Détective Conan épisode 919 : Le Café secret du trio de lycéennes (Première partie)

L’épisode 919 de Détective Conan est sorti le 3 novembre 2018 et s’appelle « Le Café secret du trio de lycéennes, Première partie ».
Il est tiré des files 994 à 996 du volume 94, et est storyboardé par Yasuyuki Honda. La directrice de l’animation est Keiko Sasaki.


Ran est, depuis quelques jours, très joyeuse. Elle parle de quelque chose dont elle a hâte au téléphone, mais Conan ne comprend pas quoi. Lorsque Kogorô rentre pour manger, Ran va manger dehors, et Conan et Kogorô décident de la suivre pour découvrir de quoi il en retourne.

Kogorô, épiant Ran, pense que celle-ci va rejoindre Shinichi. Ils la suivent dans une librairie, où Ran feuillette un guide touristique de Kyôto. Elle sort et se rend au restaurant « Rice Flower », où les détectives prennent une table.

Masumi et Sonoko arrivent et s’assoient avec Ran pour parler de Kyôto. Alors que Kogorô veut partir, Conan et lui entendent Ran dire qu’elle espère rencontrer Okita. Ils se rassoient soudainement.

Sonoko dit que les sandwiches du restaurant sont bons, mais pas autant que ceux d’Amuro. Arrive le serveur, Daiki Saraie, qui lui demande l’adresse. Un client, Tomonori Motosu, intervient et dit à Sonoko de ne pas donner l’adresse, car le serveur a un blog sur lequel il critique des restaurants pour tuer la concurrence.

Saraie s’approche de la serveuse Isuzu pour lui demander si elle a réfléchi à sa proposition. Celle-ci lui répond qu’elle ne veut pas sortir avec lui.

Sonoko remarque Conan et le dit aux autres. Conan explique qu’il était curieux de savoir de quoi retournait ce voyage secret. Ran lui dit qu’il comprendra quand il sera plus grand, parce que ce n’est pas un voyage secret, mais autre chose. A ce moment-là, un cri retentit : Saraie, le serveur, est retrouvé mort dans la pièce réservée aux employés.

I – Graphiquement

L’épisode 919 est, sur le plan graphique, un bon épisode. Il n’est pas exceptionnel, et peu de scènes se prêtent à l’épique. Mais il est convenable, et peu de plans choquent nos petites rétines. Keiko Sasaki est un choix sûr pour les épisodes moyennement importants, car elle connaît le design des personnages et fait des bonnes animations. Le personnage le plus raté par les animateurs est généralement Masumi Sera, car elle n’apparaît que peu souvent, empêchant les animateurs d’apprendre à la dessiner. Elle n’est là pas ratée. C’est un bon point pour Sasaki.

En termes de couleur, il n’y a rien de terriblement choquant, mais on peut regretter que les couleurs flashies-fluos restent d’actualité dans Détective Conan. Le pull de Masumi est d’un jaune criard, et beaucoup trop de couleurs semblent être hors de contexte. Pourquoi ne pas lancer une révision de la palette de couleurs de la série pour la saison prochaine ?

Yasuyuki Honda, aux commandes du storyboard, fait un travail médiocre. Les plans sont fixes, trop fixes. Les personnages ne bougent que très peu, et on voit bien que, pour économiser, seule leur bouche est parfois animée. Les mises en scènes et cadrages ne sont eux-mêmes clairement pas du niveau de ce que l’on a pu avoir par le passé. C’est bien dommage.

Deux remarques de l’ordre de l’anecdote.
Un plan au début de l’épisode, lorsque Conan et Kogorô suivent Ran, fait terriblement penser à un des plans les plus iconiques du premier opening de la série. Y a-t-il eu une volonté de faire un clin d’œil aux fans ? Nous ne le saurons probablement jamais, mais il n’en reste pas moins que cela fait plaisir à ceux qui se souviennent de l’opening.

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Ensuite, si l’équipe de production de l’animé a très peu modifié le matériau originel, on remarque que l’équipe de l’animation a mis en arrière-plan à un moment un camion de livraison Cheetah. C’est peu, mais cela permet de créer un véritable univers « vivant » dans la série.

II – Scénaristiquement

Du point de vue du scénario, Aoyama ne fait clairement pas le sans-faute que l’on aurait aimé avoir. Le problème principal est la répétition.
Une fois de plus, comme nous l’avons déjà expliqué, la répétition est inévitable dans une série aussi longue. Seulement, certaines situations se répètent beaucoup trop, sans aucune variante, et à trop peu d’épisodes d’écarts.

Si le coup de Ran qui est toute joyeuse et qui rend Conan jaloux a déjà été vu, et ce dès le tome 11 avec l’apparition d’Eri Kisaki, c’est parce que c’est une ficelle classique qui, au début, fonctionnait. Mais à force de la voir, la tension originelle ne prend plus et ne fait rien ressentir au spectateur. Ce n’est que lorsque Ran commence à parler d’Okita qu’une tension dramatique se crée réellement.

Le problème de la répétition est d’autant plus fort qu’il est souligné par Conan. Aoyama admet que son scénario n’est pas très bon lorsqu’il fait remarquer à Conan qu’il « comprend ce qu’ont ressenti Kogorô et Haibara lorsqu’ils ont suivi Yoko Okino et Higo ». C’est une référence à l’épisode 822. Cela créée certes une continuité entre les épisodes, et nos lecteurs les plus avides savent que nous apprécions cela, mais si la répétition est le prix de la continuité, alors mieux vaut avoir moins de continuité, et plus d’innovation.

Et de la continuité, l’épisode n’en manque pas. Lorsque Conan réfléchit à ce qui a pu rendre Ran heureuse, il dit qu’elle est allée au cinéma avec Eri récemment, et que ça n’avait donc rien à voir avec sa mère. C’est une référence à l’épilogue de l’affaire de l’enlèvement d’Eri Kisaki (épisode 902). C’est une bonne idée.
Une autre marque de continuité se trouve dans une réplique de Sonoko. Lorsqu’elle est en train de manger un sandwich, elle commente son goût, et fait remarquer que les sandwiches d’Amuro au Poirot restent meilleurs. Le serveur l’entend et lui demande de quel restaurant il s’agit. C’est une petite référence sympathique qui permet de structurer l’univers de la série.

On peut aussi se demander si le fait que le téléphone de Shinichi ne fonctionne pas lorsque Conan en a besoin est une référence aux films, où Conan a de plus en plus tendance à endommager son téléphone, ou pas.

Du point de vue du scénario, on remarque une légère incohérence, qu’Aoyama tente de maquiller : Ran, Sonoko et Masumi achètent toutes trois un guide touristique de Kyôto. Voilà qui est prodigieux : à l’ère d’Internet, et alors que presque tous les personnages ont un smartphone, elles achètent un guide touristique. Aoyama sait que c’est incohérent avec son propre univers, alors il fait dire à Masumi, comme pour se justifier, « C’est plus facile d’acheter un guide que d’aller sur Internet, parce que là on a des images ! ». C’est bien connu, il n’y a aucune image sur Internet.

Cela mis à part, le scénario en lui-même est-il bon ?
Le déroulement de la trame est terriblement classique : Conan a son intérêt piqué au vif par quelque chose qu’il ne sait expliquer, il suit quelqu’un pour se retrouver dans le lieu du meurtre, et un meurtre a justement lieu. Rien de nouveau sous le soleil, donc.
Aoyama sachant très bien l’intérêt limité de son scénario, tente de le rendre intéressant en introduisant un élément, à savoir de la trame amoureuse, voir même, lorsque l’on sait l’affaire qui va suivre, de la trame principale : Conan cherche à savoir à quel voyage Ran va partir, et si elle est vraiment amoureuse d’Okita. C’est bien maigre, mais c’est ce dont l’on devra, au vu de la qualité de l’affaire de meurtre, se contenter.

III – Bilan

L’épisode 919 n’est très clairement pas à voir pour son meurtre, mais pour les interactions entre les personnages. Il souffre du même problème que certains films Marvel : au lieu d’être une histoire en soi et pour soi, qui se suffit, l’épisode 919 n’est que le prologue à l’épisode 920 qui lui-même n’est que le prologue à un véritable arc de grande qualité. Il va donc falloir serrer les dents afin de pouvoir profiter d’une affaire aoyamaesque. La qualité graphique permet à l’épisode de tenir debout, sans plus. 6/10.