Détective Conan épisode 923 : Un Jour sans Conan

L’épisode 923 de Détective Conan est sorti le 1er décembre et s’appelle « Une Journée sans Conan ».
Il est scénarisé par Nobuzo Ôgizawa, et est storyboardé par Yasuyuki Honda. Les directeurs de l’animation sont Masanori Hashimoto, Michitaka Yamamoto, Hiromi Muranaka, Akiko Motoyoshi, Asuka Tsubuki et Ken Shintani.


Sur un chantier dont ils n’ont pas l’autorisation de pénétrer, les Detective Boys découvrent un cadavre. Ils appellent l’inspecteur Megure, qui fait venir la division homicide de la police.
La victime est Sadakazu Unmo, 30 ans. Il est mort suite à une blessure à la tête, mais il n’y a aucune arme près de lui.

Mitsuhiko téléphone à Conan pour lui raconter ce qu’il se passe, mais Conan est dans un onsen avec Kogorô. Il a gagné un voyage pour deux personnes, mais Ran ne pouvant venir, Conan a accompagné Kogorô. Il ne peut donc pas les aider.

La police scientifique conclut que la victime est morte entre 13 :30 et 14 :30. Mitsuhiko intervient et dit que le meurtre a dû avoir lieu à 14 :00, lorsqu’ils ont vu un homme louche au visage caché sortir du bâtiment en courant. Ils étaient restés devant le bâtiment car après avoir rencontré Hisae Kubo, 73 ans, celle-ci avait dit que son fils était au chômage et passait la nuit dehors. Seulement, l’homme qui est sorti en courant ne pouvait être le fils de Kubo, car ils ont vu juste après celui-ci sortir de sa maison et se rendre au supermarché. Le filant, ils se sont rendu compte que le fils travaillait en réalité pendant la nuit au magasin.

La victime était en réalité un maître chanteur. La liste de ses victimes ayant été retrouvée par la police, les DB suivent Takagi et Chiba pour entendre les déductions de chacun des suspects. Une femme ressort en particulier des entretiens : Rika Samei, qui aurait très bien pu se créer un alibi en manipulant sa voisine. Conan téléphone aux DB et leur demande de chercher près de la scène du crime certains objets. Ils les trouvent, et ils appellent Takagi et Chiba pour venir régler l’affaire.

Mitsuhiko, fier de lui, commence sa déduction, lorsque Conan arrive. Le petit détective le laisse continuer sa déduction.

I – Graphiquement

La première chose qui avait surpris, lorsque l’épisode avait été mis à l’agenda, fut le nombre incroyable de directeurs d’animation. Si les épisodes mythiques nécessitent en effet plus de trois directeurs d’animation pour garantir une qualité constante tout du long de l’épisode (pensons, notamment, au Mystery Train), rien ici ne laissait présager un tel nombre de DA.

Ce chiffre ahurissant est explicable par la qualité de ces directeurs d’animation. Aucun d’entre eux ne sait très bien animer, et le résultat de Yamamoto, lorsqu’il travaille seul, est terrible. Il a donc fallu engager cinq personnes pour le contenir. Le problème est cependant que l’addition de cinq directeurs de faible niveau, avec un directeur de très mauvais niveau, ne donne pas un très bon résultat.

Ainsi, de tout l’épisode se dégage une impression très étrange, comme si on se trouvait dans un dessin animé dont les personnages auraient été dessiné par des apprentis animateurs de manière bâclée. On sent que certains styles gagneraient à être réutilisés dans la série ; certains plans font même penser au style d’Atsushi Aono. Mais ce n’est clairement pas le cas de tous, et l’épisode donne à voir, plusieurs fois, un très mauvais résultat. Les erreurs qui sont commises concernent principalement les visages, qui sont trop ronds, ou trop gros. C’en est paradoxalement attendrissant à certains moments, ce qui fait que nous ne sanctionnerons pas trop cet échec.

En termes de décors, tout est bon, comme toujours, si ce n’est un plan sur le toit, où l’on voit beaucoup trop que les personnes ont été animés par-dessus du décor. Les couleurs sont plutôt belles et ne choquent pas trop les yeux ; rajoutons à cela une bonne gestion de la luminosité, et on en vient à regretter que les six animateurs en chefs n’aient pas su bien dessiner les personnages.

II – Scénaristiquement

Ôgizawa n’est plus, après 923 épisodes, à présenter. L’auteur est connu pour tenter des scénarios tordus et étranges. Il tente souvent de prendre des risques, pour créer de la nouveauté dans la série, mais la piètre exécution de ses épisodes a tendance à faire échouer ses essais, rendant ses scénarios ridicules. Est-ce le cas ici ?

Etonnamment, non. Ou plutôt, pas tellement.
Ôgizawa tente d’innover, et il réussit à plusieurs titres. Un épisode qui se passe sans Conan, c’est une très bonne idée. Mais l’auteur ne réussit pas à gérer la chose jusqu’à la fin, et il le fait intervenir dans la résolution de l’affaire, ce qui est un peu dommage. Un épisode où une rivalité naît car Mitsuhiko veut prouver ses capacités, c’est une bonne idée, même si ç’a déjà été fait, et que l’exécution est assez mauvaise.  En bref, tout ce qui est bon n’est pas nouveau, et tout ce qui est nouveau n’est pas bon.

En termes d’inspiration, l’idée que Conan résolve une affaire à distance avait été mémorablement utilisée dans les épisodes 642 et 643, où les Detective Boys jouaient au karuta dans la maison de kidnappeurs. Haibara avait filmé ceux qui prétendaient être les parents d’un petit garçon, et avait déduit, depuis son lit, qu’ils étaient des malfaiteurs. Ici, l’idée est un peu la même, mais elle est moins bien utilisée.

La jalousie que Mitsuhiko ressent envers Conan est aussi une ficelle scénaristique tentante, mais malheureusement, elle est totalement hors-sujet : cela fait bien longtemps que la rivalité entre Mitsuhiko et Conan a été enterrée et que les différends ont été réglés. La question d’Haibara, qui était un point d’achoppement, a elle aussi été évacuée depuis belle lurette. Dès lors, le fait que Mitsuhiko soit vexé lorsque Conan lui dit de faire telle ou telle chose au téléphone est quelque peu étrange. C’est même dommage, car si l’idée aurait pu être bien menée, elle aurait mérité d’être déployée sur deux ou trois épisodes, et non sur un. La conclusion, où Mitsuhiko se dégonfle et laisse Conan parler, est encore plus décevante.

Un autre souci de l’épisode, qui l’émaille de bout en bout, est le mauvais rythme d’enchaînement des scènes. Si Yasuyuki Honda, le storyboardeur, est celui qui s’en est occupé, alors son travail mérite un carton rouge : on passe d’une scène à l’autre trop rapidement, empêchant toute scène d’avoir du poids émotionnel. C’est particulièrement flagrant à la toute fin de l’épisode : Conan félicite Mitsuhiko pour sa clairvoyance, l’adoubant par là-même, geste symbolique mettant un terme à la vexation de Mitsuhiko depuis le milieu de l’épisode. A ce moment-là, ils entendent quelqu’un crier, se retournent, et voient une autre affaire se déclencher devant leurs yeux. Conan dit à Mitsuhiko qu’il est temps pour eux de s’attaquer à une nouvelle enquête, et ils foncent vers le coupable. Cette excellente idée aurait été tellement plus marquante si elle n’avait pas souffert de ce terrible défaut de réalisation qui marque cet épisode sous le sceau de l’incompétence.

III – Bilan

L’épisode a un scénario surprenamment bon pour Ôgizawa. Il n’est pas bon à proprement parler, mais son aspect hors du commun et original permet de nous faire oublier les défauts du script. Ôgizawa se rate dans beaucoup de choses qu’il entreprend, mais l’épisode reste, globalement, malgré son esthétique, bon. 6/10.