Détective Conan épisode 912 : Les Detective Boys deviennent des modèles

L’épisode 912 de Détective Conan est sorti le 8 septembre 2018 et s’appelle « Les Detective Boys deviennent des modèles ».
Il a été scénarisé par Toyoto Kogiso, et est storyboardé par Masaharu Ôkuwaki. Le directeur de l’animation est Akio Kawamura.

Alors que, un soir, Kogorô, Ran et Conan mangent tranquillement, l’agent Takagi leur téléphone. Il demande à parler à Conan. « Quoi ? Conan est un témoin oculaire dans une affaire de meurtre ? », dit Ran.

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Les Môri se rendent sur place avec Conan, et retrouvent Takagi et Megure. La victime est Seihô Kitasono, 72 ans, peintre, mort d’une concussion cérébrale. La police scientifique pense qu’il est mort vers 15 :30.
Son corps a été retrouvé, dit Satô, par son apprenti, Kengo Higashio, à 15 :50. Il a quitté le studio et est allé voir la femme de ménage, Shizu Minamida. Kinuko, la femme de Seihô, est alors entrée dans la maison et a découvert la nouvelle. Elle a appelé la police, et peu après, son autre apprenti, Daiki Nishiyama, est arrivé.

Ran demande pourquoi Conan est un témoin dans cette affaire. Il se trouve que le vieil homme avait peint les Detective Boys devant le lac Okuho dans la journée. Il avait envoyé son apprenti, Nishiyama, faire les dessins préparatoires, et lui s’occupait de peindre.

La femme du peintre estime que c’est son assistant Higashio qui a commis le crime : il lui en voulait de ne pas l’avoir recommandé pour le poste de professeur à l’école d’art de Beika. On découvre que tout le monde a un mobile pour tuer le vieux peintre.

Le lendemain, Takagi emmène avec lui les Detective Boys, moins Haibara, en train, à la station que Nishiyama a utilisé comme alibi : il y a pris un selfie vers 14 :00 la veille, ce qui prouve qu’il ne peut pas être le coupable.
Satô découvre qu’Higashio a menti, parce que lorsqu’un livreur est venu chez lui déposer un colis, il n’a pas répondu à la porte. Aussi, Chiba découvre que la femme n’a été vue par personne dans l’hôtel où elle prétendait être restée.

Conan déduit en revenant sur place que le coupable est Nishiyama, qui a demandé aux DB d’être ses modèles dans le but de se forger un alibi.  

I – Graphiquement

Sur le plan graphique, l’épisode est d’une qualité égale à celle de l’épisode précédent. Les visages ne sont pas particulièrement beaux, mais ils ne sont pas non plus moches. Les animations sont bonnes et fluides, et le storyboard remplit son office.
Là où l’épisode 912 se démarque, c’est dans son utilisation des décors. Grâce au scénario, les personnages se déplacent beaucoup. La diversité des décors reflète la créativité du scénario : on a droit au commissariat central, à une rue de Beika, à une grande maison, à un lac, à des trains et des stations. Cette diversité fait plaisir à voir, car Conan a trop tendance à se limiter en se refermant sur une seule et même pièce dans un appartement au design générique. Ce n’est, ici, pas le cas.
Une seule faute s'est glissée dans la production des graphismes, mais heureusement, elle ne gâche en rien le plaisir de visionnage.

Le maître Seiji Muta a supervisé l’épisode, bien sûr, mais il y a assez peu participé. Quelques plans ont été dessinés par lui, et on les remarque assez rapidement, tant leur qualité est supérieure à celle des autres scènes. Quelques plans en traits noirs ponctuent donc l’épisode, mais trop peu pour pouvoir appeler cet épisode un épisode « beau ».

Certains plans sont assez mal faits, comme par exemple Megure qui s’approche du coupable et le fixe d’un seul œil, mais dans la plupart des scènes, le storyboard tient la route. Ôkuwaki est une très bonne recrue pour Détective Conan, et on peut, dans les épisodes dont il s’occupe, toujours compter sur lui. Il eût cependant peut-être fallu à l'équipe des animateurs de respecter la taille des personnages :


Conan fait donc environ 40 centimètres

Fait amusant, tous les bustes dans l’atelier du peintre sont des vrais bustes. Entre deux bustes romains, on distingue, étonnamment, le buste de Molière (quatrième en partant de la droite).
Cependant, les bustes n’ont pas été dessinés par l’équipe de dessin : ce sont des photos qui ont été digitalisées, par la même technique que celle utilisée lors des Mystery Tours. La technologie n’est pas encore totalement prête, parce que l’on peut distinguer, en y regardant bien, les bustes du reste du décor. Rien de bien gênant, ceci dit.


II – Scénaristiquement

Le scénario de l’épisode a été écrit par Toyoto Kogiso, qui est, pour reprendre le terme du producteur Michihiko Suwa, un « vétéran de la série ». L’homme a scénarisé son premier épisode en 2000, et a été embauché sporadiquement. Son dernier travail était l’épisode 880, qui, malgré un scénario relativement peu fouillé, avait été de qualité. On pouvait donc s’attendre à quelque chose d’honorable.

Et c’est en effet le cas. Le scénario n’est, une fois de plus, pas très fouillé, mais l’ambiance qui s’en dégage est bonne. Contrairement à un scénariste de filler basique, qui n’a aucune ambition et ne fait que dans le banal, Kogiso essaie de rajouter une plus-value à l’épisode en nous montrant des choses que l’on voit rarement. Il a, par exemple, l’excellente idée de faire commencer l’épisode un soir où les Môri mangent. Ça peut paraître anecdotique, mais cela permet de montrer des facettes de la vie de Conan que l’on voit peu. Le spectateur n’en est que plus immergé dans l’univers.

Si le filler n’est pas fouillé, c’est qu’il est trop rapide (la faute à l’équipe de production qui préfère les fillers en une partie). Les premières minutes commencent bien, mais à partir de la douzième, tout s’accélère et on désigne trop rapidement le coupable. Kogiso avait de quoi couvrir deux épisodes, il est bien dommage que ça ne lui ait pas été accordé, ou qu’il ne l’ait pas demandé.
Le trick de l’épisode est aussi très simple, trop simple, pour que l’épisode puisse prétendre avoir un bon stratagème de meurtre. L’alibi que se forge le coupable se base sur l’heure affichée dans les stations de métro japonaises. Et la seule preuve que Conan a pour accuser le coupable est aussi très anecdotique. Voilà qui est bien peu, surtout lorsqu’on repense à l’épisode précédent, très comparable (car l’alibi avait été créé par une manipulation des heures), mais qui ficelait bien mieux son intrigue.
Aussi, le fait que Nishiyama ait été le personnage avec l’alibi le plus solide indiquait dès le départ qu’il était le coupable, car ce sont bien souvent les personnages qui ont l’alibi le plus indiscutable qui se trouvent être le coupable, dans Détective Conan comme dans d’autres œuvres de fiction. Nishiyama est lui-même un personnage raté, car tout son intérêt était de créer une tension entre ce que les Detective Boys ont vu, et ce qu'il est véritablement. La découverte de la véritable personnalité du coupable est donc censée créer une émotion chez les DB, qui se rendent compte pour la énième fois qu'il ne faut pas faire confiance aux apparences. Or, là, ce n'est pas assez le cas ; d'autres fillers l'ont bien mieux fait. Aussi, le mobile du coupable est totalement stupide : une manière bien plus simple (et efficace) de se venger de son maître aurait été de le dénoncer aux autorités compétentes, plutôt que de le tuer pour avoir refusé de lui faire gagner une compétition par corruption.

Cependant, tout n’est pas à jeter. Loin de là ; l’épisode est même très sympathique. Les Detective Boys apparaissent sans Haibara, ce qui n’est pas sans nous rappeler les premiers épisodes de la série. Les interactions entre l’agent Takagi et les Detective Boys, quoiqu’éculées, sont toujours appréciables. D’ailleurs, le producteur de la série, Suwa, a écrit sur son blog qu’il avait été impressionné par les scènes doublées par Wataru Takagi : l’homme double à la fois l’agent Takagi et Genta, et il a réussi à doubler les scènes où les deux personnages se parlent sans aucune pause, comme Masako Nozawa.

Comme nous l’avons remarqué dans la critique de l’épisode précédent, le scénario utilise des lieux fictifs. C’est étonnant, lorsque l’on sait que Détective Conan se veut copie fictionnelle du Japon véritable. La peinture est censée avoir été peinte à Okuho, dans la région de Tôkyô. Il y a bien un village Okuho au Japon, avec un lac, mais il est à neuf heures de route de Tôkyô. Le seul autre « Ohuko » présent dans Détective Conan est l’école élémentaire Okuho, où est allé Agasa.

Ce que l’on peut aussi remarquer, c’est l’absence d’Haibara. Sur tous les fillers scénarisés par Kogiso, Haibara n’est jamais apparue, à part dans l’épisode 750. Il est donc possible que le scénariste n’apprécie pas le personnage, ou la trouve peu utile. Dans tous les cas, son absence n’est, malheureusement, pas expliquée.
Cela mis à part, on doit remarquer la maîtrise que l’auteur a des personnages. Il connaît leur caractère, leurs réactions, et sait comment les mettre en scène. Le personnage de Takagi n’est que la surface de ce que l’épisode offre : le caractère colérique de Satô est respecté, et Megure fait la morale à la fin de l’épisode.

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III – Bilan

L’épisode est visuellement correct, et offre de belles scènes, avec des décors somptueux. Leur variété donne vraiment une atmosphère intéressante et nostalgique à l’épisode. Les personnages sont bien utilisés, et seule l’affaire est critiquable, car, coincée dans un format qui ne lui convenait pas, son dénouement est trop rapide. 6,75/10, pour un filler sympathique.

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