivre cet épisode, c’est son animateur-en-chef. Michitaka Yamamoto est de ces animateurs-en-chefs qui ne travaillent quasiment jamais seuls. Toujours avec son acolyte Shigenori Taniguchi, les deux forment un duo infernal qui, par à-coups, fait insidieusement baisser la qualité des épisodes qu’il touche. Il y avait donc de quoi avoir peur pour l’épisode 910.

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Cependant, les craintes ne sont pas (trop) fondées. Certes, l’épisode a un design extrêmement « cheap », et le style de dessin foireux de Yamamoto lui donne cet aspect bas de gamme que l’on n’aime pas voir dans un animé qui nous plaît. Cependant, le duo a fait bien pire sur certains épisodes, et on ne peut qu’être soulagé du résultat.

La plus grande réussite de Yamamoto est donc, paradoxalement, de ne pas avoir fait autant de mal que d’habitude à l’épisode qu’il dirige. Le design des personnages est un peu bancal, le trait n’est pas fin, et on en vient à préférer Kawamura. Ceci dit, Rumi n’est pas trop ratée, et Kuroda aurait pu être bien pire.

Il ne faut pas non plus croire que l’épisode est beau. Il ne l’est clairement pas. Le storyboard n’est pas très bon non plus car il peut se passer trente secondes sans changement de plan, et donc certaines scènes sont beaucoup trop fixes. L’animation est mauvaise, bien trop mécanique, et pas assez fluide. La décomposition du mouvement est pourtant quelque chose d’élémentaire pour un animateur, mais même cela est parfois raté.
Le rendu final de l’épisode peut donc être caractérisé par le terme de « brouillon ». L’épisode 910 est ce à quoi un épisode devrait ressembler avant que l’animateur-en-chef ne corrige ses imperfections. Le fait qu’il y ait bien eu un animateur-en-chef en charge est donc aberrant.

Concernant le design de Kuroda, son visage est dessiné d’une manière très étrange dans l’épisode. Pas forcément « mauvaise », quoique très bof ; non, le dessin est juste bizarre, hors du commun. On pourrait croire que c’est le visage hors du commun du personnage qui veut ça, mais le visuellement réussi film 22 nous rappelle que non, Kuroda, lorsqu’il est bien dessiné, ne ressemble pas à une crêpe au sarrasin.


Les couleurs de l’épisode sont assez bonnes, et les décors sont, comme bien souvent, très bons. Seulement, avec un échec visuel pareil et ce rendu amateur, ils ne peuvent être appréciés à leur juste valeur.


II – Scénaristiquement

Comme nous l’avons expliqué dans notre précédente critique, les chapitres sur lequel l’épisode se base sont trop courts pour faire deux épisodes pleins. L’organiseur a donc dû recourir à des stratagèmes pour rendre l’épisode plus long : faire en sorte que les personnages récapitulent l’affaire en plein milieu de l’épisode alors que le spectateur, qui n’est pas une huitre, se rappelle de ce qu’il a entendu cinq minutes plus tôt, utiliser des flashbacks, et surtout, faire une introduction très longue.
L’introduction de l’épisode, c’est-à-dire cette minute et demie où Conan en narrateur rappelle les évènements de l’épisode précédent avant le générique, est si longue que l’épisode ne commence vraiment qu’au bout de cinq minutes dix. Autrement dit, l’introduction, l’opening et la fin comptent pour sept minutes. Sur un épisode de vingt-quatre minutes, c’est beaucoup, beaucoup trop.

Pourquoi ne pas avoir rallongé certaines scènes en montrant Conan déambulant dans le camping ? Pourquoi ne pas avoir créé des scènes de toute pièce comme dans l’épisode précédent ? Ces questions resteront à jamais sans réponse, mais elles peuvent nous faire réfléchir sur l’importance du rôle de la personne qui adapte les chapitres en script, à savoir l’organiseur.

D’un point de vue purement scénaristique, Gôshô réussit un tour de force, car l’enquête qu’il nous présente aboutit à la découverte d’un stratagème de meurtre vraiment intéressant et assez incroyable à voir mettre en scène. On sait qu’au quartier général de Shôgakukan, l’entreprise qui édite Détective Conan, les éditeurs ont créé une salle spéciale appelée la « Conan Room » pour tester tous les tricks de meurtre qu’Aoyama présente dans la série. Il est donc fort probable que ce subtil stratagème fonctionne réellement.

En plus de l’enquête à proprement parler, l’épisode précise ce qui a été expliqué dans le 909 : la tension entre Kuroda et Rumi est toujours aussi présente, et les deux s’envoient constamment des piques. Mais quelle est la source de leur haine commune ? La fin de l’épisode nous donne un indice, car on peut voir la forme de ce que Rumi a dans la poche arrière de son jean. On dirait une pièce de shôgi, ou une pièce du jeu d’échecs. Si cela était vrai, alors ça renforcerait le lien entre l’affaire de meurtre de Kôji Haneda, joueur de shôgi en voyage aux Etats-Unis pour une compétition d’échecs, et Rumi. Sa haine de Kuroda pourrait venir, par exemple, du fait que celui-ci aurait fait rater la mission confiée à Rumi (dans ce cas, Rumi serait Asaka, le garde du corps d’Amanda Hugues). Il faudra garder cela en tête en regardant les futurs épisodes. Il ne faudra pas non plus oublier de se demander pourquoi Haibara aime immédiatement Wakasa, et interdit à Conan d’émettre un quelconque doute sur elle. Est-ce une confirmation à demi-mots qu’elle fait partie des « gentils » et rejoindra un jour l’équipe de Conan dans sa lutte contre l’Organisation ?
Chose intéressante, Kuroda n’arrête pas Rumi lorsque celle-ci se dirige vers le preneur d’otage qui menace Ayumi avec un cutter. Ainsi, le vieux policier serait au courant de la force physique de Rumi, ce qui confirmerait l’hypothèse selon laquelle les deux ont pu prendre part à la bataille dans la chambre d’Amanda il y a dix-sept ans.

Ce à côté de quoi on peut facilement passer, c’est le fait que Conan s’expose une fois de plus au danger. Il prend le risque de résoudre l’affaire devant tout le monde, s’exposant à Kuroda et à Rumi, alors qu’il avoue à la fin de l’épisode qu’il soupçonne les deux. En plus de cela, lorsque Rumi se dirige vers Ayumi pour la sauver, Haibara demande à Conan où est sa montre à projectiles hypodermiques ainsi que ses chaussures amplificatrices de force… alors que la maîtresse passe juste à côté. Or, nous avion remarqué dans la critique de la première affaire avec Rumi que Conan enchaînait les gaffes et que Rumi était au courant des gadgets du professeur Agasa à cause d’Ayumi.

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Point négatif de l’épisode : son apogée, qui est le kidnapping d’Ayumi, ne comporte presque aucune tension. Cette scène est une image d’Epinal de la série Détective Conan, tant la petite fille se fait kidnapper régulièrement. L’intérêt de la scène est donc amoindri, quoiqu’il faille surtout se concentrer sur la façon dont Rumi se débarrasse du preneur d’otage.

Mais ce qui rend surtout cette scène fade, c’est qu’on l’a déjà vue dans l’arc précédent. Aoyama recycle une vieille ficelle, parce que la même situation s’était présentée dans l’affaire de l’île Ikkaku (épisodes 542-543), où Subaru utilisait une technique de pression psychologique sur le preneur d’otage pour qu’il lâche Haibara. Est-ce une manière pour Aoyama de nous dire que Rumi et Shûichi ont un lien ? Ou est-ce simplement du recyclage scénaristique ? Le temps le dira.

Enfin, sur une note plus douce, on remarque que lorsque Conan montre le stratagème pour faire brûler la tente en utilisant trois bougies, Haibara se tourne vers les Detective Boys et leur dit : « Ne faites pas ça chez vous ». On comprend bien que ce n’est pas tant aux Detective Boys qu’elle dit ça qu’aux spectateurs. Cela montre, une fois de plus, à quel point Conan est au Japon un animé familial.

III – Bilan

L’enquête est bonne et le stratagème est innovant, mais l’épisode aurait été encore meilleur avec une direction artistique de qualité. Or, Yamamoto se rate dans presque tous les domaines, et le storyboard n’ajoute rien de bien au résultat final. Parce qu’il n’y avait pas assez de matériau dans le manga, l’histoire commence à 05 :12 après le lancement de l’épisode, et finit à 21 :30. Si la fin n’avait pas été bonne et que nous ne glanions pas de petits éléments concernant la trame, et que l’enquête avait été ennuyeuse, nous aurions dit que l’épisode était un peu vide. Heureusement, grâce au producteur, l’épisode 910 évite d’un cheveu cet écueil. 7,5/10. 


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