Détective Conan épisode 937 : Le Poing fatal du géant Talos

L’épisode 937 de Détective Conan est sorti le 20 avril 2019 et s’appelle « Le Poing fatal du géant Talos ».
Il est scénarisé par Masaki Tsuji, et est storyboardé par Yasuyuki Honda. Le directeur d’animation est Akio Kawamura.

Agasa invite les Detective Boys et Ran à visiter les Studios Kagami. Alors qu’ils arrivent à l’entrée, ils apprennent que le studio pourrait bientôt fermer à cause d’un rachat. Agasa va parler à Shinobu Kagami, la fille du président. Ce dernier veut parler au professeur d’un sujet important.

Pendant ce temps, Shinobu Kagami fait visiter les studios aux enfants. A l’intérieur du grand dôme central a été créé un décor de grande forêt montagneuse, avec des statues de personnages de la littérature chinoise tels que Son Wukong. Ces statues peuvent être contrôlées à distance grâce à un logiciel installé dans le téléphone de la fille du président. Elle montre aux enfants une statue gigantesque représentant Talos.

Tadashi Hanyu, le business manager de l’entreprise, arrive. Il explique que la statue ne sera probablement jamais finie à cause des problèmes d’argent du studio.

Dans le bureau du président Eizô Kagami, le professeur Agasa et Kagami sont en pleine dispute. Agasa est mécontent du sort qui est réservé aux pièces qu’il a inventées pour faire bouger la statue gigantesque de Talos – c’est une insulte à M. Yamagata, le père du design actuel de l’entreprise, Tokûichi Yamagata.

Ran et les Detective Boys mangent dans la cafétaria de l’entreprise en attendant que le professeur Agasa ait fini sa rencontre avec le président de l’entreprise. Ran remarque qu’elle a déjà vu Tadashi Hanyu quelque part : à une fête organisée par la famille de Sonoko. Elle avait dansé avec lui, ce qui avait rendu Jirokichi content.

Avant qu’il ne porte, alors que le soleil s’est déjà couché, un grand cri retentit. Hanyû-san est retrouvé mort dans la grande salle du dôme, près du géant Talos.

I – Graphiquement

L’épisode 937 est une déception visuelle. Si Akio Kawamura, son directeur d’animation, ne fait pas partie des meilleurs directeurs d’animation, il reste tout de même une valeur assez sûre que l’équipe de production de l’animé peut choisir lorsqu’elle veut qu’un épisode ne soit pas trop mal animé. Or, ici, le résultat est tout simplement décevant : l’animation est plus rigide encore que d’habitude, et les personnages sont trop souvent mal dessinés. Yeux mal placés, formes du visage trop carrées, bref, presque tout irrite la rétine.

Les décors aussi sont assez décevants. Moins bien dessinés que d’habitude, ils font trop « plastique », trop irréels – ou alors, dans certaines scènes, trop basiques et dénués de vie. La stupidité du scénario n’aide pas : qui peut croire qu’à Tôkyô, un dôme aussi grand et contenant tant de choses pourrait être construit, et qu’un robot géant pourrait bouger à l’intérieur ?

Notre seul espoir est que l’épisode prochain, qui, lui, aura comme directrice d’animation Keiko Sasaki, sera mieux animé. Rien de bon ne sort, graphiquement, de l’épisode 937.

II – Scénaristiquement

Le nom d’un scénariste de fillers est étroitement associé à la qualité des fillers qu’il a écrits par le passé. Si, avec Nobuo Ôgizawa, on peut toujours s’attendre à un filler disposant de quelques bonnes idées mais étant trop loufoques et manquant de manière flagrante de talent, les épisodes scénarisés par Masaki Tsuji sont plus difficiles à cerner.

Tsuji est « hit or miss” : certains de ses épisodes sont particulièrement oubliables, d’autres mauvais, et quelques autres, bons ou très bons. Nous retenons, dans la catégorie de ses mauvais épisodes, les épisodes 631, 799, et 825, et dans la catégorie des bons, les 669-670, 716-717, et le fameux épisode 768, la Séquestration d’Ai Haibara. Que l’épisode 937 vaut-il sur le plan scénaristique ?

Pour le dire clairement, le scénario n’est pas une réussite. Il contient certaines bonnes idées, mais elles sont trop peu exploitées, et ne permettent pas de nous faire oublier les aspects négatifs de l’épisode.

On voit bien que Tsuji a de bonnes idées, et qu’il connaît un minimum la série. Lorsque la victime du meurtre est présentée, Ran se rappelle qu’elle l’a déjà vu lors d’une soirée organisée par la famille Suzuki, et que, lorsque Sonoko avait dansé avec lui, Jirokichi en avait été heureux. Cette petite touche, qui semble pourtant anodine, est fort plaisante pour les fans de la série. C’est ce genre de petits éléments qui permet de créer une sorte de continuité dans cette longue série qu’est Détective Conan.

L’autre bonne idée du scénario est de nous dévoiler un autre côté du personnage d’Hiroshi Agasa. Il est présent depuis si longtemps dans la série que les scénaristes en sont venus, malheureusement, à ne plus s’intéresser à lui ; à le considérer comme un personnage uni-dimensionnel, plat et fade. C’est le même sort qui a été réservé à Ran et à Haibara, qui, pourtant, ont tant à offrir. Tsuji décide de ne pas se contenter d’un Agasa qui meuble : il en fait un personnage important de l’épisode, et nous le montre en colère, essayant de défendre cette entreprise pour laquelle il a travaillé comme free-lance et qu’il apprécie. Cette petite touche est la bienvenue. Le scénariste avait également essayé de rendre Kogorô important dans l’épisode 717, Haibara dans le 768, et Sonoko dans le 915 (« Sonoko Suzuki, détective lycéenne »). Il semble donc s’attacher à mettre en avant les personnages – ce qui est une très bonne chose.

Malheureusement, les petites qualités de l’épisode contre contrebalancées par ses défauts. On pourrait, évidemment, remarquer qu’un épisode qui montre les protagonistes en train de visiter un studio qui est sur le point de fermer est particulièrement ininventif, banal et réchauffé. Il est certes difficile de créer du contenu entièrement original après 936 épisodes, mais certains des fillers précédents, et beaucoup de la saison 23, nous ont montré qu’il était possible, grâce à quelques touches d’inventivité, de transformer un scénario déjà vu en un épisode intéressant. Tsuji ne fait rien pour faire en sorte que son épisode sorte de lot, le rendant assez oubliable.

Une scène en particulier témoigne d’un manque de goût certain qui, finalement, est symptomatique de l’épisode : lorsque Conan dit que l’entreprise qui va racheter les studios qu’ils visitent est une très grande entreprise américaine, Ran lui demande comment il sait ça. Conan lui répond que c’est « Shinichi-niichan » qui lui a dit. Cette scène a tellement été vue et revue et est devenue tellement ringarde que l’on ne pensait pas possible qu’un scénariste de filler la ressorte dans un épisode en 2019. L’échange dure quelques secondes, et l’épisode continue comme si de rien était ; ce sont donc une dizaine de secondes parfaitement inutile et particulièrement ringarde.

Enfin, soulignons la vacuité du scénario. Quelques bonnes idées sont avancées ici et là, mais le nœud narratif de l’épisode n’est pas assez explicité pour que l’on comprenne qu’il y a un véritable enjeu à l’enquête. L’entreprise que l’on nous montre est inintéressante, et l’on a du mal à s’attacher aux personnages qui y travaillent – alors que le scénariste aurait dû tout faire pour nous les rendre sympathiques. Le rythme de l’épisode étant particulièrement mauvais, l’ennui nous gagne trop rapidement pour que cet épisode puisse être considéré comme bon.

III – Bilan

Quelques très bonnes idées au milieu de beaucoup d’idées plates, inintéressantes et inutiles. A regarder pour Agasa et la référence à Jirokichi. 4/10.