Détective Conan épisode 962 : La Grande conférence de Kogorô Môri

L’épisode 962 de Détective Conan est sorti le 30 novembre 2019 et s’appelle « La Grande conférence de Kogorô Môri ».
Il est scénarisé par Junichi Miyashita, et est storyboardé par Mitsuko Kase. Les superviseurs de l’animation sont Seiji Muta et Nobuyuki Iwai, et le directeur d’animation est Akio Kawamura.

Kogorô, Conan et Ran retrouvent Eri Kisaki à la terrasse d’un restaurant. Ils discutent de l’évènement du lendemain : Kogorô et Eri ont été tous les deux invités à une conférence, à laquelle ils feront un discours et répondront à des questions de l’audience.

Le lendemain, une heure avant la conférence, Kogorô est nerveux. Il boit de l’alcool pour se détendre. Les Detective Boys sont venus pour donner un cadeau de félicitations à Kogorô, mais annoncent devoir repartir avant que ça commence – ils ont acheté des tickets pour un match de foot. Conan et Haibara iront avec eux.

Arrivent Junko Hishida, propriétaire du Hishida Hall flambant neuf où se déroule la conférence, et Yûsaku Ujimori, qui est le directeur des opérations du Hishida Hall. Naoya Tsunohazu, le président de l’entreprise qui a organisé l’évènement, vient le saluer avec son équipe. Hideki Tsukinogi, PDG d’une entreprise de sécurité privée, entre dans la pièce pour dire bonjour à Kogorô, avec Kenichirô Inokoshi, un acteur qui joue un détective dans des films policiers populaires.

Arrive un vieil homme louche, Mokichi Reizei. Il dit avoir travaillé pendant bien longtemps pour l’entreprise Hishida, et détester la rénovation récente de l’infrastructure. Il essaie de frapper Inokoshi avec sa canne, mais l’acteur l’arrête.

Alors que les DB sont en train de partir pour le match de football, Conan entend une des membres de l’équipe de sécurité pousser un grand cri. Alors qu’elle apportait un café à Inokoshi, elle a vu une grande flaque de sang devant sa porte. Conan essaie de l’ouvrir mais échoue : le cadavre bloque la porte.

La police arrive et commence à enquêter. Kogorô conclut de manière hâtive que le coupable est Reizei, qui a utilisé sa cane pour créer habilement un meurtre en huis clos. A la surprise de Conan, Reizei avoue sa culpabilité et se rend à la police. Mais il explique que ce n’est pas Inokoshi, qu’il a tué, mais la PDG du Hashida Hall. Son cadavre est retrouvé au pied du grand escalier du bâtiment.

I – Graphiquement

L’épisode 962 est le premier volet d’un filler en trois parties. Cela est assez exceptionnel dans Détective Conan – et à ce titre, nous aurions pu espérer qu’une équipe de choc soit mise en place pour gérer ce filler. Ce n’est malheureusement, comme nous le verrons dans cette critique et dans celle de l’épisode 964, pas le cas.

Le directeur d’animation choisi pour la première partie de ce filler en trois partie est Akio Kawamura. Nous avons plus que couvert ce directeur d’animation, car il a travaillé pour Détective Conan dès sa première saison. Cependant, si Kawamura réussit parfois des prouesses, il a aussi parfois tendance à mal dessiner les visages des personnages principaux. Nous sommes ici face à un de ces épisodes. Peut-être est-ce parce qu’il était occupé sur un autre projet ; peut-être est-ce parce qu’il n’a pas eu beaucoup de temps pour finir son travail. Nous ne le saurons jamais. Quoiqu’il en soit, les visages des personnages sont constamment mal dessinés dans l’épisode, et les (rares) plans dessinés par Seiji Muta et Nobuyuki Iwai sont comme une délivrance pour notre rétine.

Tout n’est pas mauvais dans l’épisode sur le plan visuel. L’épisode bénéfice de bons designs, grâce au travail d’Hiroshi Ôgawa et de Chiemi Hironaka. Les décors sont bons. L’intérieur du Hall est certes basique, mais les extérieurs sont inspirés.

Ce qui est réellement plaisant graphiquement dans l’épisode, c’est son storyboard. Mitsuko Kase a été embauché pour travailler sur les trois parties de cette affaire filler. Grand bien en a pris à l’équipe de production. Kase est un des meilleurs storyboardeurs, si ce n’est le meilleur, de la série actuellement. Le storyboard est rapide, dynamique, et les plans sont assez diversifiés pour que l’on ne s’ennuie jamais. Kase utilise une de ses techniques visuelles favorites, à savoir celle de la division de l’écran. Nous avions déjà relevé l’utilisation de cette technique dans la critique de l’épisode 900.

En tout et pour tout, l’épisode 962 est peut-être l’épisode le plus faible de la saison 24 de Détective Conan sur le plan visuel. C’est une bien triste manière de « finir » une saison qui, globalement, n’a pas été trop décevante visuellement.

II – Scénaristiquement

L’épisode 962 est un évènement : c’est la deuxième fois dans l’histoire de Détective Conan qu’un filler se déroule en trois épisodes. La première fois que cela était arrivé était en 2011, à l’occasion des épisodes 603, 604 et 605. Cette excellente affaire de Chiko Uonji nous avait fait à l’époque écrire sur le site que la série animée Détective Conan nécessitait plus d’affaires fillers de qualité en trois parties. Nous avons continué à demander cela dans nos KudoCritiques jusqu’à aujourd’hui, où, enfin, l’équipe de production de l’animé semble avoir compris tout l’intérêt qu’elle avait à commander des fillers longs. La saison 25 de Détective Conan commencera également, fait unique une fois de plus, par une affaire filler en quatre parties. L’équipe de production de Détective Conan saisit enfin cette opportunité.

L’avantage d’un filler en trois parties comme celui-ci, ou en quatre parties comme celui de janvier, est la possibilité pour le scénariste d’exprimer toute sa créativité. On sent toujours, dans les fillers des meilleurs scénaristes (comme Junichi Miyashita), une sorte de crispation : Miyashita est si ambitieux qu’il voudrait écrire des scénarios plus longs. Il a ici le droit à trois fois vingt minutes, soit une heure de filler, pour dérouler une intrigue dont il est le maître. C’est une excellente chose.

L’épisode 962 est-il bien scénarisé ? Oui, indéniablement. On ne ressent pas encore tout le génie de Miyashita, car cet épisode pose le décor et les bases de l’affaire plus qu’il ne nous donne à voir une grande enquête bien ficelée. Ce sera le rôle des deux prochains épisodes de faire cela. Mais rien qu’avec cet épisode introductif, nous remarquons immédiatement le talent de Miyashita. Ce scénariste mérite le titre de meilleur scénariste de fillers de Détective Conan (depuis le décès de Kazunari Kôchi, tout du moins) : il réussit à rendre des personnages intéressants, et à rendre son histoire digne d’intérêt. Cela est plus difficile que ça en a l’air, car les spectateurs savent pertinemment que, lorsque l’affaire sera finie, on ne reverra plus jamais les personnages qui y sont apparus, ainsi que les lieux où l’intrigue a pris place. Miyashita réussit quand-même à rendre le spectateur attentif, ce qui n’est pas rien.

Comme nous le disons depuis bien longtemps, on remarque les grands scénaristes de Détective Conan à la maîtrise qu’ils ont eu de l’univers de Détective Conan. Les grands scénaristes de la série ne sont pas juste de bons auteurs de passage, qui écrivent un script de temps en temps pour avoir un revenu, non. Les grands auteurs de Détective Conan sont ceux qui respirent Détective Conan – ceux qui connaissent les logiques de la série sur le bout des doigts. C’est ici le cas. A peine l’épisode commence-t-il qu’Eri Kisaki apparaît. Cela est très notable, car l’avocate n’apparaît presque jamais dans des fillers, à l’exception de la série de fillers « Confrontations au Tribunal ».

Miyashita a aussi l’excellente idée de faire apparaître à nouveau un lieu que nous avons déjà vu dans Détective Conan, à savoir le café en terrasse de l’excellent épisode 707, qu’il avait lui-même scénarisé en 2013. La serveuse du restaurant réapparaître elle aussi. Cela est une excellente chose : Miyashita aime créer de la continuité entre ses épisodes, ce qui ne peut que faire du bien à une série qui souffre d’être parfois trop décousue.

Enfin, l’auteur rend Haibara intéressante. Cela rappelle les grandes heures de Détective Conan, lorsque la petite chimiste assistait le détective dans ses enquêtes. Cela fait plusieurs saisons que les scénaristes des fillers ont abandonné l’idée de rendre Haibara intéressante et active – Miyashita la ressort d’entre les morts pour notre plus grand plaisir. La contrepartie négative de cette décision est que Ran se retrouve bloquée dans un rôle de plante de salon. Tant pis : on se contentera de la complicité entre Haibara et Conan.

Sur le plan de l'anecdote, remarquons que le doubleur d'Inokoshi, Nobuaki Fukuda, double le père de Suguru Hakuba dans Magic Kaito 1412, et a doublé l'homme politique Domon dans Black Impact (épisode 425).

III – Bilan

Sur le plan scénaristique, l’épisode 962 a tout pour être la première partie d’une très bonne affaire en trois parties. Les idées fusent, on sent que Miyashita maîtrise son scénario. La seule tâche sur le canevas est le déficit graphique de l’épisode. L’animation est mauvaise, et les personnages sont très, très mal dessinés. La raison à cela est peut-être que les meilleurs dessinateurs de la série ont été embauchés sur l’affaire filler en quatre épisodes du début de la saison suivante. Quoiqu’il en soit, l’épisode 962 est un épisode à voir. 8,5/10.