Détective Conan épisode 922 : Les Detective Boys disparus

L’épisode 922 de Détective Conan est sorti le 24 novembre 2018 et s’appelle « Les Detective Boys disparus ».
Il est scénarisé par Junichi Miyashita, et est storyboardé par Atsuko Kase. Le directeur de l’animation est Asuki Tsubuki.

Les Detective Boys se sont rendu au tournage d’un film Kamen Yaiba dans la campagne. Tout se passe bien, et l’acteur finit son numéro, lorsqu’apparaît un homme étrange, Tatsumi Masaya. Conan fronce les sourcils ; il s’inquiète.

Ellipse narrative. Haibara et les autres Detective Boys sont plongés dans le noir, ligotés. Ayumi se rend compte que Conan n’est pas là. Un homme se tortille dans l’ombre ; c’est Masaya, qu’ils avaient vu plus tôt.

Haibara se remémore les évènements qui les ont conduits là. Après la fin du tournage, ils ont marché dans le village pour que Genta achète à manger. Une vieille dame, Toshie Nakama, a fait tomber un billet, et le vent l’a fait s’envoler. Les DB le recherchent, et en trouvent trois, chacun ayant le même numéro de série : c’est de la fausse-monnaie.

Conan ayant déduit la localisation d’un de leurs centres d’action, il s’éloigne du groupe et appelle l’inspecteur Megure. Pendant ce temps, les Detective Boys se cachent derrière un poteau pour observer les passants. Celle ou celui qui reviendrait récupérer ses billets de contrebande serait le coupable.

Arrive une femme hautaine, aux cheveux verts, Bella Hikifune. Elle regarde autour d’elle et se met à quatre pattes pour regarder ce qu’il y a sous le distributeur. Au lieu d’attendre Conan, les DB se lancent à sa poursuite, bien qu’Haibara tente de les en empêcher. Elle envoie des MMS à Conan avec les photos qu’elle a prises. Ils se retrouvent bloqués dans un cul de sac, et sont kidnappés à ce moment-là par les hommes de main de Bella.

Retour dans la pièce obscure. Les DB réussissent à se libérer de la corde qui entravait leurs poignets, mais refusent de libérer Masaya, qu’ils trouvent louches. Alors qu’Haibara se demande où ils se trouvent, un grand bruit retentit ; ils sont dans un conteneur près des docks.

Genta renifle l’homme suspect et sent du jus de fruit, or, il avait aussi senti l’odeur du jus d’orange sur un des faux billets. L’homme est donc un faux-monnayeur, s’acclame-t-il.

Conan poursuit avec son skateboard le camion qui transporte le conteneur, qui arrive sur les docks. Il est chargé dans le bateau. Il se fait kidnapper à son tour par les hommes de main de Bella, mais la police arrive car il leur avait demandé de venir lorsqu’il cherchait les docks. Seulement, au même moment, le conteneur avec Haibara et les autres est submergé afin de détruire les preuves de faux billets. La police retrouve le conteneur et le sort de l’eau.

I – Graphiquement

Sur le plan graphique, la réponse se trouve dans les premières lignes de cette KudoCritique : un épisode dessiné par Asuka Tsubuki ne peut pas être beau. Tsubuki n’arrive pas à saisir l’âme des personnes, à leur insuffler de la vie ; ses animations sont trop mécaniques, et les visages, parfois un peu trop déformés. Certes, entre un épisode dirigé par Tsubuki et un épisode dirigé par Taniguchi, on prend Tsubuki sans hésitation. Mais l’épisode n’est pas beau, à peine est-il satisfaisant. C’est d’ailleurs pour cette raison que Tsubuki ne fait généralement pas les épisodes seuls, elle est constamment assistée par d’autres (Ôtomo, Iwai), qui corrigent ses erreurs. Seulement, depuis les épisodes 880 et quelques, l’équipe de production la laisse voler de ses propres ailes, ce qui n’a rien donné de bien bon (889, 902, et le terrible 916).

En termes de traits noirs, la déception est complète. Il n’y en a presque pas dans tout l’épisode, quand bien même des plans auraient très clairement pu en comporter.
L’absence est cependant compensée par des très bons effets visuels, tels que de la pluie, des flaques d’eau, peu de couleurs flashies, et surtout, de beaux décors avec des ciels splendides. Cela nous fait un peu oublier le peu de traits noirs, mais ça ne permet pas d’ignorer le trait de Tsubuki.

En termes d’animation, quelques petites erreurs se sont glissées, et des frames d’animation ont été omises. L’erreur la plus flagrante est la scène où Haibara prend des photos avec son téléphone. Si l’on entend bien l’effet sonore, et que l’on voit son téléphone prendre des photos, elle n’appuie sur aucun bouton (08 :45). On s’en remettra.

II – Scénaristiquement

Un épisode scénarisé par Junichi Miyashita, le meilleur scénariste de Détective Conan depuis le décès de Kazunari Kôchi, est un évènement. L’homme fait généralement de très bons scénarios, et il se démarque des autres scénaristes de fillers par sa capacité à créer des personnages intéressants, et par sa volonté de faire mieux que le minimum syndical. Tout comme Kôchi, il essaie de ne pas nous rabâcher sans cesse la même histoire : il veut aller au-delà. La conséquence de cette ambition que Miyashita a pour Détective Conan est que ses épisodes sont bons, voire mémorables. Est-ce le cas ici ? Non.

Miyashita ne maîtrise, dans cet épisode, pas grand-chose.
Pour commencer par le positif, le scénario est intéressant. Une mafieuse italienne, une histoire de fausse monnaie, sur un fond de tournage de film de Kamen Yaiba, c’est pas mal du tout. Comme toujours, Miyashita crée un personnage intéressant qui sort du commun, Bella Hikifune. Comme toujours, il nous pond un final de qualité qui nous donne des frissons.

Malheureusement, l’histoire est complètement tirée par les cheveux. Les personnages font des déductions d’indice en indice, mais Miyashita ayant probablement eu une flemme monumentale, il décide de rester au minimum syndical. Certaines scènes font même penser à de l’Ôgizawa : Genta qui déduit l’identité du coupable en reniflant sur ses vêtements du jus d’orange, jus d’orange qu’il avait également senti sur un faux-billet, c’est totalement risible. C’est comme si Miyashita avait lâché prise sur le scénario en plein milieu pour le laisser être écrit par d’autres auteurs. On enchaîne une scène dantesque et une scène ridicule sans interruption.

Cette basse qualité du scénario est remarquable dès le début de l’épisode. Un homme arrive, mains dans les poches, au tournage du film Kamen Yaiba. Alors que rien ne le rend spécial ni remarquable, Conan fronce les sourcils, et Haibara lui chuchote : « Tu es inquiet ? ». C’est si ridicule que l’on repense à cette scène du film 20 où Conan déduit que la jeune femme est membre de l’Organisation car elle a gagné un jeu de fléchettes.

Pour couvrir le tout, Miyashita s’enfonce dans la stupidité qu’il a initiée il y a quelques épisodes de cela, à savoir de caricaturer Genta comme un ventre sur pattes. Certes, le personnage a toujours été décrit comme un gros mangeur, mais c’est forcer le trait que de faire que 60% de ses répliques soient « J’ai faim ! » et « x yens ? Ca fait combien d’anguilles ça ?! », que l’on nous ressasse depuis le film 1.

Afin de s’enfoncer, notre auteur décide d’utiliser la structure la plus basique possible pour son scénario : un kidnapping qui touche tout le monde, sauf Conan. Parce qu’il faut bien quelqu’un pour sauver le groupe. Ne nous méprenons pas : il est difficile de faire du neuf dans une série de plus de 900 épisodes. Cependant, Miyashita, avec son inventivité habituelle, a largement de quoi faire mieux. Pourquoi, par exemple, ne pas avoir fait en sorte que Genta et Mitsuhiko n’aient pas été kidnappés, et qu’ils doivent résoudre eux-mêmes le mystère ?
L’épisode 922 rejoint donc la triste liste des épisodes à avoir récemment utilisé le kidnapping comme thème : 918 (Genta), 913-914 (Conan), 910 (Ayumi), 901-902 (Eri), et maintenant, le 922. Une fois de plus, l’utilisation du kidnapping comme moteur scénaristique n’est pas une mauvaise chose en soi, seulement, l’équipe de production de la série doit faire attention, lorsqu’ils font la réunion préparatoire où le résumé du scénario des futurs fillers est validé, à ce que le thème du kidnapping apparaisse au maximum une fois tous les vingt épisodes, et non pas tous les quatre ou cinq épisodes.

Enfin, le final. Nous l’avons dit, il est bon. Ou plutôt, certaines scènes sont excellentes, d’autres sont très mauvaises. Tout va si vite que l’on n’a pas le temps de respirer pour apprécier ce qu’il se passe ; c’est comme si l’équipe de production avait fusionné le scénario de deux épisodes en un. Une fin de filler sur les docks, pourquoi pas. Certes, on l’a déjà vu récemment (épisode 918), mais pourquoi pas. Ce qui est embêtant, c’est le fait que tout semble bâclé : Conan se fait kidnapper, mais le kidnapping dure moins d’une minute, ce qui fait que l’on n’a même pas le temps de s’inquiéter pour lui. La seule scène qui soit vraiment bonne dans cette fin d’épisode est donc celle où l’eau commence à s’immiscer dans le conteneur et que les DB sont sur le point de mourir. A part cela, c’est un échec.
Heureusement que les films Détective Conan n’abusent pas des docks comme lieu d’action…


III – Bilan

Un scénario qui avait du potentiel, mais que Miyashita rate à moitié. Les dessins ne sont pas terriblement mauvais, ils sont simplement passables, avec quelques plans où les visages sont trop obtus. Une déception. 3/10.