Détective Conan épisode 915 : Sonoko Suzuki, détective lycéenne

L’épisode 915 de Détective Conan est sorti le 29 septembre 2018 et s’appelle « Sonoko Suzuki, détective lycéenne ».
Il est scénarisé par Masaki Tsuji, et est storyboardé par Mitsuko Kase. Les directeurs de l’animation sont Michitaka Yamamoto et Shigenori Taniguchi.

Conan, Ran et Sonoko se rendent dans un parc de la ville pour observer les étoiles pendant la soirée. Depuis un toboggan, Sonoko voit, grâce à ses jumelles, quelqu’un voler une bague sur un bras caché dans l’herbe au loin.

Craignant que le bras en question appartienne à une personne décédée, Conan, Sonoko et Ran se précipitent sur le lieu en question, mais ne trouvent rien. Ils tombent sur Hiroto Sasaki, directeur d’un studio. Rika Minakami, l’assistante d’Hiroto, leur sert à boire. Leur studio crée des mannequins. Hiroto leur expliquer qu’elle a dû voir un bras de mannequin, et non un vrai bras humain, dans l’herbe. Il leur dit que leur voisin, Yoshimura, a cependant le même parterre de fleur, et qu’il est possible qu’elle ait confondu avec son parterre à lui.

Allant sonner à sa porte, Hiroto leur explique que Yoshimura n’est pas là pour le moment, mais que sa femme, Nanae, doit y être. Elle ne répond pas à la sonnerie. Ils entrent donc, grâce au double des clefs que les voisins se sont confiés, mais ne trouvent rien dans l’appartement. Conan découvre un téléphone portable sous une table. C’est celui de Nanae.

Sur la terrasse, ils découvrent une pelle, qui aurait pu servir à enterrer. Mais après avoir fouillé tout le bâtiment, aucun cadavre. Déçus, ils vont boire un verre au restaurant, et se séparent.
Sur le chemin du retour, Sonoko passe devant un bijoutier et se rend compte que les mannequins ne portent pas de bagues. Donc, la main qu’elle a vue n’était pas une main de mannequin, mais bien une main humaine.

Sonoko retourne à l’atelier, et est accueillie par l’assistante, qui la cache. Si le patron était au courant qu’elle était revenue, il s’énerverait. Sonoko la guide jusqu’au toit, mais, bloquée en haut, Rika la coince, sort une arme, et essaie de la tuer. Conan arrive, et tire un ballon de foot pour mettre la coupable K.O..

I – Graphiquement

Au risque de nous répéter – ce qui arrive inéluctablement au fur et à mesure des critiques – les responsables de l’animation sont Yamamoto et Taniguchi. On peut ainsi, sans mettre regarder l’épisode, savoir ce que celui-ci a un character design mauvais, une animation foireuse, et va, globalement, être peu agréable à regarder. C’est en effet le cas ici : les visages sont, comme d’habitude avec ces deux terribles, ratés, du début jusqu’à la fin. Seules les scènes prises en main par Muta sont sauvées.

Mais ce qui choque le plus au début de l’épisode, c’est l’incapacité de Yamamoto et de Taniguchi à adapter d’une manière jolie le scénario. Alors que le script, fait par Kase, est bon, les deux animateurs-en-chef réussissent à se rater sur la transcription des images fixes du storyboard en images animées. Comprenez par-là que les animations sont tellement mal faites qu’elles obscurcissent à certains moments le sens du script.
Au début de l’épisode, le storyboard expliquait que Sonoko, perchée en haut d’un toboggan, devant tomber à la renverse pour se rattraper à temps. Seulement, Taniguchi et Yamamoto font une animation si étrange que soit l’on ne comprend pas ce qu’il se passe, soit la scène apparaît terriblement stupide :

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On sait bien que Détective Conan ne se prête pas vraiment à l’action, mais il y avait bien mieux pour donner du piment à la scène. Miyashita et Kôchi ont déjà réussi, même dans leurs mauvais jours, à mettre en place d’une manière plus intéressante leurs affaires.

Les animateurs-en-chefs pèchent encore plus lorsqu’ils combinent l’incompétence au ridicule. Le moment où Sonoko se précipite vers la scène du crime est la plus parlante : alors que la séquence devait être dramatique au sens premier du terme, elle devient risible du fait de l’animation :

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On remarque aussi dans l’épisode un faux-raccord. Les épisodes de Détective Conan n’en regorgent pas, probablement grâce à l’examen minutieux du produit final avant qu’il ne soit envoyé à la chaîne de diffusion. On en trouve pourtant ici : sur un plan, le vendeur de bijoux est à genoux ; sur le plan suivant, il est debout. Peut-être est-ce le signe qu’une scène qui devait se dérouler entre les deux a été coupée.

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Pour finir, parlons des couleurs. Elles sont trop flashies. L’épisode est censé être sombre : le thème de la nuit et de la lune revient à plusieurs reprises. Pourtant, les couleurs flashent à l’écran, et les habits de Ran sont une subtile combinaison de jaune et de rosse. Difficile de faire pire en termes de couleurs qui sautent aux yeux. C’est donc une nouvel échec pour l’équipe de colorisation de l’animé ; mais ne désespérons pas, car peut-être, un jour, l’équipe reviendra vers une palette normale.

II – Scénaristiquement

Scénaristiquement parlant, l’épisode n’était pas prévisible. L’auteur, Masaki Tsuji, est « hit or miss » : s’il peut écrire des très bons fillers (La Séquestration d’Ai Haibara, l’affaires des masques de Nô), il est également capable du pire. La question était donc de savoir si l’épisode 915 était un de ses épisodes des beaux jours.

Nous pouvons commencer avec un constat intéressant, qui est que l’épisode s’inscrit dans le quotidien des Japonais. Comme nous l’avons déjà expliqué, Détective Conan est, pour l’écrasante majorité de l’audience, non pas un manga avec une trame complexe, mais le dessin animé que l’on regarde automatiquement sans trop réfléchir le samedi soir en mangeant. Cela a un impact certain sur la série : elle se doit de refléter au maximum la vie quotidienne des spectateurs. En découlent deux choses : l’utilisation de noms qui paraissent réels pour désigner des lieux réels, comme nous l’avons expliqué dans la critique de l’épisode précédent, et l’utilisation de thèmes fédérateurs. Le thème fédérateur sur lequel se base cet épisode-ci, c’est le fait de regarder les étoiles, pratique courante enseignée aux enfants au Japon, et que l’on a déjà croisée dans la série.
Tsuji, et c’est une de ses rares réussites scénaristiquement, utilise ce thème pour embrayer sur une enquête policière. Le fait que ce soit Sonoko qui ait vu la main, et qu’elle soit la plus déterminée à retrouver le cadavre, donne à l’épisode un petit peu d’originalité. Preuve de plus, s’il en fallait, que lorsque les scénaristes de Détective Conan souhaitent aller à l’encontre de la banalité, ils peuvent écrire des scripts qui sortent un peu de l’ordinaire.

Le moteur de l’intrigue est donc Sonoko, qui se fait, le temps de l’épisode, « Joshikosei tantei », à savoir, détective lycéenne. Mais Tsuji ne réussit pas à la rendre plaisante. Sonoko n’arrive pas à enquêter comme il le faut, et son investigation se résume à quelques gesticulations, la volonté d’ignorer ce que tous les personnages lui disent, et de fouiller la maison plutôt que de réfléchir. Elle semble même perdre complètement conscience lors d’une scène sur le toit, où elle commence à accuser tous les personnages autour d’elle, Conan et Ran compris. Premier échec pour Tsuji.

Le deuxième épisode, c’est l’enquête. Elle est plate, jusqu’à la révélation finale qui surprend un peu et donne un peu de fraîcheur à l’épisode. Non, chercher dans tous les placards le cadavre de la victime n’est pas ce que l’on attend d’un épisode de Détective Conan (« L’intelligence d’un adulte dans le corps d’un enfant », et non pas « L’intelligence d’une enfant dans le corps d’une adulte mal dessinée »…), et non, écrire une enquête vivre pour donner la révélation d’un coup à la fin n’est pas une bonne stratégie à adopter. Deuxième échec pour Tsuji.

La troisième erreur du scénariste, c’est la relation entre Conan et Ran. Visiblement, Tsuji voulait aller plus loin que ce que font les scénaristes de fillers habituels : il voulait montrer la considération que Ran a pour l’intelligence de Conan. Volonté honorable. Seulement, il ne réussit pas bien à le traduire dans l’épisode. Ran demande à Conan son avis trois fois, mais deux fois, il ne lui répond pas, laissant un grand vide dans la conversation. Ignorer sa question brise une dynamique qui aurait pu porter ses fruits à la fin de l’épisode ; les interactions entre les deux s’en trouvent diminuées. C’est bien dommage, étant donné que l’idée originale était bonne.

Là où Tsuji réussit, c’est sur la fin de l’épisode. La réussite n’est cependant pas spectaculaire. Elle mérite néanmoins le détour. Sonoko rentre à l’atelier, et est accueillie par l’assistante, qui l’accompagne sur le toit. Là, l’assistante révèle que c’est elle qui a tué la victime. Evidemment, il aurait été bien mieux, d’un point de vue scénaristique, que Sonoko, à travers un monologue, se rende petit à petit compte de l’identité du coupable tout en marchant avec la coupable en question. Mais Tsuji n’y ayant pas pensé, on doit se contenter de cette alternative qui, il faut le dire, n’est pas non plus mauvaise. Sonoko attaquée, Conan arrive et tire un ballon sur l’assistante de sorte à la mettre K.O., tandis que Ran monte, d’une façon un peu ridicule, l’échafaudage. Une fin plutôt satisfaisante pour un épisode qui ne l’était pas ; ça ne sort pas de l'ordinaire, mais ça donne un peu de "punch" à un épisode qui en manquait.

Pour finir sur une petite anecdote, on remarque que les trois derniers épisodes, plus celui-ci, comportent tous le nom du protagoniste dans leur titre, ce qui est très rare dans cette série qui a plutôt tendance à utiliser des noms communs dans ses titres.

III – Bilan

L’épisode n’est ni beau, ni bien scénarisé. L’un ne réussit donc pas à rattraper l’autre. Et c’est dommage, car le scénario comporte des bonnes idées : donner le devant de la scène à d’autres personnages que Conan était une excellente idée, de même que de développer les interactions entre Ran et le petit détective. Mais l’auteur s’arrête toujours sur la lancée, comme s’il n’osait pas aller plus loin que le minimum syndical requis par l’équipe de production de l’animé. Cela fait de l’épisode 915 un épisode très peu mémorable. C’est dommage, lorsque l’on sait que d’autres épisodes, qui n’avaient pourtant pas Sonoko comme sujet principal, ont mieux réussi à implanter le thème de Sonoko-la-détective. 4/10.


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