Détective Conan épisode 939 : La Funeste collection de fossiles

’épisode 939 de Détective Conan est sorti le 4 mai 2019 et s’appelle « La Funeste collecte de fossiles ».
Il est scénarisé par Asami Ishikawa, et est storyboardé par Masaharu Ôkuwaki. Les directeurs d’animation sont Kenichi Ôtomo, Miho Tanaka, Yûgo Ushino, Keiko Sasaki, Yona Okada, Akio Kawamura, Masanori Hashimoto.


Un soir, deux hommes, Akira Ôgami, scientifique, et Sôgen Nakatani, maire de la petite ville d’Oninohamura, discutent. Nakatani est inquiet car quelqu’un a envoyé un mail à Ôgami pour en savoir plus sur les rares fossiles vieux de 180 millions d’années qu’il est censé avoir trouvé. Or, tout n’était qu’une arnaque pour faire venir du monde dans la ville ; arnaque soutenue par le maire de la ville. Ôgami lui demande de mentir ou de corrompre les journalistes qui posent trop de questions.

Le lendemain matin, le professeur Agasa emmène les Detective Boys au village pour visiter le musée aux fossiles. Ils rencontrent Umika Miyashita, une journaliste un peu étrange, qui vient enquêter sur le fossile rare qui a été retrouvé récemment. Ôgami veut lui parler en privé, mais lorsqu’il va lui parler, le maire l’appelle.

Ôgami s’éloigne du groupe, parle au maire, va aux toilettes. Haibara et Ayumi remontent de la zone de fouilles pour aller aux toilettes, mais, lorsqu’elles ouvrent la porte, tombe le cadavre d’Ôgami. Une odeur étrange émane des toilettes. Genta remarque qu’il y a des insectes morts derrière les toilettes.

Conan, grâce à son nœud-papillon modulateur de voix, prend la voix d’Agasa et résout l’affaire : le maire est le coupable, il a mis de l’acide sur les lingettes pour mains de la victime afin que l’acide, en rentrant en contact avec le cyanure dispersé dans l’air par la ventilation des toilettes, se transforme en gaz mortel.

Avant de partir, Genta découvre un fossile d’excrément de dinosaure.

I – Graphiquement

Peu d’épisodes de Détective Conan peuvent se targuer d’avoir fait travailler sept directeurs d’animation. Cela a généralement lieu pour les épisodes importants, tels que Scarlet Showdown ou le Mystery Train. On aurait alors pu croire que l’épisode 939, un simple filler écrit par une scénariste presqu’inconnue, serait magnifique.

Il n’en est rien. L’épisode 939 n’est pas beau. La raison pour laquelle l’épisode a vu son animation être dirigée par tant de personnes restera probablement à jamais secrète, mais l’on peut se douter que c’est parce que la ou le directeur d’animation est soudainement tombé malade ou, pour une raison x ou y, n’a pas pu assumer ses responsabilités sur l’épisode. Ont donc dû être embauchés des directeurs d’animation qui connaissent bien la série pour rattraper le coup et corriger les plans les plus importants, tels que Keiko Sasaki ou Kenichi Ôtomo.

Le résultat de tout cela est un épisode qui alterne entre des plans acceptables et des plans très moches, et où la plupart des personnages, lorsqu’ils ne sont pas très proches du premier plan, sont particulièrement mal dessinés. En plus cela, certaines scènes utilisent comme décor des photographies ou des décors faits par informatique, qui font très artificiels et rendent extrêmement mal.

Le seul bon point de l’épisode sur le plan graphique est par conséquent le storyboard d’Ôkuwaki. Sans être incroyable, Ôkuwaki essaie parfois de sortir un peu de la monotonie de l’ordinaire en variant les plans et en faisant quelques mouvements de caméra intéressants.

II – Scénaristiquement

Si l’on ne regarde pas un épisode filler pour sa dimension visuelle, peut-être peut-on au moins le regarder pour son scénario. L’épisode 939 est-il bon ?

Avant de répondre à cette question, nous devons revenir sur l’identité de la scénariste. Asami Ishikawa fait partie de ces scénaristes de Détective Conan qui écrivent un scénario tous les cinq ans, et re-disparaissent par la suite. Le premier épisode d’Ishikawa fut l’épisode 687, en 2013. Elle n’avait plus été embauchée depuis lors. Et c’est tant mieux, car l’épisode 687 avait été assez mauvais. Son seul bon aspect avait été l’inventivité dont la scénariste avait fait preuve à certains moments de l’histoire.

L’épisode 939 est dans la même veine que l’épisode 687. L’épisode est, globalement, mauvais, au même titre que l’enquête. Seule une bonne idée le sauve : la présence de l’inspecteur Yamamura. L’épisode devient plus intéressant lorsqu’il apparaît, car il apporte un peu de nouveauté à une enquête autrement bien nulle. Yamamura est un de ces personnages que les scénaristes de fillers oublient d’utiliser. Sa première apparition dans un filler fut dans l’épisode 360 (2004), puis l’épisode 602 (2011), et, dernièrement, le 726 (2014). L’intégrer fut une bonne idée – sans lui, l’épisode aurait été encore plus oubliable.

On remarque d’ailleurs avec plaisir que cet épisode est la première apparition de Yamamura dans une enquête « classique » depuis longtemps. C’est une très bonne chose : Aoyama a décidé depuis quelques années de ne faire apparaître l’inspecteur de Gunma que dans les affaires « paranormales », qui sont généralement celles avec Heiji. Cette décision est très frustrante car elle enferme Yamamura dans un seul type d’affaire. Le sortir du paranormal, même par le biais d’un filler, était donc une très bonne idée.

On sent également que la scénariste connaît un peu l’univers de Détective Conan, car lorsque la journaliste arrive sur place pour enquêter sur les fossiles, Genta lui demande si elle va écrire un article sur « nous » (sous-entendu : les Detective Boys). On peut imaginer que c’est une référence à la petite célébrité qu’ont les Detective Boys depuis que Jirokichi Suzuki les a médiatisés.

Mais une fois que l’on a dit cela, que reste-t-il de l’épisode ?
Tout d’abord, l’enquête est nulle, et la scénariste n’a pu que s’en rendre compte. Elle est résolue en l’espace de quelques minutes. On apprécie le fait qu’elle ait voulu prendre le temps de planter un décor agréable pour les spectateurs, mais l’intérêt d’un épisode de Détective Conan réside autant dans les dynamiques entre les personnages que dans l’enquête que Conan essaie de résoudre. Or, là, l’enquête se résume à Conan qui sent l’odeur de cyanure et Conan qui voit des insectes morts derrière les toilettes. C’est un peu léger.
Ensuite, l’idée d’un propriétaire de musée et d’un maire qui s’allient pour créer une fake news dans le but de rendre le village attractif était bonne, mais elle n’est pas assez exploitée. Peut-être Ishikawa aurait-elle écrit une meilleure affaire si on lui avait donné deux épisodes pour étaler son histoire. Mais comment aurait-elle pu mettre sur pieds une meilleure affaire, lorsque celle de son épisode est résolue en trois minutes montre en main ?
Enfin, l’épisode semble complètement décalé en termes d’humour. Yamamura qui explose de rire lorsque le coupable, à genoux, avoue son crime, et la scène finale où Genta découvre des excréments de dinosaure, sont plus risibles qu’autre chose. Il faut croire que, comme pour l’épisode 907, l’humour scatologique ne réussisse pas à la série.

III – Bilan

Un triste échec de la part d’Ishikawa. Les quelques (rares) bonnes idées de l’épisode ne permettent pas de l’apprécier, et la dimension graphique de ces vingt longues minutes de souffrance ne peut que faire perdre des points à l’épisode. Les fans de Yamamura apprécieront, mais les autres peuvent passer leur chemin.