Détective Conan épisode 957 : L'Enigme du Bateau-bus

L’épisode 957 de Détective Conan est sorti le 19 octobre 2019 et s’appelle « L’Enigme du Bateau-bus ».
Il est scénarisé par Nobuo Ôgizawa, et est storyboardé par Yasuichirô Yamamoto et Kôichirô Kuroda. Les superviseurs de l’animation sont Seiji Muta, Nobuyuki Iwai et Masatomo Sudo, et le directeur de l’animation est Akio Kawamura.


En consultant les vidéos des caméras de surveillance, Conan et Kogorô comprennent que l’ancien élève de Yasuko a utilisé un complice pour se forger un alibi, en faisant croire qu’il était resté toute la soirée du meurtre à un buffet à volonté.

Les deux détectives se rendent au chantier où travaille le suspect. En les voyant, celui-ci se précipite vers le bateau qui est amarré près du chantier. Mais Kogorô et Conan, prévoyant qu’il allait tenter de s’échapper, avaient également acheté un billet pour eux.

Kogorô coince le suspect sur le bateau, mais celui-ci nie en bloc. Kogorô n’a pas de preuve définitive, seulement une piste qu’il croit solide. Conan pose des questions à celui qu’il pense être le coupable afin de comprendre la vérité. Une fois assez d’éléments assemblés, il endort Kogorô et résout l’affaire : la victime Eiji Kadowaki, n’était pas celui qui maltraitait sa mère. Il s’agissait en fait de Yûichi. Takase n’a donc pas tué le bon frère. Takaese voulait venger Yasuko, qui était la seule prof qui lui ait jamais été gentille et qui l’ait soutenu au cours de sa vie. Yûichi a tué sa mère et a mis feu à sa propre maison pour détruire les preuves.

I – Graphiquement

L’épisode 957 est, en tous points, supérieur à l’épisode précédent. Les dessins des personnages sont mieux réussis, les visages sont dessinés comme ils devraient l’être, et quasiment aucun plan ne choque la rétine. Cela est dû au talent de son directeur d’animation, Akio Kawamura. Bien que Kawamura ne maîtrise toujours entièrement le design de Kogorô, nous n’avons aucune critique à émettre sur le sujet.

Remarquons également la qualité des décors. Ils étaient particulièrement importants, car l’épisode se déroulait en grande partie sur l’eau, et récemment l’équipe graphique s’était complètement ratée sur la modélisation d’une eau en 3D. Ici, rien de tout cela : les décors sont bons, les jeux de lumière sont magnifiques, et l’eau est bien rendue.

Le point fort de cet épisode, c’est sa supervision graphique. Comme nous l’avons expliqué dans la précédente KudoCritique, les épisodes de Détective Conan sont animés par des animateurs, qui sont eux-mêmes dirigés par un ou des directeurs d’animation, qui sont eux-mêmes supervisés par deux superviseurs d’animation. Le travail des superviseurs est de passer derrière le directeur d’animation pour corriger les plans les plus moches (bien qu’il n’y ait parfois pas le temps pour tout corriger…), et, surtout, pour dessiner les plans les plus importants de l’épisode.

Ainsi, les trois ou quatre plans en traits noirs auxquels nous avons droit dans les épisodes sont le fruit du travail des deux hommes qui supervisent tous les épisodes de la série depuis plusieurs saisons : Masatomo Sudo et Seiji Muta. Mais une troisième personne, Nobuyuki Iwai, vient d’être promue superviseur de l’animation : Iwai officie depuis l’épisode 949 à ce poste, et depuis lors, le nombre de plans en traits noirs augmente dans les épisodes.

L’épisode 957 a ainsi plus de plans en traits noirs que certaines affaires avec l’Organisation. Les plans en traits noirs d’Iwai semblent se caractériser par un trait noir plus fin, et un choix de couleur plus propre, que les plans de Muta et Sudo. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette promotion d’Iwai à ce poste, car il embellit de manière significative la série Détective Conan. Espérons qu’il reste à ce poste longtemps.

II – Scénaristiquement

L’épisode 957 est meilleur que son prédécesseur. Cela n’est pas rare avec Ôgizawa : les premières parties des affaires ont tendance à être longues et mal rythmées, et les secondes, trop rapides et mal rythmées. C’est ici le cas.

Cependant, les bonnes idées du scénariste nous permettent de préférer cet épisode-ci au précédent. Ôgizawa utilise un bateau comme lieu de l’intrigue. C’est risqué : Détective Conan a un mauvais passif avec les bateaux. Mais Ôgizawa s’en sort haut la main, en faisant du bateau un lieu d’intrigue intéressant. Cette idée selon laquelle Kogorô et Conan doivent trouver des preuves pour arrêter le coupable avant que le bateau n’arrive à destination, c’est-à-dire en quarante minutes, est un peu forcée, mais reste intéressante.

Le twist de l’épisode est, il faut le dire, excellent pour un filler. Ôgizawa se surpasse : l’enfant qui battait sa mère n’était non pas la victime, mais son frère Yûichi, qui vit toujours. C’est même lui qui a mis feu à sa propre maison pour détruire toutes les preuves de son meurtre. Le coupable voulait tuer l’autre frère car il pensait que c’était lui qui frappait sa professeur préféré. C’est un bon twist qui, même s’il était un peu prévisible dans l’épisode précédent, reste intéressant.

L’épisode 957 fait partie des très rares fillers à réussir à faire ressentir quelque chose aux spectateurs. Les meurtres dans Détective Conan sont légions, et les personnages disparaissent trop rapidement pour que l’on s’attache à eux. Rares sont les fillers où l’on ressent de la peine pour le coupable ou pour la victime. Cet épisode-ci fait partie de ceux qui marquent par l’émotion qu’ils réussissent à dégager. La tristesse du coupable envers la victime est réelle.

Mais cela ne retire pas à l’affaire ses défauts. L’épisode précédent était nul et Conan n’y apparaissait presque pas. Kogorô essaie dans cet épisode-ci de coincer le coupable sans avoir de preuves. L’astuce de Takase pour se fabriquer un alibi était trop simple. On pourrait en citer d’autres, mais ça ne serait pas rendre justice à cet épisode qui, quoiqu’on en dise, est plus que satisfaisant.

Sur le plan de l’anecdote, remarquons qu’Ôgizawa fait réapparaître le Hinode Pier, le bateau qui va jusqu’à vers Asakusa, la rivière Sumida et le pont Ryôgoku. Tout cela existe réellement à Tôkyô, et cela nous fait plaisir : Aoyama et les scénaristes ont trop peu tendance à implanter leurs histoires dans le Japon véritable, Mystery Tours mis à part. Or, insérer Conan dans le vrai Tôkyô est intéressant et permet de mieux se situer les lieux de l’action de la série.

III – Bilan

Un bon épisode, un très bon filler. Une très bonne conclusion d’une affaire mal gérée. On aurait aimé qu’Ôgizawa réussisse mieux sa première partie, car l’épisode 957 vaut réellement le coup. L’épisode 956 n’a pas à être regardé par un fan de la série ; mais les fans de Détective Conan doivent regarder cet épisode-ci. 8/10.