Détective Conan épisode 914 : Conan kidnappé (Deuxième partie)

L’épisode 914 de Détective Conan est sorti le 22 septembre 2018 et s’appelle « Conan kidnappé, Deuxième partie ».
Il a été scénarisé par Junichi Miyashita, et est storyboardé par Yasuyuk Honda. Le directeur de l’animation est Kenichi Ôtomo.


Conan retrouvé dans le bas-côté d’une route de Beika, il est emmené à l’hôpital central. Megure, Takagi, Chiba et Kogorô l’y retrouvent, et il leur explique ce qu’il a découvert. Le coupable présumé avait fait mention d’un autre complice, qui aurait accepté de l’aider pour la moitié de sa part.

Tout le monde part, à part Ran qui va chercher à boire pour Conan. Il en profite pour s’échapper. Il se rend en taxi au bar tenu par son ancien geôlier, le Shingatsu. Il trouve dans le petit appartement à côté un homme poignardé dans le cœur. C’est Setsuo Yamago, joaillier, qui travaillait pour le magasin qu’Iwao a pillé la veille.

Conan se rend sur la terrasse, mais Iwao arrive et le bloque en fermant à clef la porte. Conan réussit à s’échapper, et appelle Kogorô. Le coupable va partir à 16 heures à Hong Kong. Megure, assis avec Kogorô dans la voiture, demande à toutes les unités de se rendre à l’aéroport pour l’arrêter à temps.

Conan arrive, et met Iwao à terre en tirant dans un ballon. Il endort Kogorô et résout l’affaire : le véritable coupable derrière le meurtre est le propriétaire de la bijouterie, Teruaki Shimazu.

I – Graphiquement

La première chose que l’on peut remarquer dans l’épisode, c’est le design des personnages. Il a changé, car les visages sont plus allongés, et les yeux plus ronds. Cela est dû au fait que l’excellente Keiko Sasaki, qui dirigeait l’animation de l’épisode précédent, a passé le flambeau au plus décrié Kenichi Ôtomo.
Si Ôtomo fait un travail globalement respectable, on sent bien qu’il est moins à l’aise dans le design des personnages que ne l’était Sasaki. Le personnage de Ran est celui qui souffre le plus de la transition : sur presque tous les plans, son visage, son menton, son nez et ses yeux sont d’une laideur indescriptible, tant le dessin est misérable. Peut-être Ôtomo n’a-t-il même pas corrigé ses scènes.



Aussi, des problèmes d’animation émaillent l’épisode. On peut citer le passage où le bras de Conan s’allonge trop, ainsi que celui où Conan saute sur un muret.
Enfin, une scène qui devait être épique, à savoir Conan qui décide de s’habiller pour se lancer à la poursuite du criminel, est ratée. Est-ce la faute du storyboardeur, Honda, qui a fait un storyboard lacunaire dans l’épisode précédent, ou est-ce Ôtomo qui n’a pas su voir le potentiel gâché de la scène ? Nous ne le saurons jamais. Il n’en reste pas moins que la scène où Conan s’habille est plus réussie dans l’opening 23 ; voilà qui est décevant.

Etrangement, un effort a été fait dans le design des habits de Ran, qui sont ceux qu’elle porte à la fin du film 19. Vu le peu d’efforts qui a été mis dans le personnage dans l’épisode, il est étonnant qu’ils aient pensé à faire cela. On ne peut qu’applaudir : si les spectateurs lambdas ne verront rien de bien spécial, le petit clin d’œil aux fans fait plaisir et montre, une fois de plus, l’interconnexion entre l’animé et les films.

II – Scénaristiquement

L’épisode précédent avait connu un phénomène assez étrange. Comme nous l’avions expliqué, juste après la pause-publicités au milieu de l’épisode, les deux dernières minutes avant la pause avaient été rediffusées. L’épisode 914 prouve que cette rediffusion des deux minutes dans l’épisode était une stratégie faite pour gagner du temps : l’histoire de l’épisode commence cinq minutes dix après le début de l’épisode en lui-même. Le récapitulatif de l’épisode précédent, qui fait commencer chaque épisode de Conan lorsque l’affaire est en plus qu’une partie, dure beaucoup trop longtemps. On comprend donc que le scénario de Miyashita était trop court, et que, pour cacher cela, des techniques ont dû être utilisées de sorte à rallonger l’épisode.

Mis à part cela, le scénario est bon. La résolution est certes un peu évidente, mais la mise en scène est assez bonne pour qu’on oublie cela. On aurait aimé plus de coopération entre Conan et l’excellent personnage d’Iwao, avec lequel il entretient une relation assez similaire que celle qu’il a avec Jigen dans les crossovers avec Lupin III. Malheureusement, il est fort probable que l’on ne le revoie plus jamais. Le manque d’ambition de l’équipe de production de l’animé en ce qui concerne les personnages de fillers est parfois bien dommage.

L’autre petit clin d’œil sympathique aux fans est l’utilisation de l’hôpital central de Beika, que l’on a déjà vu par le passé dans Détective Conan : les épisodes 83 et 91 en faisaient le décor principal, avec des variations dans l’architecture des lieux. Jodie Starling y a aussi été hospitalisée à la fin de l’arc de Vermouth. C’est donc dans ce lieu chargé de mémoire que Conan se retrouve après avoir été jeté de la voiture. Ce n’est pas grand-chose, certes, mais le fait que l’hôpital revienne donne une forme de continuité et de cohérence à l’univers détricoté de la série, ce dont elle a bien besoin.

L’échec scénaristique principal de l’épisode est la scène, censée être romantique et émouvante, entre Conan et Ran, lorsqu’ils sont à l’hôpital. On comprend très bien où Miyashita a voulu en venir. Seulement, à cause de la conjonction d’un dessin de piètre qualité, d’un mauvais storyboard et d’un scénario brinquebalant, la scène se rate et ne produit chez le spectateur aucune émotion. Pire encore, il rend la relation entre Conan et Ran plus superficielle qu’elle l’est déjà dans les fillers. Lorsque l’on sait de quoi Miyashita a été capable pour Conan et Ran, on a de quoi être déçu.

La fin de l’épisode laisse également le spectateur sur un goût doux-amer. Conan réussit à désarmer le coupable, l’autre coupable, et à récupérer la balle pour mettre Kogorô à terre, en calculant la trajectoire et le rebond de son ballon d’une manière particulièrement précise. Si Conan est un habitué, et que défier les lois de la physique ne lui font plus peur, la scène est un tantinet trop « over the top », exagérée, surjouée, pour emporter notre adhésion. Il eût fallu quelque chose d’un tout petit peu moins « God-like » pour que ce soit une fin crédible.
Mais cela est compensé par la scène où le coupable, emmené par la police, demande à Conan qui il est. Le « Conan Edogawa, tantei sa ! » n’a que rarement été aussi épique dans un filler. Miyashita est vraiment un des rares scénaristes de fillers ambitieux, pour se permettre ce genre de choses.  

III – Bilan

Un très bon épisode qui conclut une bonne, ou très bonne, affaire en deux parties. Tout n’y est pas parfait, et le niveau général est en-deçà de ce que nous fait habituellement Miyashita. Peut-être est-ce la conséquence du scénario, qui est trop court, ou peut-être les graphismes gâchent-ils un peu l’expérience de visionnage. Quoiqu’il en soit, l’affaire des épisodes 913 et 914 est, comme à peu près toutes les affaires en deux parties de Miyashita, à voir. 7,75/10.


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