Détective Conan épisode 951 : La Librairie qui sifflait 2

L’épisode 951 de Détective Conan est sorti le 17 août 2019 et s’appelle « La Librairie qui sifflait 2 ».
Il est scénarisé par Yûki Nôzuka, et est storyboardé par Yasuyuki Honda. Les directeurs d’animation sont Michitaka Yamamoto et Shigenori Taniguchi.

Les Detective Boys aident le co-propriétaire du Book Café, Yujiro Tamaki, à aller chercher des livres chez des particuliers. Dans la première maison, ils trouvent des vieux livres de grande valeur, mais découvrent que la femme qui veut lui vendre n’a pas la permission du propriétaire des livres, qui est son mari, hospitalisé. Ayumi trouve un poisson d’argent dans un des livres, et Tamaki lui explique que l’on peut s’en débarrasser avec de la lavande.

Le lendemain, alors que le professeur Agasa et les DB vont boire un verre au Book Café, Mizutani, la dame qui voulait la vielle vendre les livres rares, appelle Tamaki pour lui dire que les vieux livres rares ont disparu. Elle le soupçonne de les avoir volés.

Dans la soirée, un homme étrange, Ryôsuke Sawada, entre dans le Book Café. Il était passé la veille pour montrer une photo au propriétaire avec des vieux livres, et lui avait demandé de les estimer. Il vient là pour les lui apporter pour qu’il estime leur valeur avec plus de précision.


En ouvrant un des livres, Tamaki sent l’odeur de lavande : c’est ce livre qu’il avait protégé la veille, chez Mizutani, contre le poisson d’argent. Sagawa a donc volé les livres chez Mizutani. Alors qu’il appelle la police, Sawada pousse le propriétaire au sol, et s’enfuit en courant.


​Retournant au café en fin d’après-midi car il avait oublié son téléphone portable là-bas, Conan et les autres trouvent Tamaki avec son tablier taché de sang. Sawada est au sol, mort. L’inspecteur Megure explique qu’il est un suspect dans une affaire de meurtre.

Tamaki a en effet reçu un appel lui demandant de sortir de chez lui. Il a alors trouvé le cadavre au sol. Mais la police soupçonne Tamaki, d’autant plus que la crème qu’il utilise pour réparer les livres a été retrouvée sur la scène du crime.

Alors que Tamaki va être emmené au poste, Conan utilise son nœud-papillon modulateur de voix pour prendre la voix d’Agasa et résoudre l’affaire. La véritable coupable est Mizutani.

I – Graphiquement

Pour dire vrai, nous ne nous attendions pas à ce que l’épisode 951 de Détective Conan, petit filler perdu dans un gros flot d’affaires sans intérêt, soit l’un des mieux dessinés de la saison. Il est le filler qui contient le plus de plans en traits noirs, et dont la cinématographie, c’est-à-dire l’esthétique générale des différents plans, est la plus travaillée.

Rien ne prédisposait cet épisode à être un tel succès graphique. Filler, il allait bénéficier d’un budget moindre que les épisodes tirés de la trame. Les deux directeurs d’animation sont Michitaka Yamamoto et Shigenori Taniguchi, qui travaillent la plupart du temps en duo, et qui n’ont pas une patte très appréciable. Mais, étrangement, ici, il n’y a aucun dérapage, aucun visage mal dessiné, aucun plan à s’arracher les yeux. C’est donc une réussite.

On retient tout particulièrement la phase de résolution de l’affaire, et sa fin, où l’enchaînement des plans en traits noirs sur les visages du coupable, d’Agasa et de Conan nous font nous immerger complètement dans la scène.

Nous ne pouvons pas assez appuyer sur l’intérêt que l’équipe de production aurait à utiliser cette technique plus souvent. Détective Conan est un dessin animé très « cheap », produit à la chaîne avec un budget très maigre. Ce n’est pas faire honneur à cette série que de la dessiner à la va-vite, quand l’équipe de production pourrait, pour le même budget, faire une meilleure utilisation du storyboard pour insérer plus de plans en traits noirs et une véritable esthétique cinématographique. Aucun coût supplémentaire en temps et en argent, mais un gain considérable pour la série.

On salue aussi les décors de l’épisode. Ils n’ont rien d’extraordinaire, mais l’équipe de production a réutilisé les plans qu’elle avait créés pour l’épisode dont cet épisode est la suite, afin de coller au plus près à l’architecture des lieux que nous connaissions déjà.

II – Scénaristiquement

Un épisode beau mais inintéressant est une coquille vide. Que penser du scénario de l’épisode 951 ?

Tout d’abord, il a été rédigé par Yûki Nôzuka. Cela n’était pas un gage de qualité. Le scénariste fonctionne en duo avec Junichi Îoka, « l’autre Junichi », moins talentueux que son confrère. Les scénarios de ce duo ont tendance à avoir quelques bonnes idées, mais à se perdre dans l’inutile pour finalement perdre le spectateur. Nous ne partions donc pas particulièrement confiant.

L’épisode 951 est la suite de l’épisode 868 de Détective Conan, sorti en 2017. Nous ne l’avions pas encensé : le scénario était un peu mou, l’histoire était fade, et la fin peu crédible. Nous lui avions donné la note de 5,5/10, en considérant que c’était un épisode à sauter. Sa suite, sortie deux ans plus tard, vaut-elle mieux ?

Pour répondre de manière succincte : oui. L’épisode 951 n’est pas un chef d’œuvre, nous en convenons. Il ne restera pas dans les annales, nous en convenons. Mais il est de bien meilleure qualité de son prédécesseur, sur tous les plans.

Tout d’abord, si l’épisode 868 n’avait aucune affaire de meurtre, l’épisode 951 en a bel et bien une. Elle est bien menée, quoique l’identité du coupable soit évidente. On comprend bien que l’intérêt de l’épisode réside dans son atmosphère, et non pas dans son enquête policière. C’est un pari risqué que fait Nôzuka, mais il réussit avec brio : l’ambiance de l’épisode est si bonne, et nous fait tant penser aux premiers épisodes de la série, que l’on choisirait ce filler à l’enquête banale plutôt que n’importe lequel des fillers précédents.

Ce que l’on apprécie par-dessus tout, dans l’épisode 951, c’est le fait que Nôzuka ait eu l’idée, et l’ambition, d’écrire une suite à un ancien filler. Cela fait bien longtemps que nous déclarons sur le site souhaiter une continuité entre les fillers de Détective Conan. Cette continuité permet de donner un intérêt supplémentaire et une plus-value à des fillers, ainsi que de faire réapparaître des personnages réussis et attachants. C’est le cas ici, et nous ne pouvons qu’espérer que Nôzuka fasse réapparaître le personnage de Tamaki, le vieux et sympathique vendeur de livres, dans de futurs fillers.

Chose étrange, le nom du coupable devenu victime, Ryôsuke Sawada, est exactement le même que celui d’un des suspects de l’épisode précédent. Il est assez rare que l’on retrouve exactement le même nom et prénom dans la série – c’est encore plus étonnant lorsque c’est le même scénariste qui donne le même nom à deux personnages différents. Cet élément ne sera remarqué que par les fans les plus acharnés de la série tels que nous, ça ne pose donc aucun problème en soi.

Une petite remarque de Conan dans l’épisode montre que Nôzuka connaît bien la série : lorsque Tamaki donne une technique pour se débarrasser des poissons d’argent, qui infestent les bibliothèques, Conan se dit à lui-même qu’il devrait essayer cette technique dans « sa bibliothèque » – sous-entendue, celle de la maison des Kudô.
Mais il n’en reste pas moins que, en faisant que Conan oublie son téléphone chez Tamaki (ce que le scénariste semble oublier en cours de route, d’ailleurs), Nôzuka commet un contre-sens. On imagine mal Conan perdre son téléphone de lui-même. Le petit détective se rend compte qu’on le lui a volé au bout d’une minute dans le film 22, et là, il aurait marché pendant quinze minutes sans s’en rendre compte. Le scénariste aurait mieux fait de donner ce rôle à Ayumi ou à Genta.

III – Bilan

Ce qui ressort de l’épisode, lorsqu’on le finit, c’est son ambiance. L’affaire n’est pas très poussée, certes. Mais l’histoire, les dynamiques entre les personnages, l’atmosphère générale de l’épisode, ressemblent à celle des meilleurs premiers épisodes de la série. Nôzuka réussit donc son pari de nous faire apprécier un épisode simple, grâce à une utilisation intelligente de personnes attachants. La cinématographie de l’épisode, ses plans en traits noirs et sa très bonne OST viennent couronner le tout. 8/10. Un des coups de cœur de la saison 24.