Détective Conan épisode 942 : A la recherche de Maria-chan

L’épisode 942 de Détective Conan est sorti le 8 juin 2019 et s’appelle « A la recherche de Maria-chan ».
Il est tiré des files 1007 à 1008 (vol. 95), et est storyboardé par Masaharu Ôkuwaki. La directrice de l’animation est Keiko Sasaki.


Alors qu’Haibara réussit à résoudre code après code de l’énigme laissée par la grand-mère de Maria Higashio, Conan essaie de trouver un plan pour faire croire que Shinichi Kudô est bel et bien mort. Sonne à la porte de la maison du professeur Agasa Wakita Kanenori, qui dit qu’il a une livraison de sushis à faire dans le quartier, et qu’il voulait savoir pourquoi il y avait tant de gens devant la porte d’à côté.

Au même moment, Yûsaku et Yukiko Kudô atterrissent à l’aéroport Haneda. Ils y ont rendez-vous avec la fan qui tient le blog sur la famille Kudô et qui, la première, a dit qu’elle avait vu Shinichi Kudô.

Haibara et les DB réussissent à ouvrir la porte qui mène au sous-sol où Maria s’est endormie. Sa grand-mère avait décoré toute la pièce avec des photographies où Maria pose avec ses grands-parents, pour qu’elle ait des souvenirs d’eux même après leur mort. Elle s’est endormie en regardant une des vidéos laissées par sa grand-mère.

A Ôsaka, Heiji réussit à convaincre les journalistes qu’il n’était pas avec Shinichi, et que la personne qui était avec lui était en réalité Okita. La fan de la famille Kudô écrit sur son blog un rectificatif : elle a cru voir Shinichi, mais en réalité ce n’était pas lui – elle a pris ses rêves pour une réalité. Hyôe Kuroda, Wakita Kanenori et Rumi Wakasa voient chacun le message.

Conan se rend compte, sans comprendre pourquoi, que les journalistes quittent le palier de sa maison. Arrivent Yûsaku et Yukiko, qui lui expliquent avoir acheté la fan qui tenait le blog sur la famille Kudô pour qu’elle revienne sur ce qu’elle avait dit au sujet de Shinichi à Kyôto. Une fois entrés chez Agasa, Yûsaku explique à Conan que l’affaire devrait publiquement se tasser… mais qu’il a dû attirer l’attention de l’Organisation. Il continue en disant qu’il a discuté avec Shûichi Akai, et qu’ils sont arrivés à la conclusion que les mots laissés sur la scène du crime de Kôji Haneda il y a dix-sept ans ne forment non pas les mots « ASAKA RUM », mais « KARASUMA ». Le patron de l’Organisation des Hommes en Noir est en toute probabilité Renya Karasuma, un milliardaire qui devrait être mort, l’homme le plus puissant du Japon.

I – Graphiquement

Comme nous l’avions écrit dans la critique de l’épisode précédent, après avoir produit deux fillers à la qualité graphique relativement faible, l’équipe de production de l’animé a consacré le budget nécessaire sur les épisodes 941 et 942. Leur importance, en termes de trame, était suffisante pour justifier que leur animation soit dirigée par des directrices d’animation de qualité – Asuka Tsubuki, et Keiko Sasaki.

L’animation de l’épisode 942 a ainsi été dirigée par Keiko Sasaki. Comme (presque) toujours, celle-ci réalise des dessins de qualité, et corrige la plupart des dessins réalisés par les petites mains de l’équipe de production. Les personnages ressemblent toujours à ce à quoi ils devraient ressembler, et on dirait même que Seiji Muta, qui supervise les directeurs et directrice d’animation de la série, a pris en charge quelques plans importants.

Nous avions critiqué, dans la KudoCritique de l’épisode précédent, le storyboard de Yasuyuki Honda, qui était trop abrupt, trop rigide, et pas assez inventif. Ôkuwaki, qui reprend le flambeau, délivre un bien meilleur storyboard. Les transitions entre les plans sont vastement meilleures, et rien ne choque particulièrement l’œil en termes de mouvements de caméra. On aurait évidemment aimé qu’Ôkuwaki, étant donné son talent, soit un peu plus ambitieux ; malheureusement, les épisodes tirés du manga ont tendance à être les plus « rigides » en termes de storyboard, car l’équipe de production souhaite coller au plus à l’œuvre originale.

L’excellent storyboard d’Ôkuwaki était particulièrement nécessaire dans la scène finale de l’épisode, qui est sa raison d’être. Il est arrivé que, récemment, le storyboard de scènes importantes soit raté. On se rappelle notamment de la version animée de la scène où Kogorô sauve Eri dans l’épisode 902. Il ne fallait surtout pas que la révélation de l’identité d’Ano Kata soit mal réalisée. Et heureusement, Ôkuwaki fait un très bon travail.

Allant même au-delà du manga, il nous plonge dans les pensées et les souvenirs de Conan lorsque celui-ci réfléchit à l’identité du patron de l’Organisation. On voit notamment passer la scène où Akemi donne à Conan son tout premier indice concernant les Hommes en Noir – et c’est la version de l’Episode ONE qui est utilisée, fort heureusement. Un bon storyboard pour une très bonne scène, voilà ce qu’il fallait, et voilà ce qui est arrivé. Les fans peuvent souffler.

II – Scénaristiquement

Le scénario de l’épisode 942 était, pour Aoyama, primordial. Il devait réussir à faire en sorte que le public croit Shinichi mort, mais que les personnes dans le secret, dont l’Organisation, comprennent qu’il était vivant. Le maître s’en sort très bien en sortant de son chapeau l’administratrice du blog sur la famille Kudô, qui accepte de faire croire qu’elle s’était trompée et qu’elle n’avait pas vu Shinichi à Kyôto. L’utilisation d’Okita par Heiji pour couvrir l’apparition publique de Shinichi était également une très bonne idée.

Evidemment, Aoyama bouge ses pions pour faire avancer l’histoire. Il nous montre déjà Wakita Kanenori, qui passe par la maison d’Agasa en prétextant ne pas savoir pourquoi il y a des gens devant la maison des Kudô. Il connaît très bien la réponse à cette question. On peut donc se demander pourquoi il est venu taper à la porte du professeur, si ce n’est pour voir si Conan (ou Haibara ?) était présent. On remarque donc que, des trois suspects de l’arc de Rum, Wakita Kanenori est le seul à mentir : Rumi Wakasa a simplement demandé à Haibara si elle connaissait Shinichi Kudô, et Hyôe Kuroda n’est pas intervenu.

Aoyama nous donne aussi un nouvel élément concernant Rumi Wakasa, car il montre que la maîtresse assistante a posé, à côté de son ordinateur portable, une pièce de shôgi. Cela n’est pas sans importance : nous avions déjà vu dans un précédent épisode que Wakasa avait constamment ce pion dans la poche de son pantalon. On voit immédiatement un lien possible avec les Haneda : Kôji Haneda était connu comme une star montante du shôgi, et Shûkichi Haneda l’a suivi dans ses pas. Il n’est pas impossible que Rumi conserve cette pièce pour se rappeler de la mort de Kôji, qu’elle aurait pu vivre comme un échec. Cet échec aurait pu être d’autant plus fort si elle avait eu la charge de le protéger, en temps que garde du corps. Cela a mené plusieurs fans à se demander si Rumi ne serait pas Asaka, le garde du corps de Kôji, qui a disparu il y a dix-sept ans.

Element important : lorsque la nouvelle arrive sur les réseaux sociaux que la fan n’avait en réalité pas vu Shinichi mais quelqu’un qui lui ressemblait, Kuroda sourit – il comprend parfaitement ce qu’il s’est passé. Wakita Kanenori, lui, ne sourit pas du tout. Quelques minutes plus tard, Rum envoie à Tôru Amuro un SMS lui ordonnant d’enquêter sur Shinichi Kudô. Rum a l’air pressé, car il écrit dans le SMS « Time is money ». Nous avions fait l’hypothèse suivante : comme Kanenori ne semble pas content, et que Kuroda semble maîtriser la situation, il est plus probable que Rum soit ou Wakasa, ou Kanenori. Seulement, « Time is money » se dit en japonais « Toki wa kane nari », ce qui, réarrangé, forme les mots « Wakita Kanenori ». Rum se serait donc déguisé sous l’apparence de Wakita Kanenori parce qu’il manquait de temps – mais du temps pour quoi ?

Remarquons aussi que lorsqu’Amuro lit le SMS de Rum, on entend sa voix. C’est le doubleur qui doublait déjà Rum dans le film 20 qui reprend son rôle, mais sa voix est modifiée par ordinateur pour indiquer qu’elle n’est pas une véritable voix. On ne peut donc rien apprendre sur le sujet, car ce pourrait être une femme comme un homme. La manière que Gôshô a de nommer les Hommes en Noir semble indiquer qu’il s’agit d’un homme, renforçant la thèse de Wakita Kanenori comme Rum.

Yûsaku affirme à la fin de l’épisode qu’il va rester au Japon tant que l’affaire ne sera pas réglé. Cela est particulièrement étrange, car si le vieil écrivain va en effet réapparaître dans la prochaine affaire tirée du manga, on ne le verra plus ensuite pendant un long moment.

Finissons sur trois remarques subsidiaires.
Tout d’abord, l’affaire avec Maria Higashio a déçu plusieurs fans, qui ressentaient que l’affaire n’était pas à la hauteur des éléments de la trame qui étaient présentés. Il est vrai que l’on sent comme un décalage entre l’histoire très mignonne et heureuse des grands-parents de Maria qui lui préparent des souvenirs, et l’annonce que Renya Karasuma est Ano Kata. Seulement, il faut bien comprendre qu’Aoyama a tendance à mettre en scène des affaires « faciles » lors des chapitres qui révèlent le plus, car, ainsi, le spectateur est investi à fond dans la trame, et n’est pas distrait par une affaire parallèle. Peut-être vaut-il d’ailleurs mieux une affaire très simple mais touchante à une énième affaire de meurtre par empoisonnement.

Ensuite, l’équipe de production de l’animé a modifié un dialogue entre Amuro et Azusa, ce qui change radicalement le sens de leur discussion. A la toute fin, Amuro, avant que son téléphone ne sonne à cause du SMS de Rum, nettoie une table au café Poirot, lorsqu’Azusa lui demande s’il a des plans pour Noël. Cette fête est, au Japon, considérée principalement comme une fête romantique où les couples passent du temps ensemble. La question d’Azusa avait donc probablement un sous-entendu affectif qui renforçait cette théorie des fans, très populaire au Japon, selon laquelle Azusa et Amuro doivent finir ensemble. Dans l’animé, le dialogue est changé du tout au tout : lorsqu’Amuro demande à sa collègue pourquoi elle lui demande ça, elle lui répond que c’est parce que le patron du café Poirot veut organiser leur emploi du temps durant les fêtes de fin d’année. Toute la dimension romantique de la question passe donc à la trappe. Si ce n’est l’hypothèse selon laquelle Aoyama a demandé à l’équipe de l’animé de mentionner le patron du café Poirot car celui-ci pourrait devenir un personnage important par la suite, nous n’avons aucune idée de pourquoi le dialogue a été modifié.

Enfin, pour conclure, remarquons qu’immédiatement après cette scène épique où Conan dit qu’il attendait d’avoir une fenêtre de tir pour descendre une bonne fois pour toute l’Organisation, l’épisode en lui-même s’arrête et est diffusé le trailer de l’épisode suivant. Quelle n’est pas la surprise du fan qui découvre que l’épisode qui suivra la révélation de l’identité d’Ano Kata est un filler, et qui semble d’ailleurs être particulièrement mauvais. Ce passage d’un épisode traitant de l’Organisation à un banal filler est particulièrement violent, alors que l’on pouvait s’attendre à ce que l’équipe de production adapte immédiatement après l’affaire suivante. Tant pis.

III – Bilan

Un épisode dual : l’affaire avec Maria est touchante, et l’affaire que l’on suit du côté de Shinichi nous montre Aoyama se préparant à sortir le grand jeu. Enfin, après plus de vingt ans d’attente, l’identité d’Ano Kata est révélée, et d’une assez bonne manière. Les très bons graphismes de Keiko Sasaki viennent couronner le tout et faire de l’épisode 942 un immanquable pour tout fan de la série. 9/10.