Détective Conan : Les Fillers en 1996

Les fillers des débuts de la série étaient-ils meilleurs que les fillers plus récents ? La réponse sera donnée dans cette nouvelle rubrique, "Les Fillers par année". 

Le tout premier filler de la série est l'épisode 6, ''Le Meurtre de la Saint-Valentin'', sorti en février 1996.
L'épisode a une affaire simpliste tout en étant appréciable, et les graphismes sont assez bons. Le scénario est agréable, et digne des premiers fillers de la série : Sonoko et Ran sont invitées chez des connaissances pour la Saint-Valentin, mais Conan, jaloux, les suit ; un meurtre a lieu dans la pièce où se trouve Conan.
L'épisode surprend par les libertés qu'il prend sur le manga : une scène romantique sympathique entre Conan/Shinichi et Ran à la fin, première apparition de Sonoko (dans un filler!), et premier épisode où un homme tente de pécho Ran. On regrette que Toshiki Inoe, le scénariste de l'épisode, n'ait jamais scénarisé d'autres épisodes. 7,5/10, à voir pour sa culture de Conan-patriote.


Et ainsi Conan reçut son premier baiser

Episode 14, ''Un Message à Déchiffrer'' (titre original japonais, l'Affaire du Sniper au Message Mystérieux), scénarisé par Kazunari Kôchi.
Le filler met en scène une tentative de meurtre au sniper, où la victime - qui est presque le tueur - laisse un message pour qu'on le retrouve avant même qu'il ne commette son meurtre. Conan doit emprunter un hélicoptère de la police pour sauver la victime, le scénario se laisse regarder, c'est un filler sympathique.  Son seul défaut est peut-être de ne durer que le temps d'un épisode, alors qu'il aurait très largement pu être adapté en deux épisodes. 7,5/10, un filler à voir.
On remarque aussi que c'est le premier filler de Kazunari Kôchi, le meilleur auteur de fillers de Détective Conan avec Junichi Miyashita. Kôchi a repris le thème du sniper pour son dernier film avant de décéder d'un cancer du pancréas, le film 18.


La fin de l'épisode réussit même à être épique. On sent le talent de Kazunari Kôchi, qui scénarisera ensuite les films Conan, en germe.


Le 27 mai sort l'épisode 17, Cambriolage au Centre Commercial.
Probablement inspiré du film "Maman j'ai raté l'avion", l'épisode raconte comment les Detective Boys, coincés dans un centre commercial de nuit, seuls, découvrent que des cambrioleurs projettent un vol et ont kidnappé une employée. Seuls contre tous, ils doivent se débarrasser des coupables avec ce que le centre commercial a à leur offrir.
L'épisode, qui est très bon, est scénarisé par Miyashita, le deuxième meilleur scénariste de fillers après Kôchi. L'épisode aurait amplement mérité, une fois de plus, d'être en deux parties. On remarque que l'épisode est entrecoupé d'une musique chantée, fait rare dans les épisodes de Détective Conan, mais très appréciable. 8/10, allez le voir tout de suite.


Conan menant l'assaut avec les Detective Boys


L'épisode 19 (''Meurtre dans l’Ascenseur''), est clairement le moins bon filler depuis le début de la série.
Si son OST et ses animations sont très bonnes, et si son ambiance reste cohérente avec la saison, le scénario est ronflant et le meurtre bancal. Le filler reste meilleur que bien des fillers que l'on a pu avoir dans les années 2005, mais c'est une déception pour une série qui avait si bien commencé.
C'est d'autant plus dommage que le thème abordé (un meurtre dans un ascenceur, comme Gôshô le dessinera à la fin de Retour Dangereux), était intéressant, et que le scénariste est le grand Kôchi. 6,5/10.


L'épisode 19 avait du potentiel pour être très bon, mais il faudra attendre qu'Aoyama créée un meurtre dans un ascenceur pour avoir un bon meurtre dans un ascenceur

Cette baisse de qualité est rapidement oubliée grâce à l'épisode 21, ''Meurtre sur un Plateau''.
Ce filler met en scène, pour la première et dernière fois dans un filler, le personnage Yôko Okino, et son impresario Yamagishi, que l'on avait déjà vus dans l'épisode 3. Le filler marque également la première apparition de Wataru Takagi, créé pour l'occasion.
Le scénariste de ce filler est Hirohito Ochi. Si son travail varie entre du banal et du bon, ce qu'il propose dans ce filler est extrêmement intéressant : en faisant apparaître Yôko dans un filler, il permet d'étendre l'univers de Détective Conan, de créer une véritable continuité entre les épisodes, même fillers. C'est quelque chose dont les autres scénaristes devraient s'inspirer.
On remarque que l'épisode est dessiné par Ogawara, qui détient la palme du pire dessinateur de Conan de l'histoire.
Affaire intéressante, qui aurait presque pu être tirée du manga. 7,5/10.


Affaire agréable, personnages intéressants, ambiance formidable : l'épisode 21 est un pilier des fillers Détective Conan

Après les deux excellents épisodes du meurtre sur le bateau de croisière, on se retrouve avec l'épisode 24, ''La Mystérieuse Amnésique''. Scénarisé par Junichi Miyashita, l'épisode ne donne même pas l'impression d'être un filler ; on se sent comme dans le manga. L'ambiance est là, les personnages sont là, l'histoire est prenante, c'est du haut niveau. 
L'histoire commence lorsque Kogorô, Ran et Conan rencontrent une femme qui tout oublié, sauf son nom. Ils décident de l'aider, mais la femme disparaît, et est prise en filature par un homme étrange ; prenez le scénario du film 20, et retirez tout ce qu'il y avait de mauvais dans le film, et vous obtenez ce filler.

Le rebondissement et le suspense, ainsi qu'une mémorable scène où Kogorô est pendu, en font un filler presque parfait. 9/10.


La pendaison de Kogorô nous offre une des scènes les plus poignantes que les fillers Détective Conan aient pu offrir


L'épisode 25, ''Enlèvement contre Rançon'', réussit le miracle d'être aussi excellent que le précédent. L'histoire commence certes de manière basique (la fille d'un homme très riche est kidnappée), mais la façon dont l'enquête est menée fait de cet épisode un must-see pour les fans de Détective Conan. La magnifique OST, les graphismes, l'atmosphère, tout cela contribue à rendre l'épisode de très bonne facture. A voir pour la culture de Conan-patriote : 9/10.
On remarquera, avec tristesse, que le scénariste de cet épisode a arrêté de scénariser des fillers à partir de 1998, et mourra en 2001. Ses derniers fillers ne seront pas, comme nous les verrons dans les prochains articles, de la même qualité que celui-ci.


La première des nombreuses fois où Conan ira sauver une victime in extremis dans un hangar désaffecté

Et le suivant, ''John et l'Assassinat'' (épisode 26), fait aussi bien.
L'épisode 26 est mythique pour plus d'une raison. Non-seulement il s'insère parfaitement dans la série, mais en plus, il a été un pillier pour Détective Conan. L'épisode raconte comment un homme utilise son chien, dénommé "Coeur" (et que l'on retrouvera plus tard), pour commettre un meurtre à distance. L'affaire doit être regardée pour être comprise et que la magie opère. C'est un très bon filler qui donne foi en la qualité des fillers Détective Conan. 9/10.


Le meurtre de l'épisode 26 n'est peut-être pas le plus recherché, mais il est l'un des plus mémorables de la série


Bien que moins ambitieux que les épisodes précédents, l'épisode 29, ''Le Meurtre de l'Ordinateur'', est assez bon, quoiqu'un peu ennuyeux à certains moments. Le thème abordé est celui de l'informatique, qui était en pleine expansion au Japon à l'époque de la diffusion : comment un meurtre peut-il être commis en l'utilisant ?
Le filler aurait été considéré comme meilleur s'il n'avait pas été précédé par les deux perles que sont les épisodes 25 et 26. Il n'en reste pas moins que le scénario est un peu faible, et le meurtre de piètre qualité. Un des pires fillers de cette première année : 6,5/10.


Homme en train de se faire tuer par sa Freebox

L'épisode 30 souffre du même syndrome. Malgré le scénariste qui promettait de la qualité (Junichi Miyashita), l'épisode 30 est trop basique dans son développement. Une affaire qui commence de manière basique (Kogorô qui rencontre un client avocat), qui est entrecoupé d'un meurtre basique (cadavre dans une beignoire, que c'est inédit), et qui a une résolution basique. Pas grand chose à dire, juste basique. 6,5/10.


L'épisode 30 est un des rares épisodes de la première saison qui soit banal en tout. Il reste pourtant supérieur aux fillers les plus récents


Après deux épisodes un peu faibles, on retrouve quelque chose de plus passionnant avec l'épisode 33, ''Rendez-vous Mortel''.
Cet épisode est, et cela pourra paraître surprenant avec notre regard actuel, 
une bonne affaire avec les Detective Boys.
Pas de DB frustrants et d'enquête pourrie, on se retrouve là avec une bonne ambiance, une bonne affaire, et au final, un épisode bien sympathique. Ce filler racontant comment Agasa emmène les DB en camping, il est la première affaire à inaugurer le cliché des Detective Boys qui vont faire du camping tous les week-ends, fortement repris dans les fanfictions. Le scénariste maîtrise tant son sujet qu'il se permet une référence à Yûsaku Kudô, et une apparition rapide de Shinichi. A voir pour sa culture de Conan-patriote, maintenant. 8/,510.


Cet excellent filler ce paie le luxe de faire apparaître furtivement Shinichi et Yûsaku Kudô - du Kôchi tout craché


L'épisode suivant fait (presque) aussi bien. Sans être transcendant, ''Lundi 19:30'' (épisode 36) est agréable à regarder, et utilise les Détective Boys intelligement (ce que ni les scénaristes de fillers ni Gosho n'arrivent à faire de nos jours). Même Ayumi y est intéressante, c'est dire : le scénario raconte comment Ayumi, qui s'endort après s'être fait opérer par sa dentiste, est utilisée comme alibi à un meurtre. Un stratagème de meurtre excellent et qui aura marqué plus d'un font de ce filler un must-see pour tout Conan-patriot. 
Un filler qui n'égale peut-être pas Enlèvement contre Rançon, mais qui reste un bon filler. 7,5/10.


Un scénario bien ficelé et prenant, un épisode à voir. 

De même pour l'épisode 37, ''Meurtre au Cactus''. Le scénario n'est pas mauvais, mais met beaucoup trop de temps pour se mettre en place. Il faut attendre les trois quarts de l'épisode pour qu'il se passe enfin quelque chose, et l'élément déclencheur de l'affaire est un peu facile. Ce qui sauve l'affaire est sa fin, très appréciable, et le mobile du meurtrier, qui a rarement été aussi bien montré. 6,5/10.


Un épisode qui ne brille pas comparé aux autres fillers de la première saison, mais qui se laisse regarder


Malheureusement, le dernier épisode de 1996, l'épisode 41, n'est pas à la hauteur de l'année : L'Affaire du Drapeau en Lambeaux raconte comment Ran, Kogorô, Sonoko et Conan sont impliqués, le jour d'un match de base-ball estudiantin, à une terrible affaire : quelqu'un a découpé le drapeau de l'école. C'est ennuyeux, lent, et sans aucun relief ; le thème était acceptable, et sera repris plus tard dans la série, mais l'exécution du tout n'est juste pas assez bonne. L'ambiance de Détective Conan est là, mais on se demande comment, Conan passe, un jour, d'une traque de l'Organisation des Hommes en Noir, à une telle affaire débile le lendemain. 5/10.